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31/07/2010

petite blue

Partager la vie et l’intimité, les pleurs les désirs les rires les délires aussi d’une petite fille provoque toujours un petit quelque chose en moi. Auparavant je fondais en larmes, c’était irrépressible surtout au bord de l’eau à la plage, ou quand je rencontrais un papa câlinant sa petite ou une maman la tenant par la main, un effet miroir sans doute, les sanglots remontaient et puis s’épuisaient sur mes joues d’adulte malmenée.
Maintenant c’est différent, ça m’entraine de l’autre côté, ça m’emmène vers celle que j’aurais pu être, celle que j’aurais dû être, celle que je n’ai pas été, ça me permet de la comprendre et de mieux l’appréhender de mieux l’aimer aussi sans doute. Quand elle m’a posé cette question "ça t’émeut, on dirait, ça n’est peut-être pas facile, ça te rappelle ça te ramène, non?" parce que j’avais l’air perdue des yeux à regarder sa gamine petite brindille aux cheveux de blé comme je l’avais été, j’ai répondu d’emblée "oui, toujours ça me trouble, me donne un peu de vague à l’âme et puis plus peut-être, ça me bouleverse, comme si je mesurais ce que j’avais perdu dans les gestes et les demandes et les élans et les envies que peut avoir une enfant choyée et respectée et libre…"


Alors quand  j’ai reçu cette photo, j’ai été très émue et j’ai eu envie de lui parler à cette enfant, celle qui vit à l’intérieur de moi, celle dont je m’occupe, celle que je suis, j’ai eu envie de lui dire des mots simples tendres directs et confiants, j’ai eu envie de la prendre dans mes bras et l’entourer de ma présence.

« Petite fille, ma toute petite, je suis là, je suis là pour toi. Tu n’as plus à te cacher à avoir honte et à te terrer et te taire davantage. Jamais plus je ne laisserais quiconque te manquer de respect te bafouer t’utiliser te maltraiter te mentir t’écarteler, je suis là pour toi maintenant, tu peux compter sur moi je veille, va tranquille cueillir les fleurs de la vie, fais-en des tresses des couronnes des guirlandes et des colliers légers, respire, crée, ris danse joue aussi libère grand ton cœur petit être, petite blue, je suis là pour toi, pour toujours. »

 

 

26/07/2010

intériorité introspective...

 

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- "L'homme Bleu" de Patrick Natier -

 

Il y a tout ce qu'on ne peut pas voir, tout ce qu'on ne veut pas voir, tout ce qu'on ne veut pas regarder et tout ce qu'on a malgré soi imprimé. Un jour ça te pète à la gueule et tout se déroule devant tes yeux à l'intérieur comme une succession d'images de flashs divers nauséabonds, tout prend la couleur de l'enfer avant c'était la nuit, tout prend les formes du pire avant ce n'était rien, et tout prend sa place aussi, tout devient clair, tout s'explique. Etonnant et douloureux voyage de l'introspection dans le monde pourri d'une enfance écorchée, rédemption et connaissance renaissance à soi récupération des sens réveil à l'ouverture et au regard enfin qu'on peut porter en toute sérénité sur et en soi-même et qui balaie le monde avec appétit et tendresse. Hurlante lucidité retour à la mémoire perte de l'amnésie, tout ce qui fait tomber le masque de la peur de l'effroi tout ce qui redonne courage et foi permet de retrouver le visage de son humanité abîmée.

 

 

15/07/2010

lettre à ma mère

Maman,

 

Les années passent et je ne peux toujours pas t'appeler chère maman, je crains d'ailleurs que cela me reste impossible à mon grand regret.

Je t'ai haï, maman, j'ai haï te haïr, j'ai même eu très peur d'éprouver cette émotion avec autant d'intensité, de violence, d'évidence aussi. J'ai eu très peur de devenir monstrueuse et meurtrière tant la puissance de feu de ce sentiment nouveau pour moi à l'époque, il y a de ça plus de dix ans maintenant, m'a terrassée et m'a crucifiée de douleur.

Nous avions pas mal de différents et ça depuis un moment, ça faisait pas mal de temps qu'on ne pouvait plus se parler ni s'entendre ni même s'approcher tant la blessure était grande. Tu n'as jamais supporté cette vérité qui est la mienne, tu ne le peux davantage aujourd'hui mais cela n'a plus la même importance dorénavant, j'ai fait ce que j'avais à faire pour sauver ma peau et celle de mes fils, devenir ma propre mère; néanmoins je ne peux m'empêcher de penser souvent à ce moment précis de ma vie, ce moment où j'ai finalement tué ma mère, tué ma maman idéalisée, tué celle que j'aurais voulu et eu besoin que tu sois, ce jour où j'ai fait sauter pour de bon ce verrou "amnésiant" et aliénant qui aurait pu me rendre vraiment folle pour de bon, ce moment précis de ma vie où j'ai hurlé et craché du fond de mes entrailles: " maman je te hais". J'ai vraiment eu peur des mots, moi qui ne les craignais guère, peur de leur intensité peur de leur influence peur de la vérité de l'horreur dans laquelle tu m'avais plongé depuis ma naissance.

Maintenant je l'ai bu jusqu'à la lie cette haine, j'ai même compris qu'elle pouvait revêtir les mêmes atours que l'amour, s'infiltrer dans les mêmes voies les mêmes canaux, "l'ahour" devrais-je dire, car après l'avoir ressenti si profondément dans toutes les fibres et méandres de mon être, elle s'en est allée pour faire place au véritable amour, pas pour toi maman, cela me sera toujours probablement difficile j'éprouve à ton égard plutôt une sorte de compassion, non, je te parle de l'amour tout court, l'amour de la vie, l'amour de l'amour, l'amour de l'art, l'amour de l'autre, de mon corps, de mon sexe, de la femme que je suis devenue, l'amour de l'homme, du masculin, de l'alter ego et l'amour de mes enfants, l'amour de mes enfants de la maternité de la famille. Car vois-tu, ce qu'il y a de plus douloureux pour moi et qui le reste encore, ce n'est pas tant que tu n'aies jamais pu m'aimer que celui que tu ne m'aies pas permis de le faire.

J'ai bien essayé d'y tendre, oh oui, de toute la force dont j'étais capable, je me suis écartelée jusqu'au presque point de rupture pour éprouver exprimer partager cet amour auquel je n'avais pas accès, et ça n'est qu'en le découvrant, qu'en débloquant la source en déverrouillant le passage que j'ai mesuré à quel point j'étais loin de la réalité.

Vivre l'amour est bien plus intense bien plus stupéfiant de beauté et de simplicité, bien plus nourissant que ce que je n'imaginais.

Tard, mais pas trop tard je l'espère, quoique certains jours j'en doute et que cela me désespère, tard mais pas trop tard j'ai pu l'offrir en cascade à mes fils déjà grands et qui me l'ont rendu au centuple eux-mêmes soulagés de cette libération tant attendue.

Si tu savais, maman, à quel point tout cela endommage, à quel point tout cela t'a toi-même endommagée et à quel point on renoue avec soi-même en explorant ce chemin de la vérité et de l'épreuve, ce chemin que tu as toujours redouté et comme je peux le comprendre, tu t'autoriserais à ton tour cette haine en amont, qui, une fois sortie de soi ouvre la porte à la vie même dans toute sa quintessence.

Take care, maman.

Ta fille

 

04/07/2010

ode à l'oued, l'invitation au voyage...

 

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Chagrin d’oued



Ne pleure pas Joumine, *
Oued de mes dix ans !
Mon ombre se dessine,
En haillons lumineux, sur tes étoiles.
Ne pleure pas !
Cette poupée, fée de lyre,
Danse sur les  lames de l’horizon,
Tranches de nuit
Que tu bois dans tes ivresses,
Oraison des séparations.
Ton supplice qui atteint mes lèvres
S’agrippe à mon cou et le serre
Comme un chant solitaire
De vin bu à tes naissances.
Il me baigne de lauriers jusqu’à l’absence.
Danse,  mais danse donc, mon oued !
Chasse au loin cette affreuse mine morose !
Reprends ton cours heureux !
Regarde, sur tes doigts roses,
S’est posée  une colombe bleue !
Ecoute ses caresses !
Ce train pour lequel clapote
Le mouchoir de ton onde
Ne reviendra plus !
Ô ne pleure pas !
Mais ne pleure plus !
Chasse donc tes détresses !
Patience, car un jour tout cesse,
Dans ces roulis de la vie !
Rendors-toi dans ton lit,
Mon oued, et oublie !

- Mokhtar El Amraoui -

*Oued(rivière) qui traverse ma ville natale Mateur(à trente kilomètres de Bizerte)

 

 

24/06/2010

mon enfance

 

" J'ai mis mon dos nu à l'écorce... l'arbre m'a redonnée des forces... tout comme au temps de mon enfance. "

" Car parmi tous les souvenirs, ceux de l'enfance sont les pires, ceux de l'enfance nous déchirent..."

 

 

Mais je n'ai pas eu tort.

Et jamais ne le regrette, même si oui, pour moi, les non-souvenirs de l'enfance sont les pires...

 

 

10/05/2010

devenue femme

 

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Blue par Laure K -

 

 

Quelle sorte de vie aurais-je eu si tout cela n'était pas arrivé, si j'étais née ailleurs autrement? Quel sorte d'individu la vie aurait-elle fait de moi si, préservée choyée respectée et protégée j'avais pu avoir une enfance plus harmonieuse et humaine?

Je pensais à ça à priori tranquille et sereine hier soir après avoir visionné ce reportage d'Arte sur l'inceste, reportage pudique et poignant à la fois d'enfants témoignant d'abus répétés au sein de la famille frère oncle grand-père et celui d'une mère sobre lucide ayant après n'avoir rien su faire pendant dix ans pour ses deux filles accompagné leur parcours de reconnaissance de la vérité devant la justice. Quelle aurait ma vie si nous avions pu tous les trois, mon frère ma petite soeur et moi traduire notre grand-père devant les tribunaux, qu'en serait-il de ma mère qui n'a jamais pu elle voir en face ni exorciser ce qu'elle même a vécu avec une rare violence, qu'en serait-il de mon père confronté à ses propres démons, et de l'ogre aujourd'hui mort de sa belle mort et en moisissure lente au fond de son caveau, de sa femme fraichement décédée rendue folle par la vie qu'il lui a fait mener? Frappant dans ses témoignages, la disparition de toute haine, de tout ressentiment, juste cette volonté de comprendre et de construire enfin, tout comme ce que je ressens depuis quelques années, tout ce chemin parcouru pour sortir de la fange dans laquelle on s'est servi de mon corps de petite fille, de mon sexe de mon esprit mais où j'ai pu sauvegarder mon âme, cette part d'inaliénable.

Je n'aimerais pas être une autre que celle que je suis, mon chemin du combattant m'a ouverte à l'humanité, ma souffrance à l'humilité, ma terreur au sens de l'humour, toute cette violence à l'art et, le secret à l'écriture et au besoin de faire autrement. Toutefois certaines fragilités demeurent et parfois les fêlures se réveillent, on ne peut avoir approché la folie d'aussi près et l'amnésie profonde sans séquelles sans dégâts collatéraux sans bavures et sans mécanismes de défense psychique appropriés, sans une sorte d'attirance dangeureuse aussi à l'auto-destruction ou à l'oubli de soi, le tout étant d'en avoir conscience et de l'accepter, d'accepter ces dommages... Ce fut et c'est encore un long parcours, parfois truffé d'embûches et de piéges, je n'ai pu retenir mon émotion impossible à endiguer en visionnant au cours du reportage ces images de petits films de famille de vacances au bord de la mer, ces paradis de l'enfance pour les uns et enfers pour les autres!

Aprés bien des déchirements des cris d'horreur des sautes d'humeur des doutes lourds comme le plomb des erreurs d'appréciation de situations d'individus de limites, dîfférentes somatisations un peu partout des handicaps de toute sorte autant sexuels qu'affectifs, corporels que spirituels, aprés d'énormes déceptions d'énormes souffrances d'énormes deuils et d'énormes efforts pour recoller tout ces bouts de soi, et même s'il m'arrive d'être en proie à d'horribles incertitudes et de sombres pensées je n'aimerais pour rien au monde ne pas être celle que je suis aujourd'hui dans son entiereté avec son vécu et son "à vivre" et sa vivance du moment, et je remercie la vie pour la femme que je suis devenue.

 

 

 

27/03/2010

Forsythia

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C'était plus fort que moi, cette floraison jaune et présage de printemps m'y ramenait inexorablement. J'ai mis des années à comprendre le rejet irrévocable de cette fleur annonciatrice de beaux jours et de lumière qui ne m'inspirait qu'ombre et sombres pensées. Je reste encore aujourd'hui stupéfaite de l'impact d'une image gravée au fond de l'inconscient, tout comme certaines odeurs d'ailleurs, ces sortes de madeleines empoisonnées. Et pourtant c'est un jour comme aujourd'hui que l'explication a jailli, en laissant mon regard baguenauder alentour, un jour comme ce matin tout pareil la nature de l'émotion revenant en boomerang, intacte: il y en avait UN, énorme à la porte d'entrée de la maison abritant les dix premières années de mon existence, un gros forsythia vigoureux et florifère qui chaque année annonçait la montée de séve et donc dans la foulée la demande plus gourmande des protagonistes qui ont tourmenté, traumatisé mon enfance, ce jaune là pétant de vie me donnait du gris mortifère à l'âme, du moins tant que le fantôme de l'inceste était là... Maintenant je ne tremble plus à l'évoquer, voire même le voir...

 

 

07/03/2010

Pyrograve

A dire vrai pourtant gravé dans ma mémoire je n'y accédais pas d'emblée, l'évocation de pyrogravure dans un blog ami m'y a ramenée pourtant, l'effet boomerang... Au lycée, en cinquième j'ai souvenir d'une vaste cour plantée de modules préfabriqués à côté du bâtiment 19 ème, goudronnée austère mais vallonnée par ailleurs, j'y ai fait mes premiers gadins en skate! J'adorais ça, pyrograver, c'était au cours d'arts plastiques appliqués. J'aimais l'odeur du cramé dans le bois, j'aimais l'idée de la trace indéfectible, j'aimais y faire des arabesques et des phrases de style en lettres gothiques chiadées, j'y mettais tout mon coeur! Mais, oh ces "mais" qui ont tant ponctués ma jeunesse éprise de romantisme et d'éperdu, le prof, Père, de son état au sens religieux, m'avait prise en charité, grave, avec le recul et la lucidité acquise avec le temps et les dents, cela ne me paraît pas si étonnant mais sur le moment complètement. Je voulais absolument finir, la scène m'apparaît si clairement que j'en ai peur moi-même, finir disais-je une planchette bourrée de mots d'espoir et d'amour pour maman à l'occasion de la fête des mères, j'ai oublié la phrase si importante pour moi à graver dans la fibre de l'arbre, je voulais peaufiner et j'avais obtenu l'autorisation de venir en dehors des heures de cours sous la tutelle de mon professeur, ça va sans dire douze ans c'est pas grand pour une petite. Il m'a coûté cher cet extra, le bougre avait la main baladeuse plutôt en dessous du nombril et plutôt dans la culotte des filles, j'ai pourtant résister mais pas suffisamment, j'avais été à bonne école et je savais me laisser faire et lui le savait aussi, comment... il a dû le sentir  sans doute comme tout bon chasseur. Sauf que je n'ai plus voulu y retourner et que cela a levé des inquiétudes, j'étais plutôt du genre qui roule, j'avais changé aprés, et toute l'affaire est sortie à grand bruit, la prof de science Nat s'en est mêlée, j'étais pas la première sauf que j'étais la première à avoir boycotté le cours de travaux manuels et puis ils ont étouffé l'affaire, on était chez les curés quand même!

Depuis, je n'ai plus jamais pyrogravé.

 

 

17/02/2010

page d'histoire perso

Ma grand-mère maternelle vient de mourir, 94 ans bien malade depuis un bail, elle n'avait plus toute sa tête, après une agonie d'une dizaine de jours insoutenable pour ma mère elle a rendu l'âme dans cette solitude qui a toujours été sienne au fond. La dernière fois que je l'ai vue ce n'était pas dans des circonstances légères, je venais alors lui demander des comptes par rapport à son inactivité face aux troublantes et incestueuses activités de son pédophile de mari, une entrevue pas banale et assez violente qui ne lui avait pas franchement plu ce que je peux comprendre avec le recul maintenant et qui nous a laissées elle et moi comme ça sans réaction ni d'un côté ni de l'autre pendant une quinzaine d'années. Depuis son décès je fais des rêves nouveaux, elle m'apparaît plus jeune avec sa permanente à laquelle elle tenait tant et ses mains rougies par le travail mais surtout des souvenirs remontent que j'avais occultés, des odeurs des sons des images, sa terrine de lapin aux pruneaux, ses petites tricheries aux cartes, ses câlins maladroits, son " ainsi font font font les marionnettes", le petit panier offert pour cueillir les cerises, le baiser obligé au crucifix au dessus de l'énorme lit bateau à l'édredon fleuri dans lequel je couchais parfois pendant les vacances scolaires... Une brave femme au fond, quatorze frères et soeurs, énorme famille régit comme un régiment tous à la baguette, ses parents n'étaient pas tendres du peu que je me souvienne, sa mère surtout, elle n'a pas eu une vie facile ni frivole travaillant à la ferme du matin au soir, c'est elle qui m'a apprise à traire les vaches, une vie de labeur de chaque instant mais elle ne se plaignait jamais, du moins je ne l'ai jamais entendu se plaindre. Je ne sais dire si je suis triste aujourd'hui de ne pas l'avoir revue depuis et je m'efforce de garder d'elle ce qui a pu et dû sans doute être bon pour moi malgré tout, ce qui me frappe par contre c'est l'attitude de ma mère son unique fille qui en perdant la sienne me sollicite plus que de coutume et se réintéresse à moi comme si elle prenait conscience d'un coup de l'importance de cette filiation. Pas pour autant que la relation soit simple, toujours compliquée et à double tranchant, pourtant je me sens plutôt apaisée et je crois que je commence à accepter cette part d'obscur en elle et tout ce à quoi elle a du elle aussi faire face même si je n'en aime ni les conséquences ni les dégâts collatéraux. Une autre page de l'histoire familiale se tourne, une mémoire s'éteint, une autre s'ouvre une sorte de soulagement bizarre, comme si ça s'épurait de soi-même, je le vois chaque fois un peu plus dans le regard aimant de mes enfants et dans celui que je porte sur la vie...

 

 

13/01/2010

Des fleurs en hiver

 

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Visionnement tard dans la soirée d'un téléfilm américain comme eux seuls savent le faire, appuyé en diable, shaker de tous les ingrédients nécessaires à faire venir la larme, une histoire chassé croisé de relations parents enfants, hum, plutôt mère fille père fille, genre une fille qui vient de perdre son père infirmière aux urgences et qui sauve une vieille dame atteinte d'un cancer du poumon pendant qu'il meure juste à côté de cinq balles dans le thorax. La vieille elle même en conflit avec sa fille qui n'accepte pas de voir sa mère en phase terminale et surtout d'en rire, d'en plaisanter, d'avoir l'air de s'en foutre, oh, j'oubliais la fille de la mère en question enceinte bien sûr, un bon mélo du Dimanche soir. Sauf que je n'ai pas versé une larme mais un torrent, sauf que la maman mourante était jouée par Gena Rowlands, sauf qu'elle joue de surcroit le rôle d'une brillante pianiste, sauf que la musique de Chopin dans les moments boîte à kleenex, sauf que ces morts qui vivent en nous, les amours manqués, les paroles non dîtes, les réconciliations, le happy end ou presque, les tulipes jaunes qui poussent dans la neige blanche, ça m'a remuée sec et profond et je me suis mise à l'horizontale dans des gros sanglots d'enfant emmitouflée dans un pyjama douillet chaussettes comprises, j'avais si froid dehors et si liquide et humide en dedans.

Plusieurs rêves ont secoués ma nuit mais un plus tenace, évident comme un flash: j'écris à mon cousin!

Ce cousin parmi tous mes cousins est le fils aîné du frère de ma mère, son frère préféré, je le soupçonne de l'être parce qu'il a failli tuer son père à coup de pioche, mon parrain de plus, celui aussi des frères de ma mère qui a épousé une des sœurs de mon père, Olivier de son prénom, il était avec Maxime, l'autre fils aîné de l'autre frère de ma mère mon cousin préféré, nous étions les trois aînés faut dire de ce côté il y avait de quoi se serrer les coudes, gamins on a fait les quatre cent coups ensemble gentiment, la dernière fois que je l'ai vu et entendu, j'avais 15 ans. Et là, suite à un véritable suintement outre-atlantique me prenait une viscérale et imposante envie, voir besoin de lui écrire trente années après, je réitère, le cheminement de l'inconscient est imprévisible et surtout il ne connaît aucun repos ni RTT...

Les fleurs qui poussent dans la neige. Des fleurs en hiver.

 

Cher Olivier,

Je vais sans doute te paraître une revenante, on le serait à moins, pas vu ni entraperçu ni parlé depuis de longues années, pourtant cela ne me semble pas si loin quand j'y repense. Je ne sais de toi que ce que ton père m'en a dit lors de l'unique visite que je lui ai faite il y a bien quinze ans maintenant, j'y ai appris que tu étais kiné et que tu exerçais à Paris, j'aurais pu faire des recherches plus approfondies à l'époque, n'en ai pas eu la force. Je venais de lui parler de son père, tu sais, peut-être t'en a-t-il touché un mot, c'était mon souhait mais je n'en suis pas certaine, son père, notre grand-père... Je venais lui parler de moi, de mon frère ma sœur de la tienne, la petite écrasée par un camion en le fuyant et l'autre portant comme moi un prénom de martyre, de sainte, de celle qu'on jette aux lions.

Je ne sais comment est ta vie, si tu as rencontré l'âme sœur si tu es toi-même papa, je me souviens de toi d'une manière assez vague surannée n'ayant plus aucune photos de famille à mon actif toutes brûlées dans une grosse caisse noire au milieu de ma cheminée un hiver torride il y a un bail maintenant.

J'aimerais que l'on se voit, qu'on se raconte, qu'on se retrouve, la vie passe si insensée, je voudrais qu'on puisse se parler avant le décès de mamie, que je te dise ce que sans doute tu sais dans ton for intérieur ou que tu sais tout court quoique j'en doute, les secrets sont bien gardés dans nos familles respectives d'un côté comme de l'autre.

Je reconnais que mon initiative est brutale et directe mais je ne peux pas ne pas le faire, alors appelle-moi ou déchire moi ou répond moi ou laisse pisser, l'important finalement c'est de savoir que tu existes et que tu connaisses mon existence en retour.

Je suis moi même mariée depuis 25 ans, je vais bientôt très bientôt avoir 45 ans moi qui pensais ne jamais passer la quarantaine, mise sous quarantaine si jeune, je suis mère de trois fils grands sensibles et fiers. J'habite Lille, de Paris c'est une heure de TGV, d'une vie à l'autre une éternité.

Take care, et fait comme bon te semblera.

Ta cousine.

HB

 

 

Alors voilà, j'ai posté ce courrier, papier bleu enveloppe de même couleur, encre noire à l'adresse que j'avais eu par ma tante, la femme de mon parrain qui avait couru derrière ma voiture pour que je dise à ses enfants ce qu'elle ne pouvait dire accepter voir reconnaître, je n'ai pas eu le courage à l'époque, pas le courage, et maintenant que je fais face, maintenant que la boucle est presque bouclée pour moi et que je peux comprendre et accepter, Gena jouant ce petit bout de morceau de Mozart dans ce moovie pour coeurs en détresse m'en donne la force, j'en suis toute remuée et miel aussi voilà que je retrouve au fond d'un carnet cette adresse oubliée et que je lance mon flacon d'encre et de papier dans les tuyaux des postiers.

Une fleur en hiver.

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05/01/2010

pin quotidien

 

Deux fois l'an, au moins, toute la famille descendait au fin fond de la Haute-Loire dans une ferme isolée en ruine à plus de mille mètres d'altitude, l'air y est soi-disant plus pur, j'en suis pas si sûre... Là-haut on vivait comme des ermites repliés sur nous-mêmes, ça avait aussi du bon, parfois, des heures devant la flamme du foyer ou à errer dans la campagne boisée et sauvage, écouter le ruisseau derrière égrener ses notes cristallines ou embrasser la vaste terre seule au monde.

Chaque départ était une véritable expédition, un déménagement presque, on partait avec au moins de quoi vivre pour la semaine ou le mois, poules poulets légumes victuailles en tout genre et puis aussi tous les matériaux nécessaires à la rénovation du bâtiment qui nous hébergeait, tout ça s'entassait vaille que vaille dans un van que mon padre avait acquis pour transporter occasionellement le cheval de mon frère, un ancien artiste de cirque sauvé in extremis de l'abattoir, pas un pote à moi en tout cas, il ne m'aimait guère il faut dire que notre première rencontre ne s'était pas franchement bien passée, suis tout de suite tombée et il m'a trainée le pied coincé dans l'étrier au milieu des herbes et des orties pendant quelques mètres assez inoubliables...

J'y avais un ami, pas tout jeune mais je crois qu'il y vit encore, je ne l'ai pas revu depuis plus de vingt ans, un ami sincère à qui je confiais volontiers mes états d'âme, je m'asseyais contre lui à bavasser, pleurer, rire, parfois je gesticulais endiablée lui toujours impassible et serein et je vociférais des mots atroces, j'hurlais ma colère, ma douleur, mon désarroi pour finir contre lui enlacé à sa puissance et à sa force rassénérante. Il m'a toujours été fidéle, n'a jamais bronché à mes excés et ne m'a jamais abandonnée même quand j'ai espacé mes visites. Une fois, la plus torride de notre histoire, désemparée par un cauchemar récurent, je suis arrivée nue en pleine nuit l'enserrant de toutes mes forces pour m'imprégner de sa séve, frottant ma peau fragile et blanche à sa couenne grise endurcie, me donnant à lui jusqu'à l'orgasme, la lune était belle et lui majestueux et noble, mon corps en tressaille encore d'aise quand je repense à son tronc vigoureux. Il a été pendant toutes ces années adolescentes mon pin quotidien, et est à jamais engrammé dans ma mémoire, sa présence tranquille et son silence apaisant me manque aujourd'hui ...

 

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20/12/2009

"Faire l'ange"

 

Il a neigé par chez nous pas mal depuis quelques jours mais cette nuit plus qu'à l'accoutumée et un grand lit blanc soyeux a recouvert toute la ville de Lille et la campagne alentour, magnifique!

Il m'a dit "va donc faire un ange blanc dans ta neige feutrée", ouate épémère si rare chez nous de cette épaisseur même au Nord. Faire l'ange... Il m'a dit encore "tu sais ce que c'est bien sûr" alors que je faisais sans rien oser dire une découverte de taille formidable et si étonnante; des souvenirs de neige j'en avais bien du temps où j'étais une sale gamine blondinette à la fifi brindacier au coeur rose et au corps gracile, des inoubliables batailles de boules avec mon frangin où je finissais toujours en larmes rageuse d'en prendre plein la figure, pis les bonhommes de neige aussi j'adorais ça les élaborer et plus encore les accessoiriser carotte pour le nez, petits cailloux pour les yeux et les boutons de la veste fictive branchages divers pour la tignasse éflanqué d'un balai et parfois d'une brouette pour trimballer une ribambelle d'autres mini bonhommes tout serrés les uns contre les autres, mais faire l'ange dos contre terre agiter les bras pour en imprimer les ailes j'avais jamais entendu parler ni tenté. J'ai d'abord cru à une sorte de poésie neigeuse et sucrée mais que nenni une réelle pratique aboutie et artistique. Il m'a fallu m'équiper dare dare enfiler mes bottes ma doudoune ma tuque mon gros cache-nez tricoté main et mes mitaines toujours préférées aux gants même si je me géle le bout des doigts pour me lancer à corps perdu dans le froid de ce Dimanche lumineux.

Ben si pas si facile je dois dire à réussir, et la première fois j'étais bien déçue du résultat, j'ose même pas vous dire le ridicule de mon envolée en comparaison à celui d'un ange expérimenté, voyez vous même celle d'un as du battement d'ailes;

 

alors j'ai décidé de me parfaire et comme il doit tomber encore quelques centimétres demain dans la nuit réitérer l'opération au petit matin du mardi comme on dit par icitte. Quel beau et magique résultat, quelle sublime esquisse que cette empreinte agitée qui méne au ciel...

Merci pour cette superbe découverte Black Angel, un beau cadeau pour ces fêtes indeed! Que c'est beau!

 

 

 

08/12/2009

De la peur.

J'ai vécu dans la peur longtemps. Peur de déplaire peur de peiner peur de ne pas être à la hauteur peur d'exister, peur de l'abandon du détournement de regard du doigt pointé autant que du propos mielleux fielleux libidineux, peur plus encore de moi-même que de l'autre, de mon image de mon ombre et de sa grande part dans ma vie, peur du sexe du plaisir du conflit de la beauté du possible de l'impossible aussi, et puis va savoir va comprendre va donc mettre toujours un mot pour expliquer et donner un sens un jour très proche là hier sans doute un peu plus loin en fait je n'ai plus eu peur, j'ai décidé engrammé accepté revendiqué et enlacé cette peur intrinsèque et générée, et je me sens sans rire et sans détour tellement plus vivante!

 

 

Dès l'aube.

Tu poses la chose sur la toile cirée multicolore de la table de cuisine, tu déculottes tu découches écartes les petites cuisses potelées, là tu fourres allégrement ta langue robuste dans la fente fragile tu t'émoustilles et tu dégaines te fais biberonner le manche gris durci velu, slurp slurp, tu te finis, a mano, et tu remballes le matériel.

Fin prêt ta journée peut commencer.

 

 

16/11/2009

décorporalisation

 

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C'est la première fois que je lis ce mot rencontré dans un article sur la prostitution et amené par Judith Trinquart médecin de santé publique, ça m'a frappé car c'est exactement ce qui est arrivé à l'enfant que j'étais lors des abus perpétrés dans la famille, les symptômes sont les mêmes, pendant l'acte sexuel on se détache de son corps, on est plus là pour ne pas ressentir le vécu. Ca m'a longtemps taraudé et mise en souffrance dans ma vie de femme cette absence sur laquelle je ne pouvais rien, le mécanisme se mettant d'emblée en route, un mécanisme réflexe somme toute qui me venait de si loin. C'est vraiment un processus dissociatif qui dans le cadre d'une relation amoureuse et aimante est très handicapant, et pour celui qui le vit et pour celui qui le partage. On ne sent plus son corps il n'est plus qu'un instrument, pas faute d'essayer d'y tendre de tout son être, cela m'était et m'a été pendant longtemps inaccessible. A qui appartenait mon corps, à qui appartenait mon sexe? Ce genre de questions que je ne me posent plus mais qui ont alourdi considérablement ma sensibilité à l'érotique en live me réfugiant alors dans la littérature de cette nature et dans l'imaginaire, ce qui m'a aidée à avancer au fond en partie, à force d'y penser et d'y croire.

Ce n'est pas par besoin de voyeurisme d'aucune sorte que j'ai eu envie de rebondir sur ce concept qui n'avait jusqu'alors pas de mot pour moi mais juste pour exprimer la non irrémédiabilité de ce processus, pour cela il faut réaccaparer l'image de son corps, le réinvestir cela n'est possible qu'en sortant du processus de victimisation qui anesthésie et qui maintient dans cette torpeur, sortir du cercle infernal du "je ne vaux rien, je ne suis rien" et s'arroger le droit et le devoir de s'occuper de soi. Une aide extérieure est alors la bienvenue, les témoignages aussi et puis réapprendre la sensualité de son corps par le toucher, les massages, et l'écoute. C'est un travail de longue haleine mais qui en vaut la peine, j'ai découvert le plaisir tard, parfois encore il m'échappe mais Dieu que c'est incomparablement bon que d'être toute là dans les joies expressions et fantaisies du sexe.

 

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Judith Trinquart, médecin, est l’auteure d’une thèse sur la décorporalisation dans la pratique prostitutionnelle. Elle nous explique ce processus et revient sur les conséquences physiques et psychologiques de la prostitution  

Le thème de la décorporalisation est au coeur de vos travaux. Pouvez-vous nous expliquer son processus?

La décorporalisation est engendrée par la violence que représente la situation prostitutionnelle avec sa répétition d’actes sexuels non désirés. Ce processus agit à la fois sur deux plans.
Sur le plan psychologique, il conduit à une dissociation de l’image corporelle. Deux personnalités apparaissent : la personnalité privée, en dehors de la prostitution, et la personnalité prostituée dans le champ de la situation prostitutionnelle.  La personne prostituée essaye de protéger au maximum la personnalité privée de ce qui se passe dans la situation prostitutionnelle.
Sur le plan physique, on peut constater l’apparition d’un seuil de tolérance à la douleur très élevé. La personne essaye de se protéger, physiquement, du ressenti de ce qui se déroule pendant « les passes ». Elle se coupe d’une partie d’elle-même, de ce qu’elle ressent dans la situation prostitutionnelle. On parle alors d’« hypoesthésie », c’est-à-dire d’une diminution du ressenti, des sensations qui, quand la situation se prolonge peuvent conduire à une absence du ressenti de la douleur.

Des personnes prostituées frappée pendant l’activité prostitutionnelle ne ressentent pas la douleur ; puis lorsqu’elles rentrent chez elles et se regardent dans la glace, elles voient les écchymoses, les contusions... Ces mécanismes d’hypoesthésie et d’anesthésie conduisent à une auto-négligence de soi : le corps devient instrument, objet.
La décorporalisation est très nette chez les personnes prostituées mais on l’observe également dans d’autres contextes, notamment chez les femmes victimes de violences conjugales à répétition ou chez les personnes en situation de clochardisation.


Quelles sont les conséquences physiques et psychiques de l’activité prostitutionnelle ?

On a de nombreuses conséquences physiques notamment sur le plan gynécologique (peu ou pas de suivi ou de dépistage pour les cancers), les problèmes péri-ménopausiques, la contraception, des problèmes d’ordre traumatique. on a également une mauvaise prise en charge du problème infectieux en général (on ne les voit venir que lorsque les maladies sont déjà évoluées)...
Sur le plan psychologique, que ce soit des dépressions, des angoisses, des phobies, ou des tentatives de suicide, les taux sont beaucoup plus élevés que dans la population en générale. On observe une aggravation des maladies ou troubles à composantes psychosomatiques comme les maladies cutanées, les maladies d’origine gastrique, les problèmes rhumatismaux, les pathologies d’ordre addictif (toxicomanies). D’un point de vue général, la situation prostitutionnelle aggrave les désordres sanitaires...

Par ailleurs, bon nombre de personnes sont atteintes de PTSD ou Post Traumatic Stress Disorder qui peuvent prendre de multiples formes : des souvenirs répétitifs et envahissants, des cauchemars, la peur que l’agression se renouvelle, des conduites d’évitement, l’hypervigilance, la réduction des contacts et des affects pour éviter tout  ce qui semble risquer de répéter l’agression, des troubles du sommeil engendrés par cette hypervigilance, des troubles de la mémoire et de la concentration. Certaines études avancent le chiffre de 67% de PTSD sur une population observée de personnes prostituées.


Pouvez-vous nous parler de l’impact des antécédents (violences sexuelles ou autres) observés chez bon nombre de personnes prostituées ?

On s’est aperçu récemment que les cas d’antécédents de violences sexuelles (inceste, pédophilie, viols) dans la population des personnes prostituées représenteraient de 80 à 95% des personnes. Les proxénètes qui utilisent les viols individuels ou collectifs pour formater les filles de la traite l’ont d’ailleurs très bien compris.
Quand il n’y a pas d’antécédents de violences sexuelles, on retrouve très souvent des contextes de vulnérabilité sociale avec des familles fragiles, précaires, maltraitantes ou désociabilisées.
Il y a systématiquement un facteur déclenchant d’entrée dans la prostitution. Mais si le contexte économique précaire peut jouer, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas n’importe quelle personne qui se lancera dans la prostitution.


Dans l’idéal, quelles seraient les solutions thérapeutiques les mieux à même de répondre à cette décorporalisation ?

La première chose à faire est évidemment de stopper la situation prostitutionnelle. Il faut ensuite casser cette loi du silence. C’est un milieu où les personnes n’existent pas, elles n’ont plus de nom, plus d’identité. Il est important qu’elles puissent se retrouver et parler de ce qui s’est passé. Puis, il faut une dévictimation, une phase où on reconnaît la personne comme victime. 

Il y a une différence entre victimisation et se reconnaître victime. Il est indéniable qu’étant en situation de violence, la personne prostituée en est victime comme toutes les autres situations de violences sexuelles (viols, etc...).  Le travail de reconstruction ne peut avoir lieu sans que la personne ait pu reconnaître son statut de victime. C’est le même raisonnement que pour les victimes de génocides...
Ensuite seulement on peut dépasser ce statut. La réparation passe aussi par les soins et l’accompagnement avec un réseau d’intervenants variés (la justice, les psychiatres, les médecins, les travailleurs sociaux). Des groupes de paroles de survivantes de la prostitution peuvent être un bon support de dévictimation.

Il faut ensuite un travail de recorporalisation pour permettre à la personne de se réapproprier son propre corps par des thérapies très spécifiques . Le corps doit redevenir un lieu à sensations positives...

Il faut proposer des thérapies à médiation corporelle : kinésithérapie, activités sportives en groupe et des activités artistiques corporelles comme le théâtre, la comédie, l’art-thérapie, qui sollicitent l’interaction de la personne avec les autres participants et la réintègrent dans un vrai jeu social qui permet la communication corporelle. 

Ce qui est vraiment victimisant, ce sont deux choses : soit maintenir la personne dans un statut d’éternelle victime en ne lui offrant pas les solutions concrètes pour en sortir, soit la non reconnaissance de la violence dans la prostitution, voilà bien ce qui est victimisant...

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14/11/2009

réminiscence d'enfance

 

 

 

01/11/2009

Êtres humains

 

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" C’est une erreur de croire que la pédagogie est une science de l’enfant et non pas de l’homme."

" Dans un moment d’emportement, un enfant violent frappe, un adulte violent tue. À un enfant naïf, on soutire son jouet ; à un adulte naïf on fait signer des traites. Un enfant déraisonnable dépense en bonbons l’argent du cahier; un adulte irresponsable dilapide son patrimoine au jeu."

" Enfant? Adulte? Il y a seulement des êtres humains. Seule existe une différence d’échelle entre les idées, les sentiments, les impulsions, les expériences de chacun d’eux."

 

- J. Korczak -

 

 

 

27/10/2009

Nostalgie

A Barbara,

 

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 la nostalgie est noire et blanche...

 

 

 

 

( photo de Michael Kenna, mots d'Anny Duperey)

 

 

26/10/2009

pour faire capoter Rain...

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"Ya pas d'avenir dans les souvenirs

Ya pas d'espoir dans la mémoire...

Pas d'magie dans la nostalgie ..."

 

- Christian Mistral -

 

 

25/10/2009

marelle, mondo, pulpo, rayuela, plat lune...

 

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En passant le passant me rappelle à de vieux souvenirs de jeux en cours de récréation, à part les billes les osselets la corde à sauter et plus tard l'élastique j'étais fan de la marelle, jeu très ancien déjà présent sur le forum de Rome il établit ce chemin de cases entre terre et ciel qu'il faut à cloche-pied traverser en évitant le caillou lancé et de mordre les lignes tracées préalablement à la craie, tout un symbole avec le recul finalement. Plus petits ça nous apprend l'équilibre, ça nous apprend aussi à viser juste et à compter de zéro à neuf, le rapprochement symbolique avec ma vie d'adulte m'amuse, car ne sommes nous pas toujours livrés entre terre et sky à jongler mesurer notre adresse flancher mal lancer parfois notre petite pierre vaciller pas à l'aise sur un seul pied sautiller d'obstacles en obstacles mais aussi connaître parfois le septième ciel tant attendu et espéré!

Un petit aparté du Dimanche frais et réjouissant pour moi qui ai transbahuté dans mon cartable des images plus lourdes et moins gracieuses que ces jeux dont je mesure aujourd'hui l'effet soleil...