04/04/2010
mystère
"J'ai toujours laissé et laisse encore la clef sur la porte dans l'espoir qu'un homme charismatique et entièrement nu entrerait chez moi, se trompant d'endroit."
J'aime ça penser qu'il y ait des hommes au sexe sensible romantique et amoureux, poète et vigoureux, conquérant et attentif, présent et attentionné, aimant, gourmand, amant, assoiffé, tactile.
17:13 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : poésie, art de vivre, envie, érotisme, rêve, humain, rencontre
03/04/2010
légèreté
"Nous sommes si riches, si secrets à nous-mêmes, tant de sources bouillonnent en nous et il y a tant de routes, de chemins, d'allées et de sentiers qui s'ouvrent à chaque instant devant nos pas, que le fait de s'égarer dans l'un ou dans l'autre n'a rien qui doive surprendre beaucoup."
- Marcel Aymé - Uranus -
12:46 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : état d'âme, choix, chemins, envie, humain, rencontre, amitié, destinée, écriture
02/04/2010
papier pâte
- Vous êtes québécoise?
- Ben non, pourquoi j'y ressemble?
- Crisse! C'est pas disable ça, une personne qui lit Mistral dans l'Eurostar, c'est bien la première fois que ça m'arrive en tabarnak!
- Fichtre! Vous vous l'êtes, n'est ce pas... québécois?
- Oui, Madame, j'en suis et fier... Vous aimez là ce que vous lisez, c'te question vous m'avez l'air si concentrée, je vous ai même vu sourire aux anges...
Il croyait pas si bien dire le bougre, perdue que j'étais dans les mots de l'auteur sa verve et son humour familier hier dans le TGV.
- Avez-vous lu Vamp?
Là j'esquisse de nouveau un sourire mais entendu cette fois-ci, il connaît bien Christian Mistral, pas un épais qui me la joue plan drague, quoique bon ça me changeait de quand j'avais vingt ans et qu'on me prenait pour une suédoise sans livre à la main!
- Oui, monsieur...
- Oh! Et Valium aussi?
- Ah! Valium, si vous me prenez par les sentiments, sans menterie j'ai adoré lu deux fois et relirai sans doute, et puis Sylvia aussi et Coco et Vautour et Fontes, et là celui-là Papier et Carton que je viens de recevoir.
- Cââââlissssssse, mais vous êtes mordue!
- Enragée... Et vous, vous le connaissez, j'veux dire de plus près l'écrivain tornade poète?
- Voui madame, très bien!
- OH! Oh!
Suis restée bouche bée, comme deux ronds de flan, scotchée à mon siège et à son regard, je pensais à ma prochaine question, je voulais savoir, plus, et puis trop tard, le train a stoppé on était arrivé, du moins pour moi, lui il continuait jusqu'à Londres peut-être, j'ai pas osé lui demander un nom une adresse un numéro! Je suis française, ché pas, peut-être que québécoise j'aurai eu le culot...
(Pour YLT en réponse à sa question: Papier Mâché et Carton-Pâte, de Christian Mistral, aux éditions VLB, 146 et 151 p, 1995)
22:28 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : christian mistral, livre, amitié, rencontre, québec, littérature, vie, humain
31/03/2010
Lucian Freud
L'artiste britannique Lucian Freud est considéré comme le plus important peintre figuratif contemporain. Portraitiste accompli, spécialiste du nu, Freud a recours à l'empâtement pour figurer profondeur et intensité, tout en restreignant sa palette de couleurs à des nuances essentiellement sourdes. Ses portraits, peut-être sans indulgence pour ses sujets, sont honnêtes, francs et assumés. 'Je peins les gens non pour ce qu'ils semblent être, ni exactement en dépit de ce qu'ils semblent être, mais pour ce qu'ils sont', a déclaré Freud.
- Sebastian Smee -
Petit fils du célèbre psychanalyste, son talent n'est pas dans l'écriture mais dans la peinture. Un talent qui se déploie au fur et à mesure du temps qui passe, remettant en question de façon inexorable sa peinture, son geste, son trait, sa matière. Exilé du régime nazi, il suit son père à l'âge de 10 ans en Grande-Bretagne et obtient la nationalité anglaise à 17ans. Etudiant en art, il expose à l'âge de 22 ans. S'ensuivent de nombreuses récompenses jusqu'à l'apogée, en 2008, avec la vente de son tableau 'Benefits Supervisor Sleeping' à un prix faramineux. Si, dans les années 1980, ses oeuvres rencontrent déjà un véritable succès, il ne sombre pas dans la monotonie du geste acquis, parfait et automatique. D'abord peintre de la finesse et de l'hyperréalisme, il choisit de se faire violence et change de matériel : des pinceaux rigides et gros, une matière plus épaisse, et un geste moins lissé. Ce virage donne à ses toiles un nouveau réalisme malgré l'aspect découpé des visages de ses portraits. La lumière est traitée de façon brutale, voire maladroite. Puis il persiste dans ce style qui lui est propre, pour en devenir le maître incontesté. Ses peintures, violentes de réalisme, plus épaisses, froides et presque cadavériques illustrent l'acquisition par le peintre du geste juste et parfait. Ses portraits de personnages communs, volontairement peints dans des positions torturées, illustrent sa vision sans artifice du corps, ou plus précisément, de la chair humaine.
A la différence de Francis Bacon, le dessin a été fondamental dans la formation du regard de Freud et à son développement en tant qu'artiste. Dès le début, il occupa une part importante de sa vie. Son célèbre cahier de croquis, The Freud-Schuster Book, datant de janvier 1940 lorsque Freud était à Snowdonia avec Stephen Spender, a heureusement été conservé, tout comme ont survécu ses croquis réalisés à bord d'un vaisseau sur l'Atlantique en 1941 alors qu'il travaillait dans la marine marchande. Par la suite, il exécuta des illustrations et se fascina pour le dessin d'animaux, de poissons et d'oiseaux comme en attestent ses dessins au trait illustrant le recueil de poèmes de Nicholas Moore, The Glass Tower (1944).
L'œuvre de Lucian Freud est divisé en plusieurs périodes, d'abord une première période aux compositions surréalistes, ensuite une période réaliste dite "néo-romantique" où apparaissent les portraits dans une texture légère. Ensuite vient la période de maturité qui a fait la réputation de l'artiste. Peint dans une texture épaisse, dans des tons bruns, gris et blancs, les portraits apparaissent souvent comme vus avec une acuité particulière qui ne veut cacher aucun détail du visage du modèle scruté. Les portraits sont peints sur le vif, repris de nombreuses fois.
Les modèles nus sont vus dans des ateliers désolés, sur des lits ou des sofas défoncés dans des poses inhabituelles et des attitudes crues. Aucun détail n'est caché. L'éclairage de la scène est souvent électrique, et on remarque des "coups de blanc" sur les chairs des modèles peints qui renforcent la sensation d'éclairage artificiel. Freud parle d'une "déformation particulière" qu'il obtient par sa façon de travailler et d'observer. (source Wiki)
Qu'est-ce que peindre ? qu'est-ce que peindre le corps ? qu'est-ce que cette matière-chair ? quel est son poids ? quelle est son épaisseur ? que font les corps l'un sur l'autre ? l'un près de l'autre ? que font-ils à la peinture ? Lucian Freud se dit "botaniste", il est étonnamment surtout une présence, parfois dérangeante tant elle implique celui qui regarde. Il ne peint que ses proches, ses amis, ses enfants ... et toujours dans l'atelier : l'espace est clos, murs et planchers contiennent les corps. Et lorsqu'il peint l'extérieur, c'est toujours depuis l'intérieur : on repère par exemple un bord de fenêtre et on n'oublie pas que ce qui est vu l'est depuis le dedans - moi qui vois, je suis moi même, en arrière du regard, un corps, un grand contenant. Une peinture criante de sincérité ni sentimentale ni misanthrope, vraie, crue.
Et là, seul dans son corps le bras les muscles la main, tendus par et vers la matière, le peintre aborde notre regard, mais le sien et celui des modèles sont toujours ailleurs détournés, ouvrant une autre direction brisant le face à face obligeant ainsi à voir autrement. Et l'on pense forcément à son ami Bacon dans cette torsion des lignes, ces glissades de couleurs qui infligent aussi une échappée vers la matière. Peintre de chair Freud affirme les corps.
Jusqu'au 19 Juillet 2010 fascinante exposition au centre Pompidou à Paris se terminant par les photographies de David Dawson de l'atelier du peintre.
07:58 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (35) | Tags : art, peinture, expo, paris, rencontre, humain
30/03/2010
From MTL
J'ai reçu le paquet ce matin, mate masse blanche boursouflée, small packet de MTL QC to Lille à mon intention en lettres majuscules ordonnancées, mon coeur s'est mis à battre la chamade... Je l'ai posé devant moi fébrile sur mon bureau déjà bien encombré, me suis assise doucement et j'ai esquissé un sourire si profond qu'il ne m'a pas quitté. Manifestement l'enveloppe avait voyagé, salie par les différentes mains posées sur elle, des mains d'hommes j'imagine... Que dire du plaisir jouissif à le voir là enfin à portée et comment rendre cette délectation à attendre une heure puis deux, à caresser du regard l'objet de convoitise sans succomber à l'envie folle de lui déchirer les contours, goûter encore un peu masochiste à l'attente déjà vieille de quelques semaines... Encore une heure qui m'a parue une éternité, le temps n'est pas toujours le même c'est frappant, parfois il file météore et d'autre fois il avance au ralenti plombé, les jours paraissent des semaines les heures des jours quand je pense à lui, il me fait vieillir plus vite et pourtant ça me parait interminable de l'attendre, un paradoxe amoureux sans doute... Ah! Là je n'y tiens plus et j'ouvre enfin le paquet voyageur, c'est la pleine lune aujourd'hui, tiens! "Grâce! Odieux Tout-Puissant!". Merci Black Angel ♥!
LB
12:30 Publié dans rencontre | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : amitié, rencontre, christian mistral, québec, montréal, livres, échange, correspondance, humain
29/03/2010
afrodizz
"Afrodizz, ou les as de l’afrobeat, parmi les plus prometteurs de la planète, qui font paraître leur deuxième album (le premier chez le label C4) : Froots. Afrodizz comprend huit musiciens qui roulent leur bosse depuis 2001: Vance Payne (voix), Gabriel Aldama (guitare), Frédé Simard (saxophone ténor), François Glidden (saxophone baryton), David Carbonneau (trompette), François Vincent (percussions), François Plante (basse) du trio Plaster, et Jean-Philippe Goncalves (batterie), du même trio. Vous serez littéralement transporté par cet afrofunk qui finit par couler dans nos veines. Un album à se procurer en ce début d'été et à réécouter en hiver, question de se réchauffer!"
Découvert il y a peu et par le biais d'une rencontre Tribale ici, je les sais en tournée en France, mercredi soir à Paris et puis un peu partout. Alors si le coeur vous en dit! J'aime la musique, écléctiquement, tant et tant, elle fait partie intégrante de ma vie et j'adore j'avoue faire de nouvelles découvertes et m'approcher de nouvelles sensations. L'oreille est un organe sensible qui se travaille, plus on s'ouvre et plus on peut s'ouvrir aussi bien dans le classique que dans le jazz, la pop, la soul, le rock, le reggae, la chanson et toutes les musiques du monde si riches et variées. Il y a comme une sorte d'universalité étonnante et si enrichissante à laquelle je ne peux résister, sans parler des multiples émotions qu'elle procure! Enjoy!
18:13 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique, funksoul, québec, rencontre, échange
28/03/2010
grain de beauté
12:09 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : musique yael naïm, aquarelle alain gegout, littérature, poésie, rencontre, humain
26/03/2010
l'humain isolé
- toile de Françoise Danel -
"La littérature, c'est ce que vous écrivez et que personne d'autre ne peut écrire à votre place. La petite part d'humain que vous transportez et que vous allez faire passer sur le papier. Comme un savant isole une souche de microbes. La littérature, c'est l'humain isolé."
- Louis Hamelin -
17:04 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : littérature, hamelin, peinture, art, sentiment, humain, rencontre
chante la vie...
Je redécouvre Michel, un vieil amour de jeunesse, comme Hughes, Jacques, Serge, Charles, Maxime, Yves, Alain, et Joe et j'en passe. Et c'est un tel bonheur pour moi que je le partage volontiers et même si je vous parais ringarde "has been" ou quoiqu'es-ce et, entre nous j'men fous, je le chante à tue-tête dans ma caisse, et quand bien même ça déroute "grave" mes congénères au volant, je m'éclate!
00:59 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : tranche de vie, chanson, amour, vie, humain, ailleurs, rencontre
25/03/2010
juliette
18:28 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : voix, témoignage, rencontre, personnalité, émotion, humain
22/03/2010
l'ombre d'un doute
Cela va faire maintenant une année plus les trois quarts d'une autre que je sévis ici sur la toile sous ce pseudo d'helenablue délicieusement rebaptisé Blue. Pour les vieux routiers de la blogosphère, les doutes chez certains sont récurents et on voit régulièrement deci delà se défaire certains blogs, ils le sont chez moi, d'autant que je ne suis pas dans mon quotidien franchement encouragée et gratifiée d'une telle entreprise qui a démarrée d'une façon si inattendue, étant jusqu'alors complétement étrangère à ce monde dit virtuel. Pourtant sans conteste cela m'a beaucoup enrichie, m'a énormément ouverte à d'autres cultures, d'autres sensibilités, d'autres manières de voir et a provoqué beaucoup de partages féconds parfois incongrus et impensables autrement et permis des rencontres de chair vivantes passionnantes voire passionnées. Alors qu'est ce qui me rend si perplexe quant à la finalité, n'est ce pas un dessein en soi que de créer, recréer un monde qui nous ressemble, de l'exprimer et le partager? N'est-on pas là pour transmettre d'une part et intéragir nos consciences et nos soifs de découvertes par ailleurs?
18:29 Publié dans réflexion | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : réflexion, échange, blog, créativité, expérience, rencontre, humain
20/03/2010
quiz
10:03 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : benjamin vautier, art, question, réflexion, rencontre, humain
19/03/2010
arbres
Photo de Mc Doodle.
" La forêt raconte la vie des arbres en images simultanées. Les jeunes pousses voisinent avec les spécimens adultes et les troncs vieillissants. Le sol est jonché de bois pourris. De leur substance se forme le terreau où germent les nouvelles graines. La forêt nous enseigne à regarder la vie sous son angle dynamique. À en avoir une perception d'ensemble intégrée dans la durée du monde."
- Hubert Reeves -
06:33 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : art, photo, mc doodle, rencontre, hubert reeves, art de vivre, émotion, regard
18/03/2010
empathie
" Toute vie véritable est une rencontre."
L'empathie, émotion caractéristique de tous les mammifères, même des loups, d'après le biologiste Frans de Waal, est l'objet ces temps-ci d'une attention toute particulière et a fait dernièrement parler d'elle lors d'une journée spéciale Empathie à la cité des sciences de Paris réunissant philosophes, neurologues et pédopsychiatres. Cette émotion vraiment relationelle porte d'entrée au ressenti de l'autre et à l'expression de ses émotions n'est pas juste compassionelle, elle permet aussi de se rejouir avec l'autre. Elle est l'outil le plus puissant dont nous disposons pour cimenter les relations humaines et on aurait la preuve scientifique que celui qui active son empathie déclenche une zone préfrontale siège des émotions positives. Ainsi donc, ce qui en l'occcurence favorise l'échange entre pairs serait de surcroît bonne pour la santé, pourquoi s'en priver alors?
12:58 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (32) | Tags : réflexion, pensée du moment, relation, autrui, rencontre, vie, humain
17/03/2010
dentelle de fer
19:51 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, blog, rencontre, humain, cal lane, contraste
15/03/2010
défifoto: gourmandise
"La gourmandise est un péché et la curiosité un vilain défaut!", cette phrase paternelle maintes fois répétée sonne encore à mes oreilles, moi qui suis si gourmande de curiosités et si curieuse de gourmandises, de toutes sortes je dois dire, quelle gourgandine je fais quand même si mon père me voyait! Quoique plutôt appropriée et associée à des choses qui se mangent pour de vrai, j'aime l'idée aussi de ce qui se dévore par métaphore, alors la gourmandise va d'emblée de pair avec les livres d'abord, tous les livres les grands les petits les fins les gros les poches les reliés les écornés les érotiques les soulignés les paraphés ceux à venir les illustrés les sans image de poésie ou d'histoires drôles de peinture de grammaire de vocabulaire de prose, j'en suis grande gourmande, grande gourmande de vie aussi et des nombreuses émotions qu'elle nous offre et n'ai jamais réussi à m'en culpabiliser, Dieu me pardonne!
10:30 Publié dans défifoto | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : défifoto, photo, état d'âme, écriture, livres, blog, rencontre, humains
14/03/2010
supplément tribal
"Je ne fais aucune différence entre l'amour et l'amitié. C'est la même chose. Les nuances sont d'ordre sexuel, superficiel. Desjardins chante:" Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours." C'est l'évidence en moins de dix mots. On peut ne plus pouvoir sentir quelqu'un qu'on a aimé un jour, voire ne plus jamais le revoir, mais que l'affection cesse est impensable: ce serait se trahir soi-même. Non?"
- Christian Mistral -
J'ai entre les mains depuis quelques jours déjà ce numéro très spécial des Lettres Québécoises, spécialement adressé à mon intention par Sandra Gordon qui a pris l'heureuse initiative de me l'envoyer, relayé par Christian lui-même avec pigeon voyageur plus lent et dont j'attends impatiemment la venue espérant recevoir la même revue nourrie d'une dédicace. Mon amitié pour cet homme magnétique et cet écrivain énergétique n'est un secret pour personne sur la blogosphère, moins encore pour les lecteurs assidus qui passent ici au quotidien et je dois dire que c'est avec une grande émotion que j'ai feuilleté d'abord, caressé du regard, lu et relu ces pages spéciales Mistral.
D'abord un portrait juste, lucide et respectueux dépeint par Louis Hamelin, j'aime ce qu'il en dit je l'y retrouve, puis une interview vivante et passionnante par André Vanasse son éditeur pour finir par un article de Sébastien Lavoie sur cet écrivain de l'amitié qu'est sans conteste Christian Mistral. Il écrit de l'amitié, par l'amitié, comme personne et je partage la vision et le ressenti de ce sentiment qui l'anime. J'en voulais plus encore, c'était trop court, alors dans mon euphorie coutumière je me suis dit:" Et qu'en pense la Tribu ?", cette fameuse famille mise en place et créé par le maestro lui-même comme un roman live au travers de son Vacuum II. D'où cette folle entreprise de réunir des textes, témoignages, photos des uns et des autres, du moins d'une partie d'entre eux, certains plus proches que d'autres pour moi, certains qui sont devenus au fil des notes sur ce blog et sur les leurs au fil des commentaires et discussions parfois endiablées des amis, pour mettre en forme ce supplément très spécial aux Lettres Québécoises spécial Christian Mistral, le supplément Tribal.
Auparavant je voudrais rapporter ces confidences d'André Vanasse que je partage et je crois bien tous ceux qui participent à cette note atypique: "Mistral n'a jamais cessé de croire en la littérature même s'il a douté parfois. L'écriture a été pour lui une bouée de sauvetage, comme cela a été le cas pour Bruno Roy, mort le 6 janvier dernier... Ceux qui connaissent Christian savent à quel point il peut être attachant. Il aime de façon totale. Et c'est ce qui fait son si grand charme. Pour moi, il reste un auteur à part. Sans doute précisément à cause de la charge d'émotions qui nous unit... Salut, Christian, et reste toujours toi-même."
A Christian Mistral.
Pour ouvrir le bal, ce savoureux petit texte de GeeBee:
Quand Helenablue m'a demandé de participer à la petite fête, j'ai couru à la bibliothèque municipale, confiant d'y trouver les écrits de Christian Mistral.
"A remettre pour le 21 Monsieur Blais", et j'ai vu ma balloune se dégonfler avant même de franchie la porte. Comme si je pouvais assimiler un tel auteur en lisant ses livres en diagonale.
Dans la foulée de Carton-pâte, un des rares livres de Mistral que je n'ai pas lu car introuvable puisqu'épuisé, la touche verte et féminine de notre batracienne préférée:
"Le cunni-linguiste. Voilà le personnage qu'évoque pour moi Christian Mistral. La raison est l'image que j'avais en tête quand j'ai lu Carton-Pâte. À cause? Un passage où Christian écrit avoir cunnilingué X tout l'après-midi et que cette dernière était tellement gelée qu'elle ne ressentait rien, sauf dans la tête... d'où le terme cunni-linguiste que je vais faire breveter... merci pour tout Christian!"
- Raymonde - alias Rain -
L'hommage de Ranger se passe de commentaire, il est à l'image de son écriture, riche et puissant, ciselé:
C'est étrange, quand je me suis demandé quoi et comment écrire en hommage félicifère et vérozsizsi-gabor! à cet homme, ce Christian Mistral, et m'aussitôt senti suis allégé, ragaillardi car voilà qui enjoue, un excentrisme qui ne quérit rien que le cœur qu'on y a, les fleurs m'ont manqué, les figures de rhétorique m'ont fait va donc chier, ou serait-ce moi? et j'ai eu honte, et j'ai eu peur, tu vas parler pour vrai, ça fait longtemps, ça compte, c'est grave, en public, pas dans l'intimidité, et que, pour réfonce, j'ai eu recours à l'idée de la citation, c'est à Rabelais, Françoué qu'allai-gé-je.
Non, ce n'est pas étrange.
«Donnant Pantagruel ordre au gouvernement de toute Dipsodie, assigna la châtellenie de Salmigondin à Panurge», va le début du Tiers Livre, adressé aux gens de bien, «aux buveurs de la prime cuvée».
«[...] Et se gouverna si bien et prudentement monsieur le nouveau châtelain, qu'en moins de quatorze jours il dilapida le revenu certain et incertain de sa châtellenie pour trois ans. Non proprement dilapida, comme vous pourriez dire, en fondations de monastères, érections de temples, bâtiments de collèges et hôpitaux, ou jetant son lard aux chiens; mais dépendit en mille petits banquets et festins joyeux, ouverts à tous venants, mêmement à tous bons compagnons, jeunes fillettes et mignonnes galoises(1), abattant bois, brûlant les grosses souches pour la vente des cendres, prenant argent d'avance, achetant cher, vendant à bon marché et mangeant son blé en herbe.»
Laissons le docteur continuer :
«Pantagruel, averti de l'affaire, n'en fut en soi aucunement indigné, fâché, ni marri. Je vous ai jà dit, et encore redis, que c'était le meilleur petit et grand bonhomet qui oncques ceignît épée. Toutes choses prenait en bonne partie, tout acte interprétait à bien, jamais ne se tourmentait, jamais ne se scandalisait. Aussi eût-il été bien forissu(2) du déifique manoir de raison, si autrement se fut contristé ou altéré, car tous les biens que le ciel couvre et que la terre contient en toutes ses dimensions, hauteur, profondité, longitude et latitude, ne sont dignes d'émouvoir nos affections et troubler nos sens et esprits. Seulement tira Panurge à part et doucettement lui remontra que, si ainsi voulait vivre et n'être aucunement ménager, impossible serait, ou pour le moins bien difficile, le faire jamais riche.
''Riche? Répondit Panurge, aviez-vous là fermé votre pensée? Aviez-vous en soin pris me faire riche en ce monde? Pensez vivre joyeux, de par li bon Dieu et li bons homs. Autre soin, autre souci ne soit reçu on(3) sacrosaint domicile de votre céleste cerveau. La sérénité d'icelui jamais ne soit troublée par nues quelconques de pensement passementé de meshain(4) et fâcherie. Vous vivant, joyeux, gaillard, de hait(5), je ne serai riche que trop. Tout le monde crie : 'Ménage, ménage!' mais tel parle de ménage qui ne sait mie que c'est.''»
[1. Luronnes. - 2. Banni. - 3. Au. - 4. Chagrin. - 5. de bonne humeur.]
Pour moi, Christian, ta voix me parle comme là Rabelais via Panurge à son lecteur, aux hommes, à tous.
«Mais, demanda Pantagruel, quand serez-vous hors de dettes?
- Es calendes grecques, répondit Panurge, lorsque tout le monde sera content, et que vous serez héritier de vous-même.»
Sans autre commentaire.
Oui, un : Christian, t'es un inqualifiable de bon frère. C'est un honneur pour moi, tout petit sois-je, de te connaître, ça l'est depuis que je t'ai lu les premières fois, tu tends les bras à travers les calvaires pour appeler le meilleur, je te souhaite la santé, la longévité, la quiétude forte et palpitante.
SR
- Stéphane Ranger - alias aka Danger Ranger -
Une autre manière de dire en évoquant autrement que par les mots, il n'y avait qu'un Gomeux pour arriver à le faire en une image qui parle...
"Cette photo est en somme une antithèse de l'image que je me fais de Mistral.
Une planche à voile (objet véloce, tout comme la plume de Mistral) plantée dans la terre, réduite à la fonction de décoration."
- Guillaume Pâquet - alias Gomeux -
J'aurais aimé aussi avoir le ressenti d'Emcée et les mots de Kevin, deux personnes très importantes et qui comptent tant pour Christian et que tous les tribaux connaissent et rencontrent au gré des notes mistraliennes, mais ne l'ai pas fait pas demandé pas osé! Par contre dans un tout ordre registre j'ai receuilli il y a peu l'avis d'un néophyte, qui n'a pas particulièrement d'accointance avec la littérature quoique cela est en train de changer je pense, en la personne de mon fils aîné à qui j'ai prêté Vautour il y a quelques semaines maintenant, il m'en parlait lors d'un déjeuner en tête à tête tantôt: "J'avais peur tu sais au début, comme en général ce que tu lis c'est pas toujours facile, je craignais que ça me prenne la tête, de ne pas comprendre de ne pas aimer. J'suis pas très littéraire et les classiques me barbent vite, mais là, maman, c'est dingue. Ton Mistral quand il écrit j'ai l'impression qu'il s'adresse à moi qu'il me parle en profondeur, ça me touche ça me remue je pleure avec lui je ris aussi je rage je transpire et j'ai envie d'une page à l'autre d'en savoir plus, d'en connaître davantage. Il me reconcilie avec les livres lui, tu sais! J'aime vraiment bien. D'ailleurs il me semble que ton préféré ça en est un autre, non? Valium, je crois... Pourquoi ça Valium d'ailleurs? Dés que j'ai fini ce Vautour, ma chérie veut le lire à son tour, tu me prêteras l'autre alors, OK! Pis quand est ce que tu vas à Montréal, dis?" J'étais fière comme Artaban et si émue aussi que je ne résiste pas à partager avec vous ce grand moment filial!
Je n'ai pas été déçu par son humour et sa gouaille, il y met les formes l'artiste, faut savoir que cet homme là c'est une tête et loin d'être blonde, sacré Oldcola!
La "Tribu" construite et orchestrée par Mistral est une bande d'êtres qui partagent en plus de l'amour des mots et l'amitié à l'initiateur, l'amour de la vie et de l'humain, une bande d'amis somme toute régit par cette même quête de sens et cette même exigence relationnelle que ce soit avec soi ou avec les autres. Rien d'autocratique pas de pensée unique et pas la même vision du monde mais la même soif d'échanges et de partages, de remue-méninges et d'émotions vraies. Une bande de gourmands et de gourgandines à laquelle je ne suis pas peu fière d'appartenir moi qui suis plutôt d'un naturel indépendant et autodidacte, j'y ai trouvé chaleur et réconfort, franc parler et ouverture, tolérance humour respect même si parfois les discussions pouvaient tourner vinaigre, probable que la nature québécoise de cette tribu là mistralienne de surcroit y est pour beaucoup dans le fond et la forme.
Les deux qui vont suivre me sont plus particulièrement chers, et sont devenus au fil du temps et des échanges de véritables amis avec qui j'ai grand plaisir à être et à converser. Deux individus bourrés de talent et d'intelligence, de sensibilité aussi. Deux personnes que j'aime beaucoup et qu'il me tarde de rencontrer aussi à l'instar d'une autre amie rencontrée chez Christian, la fée cannelle de l'endroit, Venise.
Je l'imagine grand échalas aristocratique fin et tendre pourtant dit le Terrible, il m'apparaît profond, réfléchi et congruent, aimant le bon vin, la bonne chère et les bons livres tout comme nous tous ici sans doute, quand le Vacuum s'est trouvé infligé de l'étiquette Danger par la censure" bloggerienne" il a été un des premiers à monter au créneau pour défendre la liberté d'expression de l'écrivain et ami Mistral bien sûr mais aussi de la liberté d'expression en général et a, tout comme Raynette d'ailleurs, autocensuré son blog en signe de protestation, j'ai trouvé ça fort et noble et je le trouve encore...
" J'aime les gens de lettres, ce sont mes gens et je suis des leurs."
- Christian Mistral -
- Yvan LaFontaine - alias Terrrible -
Le texte de Sandy est telle qu'elle, généreux entier drôle affectif et bigrement bien écrit, un crisse de beau texte qu'elle nous livre là, la grande!
Donner quelque chose à son siècle.
Christian Mistral vu par Sandra Gordon
N.D.L.R. : Cet entretien ne devait paraître nulle part. Il n'a d'ailleurs jamais existé. Pour une raison que vous venez d'apprendre en parcourant ce billet, cet entretien se retrouve publié ici ce matin. Nous remercions HelenaBlue, rédactrice en chef du blog Open your mind, d'avoir chaleureusement orchestré ce programme dominical fort singulier qui souligne un homme et sa virtuosité, ainsi que sa couverture violet pourpre amplement méritée.
G.S. - Christian Mistral. Christian Miiiiistraaaal. Ça sonne, vous trouvez pas?
S.G. - Pour sonner, ça sonne.
G.S. - Ça souffle fooort diraient certains...
S.G. - Ouais. Ça décoiffe.
G.S. - Mistral, vent. Vent, mistral...
S.G. - Je pense qu'on a compris l'analogie. Je l'ai déjà utilisée une fois en me croyant bien originale...
G.S. - (Toussotements) Bon. Alors. Le dernier numéro de la revue Lettres Québécoises est consacré à Christian Mistral. L'avez-vous lu?
S.G. - D'après toi?
G.S. - Que pensez-vous de la page couverture?
S.G. - Ce que je pense de la page couverture? Magnifique. Ce regard émouvant. Et ce violet, c'est vraiment plus que parfait. Je suis sacrément contente pour lui...
G.S. - Et le contenu?
S.G. - Très intéressant. Mais trop court. J'en aurais pris plus.
G.S. - Ça on le sait, vous n'êtes jamais contente. Qu'est-ce qui vous plaît dans les romans de Christian Mistral?
S.G. - (Rires) Ça m'arrive d'être contente, c'est juste que je ne m'en aperçois pas souvent. C'est son style. Fort, imagé, singulier. Sa plume acérée. La musicalité des mots choisis avec grand soin. Sa maîtrise du verbe, de l'ironie, et de la beauté. Sa capacité de faire sourire le lecteur, de le faire rire aussi, et ça c'est rare, et de l'émouvoir trois lignes plus loin. Son écriture peut être brutale et sensuelle à la fois. Mistral possède l'art d'inclure le lecteur, comme s'il y était, comme s'il faisait partie de cette communauté de paumés sans le sou mais néanmoins riches. J'aime sa poésie, son originalité. (Silence) Vamp finit par « Merde. », ça m'avait marqué. Ouais. Bon. C'est pas le « Merde. » comme tel, on s'entend, mais c'est le fait qu'il soit placé là, minutieusement, juste après une riche et longue envolée lyrique. J'avais trouvé ça percutant. À l'image de ce qu'il écrit.
G.S. - Nommez-moi une scène qui vous a particulièrement émue?
S.G. - À brûle-pourpoint? (Silence de réflexion) C'est l'fun dire ça, brûle-pourpoint. C'est un beau mot. Brûle-pourpoint, brûle-pourpoint. La scène du bain dans Valium.
G.S. - Pourquoi?
S.G. - Parce que.
G.S. -Que retenez-vous de ce que vous avez lu de lui?
S.G. - Quand on le lit, on a - comment dire - on a envie de vivre. Je sais pas... On a le goût d'improviser une sonate à la lune, le goût de s'envoyer en l'air, de s'envoyer une poutine ou bien de concocter un pâté chinois fromage paprika, de se louer un 8 ½ à' gang, d'écrire des lettres, de se commander un double scotch au comptoir d'un bar, puis un deuxième, un troisième, on a envie de ne plus les compter, on a envie de se raconter. On a le goût de déclamer un poème en cadeau à un ami, d'errer dans les rues de la ville ou de s'enfermer dans sa chambre pendant trois jours. On a le goût d'aimer Montréal autant que lui. On peut pas faire autrement. On la sent. On la hume. On la vit. D'ailleurs je ne vois plus Montréal de la même façon. J'ai appris à l'apprécier autrement. À l'apprécier, point. Je ne vois plus le carré Saint-Louis de la même façon. La fontaine n'est plus qu'une simple fontaine, elle est un symbole. Un organe.
G.S. - Vous l'avez déjà rencontré?
S.G. - Qui, la fontaine?
G.S. - Funny girl. Je parle de Christian Mistral.
S.G. - Oui.
G.S. - Est-ce que vous vous en souvenez?
S.G. - Ça veut dire quoi ça?
G.S. - Je sais pas. Je veux dire : sur votre blogue, vous avez parfois l'air d'une furieuse picoleuse de mauvais whisky américain. C'est pas moi qui invente ça hein.
S.G. - Je te signale que t'es mon double inversé, et que cet entretien est en vérité un entretien truqué, simulé. Je vais quand même pas t'apprendre qu'on a le même œsophage pis le même foie hein? Quand je l'ai rencontré, je l'ai rencontré à jeun. En fait, je n'étais pas à jeun. J'achevais un de ces cafés qu'on vend à tous les cent mètres sur le Plateau. Le mien était noir, dans un gobelet ceinturé d'un carton gaufré servant à ne pas se surchauffer les corpuscules de Krause logées dans les mains, mais il était tiède depuis longtemps. J'avais du Jack dans le fond de mon sac pour plus tard. Pour trinquer. À nos santés. Sans blogs interposés. Anyway. Tu dois le savoir, t'étais là.
G.S. - Je me souviens. Difficile d'oublier. En quelques mots, comment vous le décririez?
S.G. - En quelques mots? Hum. Affable, entier, direct. Il parle beaucoup, et il écoute beaucoup aussi. C'est une belle qualité ça. Il a un rire sonore et contagieux.
G.S. - Peu de temps avant, c'était son anniversaire. Je crois comprendre que t'avais pas que du Jack dans ton sac.
S.G. - Tu me tutoies maintenant? On n'a pourtant pas élevé les abeilles ensemble... Je rigole. C'est que t'as l'air un peu fuckée à t'auto-vouvoyer. Ouais. On disait? Ah oui. Chez-nous, mes livres sont classés par ordre alphabétique. Je suis pas une freak du rangement hein, tu le sais, mais j'hayis ça chercher un livre pendant dix ans. Les Christian Mistral se retrouvent entre mon édition de L'homme rapaillé de Miron, qui date de 1970, et feu mon édition des Poésies complètes de Nelligan. Je dis feu parce qu'elle ne s'y trouve plus : je l'ai donnée à Christian pour son anniversaire. Elle m'avait coûté quatre piasses au Village des Valeurs, mais dans mon cœur elle en valait pas mal plus. Je l'avais emballée dans un sac Biorisque jaune garni de gros morceaux de scotch-tape. Martha Stewart n'aurait pas été fière de moi, ça avait l'air du yab'. Et j'ai dit comme on dit souvent : « C'est pas grand-chose, mais c'est de bon cœur en crisse. »
G.S. - C'est ridicule de dire ça quand on offre un livre à quelqu'un. Surtout quand il s'agit d'un livre de Nelligan. Surtout quand on l'offre à Christian Mistral.
S.G. - Ouais, peut-être. Il était ému, et je l'étais mille fois plus. Un esprit de beau moment...
G.S. - Tu voulais pas lui offrir ton édition de L'homme rapaillé ?
S.G. - T'es-tu folle sacrament? Faut pas charrier!
G.S. - (Rires) En terminant : y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez lui dire, mais que vous ne lui avez jamais dit?
S.G. - Oui. Les diminutifs, c'est comme les émoticones : j'hayis ça. Sandy, tsé...
G.S. - Autre chose?
S.G. - J'ai hâte à son prochain roman. Ouais. (Silence) Ça fait que c'est ça. En attendant, eh bien, vivons. De toutes nos forces. Tant que faire se peut, et davantage.
« Je crois furieusement que personne n'est sur cette terre pour écrire des livres. Il faut vivre, dans la joie la plus féroce que nous permet notre tempérament, seulement, oui, quand le livre est fini, on en commence un autre, jusqu'au dernier hoquet, en essayant de retenir un peu de beauté entre ses doigts, et de ne pas écrire trop de conneries ».
Christian Mistral, Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 102.
À la tienne, cher Christian
Amitiés,
Sandra
- Sandra Gordon - alias Sandy -
Hum, à part Butch en vacances au moment de l'élaboration de cette note, il manquait un vieux de la vielle comme on dit par icitte, un comparse jalousé et aimé, un personnage fier et intrépide, un quoi! chasseur d'étoiles et d'étincelles, un faiseur d'histoires, un conteur hors pair, je cite È . Pour l'avoir hébergé dans mes murs et couché au dernier étage de mon vaste chantier, j'en sais plus sur ce bougre attachant et princier. Il ne manquait que lui pour que la boucle se boucle, j'entends là de facto, et derechef j'en profite pour remercier les uns et les autres de leurs enthousiasmes, leurs amitiés, leurs profonds coeurs, et leurs présences. J'avoue être très émue de tant d'affects...
"Dieu, Mistral et moi"
Il a soufflé toute la semaine, le Mistral. C’est simple, ici, quand c’est du Nord, c’est le Mistral. Tempête du siècle annuelle. Bon, pour cette fois, on peut dire que les Français ont reçu une vraie tempête de neige. 30 cm. Ouââ. Les cactus et les palmiers s’en sont pris plein la yeule. Les violettes, les amandiers et les bicyclettes vont devoir surseoir. Sans compter les Gardoises, qui venaient à peine d’inaugurer leurs minijupes.
Blue me fait l’honneur de me demander un texte. l’Occase : Mist à la une de Lettres Québécoises. Ah ? Je le crois pas. C’est vraiment la première, toute première fois ? Eh, beh. Ah. Euh… Y avait beaucoup de très grands auteurs à tapisser, sur les 136 numéros précédents, doit-on supposer.
Nous avons le même âge, mais la première fois que j’ai vu Mistral (l’auteur, pas la calamité météorologique), c’était à la télé. J’étais un tout jeune batteur de rock n’roll à l’époque et j’officiais dans un horrible groupe hommage à Rush. Je me souviens m’être dit qu’il avait l’air d’un type dont j’aimerais lire le roman. « Enfin un qu’a pas une face de tapette de fils de riche à marde, asti », avais-je songé, dans mon subtil brogue de Montréal-Nord. Je me suis assis et j’ai écouté l’interview. Je comprenais sans souci les questions de l’animatrice mais, comme elle, je n’avais pas la moindre idée de ce que signifiaient les réponses. Mistral parlait d’auteurs dont je n’avais jamais soupçonné l’existence, évoquait des mouvements qui me paraissaient ésotériques, employait des mots dont j’ignorais la signification. Je m’étais senti tout petit et insignifiant, un peu comme devant ma blonde du temps, qui venait juste d’entreprendre courageusement mon éducation littéraire.
Je l’ai revu dans les bars où je chantais, vingt ans plus tard. On ne se parlait pas tellement. Dix mots en dix ans. Pour une raison qui m’échappe encore, j’ai publié Antarctique en 2002 et je me suis retrouvé au salon du livre de Montréal. Ce n’était pas totalement jojo à mon kiosque et je crois que Mistral l’a senti. Il est débarqué devant moi avec un verre de rouge que j’ai calé d’un trait. Il a souri et m’a entraîné chez un autre éditeur, où ça coulait à flot. Tout le monde voulait lui parler, alors je suis resté en retrait. Un grand type qui avait l’air important m’a ordonné de ne plus écrire de dialogues en joual. Un autre m’a dit qu’il était best-seller. J’ai calé mon verre. Quatre ou cinq coups de pinard plus tard, quand j’ai fini par retourner à ma dédicace, je me sentais infiniment mieux.
Mistral m’avait accueilli sans plus de cérémonie dans la gang (il n’avait pas encore commencé à l’appeler sa tribu). Réchauffé comme je l’étais par la boisson et la fierté, plutôt que de continuer à imiter mes collègues dissimulés derrière un journal avec leurs écouteurs sur la tête, je me suis levé et j’ai commencé à fourrer mon bouquin directement dans les mains des passants, ce qui est devenu ma marque de commerce par la suite.
— Eeh, lis-ça man !
Tout ça semble si loin. Depuis, j’ai quitté la cité, le continent, le consensus, tout, presque. Nos personnalités électroniques croisent le fer et se font l’accolade. Où sommes-nous tous ? La Terre tourne en tabarnak. En tout cas. Dieu ne m’a jamais offert à boire, ce que Mistral a fait, lui. Quant au diable, beh… Euh… Comme d’hab, y est aux vaches !
- Eric McComber - alias Big Mac -
Prévenu tard, il est aussi de la fête, pas là hier mais bien présent aujourd'hui et rien d'infâme dans ses propos bien au contraire:
J'ai reçu un message d'Héléna me demandant un petit texte pour une note surprise sur Christian Mistral. Holy phoque! Honoré et intimidé, je me mis tout de même à l'ouvrage. Dès le départ un problème de taille se posa, par où commencer? Crisse! Par le commencement, me dit une voix dans ma tête. Attention. Je plonge.
Je dois d'abord dire que je ne suis pas un intime de Christian. Tout ce que je connais de l'homme, je le tiens de ses livres, de ses apparitions médiatiques et de son blog. Ainsi, chacune de ses présences (à la télé, à la radio) m'a touché. Ça me fascine et me laisse sans voix car je ne le connais pas, mais quand je le vois ou l'entends à la télé ou à la radio sa sensibilité me bouleverse. Tout comme certains de ses textes sur VacuumII : Scrapbook, particulièrement lorsqu'il parle de son fils ou des ses amis. Il le fait avec cœur et authenticité et ça impose le respect. Dans le monde plus blanc que blanc dans lequel on vit, un homme comme lui, qui prend sa plume, son clavier pour ouvrir son cœur ou exprimer son avis, son opinion, son désaccord, sa dissidence face à ce répugnant univers demeure un exemple et un modèle à suivre. Respect.
Respect aussi devant la fidélité et l'amour qu'il porte à ses amis. L'amitié demeure pour moi la pierre d'assise de l'œuvre mistralienne. Or, s'il y a un roman où l'amitié imprègne tout le récit, c'est bien Vautour. C'est un très grand roman souvent sous-estimé ou oublié lorsqu'on parle de la production de Mistral. Un simple merci pour ce grand roman et pour les autres. Je me permets d'en citer un ti bout :
''Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désespérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche.''
Cher Mistral, ne désespère pas de ta littérature car elle a non seulement moulé une tragédie ordinaire, mais en plus à la lecture de Vautour, j'ai senti et ressenti la perte d'un ami qui m'était très cher. Grâce à tes mots, j'étais moins seul avec ma peine et le vide que laisse toujours la grande faucheuse.
Amitiés et hommages flashgordoniens
L'infâme Paul Giguère, mieux connu sous le nom de Flash Gordon
- Paul Giguère - alias Flash Gordon -
Amitiés profondes.
Blue
Christian,
je ne peux finir cette note sans te citer, et j'ai tellement apprécié ce livre que naturellement je m'y réfère," Origines"...
Hâte de te lire de nouveau.
" Si écrire veut dire publier, s'exprimer, se vendre et se racheter, faire la guerre et faire carrière, et faire l'amour à l'individu qu'on voudrait devenir, alors: j'ai écrit pour que ma mère me félicite, j'ai écrit pour démontrer à mon beau-père que j'étais bon à quelque chose, j'ai écrit pour séduire ma future épouse et j'ai écrit pour doter le fils qu'elle m'a donné, j'ai écrit pour qu'on se souvienne de moi, pour que le monde conserve une trace de mon fugace passage et qu'il en soit changé, tant soit peu, pour le meilleur ou pour le pire ou le pareil au même, mais que le monde vire à droite ou à gauche comme un char fait un violent secret écart pour éviter un écureuil, et l'écureuil est épargné, de même que la conscience du conducteur, et le monde est ainsi désormais; pour ça, j'ai écrit."
- Christian Mistral- Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 67.
00:52 Publié dans rencontre | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : littérature, christian mistral, québec, rencontre, amitié, art de vivre, blog, humain
12/03/2010
tango...
10:14 Publié dans danse | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : danse, musique, cinéma, vie, expression, émotion, rencontre, humain
10/03/2010
Paul Rebeyrolle
« Si on a l'amour de la nature et des gens, cela peut aller jusqu'à la violence »
- Paul Rebeyrolle -
Disparu en 2005, Paul Rebeyrolle est l’auteur d’une œuvre puissante, habitée. Né dans le Limousin il est atteint dans son plus jeune âge d'une maladie osseuse qui l'oblige à l'immobilité et passe son enfance et son adolescence à dessiner. En 1944 il part pour Paris par " le premier train de la Libération", il sait déjà qu'il veut devenir peintre: il prend des cours à la grande Chaumière et se lance à la découverte de la peinture contemporaine notamment Picasso et Soutine et également les classiques du Louvre dont Rubens et Rembrandt qui le marquent profondément. Homme de liberté et d'indépendance, il se forme seul.
Il témoigne, fait des constats sur la société… Coexistances (1969), parle de la guerre froide, Monétarisme (1999) , des excès du consumérisme, La carpe et le lapin (2003), des manipulations génétiques… Il ne cesse d’interroger les conditions de vie des individus, de manière expressive. Il fait corps avec le tableau, il y pénètre complètement. À l’aide de peinture à l’huile, pigments encollés, tissus, objets, il nous donne sa vision du monde. Il travaille sur de grandes toiles, à plat, fait corps avec l’œuvre, à la manière d’un rite, d’une danse (on peut d’ailleurs penser au travail de Pollock dans cette idée de gestuelle, de fusion avec la toile). Puis il offre au spectateur, ses « toiles de colère ». On ressent comme un coup de poing d'ailleurs la première fois que l'on voit ses toiles, percutantes et difficiles.
Son oeuvre est marqué par la rage, la révolte, la violence et renvoie à toutes les souffrances, les interrogations du monde.
" Je me demande si je ne pense pas autant à la vie et aux conditions de vie des individus qu'à la peinture."
- Paul Rebeyrolle -
10:09 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art, peinture, rencontre, humain
06/03/2010
eaux de Mars
Pour Anne des ocreries, et puis pour vous tous itou, en écho de nouveau aux couleurs de Claudio...
13:29 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : musique, chanson, poésie, moustaki, rencontre, amitié, blog