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24/06/2011

Bonne Saint-Jean!

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Je ne peux pas ne pas penser à mes amis québécois aujourd'hui, fête de la Saint-Jean! Et tout mon coeur est là-bas, avec eux, en cette belle journée. Mon blog a maintenant trois ans, c'est une date anniversaire à un ou deux jours près, je l'avais ouvert le jour de l'étè 2008, fête de la musique chez nous. Depuis je n'ai jamais loupé d'y être dans la tête. J'aime l'idée d'associer les deux, au fond, le Québec est devenu par l'entremise de cet outil magique qu'est l'internet ma deuxième patrie et j'y ai de nombreux amis, des êtres importants qui comptent beaucoup pour moi.

Alors voilà, je fais une pierre deux coups! Enjoy à tous and Love. Blue

 

 

Jean-Paul à Montréal

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-Photo James Bort -

 

 

«Au‐delà de la virtuosité technique résultant de l’exceptionnel savoir‐faire des différents métiers de la haute couture, d'une imagination débridée et de collaborations artistiques historiques, il offre une vision ouverte de la société, un monde de folie, de sensibilité, de drôlerie et d'impertinence où chacun peut s’affirmer comme il est, un monde sans discrimination, une "couture fusion" unique. Il y a chez Jean Paul Gaultier une vraie générosité et un message social très fort, sous couvert d'humour et de légèreté. C’est une esthétique humaniste qui me touche beaucoup.»  

- Nathalie Bondil, conservatrice du musée des Beaux-Arts de Montréal -

 

 

 

23/06/2011

Et si tu n'existais pas

 

 

 

22/06/2011

La grâce

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- Photo Alex Wilson -

 

 

 

" La grâce, plus belle encore que la beauté."

- Jean de La Fontaine -

 

 

 

21/06/2011

Transparences

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- Photo prise par moi-même dans une galerie d'art à Montréal -

 

 

" Une robe est une confidence. Les secrets de la femme se lisent dans la façon de s'habiller."

- Gilbert Brévart -

 

 

20/06/2011

A ne pas manquer!

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"Le regard est celui de nos sens qui nous fournit le plus d'informations. Il demande une chorégraphie précise dans ses déplacements et son acuité. Bien souvent il se trouble et donne une image imparfaite de l'espace qui nous entoure.

En miroir, il modifie notre silhouette.
La photographie, est le reflet d'un regard, un éprouvé du sentiment amoureux que le photographe pose sur le monde. 
Bien des regards tournent court... 
Retourne toi... Regarde m
oi... Vois ce que tu fais de moi..."

- Laurence Guez -

 


19/06/2011

Papa

Papa,

Normalement, par le calendrier, c’est ta fête today. Pourtant, pour moi, sigh, ça n’est pas si simple! Pour ce qui est du père de mes enfants, c’est sans problème. Là, quel ravissement!

Non, c'est entre toi et moi que c'est plus compliqué, tu devines bien pourquoi même si t'as oublié. Tu as été mon père longtemps, tant que je n'avais pas accès à ma mémoire, tu l'es toujours pourtant maintenant que je l'ai retrouvée, mais je ne sais qu'en faire! Je veux pas faire dans le pathos, de ton côté, tu l'as bien éprouvé. Mais je ne peux non plus pas m'enfouir dans le non-vouloir voir, dans le non-vouloir être et dans le non vouloir-dire, père!

Le déjeuner entre hommes fut drôle, généreux, magnifique. Tu sais, papa, j'avais autour de moi mon homme, mes fils, et puis un petit gars que je porte dans mon coeur depuis longtemps. C'est le meilleur ami de ton petit-fils que tu ne connais pas par la force des choses et par sans doute ton incapacité à les voir comme elles sont, je ne t'en veux pas, comment pourrais-tu les appréhender alors qu'elles n'ont jamais été à ta portée? Lui, son père lui a mis une beigne et l'a foutu dehors. Il doit s'en mordre les doigts, l'enfoiré de papa, comme toi quand tu m'as dit que je ne faisais plus partie de la famille si je disais vrai. Dis-moi, aurais-je pris le risque de mentir à ce prix? Tu verrais ce p'tit gars, papa, que t'en serais le premier étonné tel que je t'imagine. Tel que je voudrais que tu sois.

N'empêche, je suis bien emmerdée. Je ne sais pas quoi faire, c'est la fête des pères, je devrais avec joie te la souhaiter, au pire sans grand plaisir. Mais je n'y arrive pas. Pourquoi? Pourquoi papa, fuck, pourquoi?

 

 

Fête des pères

 

 

 

Ben oui! C'est aujourd'hui... Bonne fête à tous les papas!

 

 

17/06/2011

Laurence G.

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Laurence G. par elle-même -

 

 

Pendant que de manière récurente, chaque blogueur et blogueuse se demande au fond de lui l'aboutissement et l'intérêt d'un tel média, il y a des réponses qui s'imposent d'elle-même comme ma rencontre avec Laurence, qui aurait été improbable sans cette incroyable technologie. Impossible de vous parler d'elle en deux mots dans sa totalité tant ce petit bout de femme renferme de richesses, mais possible de faire une esquisse en demi-teinte d'une personnalité attachante, généreuse, et d'une rare fine intelligence. Jamais elle ne s'impose, c'est pas son truc faut bien le dire et a toujours une attention tendre et bienveillante à l'égard de ceux qu'elle aime, je suis bien fière d'en faire partie! Ellle qui est devenue une de mes L.! Le regard qu'elle porte sur les choses, les êtres, les âmes est à son image au fond: humour, tendresse, finesse, connaissance, sensibilité et puis un je ne sais quoi d'innocence, d'éternel renouvellement, de non à-priori, d'ouverture d'esprit. Quand son angoisse existensielle cessera de lui consommer trop de son énergie, elle nous fera des étincelles, d'ailleurs je crois qu'on est pas au bout de nos surprises tant elle a à dire et à exprimer. Elle a arrêté d'alimenter son espace, pour le moment, se concentrant sur d'autres projets, elle me manque, j'aimais bien passer chez elle me nourrir de sa fantaisie et de son amour de la danse. Elle m'a fait découvrir l'opéra Garnier et puis c'est elle qui m'a emmenée à la Comédie Française pour la première fois de ma vie, c'est une passionnée cette lumière là et tout ce qui tourne autour des mots, des gestes et des respirations l'inspire, on parle le même langage au fond. Un petit clin d'oeil à celle qui porte d'habitude plutôt le sien sur moi et un élan de gratitude envers celle qui est devenue une véritable amie.

 

 

 

Intermède

 

 

 

16/06/2011

Pleine lune

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- Photo Gérard Therin -

 

Avec l'accord de l'auteur, Christian Mistral, sur une mélodie de Mario Peluso, interprétée par Isabelle Boulay, cette magnifique chanson: La lune. Pas tous les jours qu'on a une éclipse totale de ce bel astre de plus d'une centaine de minutes. Je me disais aussi que c'était bien calme pour un lendemain de pleine lune. Tout s'explique!


podcast

- La lune - Isabelle Boulay -

 

La nuit tombe et l'astre blanc va se lever
Les rues vont lentement se dépeupler
J'entends les vampires
Qui poussent des soupirs

Le soir est mauve et la froide lune est ronde
Je suis une fauve libre et seule au monde
La ville a une voix
Qui me parle de toi

La lune
Est la complice douce
De ce qui nous arrive
La lune
Comprend ce qui nous pousse
À vivre à la dérive
On partageait sa pâle lumière ivoire
Elle nageait parmi les anges noirs
Rien n'est plus pareil
T'as choisi le soleil

La lune
Est la complice douce
De ce qui nous arrive
La lune
Comprend ce qui nous pousse
À vivre à la dérive

Et je danse jusqu'au matin
Dans l'absence de tes reins
En transe entre mes mains

La lune
Est la complice douce
De ce qui nous arrive
La lune
Comprend ce qui nous pousse
À vivre à la dérive
 
 

 

15/06/2011

Une extraordinaire journée ordinaire (soir)

"Tu m'as dit que j'étais faite pour une drôle de vie
J'ai des idées dans la tête et je fais ce que j'ai envie
Je t'emmène faire le tour de ma drôle de vie
Je te verrais tous les jours...

Si je te pose des questions,
Qu'est-ce que tu diras?
Et si je te réponds,
Qu'est-ce que tu diras?
Si on parle d'amour,
Qu'est-ce que tu diras ?

Si je sais que tu mènes la vie que tu aimes au fond de moi,
Me donne tous tes emblèmes, me touche quand même du bout de ses doigts,
Même si tu as des problèmes, tu sais que je t'aime, ça t'aidera,
Laisse les autres totems, tes drôles de poèmes, et viens avec moi

On est partis tous les deux pour une drôle de vie
On est toujours amoureux et on fait ce qu'on a envie
Tu as sûrement fait le tour de ma drôle de vie
Je te demanderai toujours...

Si je te pose des questions,
Qu'est-ce que tu diras?
Et si je te réponds,
Qu'est-ce que tu diras?
Si on parle d'amour,
Qu'est-ce que tu diras ?

Si je sais que tu mènes la vie que tu aimes au fond de moi,
Me donne tous tes emblèmes, me touche quand même du bout de ses doigts,
Même si tu as des problèmes, tu sais que je t'aime, ça t'aidera,
Laisse les autres totems, tes drôles de poèmes, et viens avec moi..."
 
 
 
 
A tue-tête, en boucle, c'est à dire trois ou quatre fois de chez moi à la boutique, j'ai entonné la chanson de Sanson, ça me détend le zygomatique! D'ailleurs à un moment, tellement absorbée par ma star-ac personelle en BM, je n'ai pas remarqué que je suivais un car blanc et bleu de flics. Le policier à l'arrière riait à gorge déployée de me voir ainsi, comme une midinette, chanter sans me soucier du monde extérieur. Il m'a fait un petit signe. J'ai juste répondu par un mouvement de tête, encore plus à mon affaire!
 
14h 14, encore en retard! Si ton père te voyait, ma pauvre vieille, il en ferait direct une apoplexie!
On dit que les chats font pas des chiens, c'est vrai, mais les chiens eux, peuvent sans rien y comprendre mettre au monde une chatte de mon acabit!
 
J'y suis, j'y reste. J'en ai pour toute l'après-midi.
Les coups de fil pleuvent, as usual, fournisseurs, banquiers, vendeurs d'idées, résolveurs de problèmes même ceux que tu n'as pas, empêcheurs de tourner en rond, pauvres personnes n'ayant trouver que le phoning en dernière option, personnages étranges qui tentent de te vendre du papier hygiénique fabriqué par des handicapés, clubs de golf qui te propose de les sponsoriser, jeunes filles n'alignant pas un mot de français cherchant un stage dans la vente, et ouf, au milieu de tout ça une voix amie!
On arrive à 16 heures comme pour rire! Et toujours rien de concret. Rien à se mettre sous la dent.
 
Parfois les silences sont denses.
 
Heureusement, alors Blue vient à ma rescousse et me tient du bout des doigts. C'est tellement suffoquant d'être là à attendre, à ne pas savoir par quel bout prendre les choses, à ne pas pouvoir agir. Faut un certain cran, une patience infinie et une bonne dose de goût du risque et de l'improbable pour faire ce genre de métier, parole!
 
Comme quand Elle entre ici.
 
Elle, c'est Angélica, elle déploie tellement ses ailes qu'on dirait qu'il n'y a qu'elle! Une belle plante, superbe même. Argentine, cheveux de jais, regard noir cuisant, des bagues deux fois plus grosses que les miennes, ongles noirs, pieds d'albâtre, elle est peintre. Pendant longtemps j'en ai eu une peur bleue, vraiment, viscéralement, tant elle décoiffe, femelle et animale. Et puis avec le temps, sans doute par ma manière d'être attentive et dans le non-jugement mais plus encore parce que tout comme moi elle dévore les livres et qu'elle a une sorte de vénération pour Sarah et Frida, nous sommes devenues plus complices et plus civilisées l'une envers l'autre, surtout elle vis à vis de moi.
 
Je lui ai fait découvrir Mistral.
 
- Ton québécois, quel souffle! Pourquoi me l'as-tu caché si longtemps!
- C'est mon affaire.
- J'ai lu Vamp, j'ai lu Valium, non  mais Valium, tu te rends compte quand même!
- Quoi?
- C'est énorme!
- Me semble te l'avoir dit... Rien sur Vautour?
- Ah! Là! J'ai été transportée, et tu dis connaître cet homme là?
- Oui. Je le dis.
 
Je garde, que Christian me pardonne, suffisamment floue notre relation si particulière, parce que telle que je perçois la personne, affamée, insatiable, je n'ai pas envie vraiment qu'elle vienne sonner demain à la porte du Bunker et qu'elle le mette en pièce! Le Bunker, j'entends!
Aujourd'hui, j'avais pour elle la robe qui lui fallait, THE dress! Fourreau, en soie moulante d'un vert de gris couleur de son fard à paupière, longue jusque plus que par terre, échancrée, décolletée, sans manche, le genre qui me fait moi aussi succomber tant elle est féminissime. Elle l'a essayée et adoptée.
Quand elle est sortie de la boutique avec son "Ciao" guttural, je me suis sentie seule au monde, il y avait comme un grand vide. 
 
Alors j'ai repris ma navigation sur mes blogs amis, et j'ai entrepris de répondre sur le mien! Pour moi ce blog fût plus que salvateur, une manière unique de m'évader, une manière unique de communiquer de ma prison dorée... J'avais tellement soif d'ailleurs et tellement besoin d'entreprendre.
Entreprendre, c'est toute ma vie.
 
Tiens, un groupe de copines qui se baladent entre elles, et qui font les boutiques comme d'autres les musées. " Pour le plaisir des yeux", qu'elles disent. Soit. Parfois j'ai envie de dire:" N'oubliez pas le guide!", mais bon, j'ai bien conscience que ça serait déplacé! Et puis c'est de bonne guerre, partager c'est aussi dans ma carte du monde, je ne peux pas m'en empêcher!
L'heure tourne, inexorablement. Je pense au dîner de ce soir, à ce que je vais faire pour nourrir tous ces hommes qui vivent avec moi. J'opte pour des pâtes aux fruits de mer et j'évalue vite fait dans ma tête si j'ai bien tous les ingrédients nécessaires. Me manque juste l'ail, Au Soleil d'Agadir, ouvert jusqu'à pas d'heure, comme les dépanneurs, je devrais bien pouvoir trouver ça. J'y ferai une halte avant de rentrer chez moi.
 
Oups! Voilà  une dame comme je les aime. Elle se plante devant moi et le dit, droit dans les yeux:
 
- Relookez-moi! Je veux tout changer! Tout! Il n'y a rien qui va.
- Ah?
- Plus rien de rien!
- N'exagérons pas.
- Ah?
- Tout changer est une vue de l'esprit, si je vous emmène à l'autre bout du spectre, vous n'allez pas vous retrouver et ça n'est pas ce qu'il faut faire. Que vous ayez envie de changement, d'autre chose, d'un nouveau regard sur vous, je le comprends parfaitement mais de là à tout balayer d'un revers dans un caprice insensé, c'est une erreur, je vous assure. Les vrais changements se font progressivement, petit à petit, en douceur. Pas de panique, pas de violence et pas de coup de barre d'un coup. Step by step.
- C'est vrai, vous avez raison, que me conseillez-vous alors?
- D'essayer, d'essayer tout ce qui vous passe par la tête, tout ce qui vous plaît dans le magasin, tout ce que vous n'avez jamais osé mettre, et tout ce que vous pensez pas normalement fait pour vous. Ensuite, si vous voulez, je vous ferais quelques suggestions, infimes, de vêtements qui me semblent pouvoir vous aller, fonction de votre stature et de votre personnalité.
- Ok.
 
Deux heures d'essayage, tout y est passé. On en a rit aux larmes parce que parfois c'était pas franchement joli, joli à regarder et finalement elle a trouvé par elle-même une jupe et un top lui allant à merveille. J'ai juste rajouté un collier, pièce unique, en pâte de verre et bronze qui finissait à la perfection, enfin presque, la tenue qu'elle s'était choisie. Encore une heureuse. Deux, en fait.
 
Tout le monde ferme autour, c'est qu'il doit être l'heure. Toujours en retard le matin mais toujours la dernière à fermer. Je ne sais pas plus ouvrir à l'heure que clore dans les temps! J'aime bien d'ailleurs ce moment étonnant où on est entre la vie du jour et la vie de nuit parce qu'alors la rue change. Les bars prennent le relais, l'ambiance n'est plus la même, et le public d'un coup rajeunit! L'heure où je m'encanaille... Dans la tête! Après je retrouve ma marmaille et mon rôle inépuisable de mère et d'amante. Je ferme le rideau, réamorçe l'alarme, enfouis mon habit de lumière sous un grand manteau noir, reprends encore une fois le volant et retourne chez moi avec encore en tête que vraiment j'étais faîte pour une drôle de vie. Celle-ci.
 
 
 

Une extraordinaire journée ordinaire (midi)

Ah! Malgré un calme olympien dans les rues de la ville suite à ce long week-end de Pentecôte qui a perturbé comme chaque fois les emplois du temps de tout à chacun, à peine avais-je repris mes esprits qu'une petite dame plutôt timide est entrée. C'est fou comme un rien déclenche des effets secondaires d'importance: les jours fériés, les matchs de football, les élections en tout genre la présidentielle tenant le pompon, les hauts et bas de la bourse, la météo! ça plus que tout, et les news particulières comme celle de ces temps derniers avec le show télévisuel non prévu de l'ex-président du FMI, un rien change la donne et on ne sait plus en venant le matin si on va voir âme qui vive. A mon habitude je la laisse prendre tranquillement ses marques et s'imprégner doucement de l'atmosphère et puis je lui demande si je peux faire quelque chose pour elle, avec une insistance particulière teintée d'empathie, j'avais le sentiment étrange qu'elle était désespérée.
 
- Je marie ma fille Samedi et je n'ai rien à me mettre!
- Oh! Effectivement, on peut dire qu'il est moins une!
 
J'appuie ma phrase d'un sourire chaleureux l'invitant à poursuivre.
 
- C'est que, c'est mon mari... J'avais trouvé à Paris une robe, jolie. Je l'ai choisie avec ma fille, celle qui se marie, parce que j'en ai deux autres derrière et puis un fils aussi.
.                                                     
Je l'encourage du regard, celui que je m'étais donné tant de peine à fignoler le matin.
.                            
- Il n'aime pas! Il m'a dit que j'étais tarte dedans et m'a enjointe d'en trouver une autre et surtout d'une autre couleur!
- Comment est-elle?
- Quoi?
- La robe?
- Elle est nude.
- Hum, il a du trouver ça fade...
- Fadasse, a-t-il dit.
- C'est pire!
- C'est pire, en effet. Lui il est en costume blanc, le jour du mariage de sa fille, tout ce qu'il a trouvé c'est un costume blanc, on va croire que c'est son mariage à lui!
- Bon, revenons à la robe..
 
Je sais par expérience qu'il faut éviter d'entrer dans les conflits de couple et qu'il ne faut pas encourager une femme à dire du mal de son mari, surtout quand elle est blessée comme l'était cette dame, là tout peut y passer et on a droit à moult détails en tout genre. Et surtout, je ne me sentais pas d'attaque à recevoir là, à froid, ce genre de volée.
 
- Comment la voyez-vous, vous, puisque le beige rosé couleur chair ne lui convient pas?
- Noire.
- Noire?
- Noire.
 
Rare, très rare, extrêmement rare qu'une maman de mariée veuille bien être en noir!
 
- Vous êtes sûre?
- Parfaitement certaine. Je suis allée à un mariage ce week-end, la personne la plus élégante était en noir de la tête aux pieds! Avez-vous des enfants?
- Oui, des fils!
- Si l'un d'entre eux se marie, comment vous habillerez-vous?
 
Diable! Je passe mon temps à conseiller des femmes sur ce qui pourrait leur aller de mieux en fonction de leur physique et du contexte et voilà que cette petite dame là à brûle-pourpoint me renvoie une question à laquelle je n'avais jusqu'alors pas encore songé me concernant. Spontanément je lui réponds:
 
- En noir, je suppose!
- Ben moi aussi, je veux être en noir, au moins ça ne sera pas " fadasse"!
 
Elle n'avait manifestement pas digéré le fameux mot, son homme avait fait mouche et plus qu'il ne devait l'avoir désiré!
 
Je lui ai trouvé une sublime robe, longue, noire, fluide, féminine. Une robe qui bouge bien et dans laquelle elle s'est sentie tout de suite divine et aérienne, à l'aise, elle-même. Le décolleté invitait une étole, je lui ai donc déposé sur les épaules une création de toute beauté d'une italienne dont j'apprécie particulièrement le travail toute en finesse et raffinement. Une pièce de tissu peinte à la main dans des dégradés de gris bleu et d'anthracite, doublée d'une soie blanche meringuée. Elle était éblouissante comme un astre et semblait d'un seul coup, comme par enchantement, réconciliée avec la vie et avec son homme! J'étais aussi heureuse qu'elle, je crois!  Après quelques autres petits conseils d'usage sur les chaussures à mettre, la coiffure à faire et autres petits détails, elle est repartie le sourire épanoui. J'étais sereine.
 
Je me disais déjà que ma foi la journée risquait fort bien d'être moins terrible que je l'appréhendais, qu'elle démarrait plutôt bien et que c'était bon signe. On est bête parfois, et même avec plus de bouteille, on le reste. Pourtant ça n'est pas faute d'en avoir vu... des journées. Certaines commençant bien et finissant en eau de boudin, d'autres dans le conflit pour se terminer dans l'euphorie et puis tant d'autres aussi où s'il on y prenait pas garde, on les nommerait "sans rien à signaler!"
 
J'ai vite déchanté, celle qui a poussé ma porte pendant que je dégustais l'expérience optimale du début de matinée risquait bien de faire basculer mon humeur si je ne prenais pas garde! Parce que dans le genre casse-ovaires, on peut vraiment pas trouver mieux, sauf peut-être les jours de pleine lune! Ah là,là! Rien que de la voir pointer son museau à la vitrine, j'étais déjà stressée! C'est une vieille peau, rabougrie, rassie par la vie, humiliante, fielleuse, prétentieuse, sachant tout sur tout et surtout mieux que quiconque. Une antiquaire à la retraite, veuve, pas d'enfant. Elle peut pas faire autrement, faut qu'elle critique, qu'elle décortique, qu'elle fouille. Ayant vu le paquet sortir devant elle, sans même me dire le bonjour d'usage elle m'assène un:
 
- Elle a trouvé quelque chose chez vous, cette dame?
 
Mais de quoi tu te mêles espèce de vipère à perruque, hein, en quoi la vie de cette femme intervient dans la tienne, qu'est ce que tu veut encore savoir que tu ne saches déjà! Lâche-moi, tu veux, viens pas foutre ma journée en l'air avec ton air de deux airs.
 
- Oui, et sans problème, je vous dis pas comment elle était magnifique! Resplendissante!
 
Je sais qu'il en faut davantage pour l'abattre ou pour juste l'arrêter, mais bon je voulais juste lui faire comprendre que c'était un jour sans!
 
- Ah Bon! Je me demande bien comment elle fait pour pouvoir être belle, franchement, elle ne ressemble à rien. Vous devez être sorcière!
- Ah? Vous l'ignoriez? lui-dis-je dans un large sourire tout en pensant "pas tant que toi bougresse!"
 
Elle s'est tue. Elle a fait un tour rapide au milieu des portants, vexée, rabâchant je ne sais quoi dans ses babines et est repartie en me décochant un oeil plus noir que la robe que je venais de vendre qui, loin de me glacer m'a rasséréné.
Ouf! la journée pouvait donc reprendre son cours tranquille et vivifiant.
 
L'heure avait tourné et j'avais promis à mon homme de rentrer déjeuner. Re-belote la voiture noire vers la maison pour un petit frichti en amoureux. Melon et prosciutto, salade de tomates mozarella et puis un petit coup de jaja, faut pas se laisser abattre, il y a encore cinq bonnes heures à faire et Dieu seul sait peut-être ce qu'il peut encore arriver...
 
 

14/06/2011

Une extraordinaire journée ordinaire (matin)

Je me lève sous les coups de six heures du matin si bien sûr la veille je ne me suis pas couchée trop tard accaparée par un enième film policier qui fait ma joie, avalée toute crue par un roman ou complètement absorbée dans une discussion outre-atlantique qui avive mes neurones, exacerbe mon excitation littéraire et touche mon coeur avide de mots tendres. Souvent complètement défaîte, les cheveux en bataille, un peu collés par l'application la veille d'une crème à l'amande douce pour nourrir des pointes trop sèches et malmenées par des brushings répétés que j'ai depuis quelques temps d'ailleurs stoppés nets suivant les bons conseils de ma coiffeuse préférée, Carole, qui en plus d'être particulièrement douée dans son domaine est une femme délicieuse, généreuse et prolixe. Je l'apprécie beaucoup. Chez le coiffeur je n'aime pas parler, avec elle, c'est simple, suffit de l'écouter. Moulée dans son cuir slim délavé, hissée sur des compensés vertigineux stylés, toujours une ou deux bagues têtes de mort au doigts finis d'un vernis craquelé aux couleurs indéfinissables, le regard pétillant et la bouche framboise écrasée assortie à quelques mèches éparses de même tonalité dans une chevelure brune coupée à la garçonne, elle me raconte sa vie, les problèmes récurents qu'elle a avec son fils adolescent et les déboires créatifs de sa fille. Elle me parle aussi fréquemment de ses peines de coeur qui la tourmentent n'ayant comme elle le dit plus vingt ans et ne supportant pas l'idée de vivre seule, craignant par dessus-tout de vieillir esseulée, oubliée et perdue. C'est vraiment quelque chose qui la perturbe au plus haut point. Au début je tentais vainement de la persuader que cela ne pouvait pas arriver, par gentillesse, par courtoisie; finalement j'ai compris que c'était peine perdue et qu'il valait mieux que je la laisse se plaindre sans tenter de la dissuader, j'ai comme le sentiment qu'elle se nourrit vraiment de cette crainte et que c'est ce qui lui donne le ressort d'encore être sur le pont comme elle le fait, inlassable et intarissable.
 
Dans mon vieux peignoir taupe ou dans le déshabillé de soie bronze acheté sur la cinquième avenue, je tente de trouver doucement mes marques et tout en me vidant la vessie, encore dans les limbes, je me remémore les rêves que je viens de faire. C'est devenu un réflexe avec le temps, ça se fait automatiquement. Je passe voir vite fait si je n'ai pas un mail ou deux et qu'elle a été l'agitation nocturne sur mon Helenablue. Si rien ne s'est passé d'un côté comme de l'autre, je suis un peu déçue mais s'il y a matière, je réponds illico ou alors je laisse mûrir le sourire aux lèvres. J'enfile un demi-litre d'eau minérale que j'ai toujours à portée de main près de mon bureau et retourne me coucher. C'est alors le moment que je préfère dans mon début de matinée, celui où à moitié entre éveil et sommeil, je laisse mon esprit divaguer, un moment privilégié et d'extrême importance pour moi, si par malheur je ne peux m'offrir cette parenthèse je suis toute la journée d'humeur de cochon noir et c'est pas beau à voir!
 
Au deuxième réveil, les choses se compliquent parce que je suis à la bourre étant donné que je tire au maximum du possible les minutes, me disant en regardant le réveil une fois vers 9 heures," bon j'ai encore le temps", puis vingt cinq minutes après," allez encore cinq minutes", évidemment dix heures arrivent comme pour rire et là branle bas de combat, c'est la course. Comment être dans son lit en nuisette à dix heures et en habit de lumière à 10h30 à l'autre bout de la ville pour ouvrir dans les temps la boutique qui m'attend! Évidemment c'est impossible, mais toujours je le tente. Me lève d'un bon, cours à la cuisine, bois un grand bol de thé vert ou d'Earl Grey suivant la saison, grignote un tartine de pain complet, remonte à la salle de bains, me débarbouille la face avec une mousse nettoyante à tout faire, yeux y compris, plus que nécessaire car parfois la veille dans une sorte de flegme incommensurable j'oublie de me démaquiller et le lendemain c'est un véritable désastre même si je n'abuse pas de fond de teint ni de cache-misère en quantité excessive.
 
Je me pose, il n'y a pas le feu au lac, je reprends mon souffle. Et je fais quelques extensions musculaires comme une chatte quand elle s'offre au soleil, je m'étire de tout mon long et énergiquement je m'attaque à ma tignasse, je brosse dur la tête en bas, et de nouveau massivement la tête haute. Je passe à l'étape suivante, depuis que Stella est passée par là avec ses conseils de maquillage ayant obtenu de moi une promesse de tous les jours le faire quand je vais travailler, je m'applique et suit ses directives en bonne élève que j'ai toujours été. Je peigne délicatement mes sourcils avant de les assombrir et les redessiner légèrement d'un trait de crayon ton sur ton, c'est pas grand chose mais d'un coup le regard s'agrandit. Avec un pinceau plat à poils courts et doux, je dépose un fard à paupières terracota et je lisse du doigt pour faire la banane, juste en dessous de l'arcade sourcilière, ça ouvre encore un peu plus le fameux regard et pour couronner le tout je passe la mascara ébène qui donne définitivement à l'ensemble une présence étonnante.
 
Avant de m'être occupée des yeux, je me suis faite comme dirait mon amie stellaire une belle peau! Je m'enduis la face d'une crème hydratante aux parfums subtils et délassants et puis je fais fondre au creux de la paume une base de teint en correspondance totale avec la teinte beige de ma peau de blonde et je m'applique à étaler de façon uniforme sur toute la surface du visage ce qui me donne d'un coup une mine renouvelée et un éclat encourageant un début de journée. Un coup de poudre légère comme l'air pour les dernières petites imperfections qui traînent et deux coups de pinceaux rose judicieux sur le haut des pommettes, j'ai spontanément l'air d'une jeune fille en fleur. J'estompe vite du bout des doigts, le mot d'ordre étant " faut pas que ça se voit!". Je termine par la bouche, là je me délecte, c'est vraiment le geste que je préfère, sensuel. J'ourle avec le bâton crémeux la lèvre supérieure et puis je termine celle du bas finissant de poser le brun rosé tendre. Un dernier coup d'oeil dans le miroir, hop, hop, le déodorant anti-transpir absolu sous les aisselles, je cours à la chambre car là je suis limite dans l'horaire et je m'habille à la hâte avec ce qui me tombe sous la main.
 
Dans les bons jours, c'est réussi, je mets naturellement ce à quoi je désire ressembler, d'autre matins c'est la vraie galère, d'un coup je me trouve bien dans rien, nulle, moche, pas présentable et je peste et je rage, aujourdhui, joker! C'est une bonne matinée! Ouf! Des dessous assortis, noirs, un pantalon sarouel, noir, un joli top déstructuré au décolleté suggérant, noir et mes sandales fétiches du moment, drapées à boucle d'un doré passé, noires. Mes bracelets habituels et ma grosse bagouze sans laquelle je me sens nue, il ne me reste plus qu'a courir. J'attrape mon blouson de cuir, noir lui aussi et je stoppe net. J'ai oublié quelque chose quelque part dans ce rituel! Diable qu'est-ce que cela peut-il être? Je perds de précieuses secondes à y réfléchir et puis " euréka! " ça me revient! je ne me suis pas parfumée, ça, c'est rédibitoire! Hop, je m'asperge d'un geste ample toute entière de la tête au pied de cette fragrance fétiche et là je suis fin prête à aborder la journée.
 
Je saute dans ma voiture aussi noire que tout le reste, je sais, je sais, ça fait beaucoup de noir, black is black, pas sombre, pas obscur, pas triste comme peuvent l'être les idées, ni hostile comme certains regards, rien de mélancolique, ni occulte, ni d'un autre continent, juste noir de chez noir, une sorte d'élégance abstractive à la Soulages et je me mets en route la musique à fond, la fenêtre ouverte, les cheveux au vent. Comme à mon habitude j'arrive à la boutique complétement décoiffée, parraît que ça fait mon charme... et une fois garée, j'ouvre en retard d'un bon quart d'heure ma grille, je désamorçe l'alarme, j'allume les feux de la rampe, j'installe la liste de lecture musicale qui sied à mon humeur du moment. J'en ai plusieurs. Musique brésilienne, musique et vocals jazz, musique classique, musiques du monde et celle que je préfère, la liste Blue que m'a concoctée mon homme avec un mélange choisi des chansons, morceaux, solos que je préfère. Un régal. J'allume l'ordinateur, je passe l'aspirateur, arrange un peu les choses et ma chevelure et je prends possession de ce lieu que je connais plus que par coeur ainsi que du rôle que je vais jouer maintenant pour les huit heures à venir...
 
 

12/06/2011

L'éloquence des regards, Moché Kohen

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- Moché Kohen -

 

Hier soir, tard, très tard, je préparais ma note sur Kendell Geers, artiste percutant qui m'a scotchée direct tout en pensant à celle qui me travaille depuis un moment, j'ai une maturation lente même si je parais toujours dans l'immédiateté, sur Moché Kohen qui m'a saisie à la foire de l'art de Lille dont je vous ai déjà parlé. J'aime laisser pousser en moi, approfondir, cuver. Je n'ai pas pu l'oublier tant les quelques toiles que j'ai pu voir m'ont bouleversée. Je suis très sensible à l'Existensialisme, il y a de ça chez Moché Kohen et c'est sans doute ce qui me touche profondément et me remue autant le coeur que les neurones, en écho à ma démarche d'être.

L'art à la hussarde d'un côté qui interpelle, qui dérange, qui décoiffe, qui engendre aussi et de l'autre l'art à fleur, pénétrant, sensible, tactile. Finalement ne pouvant pas choisir, je vous livre l'un et l'autre, souhaitant que ça vous émeuve autant que moi et vous procure toutes sortes de sensations diverses et variées, humaines.

 

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"Une rencontre picturale qui scelle un destin.

Moché Kohen reconnaît avoir été foudroyé par les portraits expressionnistes de Egon Schiele, autant par la mise à nu de la psyché tourmentée des modèles, leurs poses insolites voire théâtrales, que par la facture nerveuse de l’artiste viennois.

Premier roulement de tambour intérieur, Bam Bam Bam le cœur qui bat, les tempes qui bourdonnent, un chant intérieur qui s’accompagne de voix, elles avancent pieds nus dans la poussière, bien décidées à s’en extirper pour devenir matière.

Bam Bam Bam

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Pour Moché Kohen la nuit est propice. Elle s’ouvre sur tous les possibles, dissipe la conscience. Avec sa complicité surgit l’envie de se dépouiller des oripeaux, l’envie de s’abandonner au gouffre de l’espace circonscrit de la toile, une toile devenue réceptacle des cris muets, des chuchotements complices, des petites voix intérieures, mélodieuses d’effroi ou dissonantes de volupté.

Emane de lui une force impérieuse, que rien ne détourne de son vouloir. Plus qu’une vocation, c’est l’exaltation du peintre contraint de libérer sa famille de fantômes, de frères, de sœurs, de clones-clowns claniques.

Moché Kohen revendique le A - non privatif - de autodidacte. Autodidacte sans l’automatisme incontrôlé dicté par la pensée, parce que faire naître une Chose, exige de la rigueur, parce qu’une Chose, c’est rassurant, ça ne meurt pas.

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Le A de autodérision signe un autre trait de son caractère. Toutefois c’est avec sérieux qu’il se compare à un buvard, une perméabilité aux tourments du monde, une hypersensibilité à fleur de peau, exorcisées dans l’acte de peindre. Moché Kohen déclare avoir découvert le courage de la fuite par la peinture.

« Suis le conservateur des équilibres que je me suis inventé »

 

 

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Une invention d’auteur de théâtre, une pantomime humaine où les acteurs se sentiraient en exil, en exil d’eux-mêmes peut être…

Des corps qui font corps avec le mur, les « fusillés du regard » cherchent à se dissoudre dans la pierre, leurs épidermes se confondent, moins pour échapper à leur destin, que pour devenir massifs, permanents, autrement dit demeurer vivants. Des corps presque subtilisés au présent, privés de leur réalité pour devenir une image double, muette, soumise à la disparition, à l’absorption du néant ou qui redeviendrait une ombre, un mur, un fond.

Ce sentiment d’étrangeté n’est-il pas de même nature que celui qu’éprouve l’homme devant sa propre apparence dans le miroir ? Une image détachée de lui, insaisissable, qui se dérobe pour réapparaître sous d’autres artifices, tout aussi impermanents. Tenter d’appréhender l’éphémère…

Sur une scène, un corps dénudé se dévoile, s’exhibe, en tant qu’être sexuel. Dans une contorsion physique, il s’offre au regard du spectateur. Derrière lui, des petits personnages saisis dans leur stupéfaction, détournent leur regard.

L’éloquence des regards chez Moché Kohen, ce n’est pas une vue de l’esprit…

 

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Les yeux écarquillés pour marquer un étonnement prévisible, une interrogation sans attente de réponse. Les yeux plissés autant par la malice que la connivence. Parfois les yeux chavirés vers l’intérieur, ou dévorés par la matière, comme pour témoigner de l’affleurement du passé sur les rives du présent.

Un chant très ample, mais à peine murmuré, à la fois serein et inquiet, s’élève de cette famille de personnages. Identifiables grâce au turban assujetti sur leurs têtes rasées, ils se présentent dans la simplicité de leur frontalité, de leur hiératisme. Frémissement des corps, de la chair, abandon de soi, la main du peintre sismographe calligraphie certains contours, ici des mains, là d’un visage.

 

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Tel un Gilgamesh, détenteur babylonien des indicibles secrets de l’âme, Moché Kohen « syncrétise » toutes les cultures, toutes les religions, toutes les époques. Il impose à ses personnages une architecture de cariatide, des yeux de mystique d’où se déversent des questions incantatoires, qui peuvent être aussi incandescentes que les rouges de certains attributs vestimentaires.

Chez ces gens là, Monsieur, on ne vit pas, on Existe !"

 



- Béatrice Duhamel Houplain -                                                                                       

 

 

L'art du coup de poing, Kendell Geers

 

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- Kendell Geers -

 

Archétype d’une génération d’artistes engagés dans les années 1990, Kendell Geers est passé, depuis le début de la décennie, d’un art résolument ancré dans les problématiques activistes à un travail de manipulation iconique des situations de crise sociale, idéologique ou politique, poussant toujours le spectateur à un trouble et à un questionnement. Avec un art conscient des choses du monde, Kendell Geers n’entend pas imposer ses vues personnelles mais placer le spectateur devant ses propres choix.

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Depuis près de 15 ans, Kendell Geers développe une œuvre polymorphe mêlant objets, installations, œuvres vidéo, photographies et performances. Par son travail, l’artiste perturbe les codes et les principes moraux généralement admis.

Il explore avec force l’effondrement des systèmes de croyance et des idéologies en utilisant tous les matériaux possibles : des images pornographiques, mais aussi des figures emblématiques de l’Histoire de l’art (telle que la Victoire de Samothrace) ou de l’Histoire des religions repeintes avec le motif Fuck, en passant par des installations faites de fils de fer barbelés ou de matraques. Il explore ainsi en permanence les limites sociales, pour les interpréter sous une forme artistique très personnelle. Kendell Geers interroge les pulsions destructrices de l’homme dans un monde où les notions de bien et de mal sont, selon lui, dépassées. Il affirme que l’art peut avoir des conséquences sur la société.

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Kendell Geers se définit comme un «terroriste» dans le champ de l’art et revendique la nécessité de prendre position. Il explore et critique notre monde de manière frontale en mettant en garde contre l’aliénation que peuvent engendrer les objets, les images et les situations de notre quotidien. Ce positionnement critique ne repose pas sur une vision manichéenne mais sur une mise en doute répétée des principes de bien et de mal et sur l’affirmation de leur possible réversibilité. Centré sur des problématiques morales ou politiques, Kendell Geers s’interroge sur le contexte de l’art, ses modes et ses effets, sur l’institution et ses acteurs.

- Source: Les Artistes Contemporains -   

 

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 C'est l'actualité qui prime chez Kendell Geers. Une rétrospective de son oeuvre intitulée ironiquement "Irrespektiv" est basée sur "l'insolence et la  provocation" selon les uns, "le sexe et la peur" pour les autres et a réuni 60 oeuvres réalisées ces 15 dernières années. Autoportrait plutôt sous-jacent qui relit méticuleusement les années comme un dessin des banalités post-modernes, en notre temps de fin des idéologies et de perte de repères. Découverte de la fragilité et de la vulnérabilité. Une oeuvre qui se veut subversive et interpellante.

 

 

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 Son œuvre explore les dimensions les plus intimes du psychisme humain, les notions de désir et de pulsion, affirmant une réversibilité entre horreur et extase, entre violence et érotisme. 

 

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08/06/2011

Il y a des jours comme ça

Tout semble simple et fluide. L'angoisse disparaît. La peur n'est pas là. Le corps est au repos comme en veille, en confiance. On dirait que rien ne se passe et pourtant ça mature à l'intérieur, comme les plantes qu'on ne voit pas pousser et qui racinent avant de bourgeonner. Je me sens dans cet état. Ces jours là, d'habitude, je ne fais pas attention, je les traverse comme une flèche et le soir je me dis: " Tiens, la journée est déjà finie?". Mais comme j'écris un peu plus tous les jours, je deviens plus attentive et plus à l'affût, même dans ces moments où j'ai le sentiment que rien n'arrive, je sais bien qu'il ne peut pas rien se produire. Notre pensée ne s'arrête pas, on ne dépose pas son cerveau devant sa porte en disant: "Aujourd'ui, je ne vais pas me servir de toi!", pas plus qu'on y dépose son coeur... Même si on se sent vide ou au repos on est toujours plein et en activité sans s'en douter. C'est étonnant, d'en prendre conscience est stimulant. Etre ainsi plus à soi-même on mesure tous les enrichissements et les apprentissages qu'on fait même sans en avoir l'air, comment finalement on s'affine, on s'aiguise, on s'améliore! Il y a des jours comme ça où plus encore, la conscience apparaît plus présente, pas encombrée par la réflexion ou le tourment, juste donnant accès à sa matière humaine dans toute sa complexité et ses possibles. C'est particulièrement réjouissant.

 

 

D'elle à vous et de vous à moi

 

 

 

Le regard de Lorka, la parole de Blue. La parole de Lorka, le regard de Blue.

 D'un blog à l'autre...

 

 

 

Pierre Molinier, autoportrait

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- Photo Pierre Molinier -

 

 

" L'imaginaire, c'est ce qui tend à devenir réel."

- André Breton -

 

 

 

07/06/2011

Extase

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- Photo Man Ray -

 

Je suis devant ce paysage féminin
Comme un enfant devant le feu
Souriant vaguement et les larmes aux yeux
Devant ce paysage où tout remue en moi
Où des miroirs s'embuent où des miroirs s'éclairent
Reflétant deux corps nus saisons contre saisons

J'ai tant de raison de me perdre
Sur cette terre sans chemins et sous ce ciel sans horizon
Belle raison que j'ignorais hier
Et que je n'oublierai jamais
Belles clés des regards clés filles d'elles-mêmes
Devant ce paysage où la nature est mienne
Devant le feu le premier feu
Bonne raison maîtresse
Etoile identifiée
Et sur la terre et sous le ciel hors de mon coeur et dans mon coeur
Second bourgeon première feuille verte
Que la mer couvre de ses ailes
Et le soleil au bout de tout venant de nous

Je suis devant ce paysage féminin
Comme une branche dans le feu.

 

- Paul Eluard -