06/10/2010
J-2
Il y a quelque chose de magique dans l’idée du voyage, j’ai toujours aimé ça je dois dire ; découvrir d’autres lieux, d’autres espaces, d’autres manières de penser et de vivre. Je trouve que ça ouvre l’esprit et que ça nourrit l’âme. J’aime devoir m’adapter à un autre rythme, une autre musique, un autre tempo, entendre de nouveaux mots et puis d’autres accents, sentir d’autres horizons, approcher d’autres odeurs, goûter à d’autres gourmandises, j’aime bien devoir appréhender la vie autrement. Chaque fois que je bouge dans un nouvel endroit, une nouvelle contrée ou un nouveau pays, j’ai la même envie complètement incroyable de m’y installer et j’y projette l’avenir. En Afrique comme en Polynésie, Londres ou bien New-York, aux portes du désert marocain, au fin fond de l’Espagne, sur les côtes portugaises ou les rochers de la puissante Sicile, partout me vient l’envie de poser ma tente et de tisser une nouvelle histoire, une histoire de vie, de partage, d’aventure et d’écriture aussi. Là, je sais, ça risque de me faire pareil, mon imaginaire va aller bon train et mon cœur s’emballer, le Québec demain? Je ne vais pas y échapper! Hé,hé...
30/09/2010
Écrire
- calligraphie de Jean-Fréderic Crevon -
Écrire. Écrire pour obéir au besoin que j'en ai.
Écrire pour apprendre à écrire. Apprendre à parler.
Écrire pour ne plus avoir peur.
Écrire pour ne pas vivre dans l'ignorance.
Écrire pour panser mes blessures. Ne pas rester prisonnier de ce qui a fracturé mon enfance.
Écrire pour me parcourir, me découvir. Me révéler à moi-même.
Écrire pour déraciner la haine de soi. Apprendre à m'aimer.
Écrire pour surmonter mes inhibitions, me dégager de mes entraves.
Écrire pour déterrer ma voix.
Écrire pour me clarifier, me mettre en ordre, m'unifier.
Écrire pour épurer mon oeil de ce qui conditionnait sa vision.
Écrire pour conquérir ce qui m'a été donné.
Écrire pour susciter cette mutation qui me fera naître une seconde fois.
Écrire pour devenir toujours plus conscient de ce que je suis, de ce que je vis.
Écrire pour tenter de voir plus loin que mon regarde ne porte.
Écrire pour m'employer à devenir meilleur que je ne suis.
Écrire pour faire droit à l'instance morale qui m'habite.
Écrire pour retrouver - par delà la lucidité conquise - une naïveté, une spontanéité, une transparence.
Écrire pour affiner et aiguiser mes perceptions.
Écrire pour savourer ce qui m'est offert. Pour tirer le suc de ce que je vis.
Écrire pour agrandir mon espace intérieur. M'y mouvoir avec toujours plus de liberté.
Écrire pour produire la lumière dont j'ai besoin.
Écrire pour m'inventer, me céer, me faire exister.
Écrire pour soustraire des instants de vie à l'érosion du temps.
Écrire pour devenir plus fluide. Pour apprendre à mourir, au terme de chaque instant.
Pour faire que la mort devienne une compagne de chaque jour.
Écrire pour donner sens à ma vie.
Pour éviter qu'elle ne demeure une terre en friche.
Écrire pour affirmer certaines valeurs face aux égarements d'une société malade.
Écrire pour être moins seul. Pour parler à mon semblable. Pour chercher les mots susceptibles de le rejoindre dans sa part la plus intime. Des mots qui auraont peut-être la chance de le révéler à lui-même. De l'aider à se connaître et à cheminer.
Écrire pour mieux vivre. Mieux participer à la vie. Apprendre à mieux aimer.
Écrire pour que me soient donnés ces instants de félicité où le temps se fracture, et où enfoui dans la source j'accéde à l'intemporel, l'mpérissable, le sans-limite.
- Charles Juliet -
00:01 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : poésie, écriture, charles juliet, mots, émotion, art, humain
22/09/2010
Christophe Miralles
" On peut dire le difficile sans hurler. "
- Christophe Miralles -
Né en France en 1970, d'un père espagnol et d'une mère française, Christophe Miralles a travaillé dans la communication et l'illustration, avant de s'installer dans la ville d'Annecy pour s'adonner exclusivement à la peinture. Ayant d'abord pratiqué un art abstrait, depuis cinq ans , il élabore un vocabulaire symbolique et figuratif. Des figures simples, intemporelles et universelles, emblématiques de la présence humaine, peuplent les toiles. matière nuancée, couleurs subtiles, à l'intérieur et aux alentours des figures, seule la peinture est mise en scène.
- Françoise Monnin -
"Chercher le vrai visage de quelqu'un, c'est tenter de voir au travers, de saisir l'expression de son intériorité avec l'a-priori que le mal y niche. Ce retournement macabre du dehors de la personnalité est une violence que certains peintres et sculpteurs exercent ici sur eux mêmes mais aussi sur autrui. Il n'y a pas d'au-delà de la souffrance pour eux, ils sont entièrement déterminés par ce rapport à l'obscénité du réel. Ils auscultent et sondent une humanité broyée par le mal.
Le visage est une mémoire vivante. Il dessine la carte d'une histoire singulière ou partagée. Il parle sa propre langue. Raturé, convulsé, effacé, il se confronte à l'angoisse, la souffrance et la mort. Défiguré, profané, il révèle la dramatique conscience que nous avons de notre finitude. Il est porteur d'une pulsion de mort. La mort, elle, n'a pas de visage, son masque est celui d'un monstre qui n'appartient pas à l'humanité.
Si le visage parle, il "existe" aussi pour être vu. L'individu avec sa part de dignité morale, philosophique et spirituelle est en entier dans son visage. C'est pourquoi l'absence de visage qui prive l'individu du regard de l'autre équivaut à une exclusion du monde des hommes. De plus, l'impossible face-à-face entre consciences interdit la connaissance de soi. L'effacement du visage, chez la plupart des artistes exposés, est alors le signe d’une rupture. Pour quelques uns cependant, il s’agit de reconstruire un visage après avoir mis à nu son étrangeté, de le transfigurer. Ainsi, ces visages dans leur indétermination peuvent être des naissances. La porte s'ouvre sur la vie, ses couleurs et sur la recherche d'un élément fondateur positif de notre humanité."
- Catherine Plassart -
" La peinture est une manière d'être, la tentation de respirer dans un monde irrespirable."
- Jean Bazaine -
« Tu es couvert de taches d'homme »
Cette phrase que j'ai rencontrée dans le poème d'André Breton et qui m'a profondément marquée illustre parfaitement le propos de ma création picturale actuelle autour du « Portrait ». A partir de cette notion de portrait je cherche à créer une rencontre entre toile et public ; je réfléchis à la forme qui pourra le mieux inciter celui qui regarde à s'interroger sur sa place dans la société. Son regard plaque son vécu sur la toile et se l'approprie.
Pour dévoiler uniquement l'humain , je recherche, dès l'ébauche de chacune de mes toiles, l'effacement, l'information minimum. Le regard du visiteur doit être une promenade parmi les ancêtres de demain.
- Christophe Miralles -
J'ai rencontré Christophe Miralles lors d'une foire de l'Art à Lille, il y a quelques années déjà, j'ai été subjuguée par ces toiles, son langage m'a percutée et j'ai été émue, immédiatement. Et puis l'homme aussi est particulièrement touchant, sensible, affable et d'une grande douceur. Chacune de ses toiles porte le nom d'un vers, des noms évocateurs, des noms qui font rêver: " Lumière d'ombre", " A l'heure de l'amour et des paupières bleues, " Sous les lampes de rosée", "La pointe des pieds dans ton sommeil", " Aussi pâle que le souffle allumé", "Les attitudes de ton plaisir "... Je ne sais s'il se souvient de moi, mais moi parfaitement de lui, il me reste de cette rencontre en plus de l'émotion vive et puissante une dédicace superbe en tête de son livre.
Depuis, j'ai eu la chance et l'immense bonheur de pouvoir vivre avec une de ses toiles qui m'a été offerte par un ami de coeur, chaque jour j'y redécouvre une autre inspiration, une autre lumière en fonction sans doute des mes propres états d'âme, sa peinture a ce don d'activer en miroir votre propre regard. Certains la trouve morbide dans mon entourage, moi je la trouve humaine, profonde et inspirante, elle m'accompagne...
Merci Christophe.
22:33 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : peinture, art, poésie, rencontre, christophe miralles, émotion, regard, inspiration, humain
17/09/2010
court
06:35 Publié dans correspondance | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : christian mistral, laure kalangel, rencontre, blog, film, art, correspondance, poésie, littérature, image
08/09/2010
La sphinxogenèse bleue
Le groom céleste, qui la conduisit
Jusqu'au fil tranchant du funambule,
La tenait, encore graine, dans la paume de sa main.
Lui seul avait chronométré ce jour des hautes conjonctions,
Quand les autres étaient tapis,
Derrière leurs verrous, tout grelottants!
Il criait, en voyant la canne du danseur aveugle
Déchirer l'abîme de l'éclipse:
"Solalune! Solalune! Solalune!"
Quartiers ouverts aux orbes des germinations!
Et la canne d'enfanter ses courbes,
Dans la posture de tant d'éveils.
Princesse bleue, dansez-moi votre inchoative venue!
Ô quenouilles des rencontres!
Tramez de désir,
Chantez à loisir
Cette sphinxogenèse si féline!
C'est d'elle la grande fêlure,
Passage bleu-gris
De constellations habitant leurs maisons,
Aux lancers de nos tarots.
Vole cri, vole,
Jusqu'aux cimes,
Pour la dire,
Cette semence
Ivre de rosée
Qui se souvient de son âme phréatique!
Elle glissera sur les arbres,
Comme un duvet d'épi solaire.
"Elle naît, elle naît!" dirent les bardes.
Clameurs d'élans libres.
Ils l'annoncèrent,
S'offrant dans le parfum
Qui, à jamais, la dessine
Avec cette canne accordéon ouverte en horizons.
Sa danse ailée
Lui rappelait le galop des glaçons
Dans son verre ivre
Du martèlement des gouttes de pluie
Sur le clavier des arbres souriant
En tourbillons feuillus.
Ils l'accueillaient, ELLE,
Se continuant en élytres
De feux d'être,
En élytres de larmes
Eclairant l'eucalyptus de la gare,
Jusqu'au point où la valise du départ
Se posa en bris qui séparent,
En sanglots de mouchoirs
Là où, torride, le vent la reçoit encore,
Sous les toits abandonnés, depuis bien des saxifrages.
Ah! sabliers de mes douleurs,
Tailles de mes silex érigés
En sarments calligraphes!
Récitez-lui vos serments
Pour qu'elle surgisse et revienne de ses mots morts,
Fille bleue grisée d'éclipses!
- Mokhtar El Amraoui -
08:49 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : poésie, mokhtar el amraoui, beauté, émotion, art, bleu, partage, rencontre, humain
29/08/2010
esprit et corps
" Lorsque l'esprit est libre, le corps est délicat."
- William Shakespeare -
19:16 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : art, sculpture, pensée, beauté, état d'âme, corps, esprit, relation, humain, poésie, littérature, shakespeare, ouverture
21/08/2010
Fidélité
- toile d'Egon Schiele -
Dans leur chambre de toute une vie, ils éteignirent.
Au lit, ils s'étreignirent.
En souriant, ils s'éteignirent!
- Mokhtar El Amraoui -
14:03 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : poésie, haïku, émotion, amour, vie, art de vivre, humain
20/08/2010
fin de matinée...
" Il nous faut peu de mots pour exprimer l'essentiel. "
- Paul Eluard -
11:55 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : poésie, eluard, pensée du moment, rencontre, écriture, mots, partage, communication, humain
18/08/2010
fragrance blue
Si j'étais un parfum*...
Je serais un grand jus, altier, pur, acide et lumineux, profondément triste et émotionnellement ambivalent, paradoxal, déstabilisant, mystérieux, ensorcellant... Un mélange vert cotonneux ravageur, inattendu, fougueux, intemporel, vif, sophistiqué, un peu direct et férocement intelligent. La note verte et terreuse du Galbanum serait adoucie et comme enveloppée d'essence d'iris d'une spectaculaire douceur presque une fragilité et d'un effet poudré très suave et sensuel, inoubliable; une échappée de fleurs dans les notes du coeur: rose, jasmin, ylang ylang, muguet et dans le fond un accord boisé, sous-boisé, profond, vétiver, masculin, cèdre et mousse de chêne prolongeant ainsi la chaleur femelle et charnelle de l'iris. " Un parfum de pousses " de montée de sève, persistant, proche du N° qui me déshabille le jour et habille mes nuits.
* En écho à la sortie du Bleu de Chanel pour homme demain le 19 Août, date anniversaire de la grande Mademoiselle Gabrielle.
08:12 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (35) | Tags : mode, parfum, art de vivre, poésie, sensualité, beauté, amour, geste, humain, évocation, exercice de style
16/08/2010
Rap des hommes rapaillés
" Y a pas d'poésie en prison
Les mots sont des bêtes farouches
J'peux pas sauter le mur du son
J'ai des barbelés dans la bouche."
- Christian Mistral -
J'ai des barbelés dans la bouche...
J'ai des barbelés plein la bouche!
Tant de couleuvres à avaler.
Encore...
Le monde est noir puis le monde est blanc
le monde est blanc puis le monde est noir
entre deux chaises deux portes
. . . ou chien et loup
un mal de roc diffus rôdant dans la carcasse
le monde est froid puis le monde est chaud
le monde est chaud puis le monde est froid
mémoire sans tain
des années tout seul dans sa tête
homme flou, coeur chavirant, raison mouvante
Comment faire qu'à côté de soi un homme
porte en son regard le bonheur physique de sa terre
et dans sa mémoire le firmament de ses signes
Beaucoup n'ont pas su, sont morts de vacuité
mais ceux-là qui ont vu je vois par leurs yeux
- Gaston Miron -
16:26 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christian mistral, gaston miron, poésie, musique, art, écriture, exprimer, souffrance, enfermement, humain, émotion, rencontre
toujours et encore cette pluie...
Poursuite de la pluie
Il y a des jours moroses
Où je rencontre la pluie
Les épaules recourbées
Ruisselantes sous les trombes
Je demeure dans l'attente
D'un soleil à venir
D'une étoile à cueillir
D'un espoir à chérir
- Andrée Chedid -
10:36 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, météo, temps qu'il fait, attente, sentiment, état d'âme, humain
15/08/2010
de la poésie...
Un aparté juste sur la poésie, après avoir lu chez Venise les dires de Dany Laferrière à ce sujet et puis sans avoir osé réagir au propos de Prométhèe V. chez Christian comme quoi le terme poète..., j'ai eu une soudaine envie de parler poésie et de ceux qui la font, de ceux qui la transpirent, de ceux qui la mettent au monde. Tout à chacun dirait notre cher Giulio, oui sans doute, il est poésie dans beaucoup de nos gestes, dans nos paroles aussi et dans celle qu'on ne dit pas. Je m'en nourris j'avoue depuis toujours, avec délectation non feinte voire même jouissance, j'en aime l'inédit j'en aime la réjouissance j'en aime aussi parfois l'amertume et l'effroi comme peut-être la vie, c'est ainsi que d'ailleurs elle est, vivante vibrante appelante et si délicate si violente à la fois si parlante à ce moi enfourné emberlificoté enchâssé dans des orties austères, elle a toujours été et le sera toujours mon air mon oiseau rare mon univers.
Alors un grand merci aux poètes, troubadours et faiseurs de rêves, je ne peux me passer d'un vers d'Eluard, d'un tourment de Baudelaire, d'un zeste de René Char, et comme j'aime les vers de ce cher Mokhtar, de mon ami Jalel et de Gaston Miron et de mon Ange Noir! comment vivre sans Apollinaire sans Prévert, sans Rimbaud sans Nelligan sans poésie sans elle, tous les jours j'y goûte, je m'y abreuve, grand bien m'en fasse!
Je ne saurais vivre sans.
00:37 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : poésie, amour, besoin, plaisir, partage, humain
12/08/2010
Rayons de feu
Soleil,
Toi qui te noies chaque jour
Et réveilles inlassablement mon ombre,
Sur les marches des heures,
Ton silence de feu
M’habille d’une chaude nudité
Assoiffée d’écumes et d’algues abyssales.
Tu couronnes la colombe bleue,
Ma muse, qui a détrôné l’oubli !
Mes mains tournesols
Lui tressent une mémoire inca
Où baigne, pour elle, le vent des flûtes
Qu’appelle le roucoulement des fleuves
Chantant leurs chaudes mélodies.
- Mokhtar EL Amraoui -
09:49 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poésie, mokhtar el amraoui, rencontre, émotion
00:46
00:46 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poésie, art, rodin, sculpture, pensée, état d'âme, ressenti, être, humain, destin, parcours, chemin, avancée
10/08/2010
lu hier
" L'accomplissement est l'achèvement d'un cercle... Une personnalité, c'est quelqu'un qui a déroulé le ruban, déplié les pétales, exposé tous les niveaux. Peu importe par où l'on commence: l'instinct ou la sagesse, la nature ou l'esprit. L'accomplissement signifie l'expérience de toutes les parties du moi, de tous les éléments, tous les plans. Cela signifie que chaque cellule du corps accède à la vie, s'éveille. C'est un processus de la nature, et non de l'idéal. On meurt lorsque les cellules sont épuisées, on atteint la plénitude lorsqu'elles fonctionnent toutes, le rêve, le désir, l'instinct, l'appétit. L'un éveille l'autre. C'est une contagion. L'ordre est sans importance. Toutes les erreurs sont nécessaires, les balbutiements, les impairs, les aveuglements... Croissance, éclosion, plénitude du moi potentiel. ne vivre qu'un seul aspect, qu'un seul côté de la personnalité, c'est comme n'utiliser qu'un seul sens, alors, les autres s'atrophient. Il n'y a de grandeur que dans l'accomplissement, dans la plénitude de l'éveil... La vie est un cercle complet qui s'agrandit jusqu'à rejoindre les mouvements en cercle de l'infini."
- Anaïs Nin -
09:27 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : écriture, réflexion, épanouissement, expression, art, ouverture, poésie, littérature, humain
05/08/2010
blueshoes
- photos Laurence G. -
"Des années que je les trimbale où que j'aille et quoi que je fasse, elles sont pour moi comme une marque de fabrique, mon signe distinctif, mon alter ego, elles enferment en elles tous mes paradoxes et mes plus délicieux fantasmes, les plus cruels aussi. Elles sont ma continuité mon double, fétiches.
Nous avons tout fait ensemble, films photos trottoirs lits en tout genres miroirs galères; jamais elles n'ont eu de cesse de me suivre et je me sens complètement nu sans elles. Pourtant là, elles me fatiguent elles m'usent elles ont fait leur temps d'interdits et de soufre et je les aimerais plus vivantes plus vivifiantes plus légères plus fantasques plus inspirantes mais je ne peux me décider à en changer ou à les brûler sur l'autel de mes deuils déjà faits, elles ont suivi ma route comme elles suivent ma jambe et font bien trop partie de moi pour que je les abandonne ou les substitue.
Il m'est alors venu en songe comme un subterfuge, un tour de passe-passe, un numéro d'équilibriste, un flash lié aux rencontres aux échanges à mes avancées aussi, et bien que je n'arrive pas plus à marcher droit sans onduler et sans me tordre j'ai eu soudain la révélation de les habiller cette fois-ci d'un ton plus spirituel plus libre plus aérien, pourquoi diable me disais-je, ne les passerais-tu pas une fois pour toute en blue comme tes rêves et la muse qui les inspire..."
Pour Nils, de Blue.
De Nils, à Blue.
09:28 Publié dans correspondance | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : poésie, correspondance, interactivité, échange, art, photo, muse, inspiration, blue
03/08/2010
chtite blue
30/07/2010
Correspondances,"lettre à Christian Mistral"...
Voici mon humble contribution au concours des correspondances d'Eastman, je la souhaitais à l'époque double mais "lettre à ma mère" n'est pas sortie à temps, je n'ai pu donc produire que celle qui suit dans les délais. L'exercice est particulièrement étonnant et mérite qu'on y pense je trouve, la correspondance étant à mon sens par essence destinée à l'intime et donc être lue d'âme à âme, de l'ouvrir au départ à être lue par tous oblige à un recul, à une retenue particulière, ce qui m'a d'ailleurs attirée dans ce cadre du concours, cette ambiguïté oblige à une écriture spécifique et lucide aussi. Cette "lettre à Christian Mistral" s'adresse à l'écrivain en particulier et d'une manière plus générale aux écrivains et hommes de l'art au sens large, et invite à réfléchir à ce qu'ils peuvent provoquer chez le lecteur qui les découvre, on pourrait d'aillers agrandir la réflexion à l'art dans son ensemble, ce qu'il a de vivant de bienfaisant d'indispensable et de redoutablement engageant. Ecrite dans ce sens, le choix de l'intéressé n'est par contre pas du tout un hasard tant l'écriture spécifique de cet homme là ainsi que son amitié ont été pour moi une véritable révélation et c'était une manière personnelle et inspirée de le remercier, ce qui dans le cadre précis et du lieu et du théme me paraissait idéal et à propos...
Cher Christian,
Cher Christian Mistral,
Ce n'est pas un exercice facile que celui d'écrire à un écrivain que j'admire et qui a compté et compte encore dans ma vie. Pourtant si je prends la plume aujourd'hui pour vous dire que vous avez plus que bouleversé la mienne c'est que je reste attachée viscéralement à dire ce que parfois, voire trop souvent, on a tendance à taire par pudeur timidité bienséance ou éducation. Pourquoi lors ne pas se permettre d'évoquer à un homme de lettres par des mots simples et sincères l'importance qu'il a pris dans mon esprit, pourquoi ne pas lui transcrire les battements de mon coeur à la lecture de ses mots pourquoi ne pas lui rapporter les larmes, rires frais, grincements de dents, suées, à la rencontre de sa poésie et pourquoi ne pas lui faire sentir avec les miens toutes les prises de conscience fulgurantes et jouissives à leurs contacts et toutes les vibrations poétiques de sa grammaire...
A dire vrai, c'est une des toutes premières fois que je peux que je me permets et ressens le besoin de l'exprimer ainsi à un artiste de son vivant et malgré mon bon vouloir et la forte pression passionnelle qui m'anime c'est sur le comment que j'achoppe, comment rendre un tremblement d'âme, une joie incommensurable, un trouble presque sismique, un plaisir profond et un embrasement des méninges quand j'ai entre les mains un de vos livres et comment exprimer de la plus juste façon l'inspiration et la respiration que vous m'offrez à la lecture d'un de vos poèmes, d'un de vos romans, cette sorte d'incandescence....
Et puisque je m'en donne l'occasion aujourd'hui, et ce dans ce contexte si particulier et si pertinent des Correspondances, sachez que je vous aime pour la forme et pour le fond car au fond n'est-ce-pas ce qui compte le plus pour un homme de l'art tel que vous ou vos congénères de remuer en profondeur un individu, de le toucher, de l'interpeller, de l'émouvoir l'éveiller à lui-même et lui donner à réfléchir sans pour autant l'ensevelir sous des théories fumantes ou des gentillesses doucereuses bien loin de votre carte du monde, j'en conviens, a fortiori de la mienne mais juste de lui ouvrir les portes de sa sensibilité et de ses limbes intérieurs, lui permettre l'accès à sa boîte de Pandore en prenant le risque comme vous le faites d'entrouvrir béante la vôtre.
C'est sans doute ce mélange si personnel, ce choix pointu du mot retenu, cette richesse,cette trivialité cette dimension sensorielle qui donne à votre mouture sa couleur prégnante si particulièrement humaine et déchirante telle que je la reçois.
Vous êtes pour moi une nourriture.
Et ce n'est pas peu dire... Vous m'avez donné le goût d'écrire à mon tour et vous m'avez affranchie par ce ton qui est le vôtre et par ce traitement percutant et sans ménagement de l'âme humaine empreint à la fois de tendresse et de souffrance dans cette sorte de poésie vibratoire, karchérisante...
Je m'interroge dès lors sur ce qu'un écrivain comme vous envisage de provoquer quand il écrit et s'il y pense vraiment, chacun des lecteurs s'appropriant vos mots à sa manière, chacun avec ses attentes implicites. Pour moi, ils ont été de concert d'une évidence étonnante et d'une déflagration inouïe comme si vous étiez venu me chercher au fond de mon chaudron.
L'art comme tentative de sortir de soi l'essence même de l'être que l'on est.
J'aimerais vous rencontrer de chair pour pouvoir deviser avec vous et puis vous imprimer de vive voix l'importance que vous avez prise dans ma vie, pas comme une "fan" ou une sorte d'individu dépossédé de lui-même et en quête de repère, je ne suis pas comme pourrait l'induire ce courrier entrée en religion mistralienne et n'ai pas perdu mon libre-pensant, non,vous rencontrer par congruence et sentir la vôtre car nul doute que doit émaner de votre personne l'image des démons intérieurs et sauvages qui vous habitent comme chacun d'entre nous mais peut-être de façon plus honnête plus criante plus directe comme cela transpire dans vos livres, cette sorte de désespoir assorti d'un tel goût de la vie et de l'amour, cette soif d'affects et ce profond respect de l'amitié portée aux nues et qui me percute tant! Si vous le vouliez bien, j'en serais très émue.
Et puis au-delà de tout, c'est vous lire davantage qui me comblerait le plus, il me faut attendre alors le prochain ouvrage qui va agir en vous, ayant déjà dévoré tous les possibles vous concernant... J'ai toujours beaucoup lu et ce depuis mon plus jeune âge, j'en ai besoin. La littérature et la poésie m'ont révélé à moi-même, certains langages plus que d'autres certaines histoires aussi et puis certaines constructions certains canaux certaines musicalités. Pour moi et sans doute plus universellement c'est une nécessité pour exister pour se construire pour ouvrir sa perception du monde.
La littérature m'a rendu à moi-même et par la même plus humaine.
Et vous?
Je n'ai pas envie de vous mettre dans l'embarras avec mes questions qui pourtant tant me brûlent les lèvres, elles ne sont que miennes et sont celles que vous avez semées en moi et qu'il ne me reste plus qu'à faire germer et fructifier. J'ai grandi à vous lire, j'ai pris la mesure aussi sans doute parce que j'y suis prête de ce que j'avais envie moi-même à mon tour de transmettre et de quelle façon. J'ai compris l'importance plus encore des mots, de leur force de frappe et j'ai mesuré l'impact de la truculence, de l'authentique, du vécu à chaud, du témoignage et de l'audace d'être ce que l'on est et de le dire.
Je me sens plus libre depuis que j'ai croisé votre route et celle de votre plume et je vous en remercie de la plus vibrante façon du fond de mon âme.
Bien à vous,
Helenablue
15:57 Publié dans correspondance | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : correspondances, christian mistral, écriture, littérature, québec, rencontre, poésie, humain
29/07/2010
La symphonie errante
Je cherche mes rallonges telluriques,
Mes incommensurables sphères
Dans les dilatations de l’exil,
L’ombre ivre de ma soif
Dans la sècheresse de l ’arôme somnambule.
Je cherche mes imprécations
Creusant les sillons du retour
Contre les serres des vautours,
Ton ombre aux aguets
De cet éveil cinglant,
Erection du soleil
A la symphonie errante du dromadaire !
Je cherche le râle éclaté
De mes vertèbres-lyres en délire,
S’étouffant de leurs notes déportées,
Mes soupirs tonnant de bleus fuyants
Dans l’inatteignable voyage
De ce papillon qui s’éreinte
En poursuites trébuchantes,
Au-delà de ses rêves brisés !
Je rêve de comètes,
D’astres flamboyants,
De méduses-lunes
Ouvertures transparentes
Des inextinguibles profondeurs !
Je rêve, muet,
Dans la soif de tes pas,
Sur les sables du voyage
Auquel je t’invite vers les prairies rouges
Et leurs feux bleus !
Ô muse de mon départ !
Astre scintillant
Sur les lèvres ouvertes des vagues !
Il n'y a plus de toits !
Pluie d’encens rouge
Sur tes seins embaumés
Dans le linceul de l’extase des rencontres crépusculaires !
Viens de mes reviens fatigués !
Je te prêterai les ailes immaculées
De mes Icare exilés.
Je te montrerai
L’axe de l’impact pluriel,
L’agonie du cogito carnivore,
Manteau d’erreurs spectrales !
Viens !
Accroche-toi aux tiges sans amarres
De cette forêt éclatée !
Reviens de mes viens
Qui valsent dans l’aube
Des intraduisibles fermentations !
Nous écrirons la grandeur du menu moineau,
Echeveau des sens triangulés !
Cet azur qui nous appelle
Nous retrace dans nos fibres de nouveau-nés !
Reviens,
Au commun des immortelles mésanges assoiffées !
Je te composerai,
Sur le clavier des escaliers,
Une symphonie qui te mènera
Jusqu’à mon perchoir d’exilé!
- Mokhtar El Amraoui -
00:11 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : poésie, mokhtar el amraoui, errance, recherche, quête, partage, rencontre, désert, humain
25/07/2010
La passante
Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée :
Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.
Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son coeur était plein.
Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante :
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit;
Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit ;
Mais nul ne l'aimera, nul ne l'aura comprise.
- Emile Nelligan -
16:01 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : photographie, poésie, emile nelligan, état d'âme, quebec, errance, humain