Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/03/2011

Femme

Female, au fond je me rends compte que je préfère ce mot en anglais, depuis toujours. J'ai voulu être un homme, avoir un sexe d'homme, penser comme un homme, réagir, agir ou ne rien faire, en tout cas en être. Ché pas, j'avais cette impression intrinsèque que c'était plus facile et moins contraignant en tout cas moins vulnérable d'être de sexe masculin plutôt que féminin. Je voulais ardemment dans mes pensées nocturnes que me pousse un pénis, comme ci cela allait me permettre d'être et de faire comme je veux, juste être.

J'ai révisé ma copie. Pas plus facile d'être un homme qu'une femme en ce monde. Sans doute plus facile encore pour un membré d'exister et d'agir, mais au fond pas aussi simple que cela semble être. Le pénis pour moi n'a jamais poussé, et ma féminité, elle, par contre, a immergé, m'en jetant en pleine figure et en brassée des j'en veux et des encore et des magne toi le fessier!

Pourtant je reste réservée. Pas l'un qui l'emporte sur l'autre comme veut nous l'inculquer la grammaire. Non, juste, un échange de bon procédé. On est pas pareil, mais on est pas si différent non plus, cette histoire débile des hommes qui viennent de Mars et des femmes de Vénus, je n'y adhère pas. Je crois sincèrement qu'il est plus que temps qu'on écoute et qu'on aime la femme pour ce qu'elle est, et non pour ce qu'on aspire à ce qu'elle soit. Pas une chimère, pas un paradis inaccessible, pas un rêve, pas Vierge, ni sainte, ni ange, ni démon, juste, un être humain humaine.

C'est ainsi que je me vis.

C'est ainsi que j'apprends à m'aimer et que je tends à l'être.                                                  

Telle.

Entière.

Femme, female.

 

07/02/2011

Karen Lamonte, réflexions féminines

 

c62c8ffdb53d.jpg

 

"À travers ses robes, Karen LaMonte questionne subtilement les thèmes de l’identité humaine et féminine. Empreintes d’un corps absent, les drapés voluptueux en verre expriment néanmoins un mouvement, une vie, un sublime mélange entre absence et présence. A l’instar de ses robes qui emprisonnent le corps, l’artiste capture les reflets fugaces de femmes, enfants ou vieillards à l’intérieur de miroirs. Sortes d’ombres spectrales, ces visages se figent dans une ambiance fantasmagorique à la limite de l’irréel et disparaissent bientôt lorsque la lumière varie."

smithsoniandress.jpg

Karen LaMonte 5.jpg

 

art,sculpture,verre,femme,vêtement,évocations,karen lamonte,musée,humain

 

 


16/11/2010

constatation

 

Marjane-6cm.jpg

 

 

 

Je sais, je me retiens de dire, je me retiens d'écrire parfois ici comme ailleurs. la violence de ce que j'ai pu vivre est-elle descriptible, est-elle lisible, admissible, sans que soudain on se dise sans le vouloir, sans même sans rendre compte, " je crois qu'elle est folle, faut vraiment qu'elle se soigne!". J'ai toujours connu ça, je sais qu'ils le pensent encore et qu'ils ne sont pas seuls, pas seuls à le penser, mais moi, je ne le pense plus, terminé, je n'ai pas tourné la page comme dans les contes de fée, j'ai juste compris que ça n'en était pas un, qu'on ne me raconte pas d'histoires, qu'on essaie plus de m'en conter, j'ai juste besoin qu'on me croie et qu'on me fasse confiance, c'est ça qui m'a manqué, et dieu sait à quel point, s'il en existe un!

 

 

 

31/10/2010

Brokeback Cowboy

 

 

10/09/2010

coup de boule

Elle n'ose pas, ne sais pas, n'imagine même pas cela possible; toute sa vie elle s'est consacrée aux autres, à les motiver, à leur donner force et courage et foi aussi. Toute sa vie, elle n'a jamais voulu peiner, faire souffrir, créer un conflit, dire un mot plus haut que l'autre. Elle a toujours pris sur elle et elle le fait encore.

Pourtant, là, elle est dans la tourmente, elle a besoin de déployer ses ailes et d'exister pour elle, de ne penser qu'à elle, de se retrouver et ça bouscule drôlement l'échiquier de sa vie, le "non" ne faisant pas partie de son dictionnaire n'ayant jamais jusqu'à présent qu'utilisé le oui mais toujours pour lui et toujours pour lui plaire, comment introduire dans son vocabulaire ce mot qu'elle ne prononce que tout bas dans ses rêves les plus intimes, comment apprendre à se défendre quand on s'est toujours tu, comment faire entendre sa réalité sa vérité son identité quand on s'est vécu toujours en demi-teinte?

Il est des coups de boule bien salvateurs parfois, suffit de commencer et d'oser se permettre même si les mots eux, les attitudes, les manières de dire sont toujours de meilleurs alliés que les gestes violents que ces gestes réflexes d'auto-défense qui en disent pourtant longs sur cette part d'intègre et d'inaliénable que l'on porte tous en soi.

L'important est de s'aimer, de prendre confiance, d'être en accord avec soi-même et avec ce qui compte pour soi au plus profond, l'important c'est d'oser, une vie ça passe si vite! Bien légitime au fond de faire quelques embardées, tout aussi légitime de tracer sa route, sa route à soi, celle d'une femme libre, sereine et épanouie.

 

28/08/2010

birthday

 

L2GAD00Z.jpg

 

 

Y'a des anniversaires plus difficiles que d'autres, les siens souvent, parfois aussi ceux de quelques autres. Moi, celui de maman est toujours un problème, encore maintenant! Pas de "je t'aime" en vue, pas de prise dans les bras, de fierté, d'audace et de compréhension. Non. Juste, quand même, quelques mots sur une carte, pour l'intention, et je me dis "quand bien même!" Je me dis "Pourquoi pas?" Je me dis, je me dis tant de choses, et je trouve qu'il y a un tel gâchis à ne pas vouloir voir les choses et leur réalité, telle que la vit autrui, telle que je la perçois.

Là, j'ai mal, oui, j'ai mal à ma mère, presque même je dirais que j'ai peine pour elle. Pourtant sans déconner, sans faire dans la dentelle, elle ne m'a jamais épargnée, ni, non plus, oubliée, toute l'ambivalence d'un sentiment diffus: attraction-répulsion!

"On aime sa mère presque sans le savoir, et on ne prend conscience de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière"

- Guy de Maupassant -

 

J'aimerais tant pouvoir t'aimer, vraiment, maman.

Happy birthday, mum. Take care.

Quand bien même je suis là, et malgré les orages, malgré les tremblements, malgré toute cette rage qui afflue à l'instant en bousculade dans le sang que toi seule m'a donné, je considère la chose, tu sais moi aussi je suis mère et moi aussi j'aspire à être vraiment aimée.

 

 

26/08/2010

plaisir féminin

- Hey ! Viens-là Germaine, regarde un peu vir de quoi il parle dans c’canard !


- Ben, quoi Gaston, t’as l’air bien en foufelle !!


- Y parle du « plaisir féminin » ! Tsé, c’est pas tous les jours que nous on va savoir tout c’que tu m’dis pas…


- Ben, demande grand niais, qu’est-ce que tu veux savoir que tu ne saches déjà ?


- Attins un ch'tio peu, r’gardes-y, non mais j’rêvasse, y dise que « 20% des femmes simulent l’orgasme » !


- Et alors, j’vois pas où est le problème, c’étot pas un scoop ça m’in garchon !


- Scuze, moi ça m’fait tout drôle ! Quand tu crie après t’mère c’étot qu’du cinéma ?


- Gaston, min Gaston, min’unique, tu t’fos du mal là, tsé ces carabistouilles elles étos bonnes que pour les autres greluches, ta Germaine elle, c’étot pas une actrice, quand elle crie et demande après m’sieur l’curé c’est qu’elle voit les portes du paradis !


- Ah ! j’ferais mieux d’arrêter de lire toutes ces conneries et aller tuter un coup avec les potes.


- C’est ça, t’inquiètes, te fais donc pas d’mouron, quand je crie, je crie, c’est pas d’la bagatelle ! Pis c’est quoi au juste, « le plaisir féminin » ?

 


06/08/2010

trop sensible

IMG_4528[1].JPG

- photo Laurence G. -

 

 

Toute ma vie depuis mon plus jeune âge j’ai entendu ce « tu es trop sensible ! », c’est vrai qu’il fallait peu pour me mettre en larmes, en extase, et en lambeaux aussi. Malgré ce gros travail sur moi-même, et cette volonté de comprendre de quelle matière j’étais faite, je garde ce trait marqué de caractère, parfois un rien me déstabilise grave comme à l’inverse un aussi petit rien me donne un plaisir fou. Je m’interroge alors sur ce que je vais faire de cet encombrante voix à l’intérieur de moi qui parfois me détruit en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, c’est éprouvant, c’est encombrant d’être à ce point touchée par les choses du temps, par les choses qui passent, par tous les événements qui  traversent une vie. J’envie parfois ces personnes stoïques qui encaissent placidement aussi bien la détresse que les grands pics de joie, j’aimerais avoir cette dextérité, je pensais l’acquérir, vraiment  je la pensais possible et à portée, être sage et sereine, ne plus être tourmentée. Il faut croire que je suis restée telle que j’étais, la beaucoup trop sensible, et que je n’ai pas encore trouvé le bon remède, la solution ou la manière d’éviter ainsi les soubresauts de tout ordre à cette âme qui vibre tant à l’intérieur de moi. Il faut faire de ses faiblesses une force, j’avais lu ça il y a longtemps je ne sais même plus où, il faudrait en effet, il me faudrait plus croire, plus croire en moi et ne plus être ainsi fortement rappelée sans cesse et violemment à l’ordre par mon sentiment puissant d’infériorité et tout aussi violent de vulnérabilité. Comment diable font-ils tous ces carapacés, d’où leur vient cette cuirasse joliment agencée, d’où leur vient cette confiance cette assurance cette insouciance que je devine si aisément dans leurs faits, dans leurs gestes, dans leurs manières de vivre ?

Toute ma vie on m’a dit depuis que je suis née, tu es vraiment et c’est folie, beaucoup et trop sensible, je crains avec l’âge de grandement le rester...

 

 

 

31/07/2010

petite blue

Partager la vie et l’intimité, les pleurs les désirs les rires les délires aussi d’une petite fille provoque toujours un petit quelque chose en moi. Auparavant je fondais en larmes, c’était irrépressible surtout au bord de l’eau à la plage, ou quand je rencontrais un papa câlinant sa petite ou une maman la tenant par la main, un effet miroir sans doute, les sanglots remontaient et puis s’épuisaient sur mes joues d’adulte malmenée.
Maintenant c’est différent, ça m’entraine de l’autre côté, ça m’emmène vers celle que j’aurais pu être, celle que j’aurais dû être, celle que je n’ai pas été, ça me permet de la comprendre et de mieux l’appréhender de mieux l’aimer aussi sans doute. Quand elle m’a posé cette question "ça t’émeut, on dirait, ça n’est peut-être pas facile, ça te rappelle ça te ramène, non?" parce que j’avais l’air perdue des yeux à regarder sa gamine petite brindille aux cheveux de blé comme je l’avais été, j’ai répondu d’emblée "oui, toujours ça me trouble, me donne un peu de vague à l’âme et puis plus peut-être, ça me bouleverse, comme si je mesurais ce que j’avais perdu dans les gestes et les demandes et les élans et les envies que peut avoir une enfant choyée et respectée et libre…"


Alors quand  j’ai reçu cette photo, j’ai été très émue et j’ai eu envie de lui parler à cette enfant, celle qui vit à l’intérieur de moi, celle dont je m’occupe, celle que je suis, j’ai eu envie de lui dire des mots simples tendres directs et confiants, j’ai eu envie de la prendre dans mes bras et l’entourer de ma présence.

« Petite fille, ma toute petite, je suis là, je suis là pour toi. Tu n’as plus à te cacher à avoir honte et à te terrer et te taire davantage. Jamais plus je ne laisserais quiconque te manquer de respect te bafouer t’utiliser te maltraiter te mentir t’écarteler, je suis là pour toi maintenant, tu peux compter sur moi je veille, va tranquille cueillir les fleurs de la vie, fais-en des tresses des couronnes des guirlandes et des colliers légers, respire, crée, ris danse joue aussi libère grand ton cœur petit être, petite blue, je suis là pour toi, pour toujours. »

 

 

22/07/2010

"helenablue nue"

 

6a00d8341ce76f53ef00e54f4b80dd8834-800wi.jpg

- Photo Helmut Newton -

 

 

 

Non mais t'y crois toi, v'là-t'y pas que ça démange certains ou certaines de voir Helenablue dans son plus simple appareil. J'avais même encore jamais eu ce genre dans les mots clefs du moteur de recherche. Ça vous arrive à vous? Je me dis, qu'est-ce-que ça peut bien faire de regarder le corps dévêtu de celle qui en dévoile déjà tant, qu'est-ce qui motive un tel appétit un tel besoin une telle aspiration à voir quelqu'une tellement plus insolite et délicate à deviner et à projeter, le trouble l'idée qu'on se fait l'imaginaire ne nourrissent-ils pas de meilleure manière nos fantasmes les plus chers? Je préfère suggérer comme je préfère inspirer, je ne suis pas voyeuriste dans l'âme ni exhibitionniste non plus... N'en suis pas pour autant une sainte, je n'irais pas dire que ce me déplaît tout à fait en fait pour être sincère d'être nue vraiment nue comme un ver mais la nudité a pour moi une valeur intrinsèque et je ne peux la défaire du sentiment de l'intime et de la profondeur de ce que je peux ressentir et en jouer ne me pose pas de problème dans la relation, pas plus que de poser à poil pour quelqu'un que j'aime... Bon évidemment si Polanski ou Almadovar insistent, allez même Woody Allen, ou la réincarnation de Bacon, le double de Balthus ou l'arrière petit fils de Renoir, sauf si cela alimente un pair de Nelligan de Baudelaire d'Eluard, sauf si ce corps invite à une aubade une ode un concerto une trilogie une aquarelle ou si Helmut Newton n'en peut plus d'attendre, je ne dirais peut-être pas non, l'artiste habille de son regard le corps nu, en attendant je ne me sens pas l'âme ni même l'envie ni le délire d'affoler et iconiquement devenir une nouvelle star sur écran plasma avec laquelle on bande dans la pénombre de ses peurs et de ses angoisses ou de ses fantaisies en produisant sur le web ce genre d'image trop ... dépouillée... Quand même! aurait dit sans doute Sarah Bernhardt. J'aime mieux et davantage l'idée de faire jouir, réfléchir et donner du plaisir par des mots suggérants et suggestifs...

 

 

 

 

21/07/2010

de Blue à vous...

Par Laure Kalangel.

La 1000ème note de mon blog, un beau cadeau poétique et tendre, évanescent et dense à la fois...


 

" J'ai tant de visages

L'amour se partage

Descends des nuages..."

 

- Christian Mistral -

 


16/07/2010

laisser venir...

AB%2025M%20FELICITY[1].jpg

toile d'Alain Bonnefoit -

  

11/07/2010

le bain

 

86456479.jpg

C'est mon endroit de prédilection pour méditer, l'endroit de mes décisions les plus importantes, l'endroit source de mes inspirations, de mes fantasmes... J'aime le contact de l'eau sur mon corps, ces particules parfumées qui m'enrobent la chair, j'aime l'apesanteur dans laquelle cela me plonge, j'aime la douceur du geste mon grand corps offert au délicieux récipient lisse de faïence blanche, et même si je le préfère franchement chaud voire brûlant, ce matin c'est de tiédeur voire de fraîcheur dont j'avais besoin, la moiteur caniculaire de ces derniers jours n'encourageant pas vraiment à en remettre une louche...

Et puis il y a celui du soir et celui du matin et ils ne sont pas semblables, néanmoins quelques gestes communs dans le rituel. Le choix de l'essence parfumée d'abord, toujours la même, toujours le même N°, le choix de la musique qui accompagne le moment, ce matin j'étais avec Munir Bachir, l'autre jour avec Aznavour, parfois c'est Brahms ou Schumann qui m'enchantent, d'autres ça n'est que le silence... Le soir je m'entoure de bougies, ça renforce l'ambiance poétique et apaisante, le matin la pièce est inondée de lumière surtout un jour comme celui-ci, j'ai alors plutôt tendance à baisser les paupières pour mieux me recueillir. Quoiqu'il en soit, ce temps de pause récurent et régulier est un moment de grâce que même une douche tonique et sensuelle ne peut détrôner, signe de paresse, retour aux sources foetales, allégement du poids du corps plongé dans un liquide, je ne saurais vraiment dire mais qu'est ce que j'adore ça... mon bain quotidien.

 

 

 

07/07/2010

jour de grâce...

Il est de ces jours rares et précieux où je me sens étonnament femme, féminine, femelle, de ces jours où j'aime mon corps et où je lui rends grâce, de ces jours qui me réconcilient avec ce plus profond de moi, une communion extrême avec mon intime qui me rend intense et légère à la fois. Aujourd'hui est un jour comme celui-ci, alléluia, une sorte de jubilation dense puissante et sereine, comme une évidence... L'évidence d'être tout à fait là.

 

25/06/2010

jamais sans mon rouge...

 

1098497016.jpg

- photo Peter Lindberg -

 

 

Évidemment ça va sembler bien superficiel et bien anodin, pourtant pas pour moi, il m'habille et sans lui je me sens vulnérable, il n'y a qu'au lit où je n'en fais pas usage, enfin... la nuit... J'ai toujours aimé ça...l'objet, la texture, le geste, l'effet... L'objet déjà allez savoir pourquoi, dans mes méandres inconscients je pourrais bien y trouver une explication freudienne mais ce serait tellement trop simple, j'aime l'objet, c'est tout, j'aime passer le bâton sur mes lèvres et j'aime le goût que cela donne à ma bouche, pas toujours partagé au demeurant. Parfois même je me prends à laisser un baiser bruni au dos d'une enveloppe, au bout d'une lettre, au bord d'une coupe de cristal, sur le miroir de la salle de bains aussi en souffle, sur une joue amicale ou au creux des reins aimés comme une gourmandise. Alors ayant subrepticement envie de partager avec vous cette délicieuse futilité, je me suis surprise à même n'avoir jamais jeté un cil sur le nom de celui auquel je m'adonne en ce moment, je vous le donne en mille: "intrigue" ! J'ai souri de toutes mes dents comme si d'un coup je me transformais en une sorte de Mata-Hari, une Marlène, une intrépide instigatrice, une grande séductrice et l'idée même de mon après-midi a soudainement changé de couleur!


13/06/2010

Maria Elena Vieira da Silva

 

vieira da silva - verdure.jpg
picture.aspx.jpeg

L'œuvre de Vieira da Silva surgit et l'aiguillon d'une douce force obstinée, inspirée, replace ce qu'il faut bien nommer l'art, dans le monde solidaire de la terre qui coule et de l'homme qui s'en effraie. Vieira da Silva tient serré dans sa main, parmi tant de mains ballantes, sans lacis, sans besoin, sans fermeté, quelque chose qui est à la fois lumière d'un sol et promesse d'une graine. Son sens du labyrinthe, sa magie des arêtes, invitent aussi bien à un retour aux montagnes gardiennes qu'à un agrandissement en ordre de la ville, siège du pouvoir. Nous ne sommes plus, dans cette œuvre, pliés et passifs, nous sommes aux prises avec notre propre mystère, notre rougeur obscure, notre avidité, produisant pour le lendemain ce que demain attend.

- René Char, 1960 -

 

6a00d8341d53d453ef010537214a53970b-500wi.jpg
img_1163091588038.jpg
2624827932_c17f103ace.jpg

Née à Lisbonne en 1908, l’artiste portugaise s’est exilée en France dès 1928 où elle a été une des fondatrices de l’école de Paris. Avant l'âge de vingt ans, elle étudie la peinture avec Fernand Léger, Charles Dufresne, la sculpture avec Antoine Bourdelle, et la gravure avec Stanley Hayter, tous des maîtres dans leur discipline. En 1930, elle épouse le peintre hongrois Arpad Szenes (mort en 1985). D’abord figurative, au milieu des années 1930, Maria Helena Vieira da Silva ébauche son style en forme de patchwork qui la rendra mondialement célèbre. En 1938, elle accueille dans son atelier parisien le jeune peintres, Nicolas de Staël. C’est dans les années 1950 qu’elle se positionne comme un peintre de premier plan. Elle est morte à paris en 1992.

1357056576.jpg

« Ses toiles reflètent son goût pour les surfaces divisées baignant, surtout à partir des années 1970, dans la lumière si caractéristique du Portugal. (…) Souvent à la frontière entre figuration et abstraction, le monde de cette artiste en quête d’infini est construit à partir d’unités colorées et de lignes qui s’enchevêtrent en créant des espaces labyrinthiques. On pense parfois à Lisbonne, sa ville natale, même si elle y a fort peu vécu. » (extrait de Portugal, Hachette, 2002)

Elle a illustré de nombreux livres, des œuvres littéraires comme des livres pour enfants.

Une fondation inaugure à Lisbonne en 1994 un musée Arpad Szenes-Vieira da Silva qui dépend du Comité Arpad Szenes- Vieira da Silva. En France, le musée de Dijon possède la plus importante collection publique d'œuvres de l'artiste (une centaine de toiles).

 

Centre-Pompidou-2-2017.JPG.jpeg
" Je suis venue à Paris pour des raisons purement intellectuelles, en dehors de toute raison pratique... Du port de Lisbonne, on partait autrefois pour découvrir le monde et ensuite le peupler. A Paris, on le découvre sur place à chaque instant par des moyens spirituels. Et puis, Paris peuple l'espace de ses inventions. Si je n'étais venue à paris à ce moment précis, en 1928, je n'aurais pu continuer à travailler. j'avais besoin de l'instrument avec lequel on part pour l'espace inconnu et c'était à Paris seulement que je pouvais le trouver."
vieira_da_silva-et_voila.jpg
Vieira-da-Silva.jpg
faces-a-faces423940689_272145_mariahelena-vieiradasilva.1186075752.jpg
"Je lègue à mes amis 
un bleu céruleum pour voler haut 
un bleu de cobalt pour le bonheur 
un bleu d'outremer pour stimuler l'esprit 
un vermillon pour faire circuler le sang allègrement 
un vert mousse pour apaiser les nerfs 
un jaune d'or: richesse 
un violet de cobalt pour la rêverie 
une garance qui fait entendre le violoncelle 
un jaune barite : science-fiction, brillance, éclat 
un ocre jaune pour accepter la terre 
un vert Véronèse pour la mémoire du printemps 
un indigo pour pouvoir accorder l'esprit à l'orage 
un orange pour exercer la vue d'un citronnier au loin 
un jaune citron pour la grâce 
un blanc pur: pureté 
terre de Sienne naturelle: la transmutation de l'or 
un noir somptueux pour voir Titien 
une terre d'ombre pour mieux accepter la mélancolie noire 
une terre de Sienne brûlée pour le sentiment de durée"

- Vieira da Silva -

 

vieira.jpg
Ma Helena Vieira da Silva, ost, 1974, 158x178.jpg
Vieira da Silva Reims .jpg

 

 

06/04/2010

sale engeance

Elle arrive ce matin au boulot blême exsangue même. Je n'ose lui demander d'emblée ce qui a bien pu se passer pour elle hier et avant-hier pendant que je me rejouissais de l'arrivée du printemps.

En pleine rupture, elle fuit un homme aimé sous terreur pendant plus de quatre ans, bons ou mauvais les liens se créent, mais qui a trop fréquemment pété les plombs ces derniers mois, qui sans vergogne et avec diablerie la battait, la réveillait la nuit la harcelait le jour, un enfer, une tragédie, une sale engeance. Et quand aprés plusieurs tentatives échouées une perte de poids terrible et de cheveux par poignées elle le quitte enfin dans des conditions dramatiques rocambolesques et inimaginables, elle se pense en paix et se retricote un semblant de vie partie de chez elle presqu'aussi nue qu'un nouveau-né, restaurée avec l'aide d'amis chers qui lui remonte un petit univers pour pouvoir souffler réfléchir à l'avenir du moins l'entrapercevoir à 30 ans y'a moyen, elle arrive ce matin blême exsangue muette d'angoisse choquée. Ici dans son cadre  travail, elle est en sûreté, elle s'y sent protégée et respectée, alors je l'encourage.

- Que s'est-il passé Cath ce week-end de Pâques?

- L'horreur, je suis toute chamboulée, il est venu et il a tout détruit.

- Comment ça tout détruit?

- Quelqu'un de l'immeuble l'a laissé entrer, et puis il est passé à l'extérieur par la fenêtre, sur le palier, au 7éme étage, au 7éme, il était là sur la corniche de quarante centimètres à toquer à mon carreau de cuisine, j'ai ouvert, tu penses, au 7éme étage! Et là, bon sang, il a recommencé ses insultes, que j'avais massacré sa vie, que j'étais une salope une putain une traînée, que j'allais payer qu'il ne me laisserait aucun répis qu'il allait me faire la peau. J'ai eu si peur, j'ai dévalé l'escalier quatre à quatre appelé les flics qui sont arrivés une heure après, là nous sommes montés et il avait tout bousillé, fracassé la télé que je venais d'acheter, lacéré mes bottes au couteau de cuisine, piqué mon ordi, et il avait disparu, qu'est ce que je peux faire, je n'ose plus rentrer chez moi, j'ai porté plainte et squatté chez des potes, c'est un cauchemar...

Ouch! Suis restée sans voix quelques secondes, j'aurais bien laissé ma colère sortir mais je ne voulais pas l'accabler, je ne voulais pas non plus lui redire de penser à elle et de se protéger c'était entendu, je me disais en mon for intérieur, que faire face à un tel flot irrationnel de violence incontrolée et insensée, comment pouvait-il encore penser que c'était la voie à suivre pour regagner ce qu'il avait perdu, sa chose, son bien, sa femme et elle au milieu de tout ça comment peut-elle trouver la force de lutter et de croire en des jours meilleurs, de croire en la vie et de continuer à se battre...


23/03/2010

femme

NIKI DE SAINT-PHALLE OU LA FEMINITE TRIOMPHANTE

- photo de Guidu Antonietti di Cinarca -

En fouillotant à mes heures perdues sur Google, je suis tombée pas vraiment par hasard sur cette interview:

"Etre Femme"

Que signifie être femme aujourd'hui ? Quel est la nature profonde de la femme ? Quand est-elle dans son véritable pouvoir ?

On demande à la femme moderne l'impossible : être belle, douce, réceptive, amante, épouse, mère et, en même temps, professionnellement l'égale de l'homme !

Le défi d'aujourd'hui est donc pour la femme d'être féminine tout en alliant des qualités masculines. La libération de la femme des années 60-70 était bien sûr une étape nécessaire mais insuffisante. La femme évolue et tend à devenir comme l'homme : elle s'habille en jean, elle fume, elle peut être dure, elle est ambitieuse, elle est souvent pressée, stressée et peut ainsi perdre sa beauté de femme et aller à l'encontre de ce qu'elle est réellement!

Car, quelle est la nature profonde de la femme ?

La femme, de par sa nature même, est réceptive. Son désir profond n'est-il pas avant tout d'aimer, d'être aimée et acceptée au plus profond de son âme et de son corps ?

Pour cela, la femme doit donc se retrouver, s'écouter et comprendre que peut être le féminin qui est en elle est : passif, réceptif, accueillant. Découvrir que la vulnérabilité de la femme est son principal atout, et qu'il n'a rien à voir avec de la faiblesse ou de la soumission. La beauté de la femme ne réside pas dans le fait d'avoir un physique de star mais se trouve dans la confiance et la considération qu'elle a pour elle même.

La qualité féminine ne lui permet-elle pas alors d'être totalement dans son pouvoir de femme ?

Etre pleinement femme, serait alors recevoir et offrir à l'autre un espace de coeur et de partage. Un lieu habité par une femme est naturellement plus chaleureux, plus vivant, plus intime, qu'un environnement masculin, certainement plus impersonnel et fonctionnel.

La femme peut alors assumer pleinement ses rôles en étant amante et épouse et, sur le plan sexuel, devenir à la fois initiée par l'homme et initiatrice : elle lui ouvre ainsi les portes du cœur.

Et la femme peut se retrouver aussi dans le rôle de mère, lorsqu'elle accueille dans son ventre un enfant, qu'elle nourrit et à qui elle donne la vie. C'est la matrice dans toute sa plénitude.

Etre femme est donc sensibilité, intuition, prémonition, irrationalité, elle est et restera toujours un mystère pour l'homme.


 

Suite à la lecture de cette note poignante de Soulef, cette autre beaucoup plus légère à priori sur l'humour au féminin de Zoé Lucifer et cette troisième déjà parue depuis un moment et qui avait suscité un vif débat chez Noèse Cogite à la suite d'une note chez Bird parlant de son désir d'être mère pas franchement évident pour un mâle, j'ai eu envie de parler "femme", et vous quel est donc votre spontané ressenti sur celle dont Aragon disait qu'elle est l'avenir de l'homme...

 

 

08/03/2010

8 mars

 

Femme_eventail.jpg

 

Je trouve cela dommage qu'il faille une journée dite "de la femme" pour prendre conscience de leurs existences leurs desideratas, leurs pouvoirs leurs faiblesses et leurs qualités. Bon nombre d'entre elles sont encore placées sous silence maltraitées voir reconnues comme quantité négligeable, d'autres sans doute aussi nombreuses se bagarrent au quotidien pour faire entendre leurs droits et admettre leur valeur. Je suis une femme également en relation avec beaucoup d'autres de toutes sortes jeunes et moins jeunes, sveltes avenantes vieillissantes ménauposées, chefs d'entreprises artistes avocates infirmières institutrices, présidente d'un parti politique, actrices poètes musiciennes, pédiatres chercheuses professeurs agrégées notaires journalistes chanteuses d'opéra, hôtesses d'accueil, de l'air, confirmées, éleveuses de chevaux, financières, mannequins, photographes, coloristes, en quête d'emploi, souvent aussi mères de famille voir grand-mères, en couple, divorcées une à trois fois, veuves, ayant eu un ou plusieurs amants ou pire n'ayant jamais eu accès au plaisir, beaucoup qui passent ainsi avec leurs histoires leur lourde valise chargée d'espoirs de souffrances et de renoncements. Toutes ont en commun cette soif de liberté et cet appétit de reconnaissance pour ce qu'elles sont et pour ce qu'elles peuvent apporter en tant que femme, en tant qu'être humain. Alors même si je trouve ce 8 mars insultant dans un sens, je lui trouve un intérêt dans l'autre. La femme a son rôle à jouer et son chemin à faire pour une société meilleure et plus humaine, qu'on se le rappelle une fois l'an plus médiatiquement n'empêche pas d'oeuvrer chaque jour en ce sens.

 

 

20/01/2010

Complainte

 

9782859409623.jpg

"Laissez-moi" de Marcelle Sauvageot.

 

"Un petit volume si amer, si pur, si noble, si lucide, si élégant, si sévère et d'une tenue si haute dans son allure désolée et déchirée. On serait presque tenté de dire que c'est là un des chefs-d'oeuvre de la plume féminine, s'il n'était inconvenant d'introduire une idée de littérature dans cette confession clairvoyante et meurtrie."

- Paul Claudel -

 

 

Un cri, oui, un long cri des tréfonds de son être, juste et tripant, terrible de lucidité et de noblesse aussi. "Une attention à ce qui est en elle" a dit Charles du Bos, "un ouvrage d'harmonie et de contrepoint" dira Paul Valery, un travail d'orfèvre, un tempérament de femme tout à fait admirable, et un regard sur l'amour et l'amitié, la relation à soi et à l'autre si moderne, si dense. J'ai lu cet unique livre de Marcelle Sauvageot il y a dix ans déjà, relu ces jours -ci j'ai retrouvé ce que j'avais pu y ressentir et j'ai compris aussi les changements opérés en moi, mais ai retrouvé intact le plaisir intense de lire les états d'âme de cette belle personne, cette grande dame.

 

 

"Où est le mal si je restais, si j'acceptais ces insuffisances, si je les aimais? Oh! homme, tu veux toujours qu'on t'admire. Toi, tu ne juges pas, tu ne mesures pas la femme que tu aimes. Tu es là, tu la prends; tu saisis ton bonheur, elle semble ne plus s'appartenir, avoir perdu toute notion: tu es heureux. Elle t'a crié: je t'aime et tu es satisfait. Tu n'es pas brutal; tu es doux, tu lui parles, tu t'inquiètes d'elle; tu la consoles par des mots tendres, tu la berces. Mais tu ne la juges pas, puisque tu lui demandes d'être heureuse par toi et de te dire qu'elle est heureuse par toi. Mais si tu t'aperçois que deux yeux te regardent, puis sourient, tu te révoltes. Tu as l'impression qu'on t'a "vu" et tu ne veux pas être vu: tu veux "être" seulement (...) tes faiblesses sont à moi. Je les ai découvertes peu à peu en t'examinant sans trêve. je souffre que tu aies ces travers, mais je ne voudrais pas que tu en changes.(...) Rien n'est plus attachant que les faiblesses et les défauts: c'est par eux qu'on pénètre l'âme de l'être aimé, âme constamment cachée par le désir de paraître semblable à tout le monde. (..) Ne te plains pas de ce que je te juge et te mesure: je te connais mieux et ce n'est pas pour t'aimer moins."

"Et ce qui me fait souffrir, ce n'est pas tant la mort d'un amour que celle d'un être vraiment vivant que nous avions créé l'un et l'autre... Cet être était une union de vous et de moi, tels que nous le voulions l'un et l'autre."

- Marcelle Sauvageot -