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09/07/2009

spleen

 

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Vais prendre un temps pour me poser, baudelairiser, rêvasser, broyer réinventer croître embellir et respirer, revenir après cette échappée, reposée, remise à flot navigante et présente ... ...

 

 

va où le vent te mène ...



Se défaire des maux !

Et se faire la malle, oups!

 

 Christian, cher tendre mordant ... Miss you.

 


08/07/2009

Sonnet

 

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"How do I love thee? Let me count the ways.
I love thee to the depth and breadth and height
My soul can reach, when feeling out of sight
For the ends of Being and ideal Grace.
I love thee to the level of everyday's
Most quiet need, by sun and candlelight.
I lovethee freely, as men strive for Right;
I love the purely, as they turn for Praise.
I love thee with the passion put to use
In my old griefs, and with my childhood's faith,
I love thee with a love I seemed to lose
With my lost saints,-I love thee with the breath,
Smiles, tears, of all my life!-and,if God choose,
I shall but love the better after death."

 

 

 

"Comment je t'aime? Laisse m'en compter les formes.
Je t'aime du fond, de l'ampleur, de la cime
De mon âme, quand elle aspire invisible
Aux fins de l'Etre et de la Grâce parfaite.
Je t'aime au doux niveau quotidien du
Besoin, sous le soleil et la chandelle.
Je t'aime librement, comme on tend au Droit;
Je t'aime purement, comme on fuit l'Eloge.
Je t'aime avec la passion dont j'usais
Dans la peine, et de ma confiance d'enfant.
Je t'aime d'un amour qui semblait perdu
Avec les miens- je t'aime de mon souffle
Rires, larmes, de ma vie!- et, si Dieu choisit,
Je t'aimerai plus encore dans la mort."

 

- Elisabeth Browning -

 

06/07/2009

page blanche

 

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Page blanche, vue de l'esprit, on n'est jamais vierge par rapport aux événements, aux rencontres, même naissant tout nouveau-né on porte transporte rapporte tout un passif un passé inconscient sans doute mais présent. J'ai revisionné Festen, film incontournable pour moi au vue de mon histoire, et de ses conséquences, mes parents vouent un culte sans mesure à la Vierge Marie, moi je me débats avec le diable et ses afficionados aux doux noms d'angoisse culpabilité perversité honte et touti quanti! Non pas de page blanche dans l'ici et maintenant, plus ébène qu'ivoire, noircie de tout ce lourd passé encombrant et empoisonnant encore malgré foule d'antidotes envoyées en intraveineuses et caresses réconfort et remises en confiance régulières et assidues. L'inceste tue, silence lourd à couper au couteau, poignard profond blessure vive mais vie appétit de vie d'exister de goûter et d'emmener qui l'emporte, la page blanche c'est l'avenir la prochaine celle à écrire appréhender dessiner construire organiser rêver avaler fondre... Bronze en devenir, sagesse et sérénité, tendresse et enthousiasme, vie en vie.

 

 

 

 

 

Egon Schiele

« L'art ne peut pas être moderne. Il est intemporel »
-Egon Schiele-
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Egon Schiele est né en 1890 à Tulin, petite ville proche de Vienne en Autriche. Dés l'enfance il exprime un réel talent pour le dessin. Son père l'encourage dans cette voie, mais atteint d'une maladie mentale s'éteint en 1905. Ce décès précoce ternit sa jeunesse et lui procure une vision du monde sombre et torturée. Il décide de poursuivre le dessin et d'entrer à l'académie des beaux-arts de Vienne où il trouve l'enseignement trop académique, et la quitte donc en 1909 pour créer avec ses amis le "Seukunstgruppe".



Ses premiers travaux s'inspirent de l'impressionisme, mais très vite il est attiré par la Sécession Viennoise. Son travail est dés lors très influencé par les recherches de Klimt, ainsi que Van Gogh, Hodler et George Minne qui jouent un rôle essentieel dans l'évolution et la construction de son style. Il peint des portraits, notamment sa soeur qu'il représente sur un fond vide, monochrome et uniforme, l'une des caractéristiques de son oeuvre.


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egon-schiele-portrait-gentleman-1910.jpgC'est à partir des années 1910 qu'il commence à affirmer ce style plus personnel caractérisé par le dépouillement de la forme, la sobriété du contenu. De plus il attache une grande importance aux autoportraits, cherchant à transcrire l'intériorité angoissée du moi par les positions excentriques du corps et des mains qu'il peint. Les poses extrêmes, les traits déformés créent une distance avec le spectateur et engendre une tension palpable. Il dessine vite, il a un coup de crayon qui constitue une caractéristique à part entière de son art. Pour lui, le dessin a une valeur pour son côté allusif immédiat et spontané.Il lui arrive aussi parfois de ne pas achever le dessin et de laisser cette sensation d'inachevé.


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Dans son oeuvre le nu occupe une place très importante, il est fasciné par le corps humain, sa précarité et les pulsions dont il est l'objet. Le corps de la femme l'inspire.


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L'originalité totale d'Egon Schiele est finalement qu'il fait du corps humain un puissant support de l'expressivité. Il peint un grand nombre de nus expressifs. En 1912, à la suite d'une condamnation pour distribution de dessins immoraux, il se voit confisquer quelques-uns de ses dessins érotiques et fait trois jours de prison. Son sentiment d'injustice et de révolte grandit, il réalise un certain nombre de dessins érotiques plus provoquants encore.


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Il quitte sa compagne en 1915 et épouse la même année Edith Harms, il est mobilisé peu après à Prague. Son art semble devenir plus équilibré, les thèmes ne sont plus les mêmes, les corps moins torturés. En 1918 il peint un tableau intitulé La Famille qui caractérise cette évolution.Quelques mois plus tard sa femme meurt de la grippe espagnole et lui-même succombe trois jours plus tard le 31 Octobre 1918.

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trois minutes et cinq secondes de plaisir ...



tolérance

 

"Quand on a des idées bien à soi, même un petit stock, on est obligé d'accepter qu'on se retrouvera sans cesse devant des gens qui vous tireront la tronche, qui essayeront de prendre le contrepied, de vous diminuer, de vous "faire comprendre" que vous devez la fermer, ou qu'il faut éviter tel ou tel type parce qu'il est cinglé ou pédé, ou faux-derche, tel autre parce que c'est un branleur, un obsédé, ou encore un voleur, un bigot, un spirite, un fumeur de hasch, et unetelle une traînée, une exhibitionniste, une pute, une gouine, une mal élevée. Ceux-là, ils réduisent le monde entier à quelques êtres hybrides, monotones, ennuyeux et "parfaits", et ainsi ils rêvent de te transformer en un déviant, en une merde ambulante, ou ils essaient de te fourrer dans leur secte personnelle pour mieux ignorer et abolir tous les autres. Et ils te disent: "Oui, ainsi va la vie, mon brave, en un processus permanent de sélection et d'exclusion. Nous nous détenons la vérité. Les autres, qu'ils aillent se faire foutre." Et s'ils passent trente-cinq ans à te marteler ça dans le cerveau, dès que tu te retrouves isolé tu te prends pour le meilleur et tu t'appauvris énormément, parce que tu as perdu un bel aspect de l'existence: savoir goûter la diversité, accepter que nous ne sommes pas tous égaux et que dans le cas contraire ce serait affreusement lassant." - Gutiérrez -

 

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Rapportée par Trader lors d'une discussion sur l'art chez Didier, cette observation sur la tolérance de Gutiérrez m'a interpellée, un tantinet provocateur mais les épices réveillent toujours un plat et la tolérance, à mon sens est loin d'être un plat facile à cuisiner et à réussir sans tomber dans le magma du condescendant et du tout doit être accepté et pardonné. La tolérance relève du grand art car elle implique une conscience de soi et une compréhension, une ouverture, une culture aussi. Loin d'être si facile envers l'autre et parfois aussi envers soi.

 

 

dormir nue

 

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J'aime dormir nue à la fraîche, dépouillée en contact direct avec l'air et le dehors en respir tout pores ouverts communiant ainsi avec Dame nature. J'aime sentir les éléments, plonger à corps perdu dans la rivière sentir l'eau glisser sur ma peau la matière liquide sur mes muscles humer ma chair frissonner, originelle.

J'aime dormir nue le corps abandonné détendue sans entrave insouciante et insoucieuse libre sereine.

Je m'aime female.

 

 

Oeuvre de Nils Udo. Découvrir ou redécouvrir ce merveilleux artiste dans ce superbe billet aujourd'hui est une source de bonheur et de bien-être, de grâce. Merci mille fois Saravati.

 

05:06 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : land art, photo, art, vie, humain

son et souffle

1977342092.jpgA lire et à vivre à voix haute a dit Venise, voilà mais à voix basse ...



04/07/2009

Mistral

 

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Comme le vent dont il partage le nom il est entré dans ma vie en force. Décoiffant dérangeant interpellant acide parfois une relation fut d'emblée posée testée retournée inspectée et la confiance simplement durablement s'est installée imiscée, le plaisir de la découverte de l'échange la curiosité de l'autre le vent baissait et se faisait souffle chaleureux et rassurant avec les pics de mise à vif d'humeur et de rappel à l'ordre. Un vent exigeant, perfectioniste, le choix des mots l'expression des émotions et des sentiments, un vent visionaire engendrant. Joueur il titille teste provoque, protecteur il enveloppe caresse apaise, curieux il questionne raisonne demande, angoissé il exprime ravive fouille colère, aimant il offre se donne interactive, créatif il met au monde balaye induit nettoie ouvre à soi-même. C'est le vent qui bouscule la vallée la lave ravive les couleurs purifie la lumière demande à l'arbre de plier au roseau de courber et nettoie sur son passage entraîne plus loin ne laisse pas indifférent. Mon ouragan se prénomme, au delà des océans Christian et j'aime quand il tempête il enfle ma voile et me voyage, ou qu'il soupire m'émeut et m'enflamme. Pas un vent ordinaire, un homme à part, un météore.

 

 

 

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 Lire "Valium" de Christian Mistral ou le relire...transportant, mauditement humain.

 

 

 

 

 

Vue du ciel

 

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J'ai trouvé l'idée séduisante et étonnante, merci Bluebird pour les explications tout à fait explicites, voir d'en haut son coin, son quartier, sa rue, sa ville , je ne m'étais jamais aventurée dans ce rêve d'Icare, et voilà chose faite, mon petit bout de terre citadin...

Mais que le monde est vaste et varié, que d'endroits, de visions, de conceptions, d'humanité, de paysage ciel terre encore à découvrir, à rencontrer, à goûter!

 

 

 

 

00:17 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : france, lille, vue, voyage, humain

03/07/2009

Joëlle

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Elle est arrivée souriante et posée comme à son habitude, toujours vu comme ça depuis des années que l'on se connaît, jamais un mot plus haut que l'autre calme et attentive. Là pourtant j'ai senti une petite différence infime dans le regard derrière ses lunettes design la question habituelle bonjour comment ça va et la fêlure, le vernis qui craque et je découvre ma Joëlle en larmes effondrée prête à hurler de douleur, je la prends dans mes bras ne dis rien laisse mugir renifler et couler les larmes. Puis elle me dit dans un hoquet et du bout des lèvres, j'ai un cancer, je viens de l'apprendre, la merde! Infirmière dans le milieu psychiatrique toute sa vie à s'occuper des autres et non des plus faciles elle venait de prendre sa retraite après tant d'années de bons et loyaux services, une mammographie tous les ans due à des antécédents familiaux, sa soeur sa maman aussi ils lui découvrent un ganglion, bénin mais bon vaut mieux s'en débarrasser, on l'opère une première fois on envoie aux analyses attente retour pas joli on réopère pour en prendre davantage rebelote re retour et une nouvelle opération là on enlève plus que les cellules souches c'est mauvais. Pas bavard le chirurgien, c'est dur je sais j'ai eu le même, je lui dit il fait bien son travail c'est l'essentiel même si au fond c'est vrai je ne le pense pas tout à fait, j'ai remarqué pour y avoir eu droit à quel point ils ne paraissent pas en relation avec l'humain derrière le malade, dommage. Chimiothérapie le mot qui fait peur et puis la cicatrice et peut-être davantage forcément l'esprit gambade et la souffrance elle, s'insinue la peur aussi. Je connais Joëlle depuis plus de vingt ans, je ne l'ai jamais vu se plaindre, une seule fois il y a longtemps elle m'a parlé de son regret de ne pas avoir eu d'enfant, non pas qu'elle n'avait pas un père potentiel avec qui elle vit toujours mais je n'ai jamais vraiment su la raison pudique réservée tranquille, je m'efforçais de trouver les mots apaisants et justes, toujours pas facile, saleté de crabe. Saloperie!

 

 

 

 

02/07/2009

jazz en direct

Constance nous le rappelle dans son beau billet, le festival de Montreux commence. Cette année je ne pourrais m'y rendre, et pourtant c'est vraiment à voir et entendre, le lieu d'abord, et puis les artistes qui passent, toujours variés et de qualité, et cette année Steely Dan en est, entre autre...


Et puis à partir du 18 Juillet, celui des jardins de Cimiez à Nice, Claudio nous en parlera peut-être! Là aussi c'est magique, ces concerts donnés en plein air au milieu de la végétation et des étoiles, j'y avais vu il y a plus de 20 ans maintenant, Gato Barbieri, envoûtant...


La puissance du sax, au milieu de la nuit, vraiment un grand moment ... Là, le programme est riche encore cette année, sans doute qu'entre Chick Corea, Youssou N'Dour, Charles Lloyd ou Sonny Rollins, j'aurais bien du mal à choisir!

Bon, My One and Only Love, incontournable.


J'ai un faible pour le sax, j'avoue, pas seulement mais prononcé! Mais finir cette note avec Youssou N'Dour est un régal, ici en duo avec Neneh Cherry.



 

 

23:47 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jazz, festival, voyage, art

s'armer de patience

 

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01/07/2009

Du Gabin pur jus aussi ...

Dans la lignée de Christian et Gaétan, avec plus de mots et moins de gestes ...


"-Ca court les rues les grands cons !"

"-Oui mais celui-là c'est un gabarit exceptionnel, si la connerie se mesurait il servirait de mètre étalon."

 

 

Christo

 

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Christo et Jeanne-Claude, communément Christo, est le nom d'artiste sous lequel est connue l'œuvre commune de Christo Vladimiroff Javacheff (né le 13 juin 1935 à Gabrovo en Bulgarie) et de Jeanne-Claude Denat de Guillebon (née également le 13 juin 1935 à Casablanca)

Ce couple d'artistes contemporains (qui emballe la géographie et l'histoire) s'est rendu célèbre par ses objets empaquetés. Naturalisés américains, ils vivent à New York dans le quartier de SoHo.

Leur travail consiste à emballer de tissus un lieu, un paysage ou un monument, de manière éphémère ou durable. Ce qu'on appelle le Land Art. Ces projets monumentaux et de longue haleine ont pour vocation de donner une autre identité au lieu et donc de changer le regard du public. Leur objectif est d'ammener le public à l'art, le surprendre et l'impressionner. Ces oeuvres que l'on ne peut pas acheter, ni même posséder, parlent de liberté selon Christo. Elles s'inscrivent en écho aux phénomènes de société contemporains, comme la consommation, le marchandage ou la médiatisation.

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09:24 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : land art, art, monde, regard

30/06/2009

Roger Tabra

Pour Mû, Lyse et puis pour vous tous...


 

Les paroles d'une chanson ont ce côté magique qu'elles peuvent traverser le temps, elles s'impriment en nous. Certaines on ne les oublient jamais. Quel beau et noble métier que parolier, mettre en mots des sentiments, de la poésie mise en musique, je trouve cette interview touchante et interpellante.

 

"Le désespoir et la façon de dire je ne suis pas heureux ce sont pas des choses tristes, c'est positif chez moi. C'est une forme de critique. Le désespoir disait Ferré c'est la forme supérieure de la critique. Et moi je pense un peu comme ça également...

J'ai un triangle, c'est l'amour, la mort et la vie...

Chaque chose contient son contraire probablement, chaque chose doit être enceinte de l'inverse. Alors ma vie est enceinte de ma mort."

- Interview de Roger Tabra -

 

 

 

sensibilité

 

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"Ne méprisez la sensibilité de personne.

La sensibilité de chacun, c'est son génie."

 

- Charles Baudelaire -

 

 

 

 

29/06/2009

tags

 

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Je n'avais jamais prêté attention à cette liste de tags, tous ces mots inscrits en référence aux textes et photos choisis, plus le mot prend de la place plus il est utilisé, c'est étonnant ! Et révélateur de ce qui compte pour moi ... Suis curieuse de voir ce que cette liste de mots deviendra dans un an. Les mêmes peut-être mais en plus gros encore! :-)

 

22:51 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : blog, tags, mots, humain

réel virtuel

9782226180711.jpgEn écho à mon billet anniversaire, je me suis interrogée sur le changement qu'opère le Net dans notre communication aux autres notamment chez les jeunes, et je me suis souvenue avoir lu des ouvrages de Serge Tisseron parlant justement de cette évolution "Virtuel, mon amour" et "L'intimité surexposée", j'avais trouvé ses réflexions intéressantes ayant moi-même trois jeunes hommes à mes côtés très accros et en parfait naturel avec ce mode de communication que je n'ai personnellement découvert qu'il y a un an.

En fouillant sur Google , j'ai trouvé cette interview de lui que j'ai trouvé fort représentative de ce qu'il pense de ces nouvelles technologies, je vous en livre ici une partie, pour la consulter en entier, vous pouvez aller,

 



Serge Tisseron 
"Les nouvelles technologies modifient la manière de percevoir les autres et soi-même"
Psychanalyste réputé pour ses études portant sur les relations jeunes-médias-images, Serge Tisseron a intégré dans son champ d'étude l'univers de l'Internet. L'expert estime que l'usage du Net présente des spécificités qui permettent aux jeunes d'en tirer parti pour leur épanouissement. Balayant plusieurs idées recues, Serge Tisseron revient sur les changements qui affectent les jeunes au contact des technologies de l'information et de la communication. 
15 septembre 2003

DN. Comment analysez-vous l'appropriation des nouvelles technologies de communication par les jeunes ? 
Serge Tisseron. Ce qui me frappe, c'est l'encouragement que les jeunes trouvent sur Internet à adopter des identités d'emprunt pour entrer en relation avec leurs pairs. Jusqu'ici, les gens étaient obligés d'entrer en relation à visage découvert. Certes, on peut cacher son statut social ou ses intentions, mais pas son apparence. A travers la pratique de l'Internet (chat, forums, jeux en réseau), on peut entrer en relation en masquant son âge, son sexe, sa couleur de peau, bref, toutes ses caractéristiques visibles. Cela explique en grande partie cet engouement extraordinaire. Mais cela s'accompagne aussi chez les jeunes d'une relation différente à leur identité et leur image. Ces technologies modifient la manière de percevoir les autres et soi-même. J'en veux pour preuve qu'aujourd'hui, le pré-adolescent et l'enfant ont une plus grande distance par rapport aux photographies qui les représentent. Ils acceptent qu'une image d'eux-mêmes ne soit rien d'autre que l'équivalent d'un avatar utilisé pour les représenter, sans aucun souci de ressemblance.

Quel est intérêt de l'Internet dans la rencontre avec l'autre ? 
Jadis, il existait des rites de rencontre entre les sexes qui étaient instaurés par le groupe. Par exemple, lors du conseil de révision, les garçons se voyaient décerner un badge "bon pour les filles" qui les incitaient à aller ensuite tous ensemble au bordel. A notre époque, la difficulté est de gérer seul la rencontre avec l'autre sexe. D'où l'intérêt des rencontres anonymes sur le Net. L'avantage est qu'il permet à chacun de se retirer à tout moment de la relation engagée sans avoir de compte à rendre. On apprivoise ainsi petit à petit l'idée de la rencontre réelle. On part d'une identité masquée, puis on réajuste au fur et à mesure la présentation que l'on donne de soi et celle qu'on a de l'autre, jusqu'au moment où l'on décide éventuellement de se voir "pour de vrai". A ce moment là, on est obligé de jouer carte sur table et de se décrire tel qu'on est en réalité afin de pouvoir se rencontrer. Internet permet donc à certains jeunes aujourd'hui de lutter contre la peur de s'engager trop rapidement dans une relation dans laquelle ils craignent de se sentir "prisonnier ", et d'apprivoiser la relation peu à peu. Dans certains cas, il est vrai, ces rencontres "virtuelles" peuvent aussi se substituer aux rencontres réelles, mais c'est assez rare.

"Le Net provoque l'isolement des jeunes". Pour vous, c'est une idée reçue ? 
Oui, le passage par le Net est souvent un prélude à la rencontre réelle. D'ailleurs, les jeunes qui participent à des jeux en réseau ou qui se rendent dans les forums et les chats ont envie de se rencontrer dans la réalité. Le grand danger du Net est plutôt lié au risque de laisser croire à des jeunes fragiles que leurs interlocuteurs sont tels qu'ils se présentent à eux sur le réseau. C'est sur cette naïveté que jouent les pédophiles qui draguent par Internet. C'est pourquoi ce n'est pas en interdisant aux jeunes l'usage du Net qu'on les mettra à l'abri, mais bien plutôt en les aidant à mieux comprendre les règles qui le régissent. Le Net est une vaste machine à faire se rencontrer des avatars bien plus que des personnes réelles. De ce point de vue, c'est un peu comme dans la vie réelle, mais poussé beaucoup plus loin. La question de l'identité est au coeur de la problématique de la vie sociale : un artiste ou un homme politique se construit une image médiatique qui ne correspond pas forcément à sa réalité. Internet surfe sur ce désir de tromper notre entourage, mais ne le crée pas. En plus, je trouve que les jeux en réseau sont formidables pour comprendre ce mécanisme, et pas du tout dangereux comme les chats, parce que le risque de confondre le joueur avec son avatar est d'emblée écarté. On sait bien qu'on n'a pas affaire à un sorcier ou à un chevalier " pour de vrai " ! Ces jeux apprennent aux plus jeunes une règle majeure du Net.

Toujours dans la lignée des faux débats, l'univers virtuel du Net coupe-t-il les jeunes de la vie réelle ?
Non. C'est le même faux procès que l'on a fait aux jeux de rôle. Les jeunes qui sont en crise identitaire grave et qui confondent l'autre et eux-mêmes vont évidemment courir le risque de se confondre aussi avec les personnages de fiction, mais il ne faut pas généraliser. La technologie de l'Internet est plutôt annexée par les jeunes dans leur désir de résoudre ce malaise et de renforcer leur repère identitaire plutôt que pour s'y perdre un peu plus.

Comment appréhender les codes spécifiques de communication qui apparaissent dans les nouvelles technologies (smiley's, abréviations chat, etc.) ?
A mon avis, plus les codes propres à Internet seront originaux, plus leurs risques de propagation à d'autres domaines seront faibles. Dans l'éducation traditionnelle, on apprend malheureusement souvent ce qui serait une bonne manière de s'exprimer et d'écrire sans préciser que cet usage n'est valable que dans certaines circonstances. On ne souligne jamais assez la relativité des langages. Internet peut permettre de comprendre plus vite qu'il n'y a pas une "bonne" façon de s'exprimer, mais autant de "bonnes" façons que de lieux et d'usages. Tout est affaire d'adéquation.

Pour reprendre le sous-titre de l'ouvrage Les Enfants-Puce de Christine Kerdellant et Gabriel Grésillon (1), comment Internet "fabrique les adultes de demain" ?
Le Net introduit des changements de perception aussi importants que ceux qui ont accompagné l'apparition du train ou de l'avion. Il crée un rapport différent à l'espace et à la durée. D'abord, le Net contribue au sentiment de faire partie de la même planète chez ses utilisateurs, et cela intervient à mon avis dans la conscience du monde qu'ont les jeunes - on le voit par la place qu'ils prennent dans le mouvement altermondialiste. Ensuite, le temps est réduit : l'impatience de la réponse est incroyable dans les forums et les messageries. Enfin, avec le Net, des inconnus me parlent de leur intimité. N'oublions pas qu'avant l'invention du téléphone, les gens ne parlaient de leur intimité que lorsqu'ils se voyaient. Avec le téléphone, des personnes que je connais me parlent de leur intimité sans que je les vois. Mais, avec le développement de l'Internet, on atteint un degré de plus. Des gens que je ne connaîtrai jamais me parlent de leur intimité. Et cela donne le sentiment que l'espace entre les personnes est bien plus court.

 

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Jeunes ou moins jeunes, nous sommes tous concernés par cette évolution de l'échange et de la manière de communiquer, cette facilité d'exprimer et de partager change forcément notre regard, notre perception du monde, mais je me demande jusqu'à quel point cette nouvelle façon de faire va complètement modifier notre attitude à l'autre et à nous-même. Est-ce un progrès vers plus d'humanité et de tolérance ?