06/03/2010
couleurs de Mars
"Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière, les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme."
- Jean-Jacques Rousseau -
04:38 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : street art, photo, peinture, pensée, poésie, blog, échange, rencontre, émotion
03/03/2010
cancelled
Hum, "tousse", "tousse", reprenons nos esprits.
J'en rêvais en autres rêves et non des moindres, mes fils se soudent et me l'offrent pour mon petit Noël, j'attends patiemment la date du moment de grâce, je me prépare psychologiquement je trépigne toute la journée l'écoute en boucle me met dans l'ambiance, vous en parle et à moins le quart j'y suis. Ambiance plutôt calme et déserte, je me dis " Tu n'es jamais vraiment en avance pour une fois probable qu'ils sont tous comme toi, ou plus en avance encore ", mais ô rage ! ô désespoir ! cancelled. Je m'approche du beau gosse à l'entrée et tente de comprendre, il me dit: " I don't speak french, cancelled, ok! " Ok, baby suis pas deux de tense, je comprends votre langue, quoi, tsé moi je me suis dit il est au plus mal pour ne pas venir chanter, restons zen, m'en fous d'avoir un billet qui vaut tant d'euros je sais bien que je peux être remboursée, pis c'est un cadeau, pis c'est pas le problème. " How is Léonard?" I try. Il me regarde encore...
Bon, la soirée n'était pas comme je l'avais imaginée, mais j'étais en bonne et galante compagnie je suggère un ciné pour palier à la peine et rebondir, on me soumet en retour le titre d'un film, de bonnes critiques et puis un peu d'aventure cinématographique sans filet, il y a longtemps... Toujours du mal à me laisser complètement faire! Je dois dire, là, quel bijou! "Une éducation", pas forcément un titre qui fait frémir ou vibrer, mais quel bonheur, tout, l'image le jeu d'acteur la fraîcheur de l'amour naissant la puissance des lettres et de l'intelligence, ciselé senti émouvant esthétique régalant vraiment. Merci Léonard finalement, on a à nouveau rendez-vous le 25 Septembre et j'ai passé une délicieuse soirée. Take care.
23:59 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : à chaud, soirée, ouverture, cinema, rencontre, humain, découverte, plaisir
01/03/2010
chemin
Hum, quand le thème du défifoto est tombé chez Barbara, j'ai tout de suite pensé à cette chanson chantée à tue-tête en boucle si souvent dans les descentes Nord-Sud pour les vacances d'été avec mes trois gaillards dans le char la valise bourrée de malles vélos et autres rêveries. Evidemment ça défie les règles du défi, je sais, à dire vrai j'ai toujours aimé transgresser un peu déformer mettre à ma sauce. Je suis allée visiter les uns, unes et autres, de biens belles images évocatrices et chargées de sens. Je n'ai pas pris de photo moi-même, j'avais en tête plus de mots que d'images quoique les mots puissent en être aussi, j'ai donc fouillé comme à mon ordinaire pour trouver l'évocation la plus proche de mon ressenti en lien avec chemin, chemin impliquant cheminement et traces aussi. Voilà celle qui s'approche le plus de ce que j'ai envie d'exprimer à ce sujet...
- photo de Richard Gonzales -
Tracer son chemin, une idée qui m'est chère d'autant que tant d'individus pensent qu'il est défini par avance, je ne le crois pas, je crois à l'instar de ce qu'exprime cette image on le dessine jour après jour avec tous nos gestes nos micro-décisions, toutes nos initiatives et paroles avancées, dans notre manière de penser de concevoir d'échanger. J'aurais pu aussi parler de ce chemin qu'est cet espace pour moi, cheminement serait plus juste, et puis cette notion de traces, l'importance de ce que l'on transmet de ce qu'on laisse en héritage des individus croisés sur la route qu'on marque, de la puissance d'agir et d'aimer, de l'histoire la grande et la plus petite qui nous sillonne elle aussi. Je vous livre tout ça en vrac, à réfléchir, la vie est un chemin et le chemin, ben c'est la vie...
12:02 Publié dans défifoto | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : photo, chanson, mots, chemin, rencontre, blog, humain
27/02/2010
Lendemain de fête d'un vieux maître soufi...
Mon ami et poète Jalel El Gharbi vient de sortir aux éditions du cygne le receuil de pensées de son vieux maître soufi maintes fois rencontré au cours de mes nombreuses et quotidiennes visites sur son blog, je vous invite d'ailleurs à lire ce qu'en écrit Guilio-Enrico Pisani dans Zeitung Lëtzebuerger Vollek, ma commande passée j'attend avec douce impatience de me délecter des inflexions mystiques et poètiques sorties de l'âme et du coeur de celui qui souvent m'enchante de sa délicatesse et de sa profonde humanité.
13:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : livre, poésie, rencontre, blog, art, humain
25/02/2010
Mon bel amour
Mon bel amour navigateur
mains ouvertes sur les songes
tu sais la carte de mon coeur
les jeux qui te prolongent
et la lumière chantée de ton âme
qui ne devine ensemble
tout le silence les yeux poreux
ce qu'il nous faut traverser le pied secret
ce qu'il nous faut écouter
l'oreille comme un coquillage
dans quel pays du son bleu
amour émoi dans l'octave du don
sur la jetée de la nuit
je saurai ma présence
d'un voeu à l'azur ton mystère
déchiré d'un espace rouge-gorge
- Gaston Miron -
16:02 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : poésie, québec, francophonie, amour, rencontre, humain, art
24/02/2010
le premier bonheur du jour
Pour Fanfan, et puis pour vous tous qui passez par ici...
Éloge de la caresse
" Mes mains m'étonnent. Sereines devant l'étoffe, le bois, le cuir, les voici gagnées d'une fièvre, d'une détresse de bête captive tirant sur son attache. Je les vois, devançant tout geste, voleter autour de cette femme, s'affoler de ce qui s'offre à elles et, de dépit, rêver de ravages.
Maints mouvements dans l'instant les traversent, se combattent, renoncent, renaissent - et tant de désordre et de désarroi me laissent interdit. Qu'est-ce qui les requiert ainsi? A quel invincible attraction cèdent-elles? Que signifie tant de hâte? Et pourquoi cet assombrissement de la pièce?
Mais si ces mains m'avaient seulement précédé en esprit? Si l'être entier s'engageait à leur suite, déjà s'inclinant comme l'arbre sous la cognée? Toucher, il faut toucher. Toucher rejoint, dans l'inéluctable, le fil des fleuves, la course des astres."
- François Solesmes -
09:34 Publié dans érotisme | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, humain, art, érotisme, sens, rencontre
20/02/2010
inspirée
12:56 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pop art, karwein, rêve, symbole, peinture, humain, rencontre
13/02/2010
Le Baiser
" Le baiser est la plus sûre façon de se taire en disant tout."
Votre premier baiser? Le plus marquant? Le préféré?
14:59 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : valentine's day, embrasser, recevoir, donner, exprimer, rencontre, amour, amitié, humain
A Venise...
13:54 Publié dans amitié | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : amitié, rencontre, blog, anniversaire, humain
08/02/2010
amitié
J'ai revu aujourd'hui une vieille amie perdue de vue pendant deux ans, une de mes rares amies, "ie", qui a comme moi un caractère bien trempé davantage même, autodidacte très entreprenante toujours bourrée d'idées et de projets toujours en route toujours partante, ça m'a fait un bien fou. D'abord parce que j'ai pu constater que notre relation quoique relâchée était toujours vive et intacte, nous avons d'ailleurs repris la conversation là où nous l'avions laissée dans un petit restau de la vieille ville un soir de Novembre, aussi parce qu'on a parlé du passé de nos frasques de l'époque de nos espoirs de nos rêves de nos illusions, et enfin parce qu'elle a l'énergie contagieuse et qu'à l'instar de Gérard hier elle m'a redonnée le pêche, elle m'a reçue comme une reine m'a concoctée une de ses merveilleuses recettes c'est un véritable cordon bleu, a ouvert une bonne bouteille au diable les ulcères et m'a réchauffée de ses rires et de ses fantaisies, un régal des papilles et des pupilles, un sacré beau brin de fille vivante et malicieuse, maîtresse femme à ses heures elle ne s'en laisse pas compter. Un maudit savoureux moment indeed que je viens de passer là en sa compagnie qui me fait dire que l'amitié est un bien plus que précieux sur lequel on peut compter, essentielle à la vie et particulièrement dans les moments difficiles et compliqués, à dire vrai je n'ai jamais douté de ça un seul instant mais de l'expérimenter une fois de plus renforce ma profonde conviction là dessus.
Comme certaines amitiés qui se développent ici et backstage, des vrais cadeaux, du bonheur en pixels et de l'amour à la pelle...
Enjoy!
18:48 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : amitié, rencontre, temps, humain, humeur
04/02/2010
grande petite Isa...
"... Tout me crible alors que je ne suis que ce maigre rien
Et plus je ravine, plus mon coeur s’innove et s’élève,
Dans les fentes de ma chair,
Dans les ourlets de mon être
Dans les lacis de mon ignorance…"
- IsaBercée -
14:37 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poésie, rencontre, amitié, art, peinture, recherche, humain
01/02/2010
Cadeau
Une petite douceur coloriée déposée près de ma tasse du petit déjeuner, une fleur d'orchidée et une douce pensée, voilà le début de ma journée que je viens partager et participer de ce fait au défi bi-mensuel initié par Barbara et sa bande de photographes de coeur... Chez LP, toute le bonheur et l'émerveillement du petit cadeau qui grossit magiquement chez Sophie, infiniment petit sous l'oeil de Didier devenant rivière mais non de diamant chez nono...
Quoi de meilleur que ces partages de mots, de pensées, de notes et d'images, quel plus beau cadeau que l'amitié et l'amour qui se dégage de toutes ces inventions et interventions de chacun, et s'il faut un défifoto pour se le dire davantage, je réitère, j'en suis...
- Marie-Claude Pietregalla -
09:49 Publié dans défifoto | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : défifoto, blog, rencontre, photo, humain, amitié, partage, art de vivre
31/01/2010
Coup'tiff
En réponse à la suggestion de L'oiseau.
J'aime pas ça, aller chez le coiffeur, sauf peut-être me faire masser le cuir chevelu ce qui provoque chez moi une détente immédiate presque aussi efficace que le tripotage de ma plante des pieds.
Ne pas aimer ça me vient de loin, de ma petite enfance et plus encore je crois de mon adolescence. Pour ma mère, mes cheveux étaient siens, pas seulement ma tignasse c'est clair mais en l'occurrence étrangement c'est ce qui en apparence comptait le plus. Petite elle me les tressait à la Brindacier ou à la Sissi selon l'humeur, plus tard elle m'imposait les bigoudis et une longue séance de casque chauffant, je sais plus trop pour quelle correspondance, et puis un jour elle me les a coupé au bol à la Jeanne quand j'ai commencé à grandir, à me former et qu'il pouvait prendre l'idée à de jeunes hommes mal intentionnés d'après elle bien entendu de m'y passer la main, vrai que ça a fonctionné pendant un temps. J'ai détesté longtemps cette main mise, et lui en veux parfois encore légèrement, et c'est tardivement avec une amie que j'ai franchi le seuil d'un salon pour m'arranger tout ça.
Ça était pire que mieux, n'ayant aucune pratique et n'ayant non plus jamais opposé la moindre résistance à qui s'attaquait à cette partie de mon anatomie, je suis sortie de là la tête en dégradé, le cheveu hypra court avec une grande mèche déstructurée à l'avant, c'était fashion à l'époque paraît-il!
Malheur!
J'ai mis dans ma vie de femme, disons de jeune femme, quelques années avant d'y retourner, d'abord le temps que ça repousse et puis que je m'en remette. Et quand enfin j'ai pu à nouveau tenter l'expérience, je me suis retrouvée confrontée au même problème et suis de nouveau ressortie avec une tête qui n'était pas mienne et pire d'une autre couleur de surcroît, je me souviens de l'horreur qui m'a terrassée surtout après avoir été reçu par un " tu vas avoir encore plus de mal à être belle! " de mon homme à réception. J'ai bien attendu dix longues années pour arriver à faire de nouveau confiance à des mains coupantes. Maintenant ça va mieux, je n'ai plus les bouffées d'angoisse liées à une mère castratrice ni l'impossibilité de réagir à une proposition de coupe même hyper dans le vent ou d'une couleur de mèche must have du moment. J'y vais une fois l'an juste rafraîchir les pointes et colorer les quelques blancs faisant surface dans la masse. Ce n'est pas une détente pour autant si ce n'est le massage...
Je me suis souvent demandé d'ailleurs pourquoi tant de femmes aiment ça et vivent parfois une histoire passionnelle avec leur coiffeur attitré voir même parfois hystérique car pour moi ça va sans dire ce plaisir reste un mystère...
11:25 Publié dans histoires et faits divers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : histoire, art de vivre;enfance, beauté, feminité, mode, humain, rencontre, réflexion
30/01/2010
Vortex Violet
Après dans l'ordre de mes découvertes Vamp, un opercut, et Valium, mon préféré lu deux fois, Vacuum que je picore encore, je viens de dévorer Vautour le dernier des Vortex Violet de Christian Mistral. Un roman attachant et tendre au sens où je l'entends, avec cette écriture mistralienne bien personnelle et unique qui me parle tant. Tout en ayant beaucoup d'amitié pour l'homme, je dois dire que Mistral est l'écrivain qui m'a le plus marqué dans les derniers mois qui viennent de passer, un verbe riche et dense, une sensibilité à fleur, une capacité à exprimer les tréfonds de l'âme humaine avec une sorte de grâce rebelle et un déchirement poétique tout à fait particulier, je ne m'en lasse pas, j'en redemande.
Plum en avait parlé en ces termes dans un de ses commentaires au Vacuum II: "...parce que je me souviens quand j’ai lu Vautour, il y a un bail maintenant, à quel point ça m’avait jeté sur le cul de lire quelque chose qui collait d’aussi près à ma propre vie, je veux dire dans plein de petits détails que je pourrais pas vraiment nommer, un mélange de sensibilité, vision du monde et plus prosaïquement de "conditions de vie" pas juste semblables mais vécues, intégrées d’une façon tellement proche… (C’est certain que le fait que nous ayons vécus "en parallèle" plus ou moins dans les mêmes lieux et à la même époque y est pour quelque chose, mais pas seulement. Puisque, évidemment, Mistral n’est pas le seul écrivain québécois de sa génération que j’ai lu et jamais, même si j’en ai bien sûr apprécié d’autres, jamais je n’ai ressenti ça aussi fort…)
N'ayant pour ma part pas vécu à Montréal en parallèle et pas de la même manière je ne peux en dire autant, mais par contre je retrouve chez Mistral dans sa langue et dans ses excès cette singulière importance de l'amitié et de l'amour pas si différents au demeurant, et quand il parle de ses états d'âme et de tout ce qui le remue et qui l'anime les gens qu'il aime ou qu'ils l'aiment ou le détestent, ça m'atteint au coeur et j'en vibre de l'intérieur, c'est une écriture émotionnelle comme une musique comme un poème. Et puis derrière cette teinte bien à lui, ce ton t'auto-dérision, cette sorte de nombrilisme bien caractéristique mais qui densifie encore davantage son écriture, il y a beaucoup d'humanité au fond et de volonté d'être au plus prés, une lucidité acérée sans compromis. La richesse du vocabulaire et cet humour un peu à la Buster Keaton ou plus encore peut-être à la Chaplin d'évoquer les scènes de vie truculentes et parfois si rocambolesques, tragiques et déchirantes aussi, cette manière de manier les mots tout à fait propre à son oeuvre me touchent vraiment profond et m'interpellent. Vautour est un cheminement comme chacun des Vortex d'ailleurs, une tranche de vie, une rencontre, toujours cette fatale présence de la mort et de la séparation de l'alcool des femmes aussi de tout ce qui donne un sens, à ceux qui comptent dans notre vie, aux méandres de l'inspiration et comment cela se tricote s'emboîte et nous transforme nous nourrit nous fait avancer, un bel hommage et une belle preuve d'amour à l'amitié et à l'écriture aussi, à la sueur, à la vie, pas un instant je n'ai douté de l'existence d'une telle expérimentation, c'est là aussi toute la puissance de cet écrivain indéniablement génial. Il parle de ce qu'il vit et comment ça vit en lui, et cela avec tant de talent. Vivant vivace percutant transpirant émouvant et décapant, moi ça me transporte...
" Murmures de rêves étirés aux limites comateuses crues. Sursauts tout le long de la musculature et spasmes dans toutes les épaisseurs. Chorégraphies valsantes de rasoir Bic bleus et les deux lames leur sont des lèvres d'acier qui modulent des aigus. Et il m'arrive de m'éveiller, de me dresser fiévreux dans la nuit de mon lit, des pages plein la tête, et j'allume et j'écris tout excité à l'idée du bon matériau que ça fera pour le livre qui me travaille si les mots passent l'aube. Alors lambeau par lambeau par lambeau de lambeau, j'extrais de mon âme toute les épiphanies qui la brouillent comme un oeuf sanglant."
" Qu'ajouter? J'ai triché de toutes les inavouables façons que j'avoue maintenant. J'ai déterré de vieux trucs enfouis dans la boîte que je réserve aux vieux trucs, des trucs ue j'écris gratis et qui sont déjà vieux pendant que je les écris, et qui me faisaient penser à Vautour mais qui n'étaient pas Vautour. J'ai voulu les fourrer dans ce livre que je torchais pour le faire vivre et pour l'achever. J'ai pris le job de Dieu avec des moyens d'avorton. Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désepérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète, que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche. En rencontrant Vautour, j'étais un raté jusqu'à preuve du contraire lui aussi, j'étais sur le point de connaître le succès, il était sur le point de mourir. Un an plus tard je file un coton pleurnichard et peureux. Rien n'est notable dans cette affaire. Aucun détail ne rachète le destin de ce jeune homme, pas plus que le mien qui s'élabore en toute injustice blafarde. Je songe aux horreurs que la nature suggère d'éprouver au contact de la peur, la grosse chienne, la vraie grosse peur de mourir, et je découvre stupéfait que cela me tranche le poignet qui scribouile. Je trace les signes avec l'énergie d'un restant de main, assis me soûlant devant un téléphone qui ne sonne pas, je suis vivant mais c'est bien peu quand le téléphone se dégonfle."
- Christian Mistral - Vautour -
16:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : christian mistral, littérature, poésie, mots, émotion, écriture, rencontre, québec, amitié
Prendre la poudre d'escampette...
... à tire-d'aile.
08:45 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : voyage, envolée, air, amitié, rencontre, québec, découverte, poésie de la vie
27/01/2010
Foule Sentimentale
"Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités d'choses
Qui donnent envie d'autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires car
Foule sentimentale
On a soif d'idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle ..."
22:25 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : musique, chanson, souchon, avoir ou être, humain, rencontre, amitié, vie
Edward Hopper
Edward Hopper est le peintre de la réalité et de la mythologie américaines, il est aussi le peintre de la solitude et de l’introspection.
"Les tableaux de Hopper ne contiennent pas vraiment une narration. Les tableaux sont vidés de leurs personnages. Ils sont plutôt l'esquisse, la possibilité, l'invite de notre imaginaire à inventer une narration. Ce cadre raréfié, ces temps morts où l'action est hors champ les rendent plus proche de Michelangelo Antonioni que du film noir.
Edward Hopper décrit avec jubilation la pastorale américaine, une Amérique provinciale, conservatrice en proie à une angoisse existentielle mais où prédomine les couleurs pimpantes. On serait là assez proche de David Lynch dans son esthétique de l'immobilisme, de la tension immobile, avant le déchaînement des éclats de violence. Lynch disait d'ailleurs que, avec Pollock et Francis Bacon, Edward Hopper était son peintre préféré, qu'il pouvait passer des heures devant une toile afin d'en capter les mystères et les secrets. Ils partagent surtout le même fond d'images, celle de la "Small town america" que l'on voit au début de Blue Velvet, dans Twin Peaks ou Une histoire vraie.
Hopper et Lynch ont tous deux une dimension théâtrale. Ils ne peignent pas tant l'Amérique que ses lieux communs, ses dimensions carnavalesque et symbolique. Ils ont conscience du pouvoir des stéréotypes sur l'imaginaire du spectateur. Il s'agit d'un processus visant à sortir de l'aliénation pour rénover notre regard par ses clichés et non d'un réalisme mimétique. C'est une théâtralisation carnavalesque de l'ordinaire.
Diagonales et perspectives, opposition intérieur / désert, dedans / dehors et surtout la figure du voyeur (Blue velvet, Lost highway) avec ce que cela suppose de violation de l'intimité par le dehors sont des figures communes à Lynch et Hopper."
(Source : Edward Hopper, David Lynch : mises en perspectives par Jean Foubert (univ. Paris VII et du Havre) in Colloque " Vous avez dit Hopper ? " organisé par : Jean-Loup Bourget (ENS) et Elizabeth Glassman (TFA, MAAG)
16:31 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : peinture, art, humain, destin, oeuvre, rencontre
26/01/2010
Nous sommes tous poètes... enfin... presque
Merci Guilio.
Contrairement à bien des idées reçues, la poésie est plus naturelle, donc plus proche de la nature humaine, que la prose. La prose, plus organisée, structurée, ordonnée, soumise à mille prescriptions, conseils, règles, lois et conventions grammaticales, logiques, stylistiques et j’en passe, nous mettons, dans le meilleur des cas, deux lustres à l’apprendre et vingt ans à la maîtriser.
La poésie par contre, fuse d’emblée avec ses premiers mots de la gorge de bébé, avec la tendresse d’une mère ou d’un père, la joie d’un amant, le vertige de l’errant du désert face au firmament infini, la lutte du marin contre la tempête, la peur rétrospective de l’ouvrier réchappé du feu de la fonderie... Et personne n’a besoin de grammaire ou de syntaxe pour s’écrier comme Lorca devant la mort dans l’arène ensanglantée :
»À cinq heures du soir./ Il était juste cinq heures du soir./ Un enfant apporta le blanc linceul / à cinq heures du soir./ Le panier de chaux déjà prêt / à cinq heures du soir./ Et le reste n’était que mort, rien que mort / à cinq heures du soir…«
Personne ? Sans doute, sauf que par retenue, modestie, crainte, habitude de former des phrases complètes selon les »règles« , vous n’eussiez pas songé à vous exprimer face au drame de la corrida, comme le fit Federico de Garcia Lorca dans ces vers.(1) Sous l’impulsion d’une émotion, la plupart d’entre nous ressentent (sentent s’exprimer en eux) en poésie ce qu’il vont ensuite tâcher d’exprimer en prose. Bien sûr, ils ne se »lâcheront« que devant bébé, maman, l’épouse ou l’ami. C’est qu’il est inhibiteur, voire castrateur de création, ce frein, ce portillon de contrôle, pourtant parfois utile, que nous imposons au désir de notre subconscient de s’exprimer librement.
Car – et c’est là sa différence essentielle avec la prose – la poésie est le produit de notre subconscient, où se télescopent et se mêlent en permanence des millions d’impressions, souvenirs et fulgurances à l’abri de la raison. En poésie, la raison peut, après une première expression (de l’impression), nous la faire écrire noir sur blanc, la revoir, fignoler, élaguer, affiner, mais elle ne doit rien changer de fondamental au premier jet. C’est ce que Laurent Fels explique dans son livre »Quête ésotérique et création poétique dans Anabase de Saint-John Perse« que je vous ai présenté dans ces colonnes le 13 janvier (www.zlv.lu/ spip/spip.php ?article1995). N’oublions pas en effet que toutes les impressions, tout ce que nos sens perçoivent consciemment ou inconsciemment 24 heures sur 24 au cours de notre existence est enregistré dans notre mémoire et stocké. Plus une impression est forte et/ou fréquemment répétée et/ou rappelée, plus elle reste accessible à la raison. Elles sont des millions, des milliards même, ces impressions qui cohabitent au fin fond de nous et interagissent, se combinent, explosent parfois en jets de magma porteur de questionnements, de joie, ou de souffrance.
Même fortes, mais rares ou uniques, mais jamais rappelées par les hasards, les stimuli, ou les exigences de la vie, ces impressions s’enfoncent dans les abîmes de notre mémoire morte. Morte ? Pas si sûr. Plutôt dormante, car tout ce que nous voyons, entendons, sentons, ressentons et pensons est précieusement conservé par notre subconscient. Cela signifie que nous n’en avons plus conscience, mais que c’est bien présent et peut rejaillir à tout moment de manière incontrôlée dès que le gardiennage de la raison se relâche : souffrance, désarroi, joie intense, faiblesse, forte émotion et, surtout, sommeil. Que sont donc nos rêves sinon des régurgitations de notre subconscient, dont les figures profitent de notre inattention pour remonter et se rappeler à notre bon souvenir ?
Toute poésie est-elle onirique, fruit du rêve ? Non, bien sûr. Mais elle est toujours passible d’être rappelée, extirpée du subconscient n’importe quand par n’importe qui : vous, lui, elle, les poètes, moi-même. Certes, la raison peut enfanter des textes d’apparence poétique, et tout écrivant peut aligner des vers et des rimes. Mais cela n’a rien à voir avec la poésie. Et n’allez pas m’objecter : »C’est bon, l’ami, arrête tes embrouilles ! Si j’étais poète, ça se saurait, ou, en tout cas, moi, je le saurais« . Croyez-vous ? Eh bien, je vous dis, moi, que vous n’en sauriez rien. La preuve : Croyez-vous qu’un fils d’ouvrier immigré ce qu’il y a de plus réaliste tourné vers la gestion et l’organisation pratique comme Serge Basso sût il y a vingt ans qu’il était poète ?
Pensez-vous qu’il sût, avant d’enfin se lâcher un peu, donc d’ouvrir il y a moins d’un lustre les vannes de sa sensibilité et de ses rêves pour les livrer à un recueil, donc à nous tous(2), qu’il était poète ? Certainement pas, et puis soudain ne va-t-il pas »S’asseoir au bord des songes / à regarder passer nos illusions perdues // Et tracer sur le sol / la poussière des cris« ? Poète d’un jour ? Pensez-vous ? Moins de trois ans après il remet ça avec »L’envers du sable« (3), où le sablier du temps fait remonter le passé en paroles plutôt qu’en larmes : »On le voyait de loin, son vélo dessinait la courbe de la route. Mon père arrivait, blanc de chaux, cachant, sous son silence assumé, tous les bruits de l’usine. Il portait à sa traîne ses huit heures de fatigue...« . Rien de sophistiqué, de littéraire, d’élaboré, d’hermétique dans ces mots que vous eussiez pu dire ou écrire vous-même, si, enfant, vous aviez, comme Serge, guetté l’arrivée de papa, pour avertir la mamma qu’elle pouvait jeter les spaghetti dans l’eau.
Bien sûr, il y autant de personnalités qu’il y a de poètes, et tous ne savent ou ne veulent pas s’exprimer avec cette simplicité limpide et d’autant plus émouvante qu’elle parle à tous. D’autres attrapent les rejets de leur subconscient au passage, puis, craignant peut-être leur propre mise à nu, changent les mots – à bon entendeur salut ! – et usent de symboles, codes et autres procédés. Notez, ce n’est pas toujours intentionnel. Ces figures codées ou symboliques leur arrivent parfois telles quelles du fond de leur esprit. Les comprennent-ils seulement toujours eux-mêmes ? Ceux-là, les maîtres du genre, les José Ensch, Laurent Fels, Alain Guérin ou autres Joris, il faut les percer à jour, les déchiffrer, les dévoiler, ce que, en fait, ils veulent, tout en laissant le lecteur à chaque pas dans le doute. Oui, je dis bien : le lecteur, qui se doit souvent d’être plus poète que le poète, et dont la tâche devient une véritable découverte du même genre que celle du poète, pour qui ses jaillissements subconscients ne sont que rarement limpides.
Mon propos, amis lecteurs, n’est pas cette fois de vous conseiller quelque bonne lecture – roman, manuel ou poésie – mais de vous démontrer combien la poésie qui coule de source, est en fait votre forme spontanée d’expression. Bien plus facile à écrire qu’à comprendre, elle n’est au départ que le langage simple, élémentaire, cri du coeur, impression brute surgissant du plus profond de vous-même sans artifice ni mise en forme savante. Libre à vous, bien sûr, après coup, si vous en avez le goût ou en ressentez le besoin, de l’organiser, de la »mettre en musique« . À moins que vous ne préfériez la laisser courir librement, à la manière d’Alain Jégou qui réunit en son langage simple, quotidien de marin breton et ses résurgences oniriques et l’appel du grand large : »À la dérobée / embuée de foutre et de nacre confuse / murmure dans le ventre des femmes / l’aurore aux doits fouisseurs », ou bien »À chaque partance sa part d’insouciance (...) se libérer de la routine et du confort (...) inspiré par l’impérieux besoin / d’errances, de quêtes et découvertes / la passion dévorante qui fait pousser des ailes / sourire l’univers et reculer la mort« .(4)
Une dernière remarque : un rejaillissement subconscient ou onirique chargé de poésie peut surgir n’importe où, n’importe quand. Notez-le tout de suite sur un bout de papier, un bloc-notes, agenda, ou téléphone portable. Pas trop raisonnables, ces pensées, parfois dérangeantes, plus d’une fois incompréhensibles, votre raison leur refuse volontiers toute existence »officielle« et fait de tout pour les refouler. Deux ou trois heures après, parfois même après quelques minutes, pfft, elles ont disparu… ce qui est bien dommage.
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1) 1ère strophe du poème »Le coup de corne et la mort« : »La cogida y la muerte« , dont l’original espagnol (bien plus dramatique) se lit : »A las cinco de la tarde. / Eran las cinco en punto de la tarde. / Un niño trajo la blanca sábana / a las cinco de la tarde. / Una espuerta de cal ya prevenida / a las cinco de la tarde. / Lo demás era muerte y sólo muerte / a las cinco de la tarde...«
2) Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek 7.7.06 Serge Basso de March : »Contremarges« .
3) Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek 7.7.09 Serge Basso de March : »L’envers du sable« (www.zlv.lu/spip/spip.php ?article418).
4) Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek 23.07.09 »Nostalgie et effluves marines« - Nic Klecker & Alain Jégou (www.zlv.lu/spip/spip.php ?article986).
Giulio-Enrico Pisani
21:10 Publié dans réflexion | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poésie, prose, écriture, giulio pisani, rencontre, blog, échange, réflexion
25/01/2010
éclairage
" Aime la vérité en toi. N'en use pas.
D'aucuns par foi ou par habitude, dressent des croix
Sur le bord des chemins, d'autres passent, sans plus.
Je dors, sous les étoiles, ces clartés étrangères. "
- Fernando Pessoa -
19:25 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rothko, poésie, peinture, rencontre, mots, humain, émotion