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31/05/2012

Piqûre de rappel

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- Tête de caboche- Linda -

 

"Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit

- Article 19 - Déclaration des droits de l'homme -



28/05/2012

Sur ma route

" On peut penser assez de mal d'un homme et être tout à fait de ses amis; car nous ne sommes pas si délicats que nous ne puissions aimer que la perfection, et il y a bien des vices qui nous plaisent même dans autrui."

- Vauvernargues -

 

 

19/05/2012

en partance pour de bon

 

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" Lire, c'est voyager; voyager, c'est lire."

- Victor Hugo -

 

18/05/2012

Je pars

Je pars, je pars, la terre peut bien s'arrêter de tourner et le vent de souffler, je pars. Je pars, j'ai besoin de changer d'air, besoin de voir de la lumière, du soleil, des paysages, de la verdure, la mer. Je pars. Je traverse la France de bout en bout, mille kilomètres pour être ailleurs, pour être autrement, pour prendre du recul, pour goûter pleinement au printemps, pour ne rien faire que rêver et lire, réfléchir et oisiveter. Je pars. My god! C'est vrai, je pars? Vraiment c'est vrai de vrai? Faut croire. Tout semble se mettre en place pour ce départ. Je pars. Je pars. Je pars en chair et en os et non plus seulement avec ce pouvoir que j'ai de partir tout en restant là, cette capacité de voir la grande bleue de mon bureau et l'immensité, de ma chambre. Je pars. Vais faire un saut de quelques jours dans le Sud de la France, vais voir mes amis en route, au Baux à l'aller, à Nice et Cannes peut-être, à Dijon au retour. Je pars avec ma pile de livres, un maillot des fois que, mon téléphone portable, responsabilités obligent et mon besoin de décrocher et de retrouver mon allant coutumier. Je sentais depuis quelques jours la pente descendante s'ouvrir sous mes pieds, j'avais plus le tonus, plus l'envie, plus le goût de jouer, plus l'appétit d'aimer autant que de coutume, je me sentais me dessécher. Je pars. J'ai pas chômé ces temps derniers. J'ai même pas à me justifier. Je pars accompagnée. Je pars déshydratée. Je pars m'épivarder. Yeah! Je pars, je pars, je pars sans me retourner avec mon bagage secret, mes affects, mes délires, mes velléités, mes tensions, mes doutes, mes délices, mes regrets. Je pars pour mieux revenir, pour recharger la bête, pour respirer, ouvrir mes chakras, restaurer ma psyché malmenée, écorchée, en mal d'être. Je pars pour continuer, pour avancer, pour restaurer et apprendre encore et encore à vivre le plus possible le moment présent. Je pars pour mieux me retrouver et vous dans la foulée. Soyez sages, soyez fous, créatifs et puissants en mon absence, on fêtera au mieux le retour de Blue. Je pars mais je reviens, I promise.

 

16/05/2012

Dalva

Samedi dernier, dépitée de voir si peu de monde fouler le pas de ma boutique, je suis allée me remonter le moral chez mon petit libraire juste sur le trottoir d'en face. Je voulais m'offrir un John Fante que je n'ai pas encore lu et puis un livre qui m'avait été chaleureusement recommandé de Lise Bourgeois sur l'art. Quand je suis entrée il était en grande conversation philosophique avec un de ses clients, un vieux monsieur barbu, les cheveux en bataille, un pantalon de toile mastic un peut trop grand pour lui et un pull tricoté main dans une sorte de pourpre passé avec une voix tellement rauque que je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il disait. N'allant pas me mêler d'une conversation qui semblait intime entre mon libraire et son client, j'ai attendu un bon moment avant qu'il n'ait pu enfin après quelques oeillades infructueuses entrer en contact avec moi. Il n'avait pas d'idée sur Fante, et ne pouvait pas m'aiguiller sur le livre par lequel je devais commencer. La littérature américaine n'est pas son cheval de bataille. Je lui ai demandé de m'indiquer le rayon où je pouvais trouver, je pensais me laisser faire, séduire, accrocher par un titre ou par une couverture quand voilà que son client bavard m'a emboîté le pas.

- Pourquoi ne lisez-vous pas l'original? Avant Fante, il vous faut lire Jim Harrison, franchement tout est bon chez lui vous ne pouvez pas vous tromper!

Pourquoi ai-je fait confiance à ce gars-là? Parfois les choses nous dépassent, sa dégaine, sa manière de parler ou la pile de livre qu'il avait à la main? Je suis repartie avec Dalva.

Hier, j'avais un aller-retour à faire sur Paris pour régler une petite affaire de coeur. Un vieil ami avait refait surface dans ma vie et j'avais besoin de m'assurer que mes sentiments pour lui étaitent toujours les mêmes et que les siens pour moi l'étaient aussi. Je devais en plus visionner une pré-collection de Martin Margiela, j'ai donc emmener avec moi Dalva. Ah! L'heure de train a filé comme pour rire, depuis Vautour et Valium de Christian Mistral, je n'avais été prise d'une telle frénésie et d'une jouissance à lire de cette puissance. Riche, truculent, vivant, humain et formidablement bien écrit, ce bouquin m'a scotchée tout le long de ma route et j'ai eu grande peine à le quitter pour vaquer à mes occupations, je n'avais qu'une hâte, c'était reprendre le cours de la vie de cette femme mitraillée par l'histoire, perdue au coeur d'un pays dont elle ne sait plus les frontières. "Le grand roman de l'Amérique éternelle, l'Amérique de la prairie et des forêts, écrit avec verve, passion, ironie." mentionne Bernard Géniès du Nouvel Observateur en quatrième de couverture. Poétique, lyrique, un régal, ça percute et ça glisse, de la musique, de la vraie...

Aujourd'hui, toujours avec mon livre que je dévore entre deux coups de sonnette pas très lucratifs, le temps n'est pas à la dépense pour ces dames qui attendent avec anxiété l'annonce du nouveau gouvernement comme si tout allait être mis sens dessus dessous avec l'arrivée d'un nouveau président, je décide de m'intéresser un peu plus à l'auteur de cette femme dont je suis déjà l'amie. Je tape sur Google et tombe sur des renseignements le concernant, forcément on trouve tout sur Google et puis sur une photo de mon protagoniste qui ressemble à s'y méprendre à celui qui trois jours auparavant m'avait conseillé cet ouvrage, stupéfiant!

 

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- Jim Harrison -

 

 

 

15/05/2012

Printemps Érable

mouvement étudiant,québec,montréal,carré rouge,printemps érable,poésie,partage,humain

Une autre manière de faire la révolutionMouvement Bixipoésie - Montréal



14/05/2012

Eva et Irina

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- Eva par Irina Ionesco -

 

Avant-hier soir j'ai visionné le film autobiographique Little Princess d'Eva Ionesco avec Isabelle Huppert dans le rôle de sa mère. Je craignais d'être perturbée par ce film, certains films me troublent au plus haut point, l'image s'infiltre dans mon inconscient sans que je ne puisse y prendre garde et a parfois des effets boomerang déconcertants. Sans doute avec l'âge et avec mon bagage suis-je un petit peu plus préservée, là, il ne s'est rien passé de spectaculaire. Intriguée, j'ai voulu en savoir plus sur cette femme Irina qui a photographié sa petite fille de quatre ans jusqu'à ses neuf printemps dans des poses suggestives d'un érotisme troublant et d'une beauté quasi toxique. J'ai trouvé un entretien d'elle parlant de son enfance et de sa vie stupéfiante digne d'un roman, la réalité parfois dépasse la fiction: on ne se retrouve pas tous contortionistes avec deux énormes boas pour finir cible vivante nue pour un lanceur de couteaux! Au travers de son art, elle a cherché à être, à combattre ses démons intérieurs, à rester vivante et elle a instrumentalisé sa fille tout comme elle l’avait été elle-même. Dans le travail de cette femme il y a un côté sophistiqué à l’extrême, élaboré, un dialogue entre la féminité et la mort comme si un corps de femme était un poison ou une plante cannibale, c’est d’une beauté dérangeante, interpellante presque perverse doublé d’un impressionnant rejet du masculin palpable et d'un appel désespéré au féminin. "Qui suis-je", semble t'elle nous dire au travers de son regard. Abandonnée par ses parents à quatre ans, c'est elle qu'elle semble chercher à travers la théâtralisation de sa petite fille, dans toute son oeuvre transparaît cette quête de l'identité. D'un seul coup j'ai pensé à ma propre histoire avec ce doute qui subsiste en moi sur l'identité de mon père, cette conviction fantasmagorique que mon père pourrait ne pas être mon père et que, quoi qu'il en soit je n'ai pas le sentiment d'avoir eu un papa, alors qu'en fait dans ma sombre réalité il est bien là. Quand je parlais davantage de mon vécu enfant, on me demandait souvent comment je pouvais autant aimer les hommes avec ce que j'avais eu à vivre? On pourrait me demander aussi comment cela se fait-il que j'aime autant les femmes aujourd'hui? Je ne conçois pas un monde sans l’un ou l’autre. Les deux ont leur importance dans les mêmes proportions pour les mêmes raisons et c'est cette union de ces deux pôles qui ouvre à la création et à la complétude, j'en suis intimement persuadée. Quand on me parle qu’un monde sans hommes serait plus je ne sais quoi, je ne peux m’empêcher de sourire, pas plus que dans un monde sans femmes je ne pourrais tenir. Pour en revenir à ce film d'Eva, j'ai été fascinée par le jeu de la jeune actrice qui tient le propre rôle de la réalisatrice et par la mise en scène de cette relation d'attraction-répulsion propre à toute relation incestueuse. Pour sans doute beaucoup d'individus, ce qu'a fait Irina n'est pas là de l'inceste mais de l'art, pourtant cette mainmise qu'à cette mère sur le corps de sa fille me rappelle cette tentaculaire présence de ma mère qui m'utilisait sans le savoir et m'offrait en pâture à son père. Je comprends maintenant qu'elle n'a pas pu faire autrement, elle-même prisonnière, elle-même utilisée et, le regard que je porte sur elle est beaucoup plus apaisé et je ne me demande plus, ou en tout cas beaucoup moins, qu'elle aurait été ma vie si je n'avais pas eu à vivre ce que j'avais vécu. J'accepte même cette insoutenable idée que j'ai pu y trouver un certain plaisir malgré moi et que je porte en mon sein cette perversité, qu'il me faut l'accepter voire la sublimer. C'est tout le paradoxe de la relation d'Eva et Irina et toute la violence de leur relation et si elles sont en guerre encore aujourd'hui, luttant avec les mêmes armes, c'est qu'elles n'ont pas pu faire ce qu'après de longues années j'ai le sentiment d'avoir accompli: ne plus haïr ma mère et apprendre à m'aimer entière avec mes venins et mes contre-poisons, mes désirs, mes substances et mes mots qui poussent, cognent et ne demandent qu'à sortir, définitivement je l'espère dégagés de toute l’emprise d'une maman comme Irina, maquerelle et voyeuse qui m'a aimée à sa manière, vénéneuse.

 

13/05/2012

exorcisme

Je dors mal, plutôt je m'endors mal ces jours derniers. J'ai comme l'impression d'être masochiste, on dirait que je prends un malin plaisir à me faire du mal par la pensée. Des tas de scénarios catastrophes affleurent à mon esprit et je les alimente inconsciemment, je peaufine, j'en rajoute, je romance. Je perds chaque fois que je me couche un être aimé. Une nuit sur deux je re-perds celui de l'avant-veille, je recommence à souffrir, je recommence à trembler, je me pince au sang pour me réveiller. La mort s'est invitée dans mes pores, je l'affronte en transpirant et me réveille en larmes le coeur chancelant. Cette nuit encore, elle est venue me mettre à l'épreuve, c'est usant. On dirait de ces vieilles peurs d'enfant. My God! Faut absolument dire aux gens qu'on aime qu'on les aime de leur vivant. Faut pas attendre pour prendre dans nos bras et serrer contre notre poitrine notre enfant, notre ami, notre père, notre amant, notre grand-mère, notre blonde, pas attendre pour manifester la tendresse qui nous anime, pour exprimer la gratitude qui nous étreint, pour écrire un petit mot doux, préparer un bon petit plat, passer du temps, aller au cinéma avec ces gens qui comptent, pas attendre pour converser avec eux car quoi de plus merveilleux que ce partage de l'intime? " On nous rabâche qu'on ne peut pas vivre sans amour, mais sans oxygène, c'est encore pire!", quand Peter m'a rapporté ce propos du Docteur House hier soir, j'ai souri, dans la foulée il a ajouté: " Oui, oui, je sais maman, pour toi l'oxygène et l'amour, même combat!". M'enlevant ainsi les mots de la bouche, il m'a embrassée et m'a prise dans ses bras. What else? Mes jours sont moins pires que mes nuits. Comment puis-je me défaire de ces pensées mortifères? Cette nuit fut une des plus difficiles. A peine me suis-je allongée que mon homme et un de mes fils périssaient. Levée en nage, j'ai bu un verre de lait frais et me suis recouchée dans l'espoir de n'avoir plus à m'écorcher vive, et là, c'est mon meilleur ami qui se faisait la malle, celui qui est plus qu'un ami pour moi, allais-je me recoucher une troisième fois? Allais-je devoir ainsi perdre tous ceux qui me sont chers et devoir vivre dans ma chair cette souffrance terrible? J'ai décidé de rester debout et puis d'écrire pour tenter de sortir de moi ces images morbides et renouer avec ce qui m'importe le plus: VIVRE, vivre passionnément, vivre en harmonie, être à la vie. Respirer et aimer.

 

12/05/2012

Laurence Guez

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Nouvelle expo photos de notre amie Laurence au musée des racines à Thévet-Saint-Julien dans l'Indre, à ne pas manquer!

 

Fièvre

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- Toile Angelica Ferrant -

 

 

Qu'il est doux d'évoquer les anciennes audaces,

L'âme en brousaille et le cheveu folâtre,

Rebelle sans cause au regard épineux

Comme du chaparral farouchement sauvage,

Allant, contre le vent et la vague sage,

Fiévreux dans l'âpre bataille pour la vie,

La vitesse et le droit de ne jamais mourir.

 

- Christian Mistral -

 

 

11/05/2012

pour Angelica, la délicate, la fougueuse, la passionnée

Au nom de cette intense amitié qui se crée entre nous.

Pour vous, pour nous tous, une andante  lumineuse que je viens d'entendre chez elle autour d'un thé vert qu'elle m'a servi dans un magnifique bol en raku démesuré après un délicieux repas japonais fait de ses mains de peintre inspiré.

 

 

10/05/2012

en deuil

" Dans le désarroi du chagrin, il est vain de chercher une réponse à ses questions."

- Charlie Chaplin -

 

Le chagrin envahit tout et colore l'existence d'une brume épaisse. Il n'est pas un état, il est un passage obligé pour faire au mieux son deuil, c'est un processus naturel et il est vain de tenter d'aller contre, je crois même qu'il n'est pas bon de ne pas laisser cette tristesse couler dans nos veines blessées. La perte d'un être cher est source d'un chagrin incommensurable. Endeuillée moi aussi, je porte en mon sein la tristesse de mon homme qui vient de perdre son père qu'il aimait tant et celle de mes fils qui adoraient leur grand-père. Pourtant je sens en moi que cette perte et ce chagrin viennent réveiller une blessure plus ancienne dont je croyais, pour le coup, avoir fait le deuil. Celle de ne pas avoir eu de père, ou du moins pas un père comme il aurait dû l'être. Et malgré tout le plein qu'a pu m'offrir ce beau-papa affectueux, je sens en moi un immense vide, une sorte d'abîme dans lequel je tente de ne pas plonger. Grand-papa m'a permis pendant de longues années d'éviter sans doute de m'y confronter par sa présence chaleureuse et structurante et, j'ai pu ainsi panser mes plaies; mais maintenant, les cicatrices à l'air, en plus du chagrin d'avoir perdu l'amour de cet homme bon, j'ai en doublon celui de n'avoir jamais reçu le véritable amour d'un père et j'ai le coeur qui pleure à gros bouillons.

 

08/05/2012

8 Mai 1880

Mort de Gustave Flaubert.

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« Le fond de ma nature est, quoi qu’on dise, le saltimbanque. J’ai eu dans mon enfance et ma jeunesse un amour effréné des planches. J’aurais été peut-être un grand acteur, si le ciel m’avait fait naître plus pauvre. Encore maintenant, ce que j’aime par-dessus tout, c’est la forme, pourvu qu’elle soit belle et rien au delà. Les femmes qui ont le cœur trop ardent et l’esprit trop exclusif ne comprennent pas cette religion de la beauté, abstraction faite du sentiment. Il leur faut toujours une cause, un but. Moi, j’admire autant le clinquant que l’or. La poésie du clinquant est même supérieure en ce qu’elle est triste. Il n’y a pour moi dans le monde que les beaux vers, les phrases bien tournées, harmonieuses, chantantes, les beaux couchers de soleil, les clairs de lune, les tableaux colorés, les marbres antiques et les têtes accentuées. Au delà, rien. J’aurais mieux aimé être Talma que Mirabeau, parce qu’il a vécu dans une sphère de beauté plus pure. – Les oiseaux en cage me font tout autant pitié que les peuples en esclavage. De toute la politique, il n’y a qu’une chose que je comprenne, c’est l’émeute. Fataliste comme un Turc, je crois que tout ce que nous pouvons faire pour le progrès de l’humanité ou rien, c’est absolument la même chose. Quant à ce progrès, j’ai l’entendement obtus pour les idées peu claires. Tout ce qui appartient à ce langage m’assomme démesurément. Je déteste assez la tyrannie moderne parce qu’elle me paraît bête, faible et timide d’elle-même, mais j’ai un culte profond pour la tyrannie antique que je regarde comme la plus belle manifestation de l’homme qui ait été. Je suis avant tout l’homme de la fantaisie, du caprice, du décousu. J’ai songé longtemps et très sérieusement (ne va pas rire, c’est le souvenir de mes plus belles heures) à aller me faire renégat à Smyrne. À quelque jour, j’irai vivre loin d’ici, et l’on n’entendra plus parler de moi. Quant à ce qui d’ordinaire touche les hommes de plus près, et ce qui pour moi est secondaire, en fait d’amour physique, je l’ai toujours séparé de l’autre. Je t’ai vu railler cela l’autre jour à propos de J.J. C’était mon histoire. Tu es bien la seule femme que j’aie aimée et que | j’ai eue. Jusqu’alors, j’allais calmer sur d’autres les désirs donnés par d’autres. Tu m’as fait mentir à mon système, à mon cœur, à ma nature peut-être, qui, incomplète d’elle-même, cherche toujours l’incomplet. »

- Gustave Flaubert- Lettres à Louise Collet -


05/05/2012

La musique creuse le ciel*

 

Charles Baudelaire

 

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Grand-papa avait fait sienne cette pensée de l'aviateur français Georges Guynemer, il l'a mise en pratique tout au long de sa vie et nous l'a inculquée:

"Tant qu'on n'a pas tout donné, on n'a rien donné."

 

03/05/2012

Grand-papa

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Grand-papa a été un grand homme, droit comme l'épée d'un roi. Petits, mes garçons l'appelaient "Gros-papa", il faut dire que c'était plutôt un bon vivant au bon coup de fourchette, toujours soucieux du bien-être des gens qu'il aimait, généreux, convivial, ouvert, un excellent grand-père. Un sacré père aussi, les liens qui l'unissaient à ses fils ont toujours été denses et sincères et ceux qu'il a entretenu avec sa fille qu'il chérissait, à son image, protecteurs et aimants. Ses amis adoraient son enthousiasme et tout le monde a profité largement de son humour, de son immense gentillesse et de son féroce appétit de vivre. Il a toujours été là pour chacun d'entre nous. Me concernant, grand-papa a été un beau-papa formidable. Il m'a accueillie telle que j'étais et m'a toujours encouragée à devenir celle que je suis. Il m'a accordé sa confiance et son estime, précieux cadeaux pour quelqu'un qui en avait cruellement manqué, il a toujours porté un regard bienveillant sur ma façon d'être femme et celle d'être mère. Je l'ai beaucoup aimé. Je vois encore la toute première fois où je l'ai rencontré, comme il m'a impressionnée! Fier, père de famille respecté, drôle, il en imposait mais avec toujours une sorte de douceur dans sa manière d'être, cette sensibilité qui le caractérisait. Il fallait voir avec quel entrain il nous emmenait tous manger un couscous, son plat préféré qui lui rappelait son enfance en Algérie et comment il était touchant quand dans nos virées parisiennes il nous montrait les ponts qu'il avait construit sur la Seine avec toutes les histoires pour chacun d'eux. Il aimait ça les histoires tout comme il aimait les voyages et les autres horizons et puis les fleurs, les plantes et les odeurs. Un homme merveillleux vient de nous quitter et nous nous retrouvons d'un seul coup tous comme orphelins. Néanmoins je sais que ce qu'il nous as transmis est à jamais gravé et qu'ainsi il vivra en nous pour l'éternité. Requiescat in Pace.

 

01/05/2012

1er Mai

Mon père pensait que le bonheur n'était pas de l'ordre du possible sur cette terre, qu'on était tous là pour en baver, pour expier, pour se racheter de je ne sais quelle erreur, celle d'être né peut-être... Il n'aimait pas cette tradition d'offrir des clochettes parfumées pour le premier mai, il n'aimait pas les fleurs en général sauf les roses rouges qu'il offrait à sa femme à chaque anniversaire de mariage, une rose par année, ils va bientôt pouvoir lui en amener une belle brassée. Il n'était pas apte au bonheur, je ne l'ai jamais vu profiter de la vie, je ne l'ai jamais vu rester à rien faire à réfléchir ou à rêver, c'était inutile d'aprés lui, il ne pensait qu'à travailler, seul ça, lui importait, travailler et se battre. Avec son sempiternel: " l'avenir appartient au gens qui se lévent tôt " et son quotidien " il n'y a pas d'avance ", les marches militaires misent à fond de caisse le Dimanche dans toute la maisonnée pour nous faire décaniller du lit dès l'aube, il a tenté toute ma jeunesse de m'inculquer ses valeurs et ses vues de l'esprit. J'en ai gardé quelques unes comme: on a rien sans rien mais j'ai vite fait en sorte d'en oublier beaucoup d'autres; l'idée d'être coupable pourtant est celle dont j'ai le plus de mal à me défaire, et me permettre d'être heureuse me donne encore des vertiges, forcément je désobéis, et c'est pas bien! 

Mon père pensait que le bonheur n'était pas à atteindre ou à vivre présentement, qu'au contraire il fallait bien souffrir dans sa vie terrestre pour mériter le bonheur dans l'au-delà. Il fallait endurer, il fallait courber l'échine, mordre la poussière. Je n'étais pas d'accord en mon for intèrieur mais je pliais aux diktats paternels, en apparence, parce que dès qu'il avait le dos tourné je m'enfonçais dans la rêverie et comble de la perte de temps pour lui je lisais des livres, en cachette, sous mon lit. J'en souris, je me vois encore avec ma lampe de poche, malingre en chemise de nuit, avaler des milliers de pages, assoifée que j'étais de voyage et d'audace et d'autres possibles. J'ai pleuré et j'ai ri et je me suis enflammée pendant des heures à en oublier ma prison dorée. Il m'a fallu attendre dix-huit années pour qu'on m'offre un brin de muguet. A mon tour d'en distribuer.

Belle journée à vous, bon premier Mai. C'est si bon d'aimer.

 

30/04/2012

l'amour et le militant

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Création Marie Labarelle - Photographie Matthieu Gauchet -

 

Ce que la mer chante à des milles d’ici

La force de ton ventre, le besoin absolu

De m’ériger en toi

Voici que mes bras mâles amour s’ébranlent

Pour les confondre en une seule étendue

 

Ce que la terre dans l’alchimie de ses règnes

Abandonne et transmue en noueuses genéses

De même je l’accomplis en homme concret

Dans l’arborescence de l’espèce humaine

Et le destin qui me lie à toi et aux nôtres

 

Si j’étais mort avant de te connaître

Ma vie n’aurait jamais été que le fil rompu

Pour la mémoire et pour la trace

Je n’aurais rien su de mon corps après la mort

Ni des grands fonds de la durée

Rien de la tendresse au long cours de tes gestes

Cette vie notre éternité qui traverse la mort

 

Et je n’en finis pas d’écouter les mondes

Au long de tes hanches…

 

- Gaston Miron -

 

29/04/2012

de tout coeur

avec les étudiants québécois.

 

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26/04/2012

voyage, voyage...

" Les voyages sont l'éducation de la jeunesse et l'expérience de la vieillesse."

- Françis Bacon -

 

pensée du moment,voyage,projet,partage,ouverture,découverte,ailleurs,humain

- Carte du voyage de La Pérouse -

 

 

 J'ai toujours aimé voyager, "frotter et limer ma cervelle à celle d'autrui" comme le disait Montaigne, j'ai toujours eu le sentiment que c'était un excellent moyen de développer son intelligence, en changeant sa forme de pensée et de vie, en devant s'adapter à d'autres manières de voir, en goûtant à une autre réalité. J'ai toujours aimé et j'en ai depuis longtemps senti le besoin, pour fuir sans doute l'autarcie dans laquelle j'ai été élevée et par conviction, par nécessité d'explorer. Pas seulement partir pour partir, mais partir pour revenir enrichie et rassérénée. Depuis quelques années, j'ai dû réduire la fréquence de ces découvertes du monde et ça me manque. La dernière en date est Montréal, courte et bréve incursion québécoise chargée d'émotions, une bouffée d'air dans ma vie d'aliénée et de travailleuse acharnée. J'ai décidé de repartir, de m'en donner à nouveau les moyens; trop besoin de remettre ma tête entre les mains de l'imprévu et de l'aventure, trop envie d'horizons pas encore ressentis et trop la certitude qu'il y a beaucoup à découvrir. Avanti!