15/03/2010
défifoto: gourmandise
"La gourmandise est un péché et la curiosité un vilain défaut!", cette phrase paternelle maintes fois répétée sonne encore à mes oreilles, moi qui suis si gourmande de curiosités et si curieuse de gourmandises, de toutes sortes je dois dire, quelle gourgandine je fais quand même si mon père me voyait! Quoique plutôt appropriée et associée à des choses qui se mangent pour de vrai, j'aime l'idée aussi de ce qui se dévore par métaphore, alors la gourmandise va d'emblée de pair avec les livres d'abord, tous les livres les grands les petits les fins les gros les poches les reliés les écornés les érotiques les soulignés les paraphés ceux à venir les illustrés les sans image de poésie ou d'histoires drôles de peinture de grammaire de vocabulaire de prose, j'en suis grande gourmande, grande gourmande de vie aussi et des nombreuses émotions qu'elle nous offre et n'ai jamais réussi à m'en culpabiliser, Dieu me pardonne!
10:30 Publié dans défifoto | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : défifoto, photo, état d'âme, écriture, livres, blog, rencontre, humains
09/03/2010
créativité
" Impara l'arte e mettila da parte "
On ne peut pas être créatif sans apprendre ce que savent les autres, mais on ne devient pas créatif sans rejeter ce savoir (ou une partie de ce savoir), pour trouver mieux.
09:10 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pensée, créativité, psychologie, art, écriture, amour, humain
30/01/2010
Vortex Violet
Après dans l'ordre de mes découvertes Vamp, un opercut, et Valium, mon préféré lu deux fois, Vacuum que je picore encore, je viens de dévorer Vautour le dernier des Vortex Violet de Christian Mistral. Un roman attachant et tendre au sens où je l'entends, avec cette écriture mistralienne bien personnelle et unique qui me parle tant. Tout en ayant beaucoup d'amitié pour l'homme, je dois dire que Mistral est l'écrivain qui m'a le plus marqué dans les derniers mois qui viennent de passer, un verbe riche et dense, une sensibilité à fleur, une capacité à exprimer les tréfonds de l'âme humaine avec une sorte de grâce rebelle et un déchirement poétique tout à fait particulier, je ne m'en lasse pas, j'en redemande.
Plum en avait parlé en ces termes dans un de ses commentaires au Vacuum II: "...parce que je me souviens quand j’ai lu Vautour, il y a un bail maintenant, à quel point ça m’avait jeté sur le cul de lire quelque chose qui collait d’aussi près à ma propre vie, je veux dire dans plein de petits détails que je pourrais pas vraiment nommer, un mélange de sensibilité, vision du monde et plus prosaïquement de "conditions de vie" pas juste semblables mais vécues, intégrées d’une façon tellement proche… (C’est certain que le fait que nous ayons vécus "en parallèle" plus ou moins dans les mêmes lieux et à la même époque y est pour quelque chose, mais pas seulement. Puisque, évidemment, Mistral n’est pas le seul écrivain québécois de sa génération que j’ai lu et jamais, même si j’en ai bien sûr apprécié d’autres, jamais je n’ai ressenti ça aussi fort…)
N'ayant pour ma part pas vécu à Montréal en parallèle et pas de la même manière je ne peux en dire autant, mais par contre je retrouve chez Mistral dans sa langue et dans ses excès cette singulière importance de l'amitié et de l'amour pas si différents au demeurant, et quand il parle de ses états d'âme et de tout ce qui le remue et qui l'anime les gens qu'il aime ou qu'ils l'aiment ou le détestent, ça m'atteint au coeur et j'en vibre de l'intérieur, c'est une écriture émotionnelle comme une musique comme un poème. Et puis derrière cette teinte bien à lui, ce ton t'auto-dérision, cette sorte de nombrilisme bien caractéristique mais qui densifie encore davantage son écriture, il y a beaucoup d'humanité au fond et de volonté d'être au plus prés, une lucidité acérée sans compromis. La richesse du vocabulaire et cet humour un peu à la Buster Keaton ou plus encore peut-être à la Chaplin d'évoquer les scènes de vie truculentes et parfois si rocambolesques, tragiques et déchirantes aussi, cette manière de manier les mots tout à fait propre à son oeuvre me touchent vraiment profond et m'interpellent. Vautour est un cheminement comme chacun des Vortex d'ailleurs, une tranche de vie, une rencontre, toujours cette fatale présence de la mort et de la séparation de l'alcool des femmes aussi de tout ce qui donne un sens, à ceux qui comptent dans notre vie, aux méandres de l'inspiration et comment cela se tricote s'emboîte et nous transforme nous nourrit nous fait avancer, un bel hommage et une belle preuve d'amour à l'amitié et à l'écriture aussi, à la sueur, à la vie, pas un instant je n'ai douté de l'existence d'une telle expérimentation, c'est là aussi toute la puissance de cet écrivain indéniablement génial. Il parle de ce qu'il vit et comment ça vit en lui, et cela avec tant de talent. Vivant vivace percutant transpirant émouvant et décapant, moi ça me transporte...
" Murmures de rêves étirés aux limites comateuses crues. Sursauts tout le long de la musculature et spasmes dans toutes les épaisseurs. Chorégraphies valsantes de rasoir Bic bleus et les deux lames leur sont des lèvres d'acier qui modulent des aigus. Et il m'arrive de m'éveiller, de me dresser fiévreux dans la nuit de mon lit, des pages plein la tête, et j'allume et j'écris tout excité à l'idée du bon matériau que ça fera pour le livre qui me travaille si les mots passent l'aube. Alors lambeau par lambeau par lambeau de lambeau, j'extrais de mon âme toute les épiphanies qui la brouillent comme un oeuf sanglant."
" Qu'ajouter? J'ai triché de toutes les inavouables façons que j'avoue maintenant. J'ai déterré de vieux trucs enfouis dans la boîte que je réserve aux vieux trucs, des trucs ue j'écris gratis et qui sont déjà vieux pendant que je les écris, et qui me faisaient penser à Vautour mais qui n'étaient pas Vautour. J'ai voulu les fourrer dans ce livre que je torchais pour le faire vivre et pour l'achever. J'ai pris le job de Dieu avec des moyens d'avorton. Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désepérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète, que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche. En rencontrant Vautour, j'étais un raté jusqu'à preuve du contraire lui aussi, j'étais sur le point de connaître le succès, il était sur le point de mourir. Un an plus tard je file un coton pleurnichard et peureux. Rien n'est notable dans cette affaire. Aucun détail ne rachète le destin de ce jeune homme, pas plus que le mien qui s'élabore en toute injustice blafarde. Je songe aux horreurs que la nature suggère d'éprouver au contact de la peur, la grosse chienne, la vraie grosse peur de mourir, et je découvre stupéfait que cela me tranche le poignet qui scribouile. Je trace les signes avec l'énergie d'un restant de main, assis me soûlant devant un téléphone qui ne sonne pas, je suis vivant mais c'est bien peu quand le téléphone se dégonfle."
- Christian Mistral - Vautour -
16:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : christian mistral, littérature, poésie, mots, émotion, écriture, rencontre, québec, amitié
26/01/2010
Nous sommes tous poètes... enfin... presque
Merci Guilio.
Contrairement à bien des idées reçues, la poésie est plus naturelle, donc plus proche de la nature humaine, que la prose. La prose, plus organisée, structurée, ordonnée, soumise à mille prescriptions, conseils, règles, lois et conventions grammaticales, logiques, stylistiques et j’en passe, nous mettons, dans le meilleur des cas, deux lustres à l’apprendre et vingt ans à la maîtriser.
La poésie par contre, fuse d’emblée avec ses premiers mots de la gorge de bébé, avec la tendresse d’une mère ou d’un père, la joie d’un amant, le vertige de l’errant du désert face au firmament infini, la lutte du marin contre la tempête, la peur rétrospective de l’ouvrier réchappé du feu de la fonderie... Et personne n’a besoin de grammaire ou de syntaxe pour s’écrier comme Lorca devant la mort dans l’arène ensanglantée :
»À cinq heures du soir./ Il était juste cinq heures du soir./ Un enfant apporta le blanc linceul / à cinq heures du soir./ Le panier de chaux déjà prêt / à cinq heures du soir./ Et le reste n’était que mort, rien que mort / à cinq heures du soir…«
Personne ? Sans doute, sauf que par retenue, modestie, crainte, habitude de former des phrases complètes selon les »règles« , vous n’eussiez pas songé à vous exprimer face au drame de la corrida, comme le fit Federico de Garcia Lorca dans ces vers.(1) Sous l’impulsion d’une émotion, la plupart d’entre nous ressentent (sentent s’exprimer en eux) en poésie ce qu’il vont ensuite tâcher d’exprimer en prose. Bien sûr, ils ne se »lâcheront« que devant bébé, maman, l’épouse ou l’ami. C’est qu’il est inhibiteur, voire castrateur de création, ce frein, ce portillon de contrôle, pourtant parfois utile, que nous imposons au désir de notre subconscient de s’exprimer librement.
Car – et c’est là sa différence essentielle avec la prose – la poésie est le produit de notre subconscient, où se télescopent et se mêlent en permanence des millions d’impressions, souvenirs et fulgurances à l’abri de la raison. En poésie, la raison peut, après une première expression (de l’impression), nous la faire écrire noir sur blanc, la revoir, fignoler, élaguer, affiner, mais elle ne doit rien changer de fondamental au premier jet. C’est ce que Laurent Fels explique dans son livre »Quête ésotérique et création poétique dans Anabase de Saint-John Perse« que je vous ai présenté dans ces colonnes le 13 janvier (www.zlv.lu/ spip/spip.php ?article1995). N’oublions pas en effet que toutes les impressions, tout ce que nos sens perçoivent consciemment ou inconsciemment 24 heures sur 24 au cours de notre existence est enregistré dans notre mémoire et stocké. Plus une impression est forte et/ou fréquemment répétée et/ou rappelée, plus elle reste accessible à la raison. Elles sont des millions, des milliards même, ces impressions qui cohabitent au fin fond de nous et interagissent, se combinent, explosent parfois en jets de magma porteur de questionnements, de joie, ou de souffrance.
Même fortes, mais rares ou uniques, mais jamais rappelées par les hasards, les stimuli, ou les exigences de la vie, ces impressions s’enfoncent dans les abîmes de notre mémoire morte. Morte ? Pas si sûr. Plutôt dormante, car tout ce que nous voyons, entendons, sentons, ressentons et pensons est précieusement conservé par notre subconscient. Cela signifie que nous n’en avons plus conscience, mais que c’est bien présent et peut rejaillir à tout moment de manière incontrôlée dès que le gardiennage de la raison se relâche : souffrance, désarroi, joie intense, faiblesse, forte émotion et, surtout, sommeil. Que sont donc nos rêves sinon des régurgitations de notre subconscient, dont les figures profitent de notre inattention pour remonter et se rappeler à notre bon souvenir ?
Toute poésie est-elle onirique, fruit du rêve ? Non, bien sûr. Mais elle est toujours passible d’être rappelée, extirpée du subconscient n’importe quand par n’importe qui : vous, lui, elle, les poètes, moi-même. Certes, la raison peut enfanter des textes d’apparence poétique, et tout écrivant peut aligner des vers et des rimes. Mais cela n’a rien à voir avec la poésie. Et n’allez pas m’objecter : »C’est bon, l’ami, arrête tes embrouilles ! Si j’étais poète, ça se saurait, ou, en tout cas, moi, je le saurais« . Croyez-vous ? Eh bien, je vous dis, moi, que vous n’en sauriez rien. La preuve : Croyez-vous qu’un fils d’ouvrier immigré ce qu’il y a de plus réaliste tourné vers la gestion et l’organisation pratique comme Serge Basso sût il y a vingt ans qu’il était poète ?
Pensez-vous qu’il sût, avant d’enfin se lâcher un peu, donc d’ouvrir il y a moins d’un lustre les vannes de sa sensibilité et de ses rêves pour les livrer à un recueil, donc à nous tous(2), qu’il était poète ? Certainement pas, et puis soudain ne va-t-il pas »S’asseoir au bord des songes / à regarder passer nos illusions perdues // Et tracer sur le sol / la poussière des cris« ? Poète d’un jour ? Pensez-vous ? Moins de trois ans après il remet ça avec »L’envers du sable« (3), où le sablier du temps fait remonter le passé en paroles plutôt qu’en larmes : »On le voyait de loin, son vélo dessinait la courbe de la route. Mon père arrivait, blanc de chaux, cachant, sous son silence assumé, tous les bruits de l’usine. Il portait à sa traîne ses huit heures de fatigue...« . Rien de sophistiqué, de littéraire, d’élaboré, d’hermétique dans ces mots que vous eussiez pu dire ou écrire vous-même, si, enfant, vous aviez, comme Serge, guetté l’arrivée de papa, pour avertir la mamma qu’elle pouvait jeter les spaghetti dans l’eau.
Bien sûr, il y autant de personnalités qu’il y a de poètes, et tous ne savent ou ne veulent pas s’exprimer avec cette simplicité limpide et d’autant plus émouvante qu’elle parle à tous. D’autres attrapent les rejets de leur subconscient au passage, puis, craignant peut-être leur propre mise à nu, changent les mots – à bon entendeur salut ! – et usent de symboles, codes et autres procédés. Notez, ce n’est pas toujours intentionnel. Ces figures codées ou symboliques leur arrivent parfois telles quelles du fond de leur esprit. Les comprennent-ils seulement toujours eux-mêmes ? Ceux-là, les maîtres du genre, les José Ensch, Laurent Fels, Alain Guérin ou autres Joris, il faut les percer à jour, les déchiffrer, les dévoiler, ce que, en fait, ils veulent, tout en laissant le lecteur à chaque pas dans le doute. Oui, je dis bien : le lecteur, qui se doit souvent d’être plus poète que le poète, et dont la tâche devient une véritable découverte du même genre que celle du poète, pour qui ses jaillissements subconscients ne sont que rarement limpides.
Mon propos, amis lecteurs, n’est pas cette fois de vous conseiller quelque bonne lecture – roman, manuel ou poésie – mais de vous démontrer combien la poésie qui coule de source, est en fait votre forme spontanée d’expression. Bien plus facile à écrire qu’à comprendre, elle n’est au départ que le langage simple, élémentaire, cri du coeur, impression brute surgissant du plus profond de vous-même sans artifice ni mise en forme savante. Libre à vous, bien sûr, après coup, si vous en avez le goût ou en ressentez le besoin, de l’organiser, de la »mettre en musique« . À moins que vous ne préfériez la laisser courir librement, à la manière d’Alain Jégou qui réunit en son langage simple, quotidien de marin breton et ses résurgences oniriques et l’appel du grand large : »À la dérobée / embuée de foutre et de nacre confuse / murmure dans le ventre des femmes / l’aurore aux doits fouisseurs », ou bien »À chaque partance sa part d’insouciance (...) se libérer de la routine et du confort (...) inspiré par l’impérieux besoin / d’errances, de quêtes et découvertes / la passion dévorante qui fait pousser des ailes / sourire l’univers et reculer la mort« .(4)
Une dernière remarque : un rejaillissement subconscient ou onirique chargé de poésie peut surgir n’importe où, n’importe quand. Notez-le tout de suite sur un bout de papier, un bloc-notes, agenda, ou téléphone portable. Pas trop raisonnables, ces pensées, parfois dérangeantes, plus d’une fois incompréhensibles, votre raison leur refuse volontiers toute existence »officielle« et fait de tout pour les refouler. Deux ou trois heures après, parfois même après quelques minutes, pfft, elles ont disparu… ce qui est bien dommage.
***
1) 1ère strophe du poème »Le coup de corne et la mort« : »La cogida y la muerte« , dont l’original espagnol (bien plus dramatique) se lit : »A las cinco de la tarde. / Eran las cinco en punto de la tarde. / Un niño trajo la blanca sábana / a las cinco de la tarde. / Una espuerta de cal ya prevenida / a las cinco de la tarde. / Lo demás era muerte y sólo muerte / a las cinco de la tarde...«
2) Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek 7.7.06 Serge Basso de March : »Contremarges« .
3) Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek 7.7.09 Serge Basso de March : »L’envers du sable« (www.zlv.lu/spip/spip.php ?article418).
4) Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek 23.07.09 »Nostalgie et effluves marines« - Nic Klecker & Alain Jégou (www.zlv.lu/spip/spip.php ?article986).
Giulio-Enrico Pisani
21:10 Publié dans réflexion | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poésie, prose, écriture, giulio pisani, rencontre, blog, échange, réflexion
13/01/2010
Des fleurs en hiver
Visionnement tard dans la soirée d'un téléfilm américain comme eux seuls savent le faire, appuyé en diable, shaker de tous les ingrédients nécessaires à faire venir la larme, une histoire chassé croisé de relations parents enfants, hum, plutôt mère fille père fille, genre une fille qui vient de perdre son père infirmière aux urgences et qui sauve une vieille dame atteinte d'un cancer du poumon pendant qu'il meure juste à côté de cinq balles dans le thorax. La vieille elle même en conflit avec sa fille qui n'accepte pas de voir sa mère en phase terminale et surtout d'en rire, d'en plaisanter, d'avoir l'air de s'en foutre, oh, j'oubliais la fille de la mère en question enceinte bien sûr, un bon mélo du Dimanche soir. Sauf que je n'ai pas versé une larme mais un torrent, sauf que la maman mourante était jouée par Gena Rowlands, sauf qu'elle joue de surcroit le rôle d'une brillante pianiste, sauf que la musique de Chopin dans les moments boîte à kleenex, sauf que ces morts qui vivent en nous, les amours manqués, les paroles non dîtes, les réconciliations, le happy end ou presque, les tulipes jaunes qui poussent dans la neige blanche, ça m'a remuée sec et profond et je me suis mise à l'horizontale dans des gros sanglots d'enfant emmitouflée dans un pyjama douillet chaussettes comprises, j'avais si froid dehors et si liquide et humide en dedans.
Plusieurs rêves ont secoués ma nuit mais un plus tenace, évident comme un flash: j'écris à mon cousin!
Ce cousin parmi tous mes cousins est le fils aîné du frère de ma mère, son frère préféré, je le soupçonne de l'être parce qu'il a failli tuer son père à coup de pioche, mon parrain de plus, celui aussi des frères de ma mère qui a épousé une des sœurs de mon père, Olivier de son prénom, il était avec Maxime, l'autre fils aîné de l'autre frère de ma mère mon cousin préféré, nous étions les trois aînés faut dire de ce côté il y avait de quoi se serrer les coudes, gamins on a fait les quatre cent coups ensemble gentiment, la dernière fois que je l'ai vu et entendu, j'avais 15 ans. Et là, suite à un véritable suintement outre-atlantique me prenait une viscérale et imposante envie, voir besoin de lui écrire trente années après, je réitère, le cheminement de l'inconscient est imprévisible et surtout il ne connaît aucun repos ni RTT...
Les fleurs qui poussent dans la neige. Des fleurs en hiver.
Cher Olivier,
Je vais sans doute te paraître une revenante, on le serait à moins, pas vu ni entraperçu ni parlé depuis de longues années, pourtant cela ne me semble pas si loin quand j'y repense. Je ne sais de toi que ce que ton père m'en a dit lors de l'unique visite que je lui ai faite il y a bien quinze ans maintenant, j'y ai appris que tu étais kiné et que tu exerçais à Paris, j'aurais pu faire des recherches plus approfondies à l'époque, n'en ai pas eu la force. Je venais de lui parler de son père, tu sais, peut-être t'en a-t-il touché un mot, c'était mon souhait mais je n'en suis pas certaine, son père, notre grand-père... Je venais lui parler de moi, de mon frère ma sœur de la tienne, la petite écrasée par un camion en le fuyant et l'autre portant comme moi un prénom de martyre, de sainte, de celle qu'on jette aux lions.
Je ne sais comment est ta vie, si tu as rencontré l'âme sœur si tu es toi-même papa, je me souviens de toi d'une manière assez vague surannée n'ayant plus aucune photos de famille à mon actif toutes brûlées dans une grosse caisse noire au milieu de ma cheminée un hiver torride il y a un bail maintenant.
J'aimerais que l'on se voit, qu'on se raconte, qu'on se retrouve, la vie passe si insensée, je voudrais qu'on puisse se parler avant le décès de mamie, que je te dise ce que sans doute tu sais dans ton for intérieur ou que tu sais tout court quoique j'en doute, les secrets sont bien gardés dans nos familles respectives d'un côté comme de l'autre.
Je reconnais que mon initiative est brutale et directe mais je ne peux pas ne pas le faire, alors appelle-moi ou déchire moi ou répond moi ou laisse pisser, l'important finalement c'est de savoir que tu existes et que tu connaisses mon existence en retour.
Je suis moi même mariée depuis 25 ans, je vais bientôt très bientôt avoir 45 ans moi qui pensais ne jamais passer la quarantaine, mise sous quarantaine si jeune, je suis mère de trois fils grands sensibles et fiers. J'habite Lille, de Paris c'est une heure de TGV, d'une vie à l'autre une éternité.
Take care, et fait comme bon te semblera.
Ta cousine.
HB
Alors voilà, j'ai posté ce courrier, papier bleu enveloppe de même couleur, encre noire à l'adresse que j'avais eu par ma tante, la femme de mon parrain qui avait couru derrière ma voiture pour que je dise à ses enfants ce qu'elle ne pouvait dire accepter voir reconnaître, je n'ai pas eu le courage à l'époque, pas le courage, et maintenant que je fais face, maintenant que la boucle est presque bouclée pour moi et que je peux comprendre et accepter, Gena jouant ce petit bout de morceau de Mozart dans ce moovie pour coeurs en détresse m'en donne la force, j'en suis toute remuée et miel aussi voilà que je retrouve au fond d'un carnet cette adresse oubliée et que je lance mon flacon d'encre et de papier dans les tuyaux des postiers.
Une fleur en hiver.
01:55 Publié dans fragments | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : histoire, tranche de vie, enfance, humain, famille, écriture, mots, correspondance, importance, témoignage
23/12/2009
cadeau
14:14 - Lille -
Je viens de recevoir des mains de mon gentil et fringuant facteur mon petit colis de chez Pantoute, via les mers et les océans, j'en suis toute émue, toute chose, c'est un beau cadeau là à mes mains à défaut d'être au pied de mon sapin. Je me sens comme en présence d'un trésor, ça l'est, pour moi, c'est merveilleux de densité.
14:14 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : livres, cadeau, écriture, littérature, christian mistral, rencontre, québec, humain
01/12/2009
"l'acrobate bleu"
J'écris depuis peu dans un cahier qui a en couverture cet acrobate picassonesque au fond parce qu'il me ressemble, je crois, il se cherche se contorsionne entreprend se torture se démembre tout cela dans une sorte d'apesanteur et de fureur propre à son dégingandage avec ce mouvement en roue libre l'oreille à l'écoute et l'oeil aux aguets, depuis longtemps l'écriture fait partie de ma vie l'intime la secréte et ce n'est que depuis que j'ai étendu le fil de mes recherches au monde des blogs qu'elle fait surface parfois incidement subrepticement par ici je l'expérimente à des regards extérieurs des coeurs des sensibilités des humains de toute part, cela m'impressionne toujours un peu me déséquilibre aussi parfois mais le plus souvent, ça m'enchante...
15:53 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : picasso, art, peinture, écriture, art de vivre, pensée du moment, réflexion, humain
11/11/2009
pensée du jour...
07:09 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sculpture, mitoraj, pensée, lecture, écriture, louis ferdinand célin e
27/10/2009
Nostalgie
09:18 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : état d'âme, pensée, art, photo, écriture, enfance, blessure, souffrance, rencontre, vie, humain
26/09/2009
bonjour tristesse...
Les sanglots longs Des violons De l'automne | Blessent mon coeur D'une langueur Monotone | Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure |
Je me souviens Des jours anciens Et je pleure ; | Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m 'emporte | De-ci, de-là, Pareil à la Feuille morte. |
- Paul Verlaine - Poèmes saturniens -
06:29 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : mort, humain, écriture, émotion
22/09/2009
insomnies
- Mes insomnies - Barbara -
Insomnies fréquentes et récurrentes, j'ai depuis belle lurette cesser d'y résister au contraire elles m'ont finalement ouvertes des espaces inconnus et permises des rencontres pleines et profondes. J'étais jusqu'à encore une année étrangère à ce genre de pratique et dormais tout mon soûl comme un bébé facilement mais depuis que j'ai découvert mes insomnies depuis que j'insomnise j'ai approché aussi un autre moi-même et goûté à une autre température, la nuit tout est si calme si silencieux même l'air n'a pas la même saveur il se passe quelque chose de différent je me sens autre plus en contact avec une part de moi comment dire le ton du soir m'ouvre des espaces c'est étrange et assez jouissif aussi. Au début je luttais, je me disais il faut que tu dormes progressivement le comptage de moutons n'étant pas vraiment efficace je me suis mise à écrire au lieu de ruminer à réfléchir au lieu de m'apitoyer et communiquer avec les décalés horaires par le blog et échanges plus intimes, pas la même de jour comme de nuit, sans doute on se livre davantage. Là il est cinq heures du mat. j'ai des amis pour qui c'est l'heure du réveil et leur journée commence, d'autres c'est à l'inverse l'heure de s'abandonner aux bras de Morphée, j'ai les paupières gonflées mais l'esprit alerte ça fuse mais ce n'est pas toujours comme ça parfois c'est le désespoir qui m'assaille ou la rage qui me maintient éveillée, quoiqu'il en soit je vis mes insomnies comme une chance du coup ça m'endors aussi...
"Mais, si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies,
J'aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis,
Si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies.
J'aime mieux vivre en enfer que de mourir en paradis..."
05:43 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : créativité, art, écriture, art de vivre
10/09/2009
Ortograf'
Bleu taguée Lyse nous emméne dans ses années d'apprentissage scolaire avec son bleu d'encre qui lui a donné bien du fil à retordre, mon frère est dyslexique dysorthographique un véritable handicap pour lui qu'il n'a jamais surmonté, du coup il parle beaucoup plus qu'il n'écrit et contourne au maximum cet obstacle majeur de sa vie intellectuelle, mon fils aîné aussi a connu ce genre de difficultés et en a eu honte, il évite lui aussi l'écriture et s'adonne plus volontiers au langage sms que j'avoue avoir pour ma part peu de plaisir à pratiquer. Ca doit être bien douloureux, si de surcroit on partage l'amour des mots du beau phrasé du vocabulaire dense riche et si étonnant parfois de notre vivante langue française. Elle demande il faut dire une attention soutenue et une bonne mémoire mais ça en vaut la peine. Je m'interroge du coup sur cette idée que je trouve saugrenue et désolante de François de Closets developpée dans un article du Point suite à la sortie de son livre Zéro faute sur l'assouplissement de l'orthographe, beaucoup de réactions en tout genre déjà. D'aprés lui il y aurait une sorte de terrorisme à l'encontre de celui qui ne maîtrise pas son vocabulaire alors pourquoi ne pas s'adapter et descendre la difficulté d'un cran voir de plusieurs. Oups! Pas faux de dire qu'un courrier bien tourné ou qu'un texte bien écrit et bien présenté à plus de chance de séduire et ce n'est que justice car alors que deviendrait notre belle et exigeante langue française si on faisait fi des particularismes et excentricités si on bousculait l'ordre sujet verbe complément et si d'aventure on s'égarait à supprimer tout bonnement l'accent circonflexe, je suis circonspecte, quand même "meme" sans son accent perdrait de sa superbe, non?
16:18 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue, écriture, culture, patrimoine, humain
22/08/2009
Cours Saleya
Amicales pensées à Jalila et Claudio.
12:51 Publié dans rencontre | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : correspondance, voyage, écriture, rencontre
19/08/2009
Mise en mots
’écriture est un art de vivre, une nécessité peut-être aussi, j’ai le ventre qui crie et la main qui écrit, les mots me viennent et s’égrainent avec ferveur pour conjurer ou extraire, je les laisse faire. J’aime le langage épistolaire, vivant et décousu, très en direct si je puis dire, jeune beaucoup plus jeune je m’écrivais, drôle de s’écrire pour se construire, je me faisais du chère, très chère ou dans les moments plus fréquents et moins fastes du pauvre diable ou stupide femelle, cela m’est resté.
Depuis que j’ai ouvert cet espace, je ressens un changement en moi comme une sorte de porte qui s’entrouvre tous les jours un peu un peu plus et qui m’ouvre à une part de moi-même insoupçonnée. Est-ce parce que je livre et ouvre mon cœur, parce que je mets en mots et en images mes émotions et sentiments, est-ce le regard de l’autre cet autre que je ne connais pas, est-ce parce que je me permets d’exister, beaucoup de questions c’est vrai besoin de comprendre et d’apprendre. Tout ça prend une importance vitale au même titre que l’heure de méditation quotidienne du rêve éveillé ou d’un sommeil réparateur parfois si difficile à trouver, écrire me devient indispensable comme peut l’être la respiration c’en est une d’ailleurs parfois gênée par des états émotionnels trop intenses et submergeants.
Mais je ne suis pas écrivain et je suis fascinée par ces gens de l’art qui maîtrisent les mots et les font danser en vers ou en prose, très sensible à la musique je le suis plus encore par la littérature et la poésie, c’est pour moi une nourriture, pour l’esprit et pour le cœur, je crois bien que tout cela rend meilleur.En tout cas pas pire, écrire matérialise la pensée et l’imaginaire c’est fascinant et parfois souffrant aussi, ludique et révélateur jouissif et émouvant tout un panel d’émotions et de flux qui me traversent, et laisser faire laisser venir les mots ouvrir la digue ne pas retenir et néanmoins tenir la barre ; parfois les mots transpirent et s’écoulent comme si je n’avais plus ce frein de vouloir bien faire et alors c’est magique, quoiqu’il en soit l’acte d’écrire est un don, un don de soi. Il en est qui change la souffrance du monde en or, et qui arrivent par leurs mots à plus qu'atteindre l'être et l'âme, je ne peux vivre sans eux, certains plus que d'autres encore envoûtent, ravissent, caressent mes cellules cérébrales aux aguets et affamées et celles de mon coeur qui a toujours soif de poésie et de finesse, je ne peux pas vivre sans lui. Je ne sais d'où me vient ce tel amour des mots, dois-je le savoir ou juste m'y abandonner...
11:18 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pensée du moment, réflexion, écriture, émotion
15/08/2009
Fluide
- photo Edward Weston -
Parfois c’est comme une évidence, quel sens dois-je donc donner à tout ça, la vie cet héritage tous ces gens qui se sont portés sur mon berceau pour se rassasier et se servir, toute cette violence puissante et sans conscience, les bonnes fées sont arrivées tard dans ma vie, tard mais à temps, suffisamment tôt pour ne pas me détruire complètement. Alors quand je me pose comme là aujourd’hui après des déconvenues et des souffrances toujours ce dommage dans la construction de ce moi qui m’étreint , toutes blessures affectives qui m'y ramènent inexorablement jusqu’à ce que je cautérise finalement et une bonne fois pour toute mettre en acte, comme disait Henri Miller dans son Tropique du Cancer : « Il faut marier les idées à l’action ; s’il n’y a pas de sexe, pas de vitalité en elles, il n’y a pas d’action. Les idées ne peuvent pas exister seule dans le vide de l’esprit. Les idées sont reliées à la vie : idée du foie, idée des reins, idées intersticielles, etc… ». J’ai en moi cette force vive qui ne m’a jamais abandonnée sans doute parce que je trouve cela tellement dingue que d’être en vie sans doute aussi parce que je ne crois pas en un autre possible après et que c’est maintenant, ou jamais. Passionnée passionnément et irrésistiblement je brûle la vie par tous les bouts mais parce que je l’ai découvert tard et dans des circonstances si dramatiques que rien ne vaut la vie, je n’aurais cesse de le dire, la vie et l’amour, l’amour sous toutes ses formes, multiples et variées, parfois sous le nom d’amitié ou famille ou rencontre ou art, danse poésie l’amour c’est le carburant l’énergie vitale des mots des lettres de l’image de la musique d’un ciel ou d’une étoile, l’amour de soi de l’autre l’un impossible et incompatible sans l’autre. Vivant, vivante, en vie. J’aime tout ce qui coule.
14:18 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : état d'âme, femme, identité, écriture
04/08/2009
source
" Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux ..."
- René Char -
12:14 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : poésie, écriture, peinture, art, humain
27/07/2009
la substance de l'écriture
" C'est seulement en ayant fait quelque chose ou en ayant subit quelque chose qu'on apprend à voir ce que les choses sont."
17:52 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art, écriture, marguerite yourcenar, pensées
27/06/2009
Odalisque
Alanguie et attentive, elle attendait. La chaleur était écrasante, suffoquante, noire, alors elle faisait comme à son habitude le moins de gestes possibles, juste un peu d'air d'éventail . Elle avait depuis longtemps ces fesses présentes et douces , cette taille marquée et les seins nourriciers, les cheveux blond vénitien et le regard bleu et intense. Elle ne se pensait pas vraiment belle mais savait qu'elle avait un certain charme du en partie aussi à sa voix caressante et basse.
Elle l'attendait, il viendrait la prendre férocement, puis avec plus de tendresse l'envelopperait de ses bras puissants avant de s'endormir en elle alors elle pourrait s'assoupir dans leurs silences confondus, le corps repu et l'âme apaisée.
09:04 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : prose, état d'âme, art, écriture
22/04/2009
à fleur de peau
(photo Marie Seven)
06:28 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : écriture, photo marie seven, pensée du moment
31/03/2009
pour inventer
" Pour inventer, l'esprit a besoin d'excitant. Le danger, les voyages, l'amour, la surprise renouvellent l'imagination. C'est par la pression de l'événement, le coup de force de la nécessité, l'explosif d'un tourment que l'impossible devient réalité, puis tradition. "
- Jacques Chardonne -
00:58 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : écriture, mots, pensée du moment, art