14/06/2011
Une extraordinaire journée ordinaire (matin)
13:05 Publié dans art de vivre, fragments | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : art de vivre, fragments, écriture, journée, partage, humain
12/06/2011
L'éloquence des regards, Moché Kohen
- Moché Kohen -
Hier soir, tard, très tard, je préparais ma note sur Kendell Geers, artiste percutant qui m'a scotchée direct tout en pensant à celle qui me travaille depuis un moment, j'ai une maturation lente même si je parais toujours dans l'immédiateté, sur Moché Kohen qui m'a saisie à la foire de l'art de Lille dont je vous ai déjà parlé. J'aime laisser pousser en moi, approfondir, cuver. Je n'ai pas pu l'oublier tant les quelques toiles que j'ai pu voir m'ont bouleversée. Je suis très sensible à l'Existensialisme, il y a de ça chez Moché Kohen et c'est sans doute ce qui me touche profondément et me remue autant le coeur que les neurones, en écho à ma démarche d'être.
L'art à la hussarde d'un côté qui interpelle, qui dérange, qui décoiffe, qui engendre aussi et de l'autre l'art à fleur, pénétrant, sensible, tactile. Finalement ne pouvant pas choisir, je vous livre l'un et l'autre, souhaitant que ça vous émeuve autant que moi et vous procure toutes sortes de sensations diverses et variées, humaines.
"Une rencontre picturale qui scelle un destin.
Moché Kohen reconnaît avoir été foudroyé par les portraits expressionnistes de Egon Schiele, autant par la mise à nu de la psyché tourmentée des modèles, leurs poses insolites voire théâtrales, que par la facture nerveuse de l’artiste viennois.
Premier roulement de tambour intérieur, Bam Bam Bam le cœur qui bat, les tempes qui bourdonnent, un chant intérieur qui s’accompagne de voix, elles avancent pieds nus dans la poussière, bien décidées à s’en extirper pour devenir matière.
Bam Bam Bam
Pour Moché Kohen la nuit est propice. Elle s’ouvre sur tous les possibles, dissipe la conscience. Avec sa complicité surgit l’envie de se dépouiller des oripeaux, l’envie de s’abandonner au gouffre de l’espace circonscrit de la toile, une toile devenue réceptacle des cris muets, des chuchotements complices, des petites voix intérieures, mélodieuses d’effroi ou dissonantes de volupté.
Emane de lui une force impérieuse, que rien ne détourne de son vouloir. Plus qu’une vocation, c’est l’exaltation du peintre contraint de libérer sa famille de fantômes, de frères, de sœurs, de clones-clowns claniques.
Moché Kohen revendique le A - non privatif - de autodidacte. Autodidacte sans l’automatisme incontrôlé dicté par la pensée, parce que faire naître une Chose, exige de la rigueur, parce qu’une Chose, c’est rassurant, ça ne meurt pas.
Le A de autodérision signe un autre trait de son caractère. Toutefois c’est avec sérieux qu’il se compare à un buvard, une perméabilité aux tourments du monde, une hypersensibilité à fleur de peau, exorcisées dans l’acte de peindre. Moché Kohen déclare avoir découvert le courage de la fuite par la peinture.
« Suis le conservateur des équilibres que je me suis inventé »
Une invention d’auteur de théâtre, une pantomime humaine où les acteurs se sentiraient en exil, en exil d’eux-mêmes peut être…
Des corps qui font corps avec le mur, les « fusillés du regard » cherchent à se dissoudre dans la pierre, leurs épidermes se confondent, moins pour échapper à leur destin, que pour devenir massifs, permanents, autrement dit demeurer vivants. Des corps presque subtilisés au présent, privés de leur réalité pour devenir une image double, muette, soumise à la disparition, à l’absorption du néant ou qui redeviendrait une ombre, un mur, un fond.
Ce sentiment d’étrangeté n’est-il pas de même nature que celui qu’éprouve l’homme devant sa propre apparence dans le miroir ? Une image détachée de lui, insaisissable, qui se dérobe pour réapparaître sous d’autres artifices, tout aussi impermanents. Tenter d’appréhender l’éphémère…
Sur une scène, un corps dénudé se dévoile, s’exhibe, en tant qu’être sexuel. Dans une contorsion physique, il s’offre au regard du spectateur. Derrière lui, des petits personnages saisis dans leur stupéfaction, détournent leur regard.
L’éloquence des regards chez Moché Kohen, ce n’est pas une vue de l’esprit…
Les yeux écarquillés pour marquer un étonnement prévisible, une interrogation sans attente de réponse. Les yeux plissés autant par la malice que la connivence. Parfois les yeux chavirés vers l’intérieur, ou dévorés par la matière, comme pour témoigner de l’affleurement du passé sur les rives du présent.
Un chant très ample, mais à peine murmuré, à la fois serein et inquiet, s’élève de cette famille de personnages. Identifiables grâce au turban assujetti sur leurs têtes rasées, ils se présentent dans la simplicité de leur frontalité, de leur hiératisme. Frémissement des corps, de la chair, abandon de soi, la main du peintre sismographe calligraphie certains contours, ici des mains, là d’un visage.
Tel un Gilgamesh, détenteur babylonien des indicibles secrets de l’âme, Moché Kohen « syncrétise » toutes les cultures, toutes les religions, toutes les époques. Il impose à ses personnages une architecture de cariatide, des yeux de mystique d’où se déversent des questions incantatoires, qui peuvent être aussi incandescentes que les rouges de certains attributs vestimentaires.
Chez ces gens là, Monsieur, on ne vit pas, on Existe !"
- Béatrice Duhamel Houplain -
13:45 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : art, penture, moché kohen, existentialisme, rencontre, découverte, partage, humain
08/06/2011
D'elle à vous et de vous à moi
10:10 Publié dans amitié, Blog, correspondance | Lien permanent | Commentaires (39) | Tags : blog, correspondance, amitié, échange, réflexion, partage, humain
05/06/2011
Un peu plus haut
Cadeau de Christian, il y a une heure, avec ces mots:
" Céline s'en mêle, chuinte et chante du nez en hurlant, pour enterrer Ginette, mais à l'origine c'était un duo entre Ferland et Reno. Quand même un moment d'anthologie..."
Merci Black Angel!
Un Peu Plus Haut, un peu plus loin
Je veux aller un peu plus loin
Je veux voir comment c'est, là-haut
Garde mon bras et tiens ma main
Un Peu Plus Haut, un peu plus loin
Je veux aller encore plus loin
Laisse mon bras, mais tiens ma main
Je n'irai pas plus loin qu'il faut
Encore un pas, encore un saut
Une tempête et un ruisseau
Prends garde! Prends garde: j'ai laissé ta main
Attends-moi là-bas:je reviens
Encore un pas, un petit pas
Encore un saut et je suis là,
Là-haut, si je ne tombe pas...
Non! J'y suis! Je ne tombe pas!
C'est beau! C'est beau!
Si tu voyais le monde au fond, là-bas
C'est beau! C'est beau!
La mer plus petite que soi
Mais tu ne me vois pas
Un peu plus loin, un peu plus seul
Je n'veux pas être loin tout seul
Viens voir ici comme on est bien
Quand on est haut, oh! comme on est bien
Un Peu Plus Haut, un peu plus loin
Je n'peux plus te tenir la main
Dis-moi comment j'ai pu monter,
Comment r'descendre sans tomber
Un peu plus loin, un peu plus fort
Encore un saut! Essaye encore!
Je voudrais te tendre les bras;
Je suis trop haut, tu es trop bas
Encore un pas, un petit pas
Tu es trop loin! Je t'aime!
Adieu! Adieu! Je reviendrai
Si je redescends sans tomber
C'est beau! C'est beau!
Si tu voyais le monde au fond, là-bas
C'est beau! C'est beau!
La mer plus petite que soi
Mais tu ne la vois pas
Un Peu Plus Haut, un peu plus loin
Je veux aller encore plus loin
Peut-être bien qu'Un Peu Plus Haut,
Je trouverai d'autres chemins
20:42 Publié dans amitié, écriture, Musique | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ginette reno, jean-pierre ferland, paroles, chanson, christian mistral, québec, échange, amour, amitié, partage, humain
02/06/2011
Every Day I have the Blues
19:33 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : musique, blues, jazz, count basie, émotion, partage, humain
31/05/2011
Entre nous
Depuis un bail, je ne vais plus à la messe. Contrainte plus ou moins d'en être durant toute mon enfance jusqu'à la totalité de mon adolescence trop impliquée pour pouvoir dire non et sans aucun doute trop bien élevée, j'ai même trempé profond dans les enivrants mystères de l'Eucharistie! Organiste régulière du Dimanche et plus occasionellement des mariages et baptêmes, je connais toutes les prières et les chansons par coeur; du Notre-père au Je crois en Dieu en passant par les nombreuses variantes possibles des Alléluias, Prend pitié de nous, Je vous salue Marie, Avé et Mea Culpa. Je me suis mariée à l'église dans une robe blanche. J'ai dit oui au milieu de toute une cérémonie en latin trouvant cela plus esthétique qu'on y comprenne rien, ce qui fit au demeurant la joie des anciens du village. Pourtant j'ai du batailler sec alors, pour que le prêtre accepte que j'épouse enceinte l'homme de ma vie sans vouloir confesser ma faute et avouer mon péché de chair! J'ai plus tard fait baptiser mes trois fils plus pour faire plaisir à mes beaux-parents et à mes parents dans la foulée que par conviction profonde et j'ai doucement commencé à douter, à désapprendre et à m'éloigner d'une éducation à fort caractère religieux qui a trop longtemps orienté ma pensée. J'ai remis les pieds à l'église pour l'enterrement d'un grand-père qui ne méritait pas à mon sens un pardon aussi simple et unanime et puis deci delà pour le mariage des uns ou le baptême des autres. Mais, que Dieu me pardonne, jamais je n'ai ressenti une telle violence en moi à la messe de communion de mon filleul chéri à laquelle je viens d'assister. Un curé castrateur nous sommant de nous taire d'un regard ravageur, une chorale bigote, un bedeau intrusif et grandiloquent et toute une armada de vieilles filles culpabilisantes et particulièrement peu tolérantes. Ouf! Mes grands, là aussi pour l'occasion, en sont encore consternés. C'était plus qu'une caricature, agressif, comme si on allait d'un coup en t'enjoignant violemment à le faire, encenser Dieu, adorer le Christ et aimer son prochain comme soi-même! Ahurissant, dévastateur, aberrant. Je suis sortie de cette cérémonie dans une colère noire ne sachant trop qu'en faire et à qui en vouloir si ce n'est à moi-même, d'autant qu'étant la marraine je me devais de faire plutôt bonne figure. Il m'a fallu puiser bien loin dans mes réserves d'usage pour ne pas péter un câble et ne pas m'insurger. J'ai de bons restes, dommage! Là, in situ, j'aurais bien aimé ça: "fesser dans le tas"!
18:08 Publié dans histoires et faits divers | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : colère, pensée du moment, tranche de vie, expérimentation, famille, partage, humain
30/05/2011
Boucle d'or
- Blue make-upée, bouclée et photographiée par Stella -
Dernières longueurs pour Boucle d'heures!
21:19 Publié dans amitié, art de vivre | Lien permanent | Commentaires (348) | Tags : écriture, conte, amitié, art de vivre, maquillage, partage, histoire, famille, humain
03/05/2011
Stella, princesse d'ébène
- Stella, par elle-même, photographiée par son ami Léon -
Sed non satiata
Bizarre déité, brune comme les nuits,
Au parfum mélangé de musc et de havane,
Oeuvre de quelque obi, le Faust de la savane,
Sorcière au flanc d'ébène, enfant des noirs minuits,
Je préfère au constance, à l'opium, au nuits,
L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane;
Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.
Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
O démon sans pitié! verse-moi moins de flamme;
Je ne suis pas le Styx pour t'embrasser neuf fois,
Hélas! et je ne puis, Mégère libertine,
Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
Dans l'enfer de ton lit devenir Proserpine!
- Charles Baudelaire -
Stella est une grande amie, elle m’appelle « sa sœur », parce que je le suis, de cœur. Depuis quelques jours empêtrée dans une histoire de fous avec son propriétaire elle vit chez moi en attendant de se retrouver un sweet home bien à elle, et c’est un bonheur que de l’avoir ici au quotidien. Il faut que je vous explique, cette femme là, c’est un soleil ! Elle cuisine comme une diva, danse comme une étoile comme son nom l’indique, a un cœur gros comme ça, adore mes fils qu’elle prend pour ses neveux et qui l’adorent eux aussi en retour, ne manque jamais une occasion de vous offrir un mot gentil et une attention particulière. C’est d’ailleurs comme ça que ce Dimanche matin je me suis retrouvée entre ses mains et sa paire d’yeux qui lui servent tant pour mettre en valeur n’importe quel visage qu’on lui confie, maquilleuse professionnelle elle connait toutes les plus belles filles de cette planète, les plus beaux gars aussi et les plus beaux endroits. Toujours en voyage, elle quadrille le globe avec sa mallette bourrée de fards à paupières, de rouges à lèvres, de poudre, de fonds de teint, de crayons à sourcils, à bouche, à tout ; de crèmes cache-boutons, de crèmes lumières, de crèmes parfumées, d’huiles essentielles, de mascaras, de pinces, de brosses, de peignes, de ciseaux, à l’occasion aussi elle est coiffeuse et elle excelle dans son art, celui de permettre à n’importe quel visage de donner ce qu’il a, sans que ça se voit, nude, naturel, elle vous fait, magicienne, une jolie peau en en tour de pinceau et donne à votre regard un éclat sans pareil et toujours et surtout sans en avoir l’air.
Je l’ai rencontrée il y a maintenant un bail, ici, dans ma bonne vieille ville, elle venait de s’y installer pour faire un break suite à une déception amoureuse, à l’époque elle était parisienne et new-yorkaise en même temps. Nous avons eu l’une pour l’autre une sorte de coup de foudre, et notre amitié ne s’est jamais égarée ni amenuisée, pourtant parfois des mois sans se voir, ni s’écrire, ni se parler. Une évidence, nous sommes de la même famille. On aime franchement tellement rire et deviser ensemble ! Notre dernier fou rire avant celui d’hier remonte à un shooting parisien, elle travaillait alors avec un photographe célèbre, celui du moment pour le Elle, un shooting de dessous et de déshabillés glamour, je vous dis pas les corps de ces dames présentes ! Elle avait prévenu celui dont j’ai oublié le nom que sa sœur viendrait lui déposer un paquet, sa sœur c’était moi bien entendu ! Je vois encore avec tous les détails de la scène la tête du dit photographe quand il m’a vue arriver, il s’attendait à voir une liane féline du genre Naomi, faut dire que Stella, avec sa mère éthiopienne et son père martiniquais, est aussi noire que je suis blanche alors forcément le bougre, il a eu un choc. Je l’avais rassuré par un « Nous n’avons pas le même père ! » et nous mortes de rire à en faire pipi dans nos culottes. En en parlant ce matin à ma séance V.I.P, on en riait encore !
Voilà, elle m’a bouclée avec son fer à friser, m’a enjolivé le regard avec ses crayons et ses couleurs ton sur ton, m’a redessiné une bouche, m’a rafraichi le portrait, tout ça avec un plaisir évident, un sourire large, et des « Tu es sublime ! » ponctuant ses gestes sûrs et gracieux ! Ensuite on s’est mise toutes les deux aux fourneaux et on a cuisiné en diable un poulet farci à la mode antillaise, une purée comme le faisait ma grand-mère et une petite salade verte assaisonnée à l’ail, au citron vert et à l’huile d’olive du Mas D’Auge qui est à ce jour la meilleure que je connaisse, et pour le dessert une tarte à la banane et au gingembre confit caramélisée fondante et exotique à souhait. On est passé à table heureuses d’une matinée entre filles, ce qui est pour moi franchement inattendu, et pas vraiment comme dans le conte avec les grands ours, je me suis sentie Boucle d’or avec tous ses grands hommes qui peuplent ma maison, d’autant que depuis hier, en plus, le frère de Pat est arrivé pour couler du béton ; parce que non contente d’avoir un balcon, j’ai émis l’hypothèse d’avoir dans le petit patio de notre maison une petite terrasse pour pouvoir profiter des rares rayons quand ils se présentent ce qui du même coup va permettre d'agrandir la cuisine. Boucle d’or, c’est joli, non?
08:26 Publié dans amitié, poésie | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : amitié, famille, baudelaire, stella, rencontre, partage, poésie, humain
01/05/2011
Gal
18:00 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : musique, brésil, gal costa, émotion, partage, amitié, humain
Gilberto
17:58 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique, brésil, gilberto gil, émotion, voyage, partage
Du bonheur, du bonheur, du bonheur...
Le premier Mai c'est pas gai,
Je trime a dit le muguet,
Dix fois plus que d'habitude,
Regrettable servitude.
Muguet, sois pas chicaneur,
Car tu donnes du bonheur,
Pas cher à tout un chacun.
Brin d' muguet, tu es quelqu'un.
- Georges Brassens - Discours des fleurs -
Pour vous tous!
11:37 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : 1er mai, georges brassens, bonheur, partage, fleur, échange, amitié, humain
29/04/2011
De Lille au château d'If
Partis sur un coup de tête sans vraiment bien savoir ce que nous allions faire, si ce n'est visiter nos vieux amis des Baux, notre périple prit une tournure des plus singulières et des plus romanesque aussi, parfois, oui, je me dis "comme la vie est belle"!
Hervé et Pascaline sont des amis chers; ceux qui suivent depuis le début ce blog les connaissent déjà un peu, ils ont traversé pas mal de galères et en sortent toujours grandis. Leur force réside au fond dans chacun de leurs caractères aguerri aux choses de la vie mais aussi à leur appétit de vivre et cette capacité à accepter la fatalité voire à la sublimer de différentes manières dans la matière qui les rassemble depuis longtemps, le bois. Tous deux enfants du soleil, ils ne pourraient concevoir de vivre loin de la lumière si caractéristique du midi et c'est avec un grand bonheur que nous nous sommes fait devant un petit feu une délicieuse raclette tout en refaisant le monde à notre façon et tout en faisant naître mille et un projets comme à l'accoutumée chaque fois que l'on se voit. Ils viennent de perdre dans un incendie accidentel toute une partie de leur histoire, toutes leurs photos, d'eux et de leurs enfants, des papiers, des objets, des tableaux jalonnant depuis toujours leur vie d'artiste, ils ont vécu l'épreuve du feu, et celle pire encore, d'après leurs dires, des pompiers qui tout en sauvant détruisent, et sont en train de reconstruire une nouvelle fois leur cadre de vie, je dis chapeau! parcequ'il faut en avoir de l'énergie et du coeur au ventre pour toujours et encore bâtir.
Après un déjeuner ensoleillé et convivial avec la maîtresse des lieux: petite salade composée, chou-fleur au persil et à l'ail un peu cramé, c'est toujours un problème quand on a l'habitude de cuisiner au gaz de passer à des plaques électriques de remplacement, poulet au cumin cuit au barbecue et jaja local; nous avons, tranquillement, Pat et moi, pris la route vers la côte pour nous arrêter au campement de la famille de mon homme depuis plus de quarante années. Un chouette endroit dans une pinède, au milieu de glycines enchanteresses toutes en fleur et plutôt isolé du monde à cette saison! Là nous n'avons rien fait d'autre que nous laisser vivre, baguenaudant chacun à nos occupations. Pat faisant des plans sur la comète pour réaménager l'espace et moi, le nez plongé dans un carnet de notes, fébrilement à recueillir les fruits de ma prochaine compote ! Pas d'horaire, pas de téléphone qui sonne, personne à écouter, à servir, à conseiller; juste nous deux, les oiseaux et malheureusement les bruits de la route qui n'est pas assez loin et qui nous ramène inexorablement à notre réalité citadine!
Nous décidons quand même de ne pas rester là une journée de plus à lézarder et j'avais dans la tête de piquer jusque Marseille que je ne connaissais pas de si près avant de remonter dans le Nord. Pat aimant répondre dans la plupart des cas à mes désirs, surtout quand ils recoupent les siens, nous décidâmes d'un comun accord d'y aller le lendemain avant de dormir à Lyon où j'avais un rendez-vous de travail, l'art de joindre l'utile à l'agréable! Quelle ville incroyable que cette ville de Marseille, étonnante, gigantesque, grouillante, vivante. Nous sommes allés directement au vieux port pour y manger une spécialité locale et c'est là que notre oeil est tombé par le plus grand des hasards sur un bateau: L'Edmond Dantes ! My God! Un bâteau à moteur qui propose aux gens qui le veulent de faire une ballade avec ou sans halte jusqu'aux îles de Frioul ce qui oblige à passer par celle qui fait vibrer mon imagination jusqu'au trognon, celle d'If! Dingue! Pat me dit:
- Qu'est-ce que tu en dis, mon coeur?
- J'en dis que c'est incroyable et que même dans le plus vibrant de mes rêves, je n'aurais osé imaginer voir un jour de très près l'ile du comte, c'est un de mes films préférés sans parler du livre!
- Et bien allons-y!
- Allons-y, oh oui! Je vais me la jouer Mercedes le temps de la traversée!
Ce qu'il y a de plus fantastique dans ce tour prévu pour les visites de ces îles, c'est que ça n'est pas tant le parc maritime des îles du Frioul ni sa diversité floristique surprenante, ni non plus les nombreux prisonniers réels qui firent un séjour sur celle d'If qui inspirent et encouragent les gens au voyage, non, c'est tous pour l'imaginaire prisonnier célèbre d'Alexandre Dumas, Dantes, c'est pour lui que les gens font la queue, prennent un ticket et se posent dans ses traces à l'intérieur du château. La littérature a ici plus de force et de puissance que n'importe quelle aventure vraie, impressionnant d'émotion! J'ai adoré!
20:13 Publié dans art de vivre, Voyage | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : montechristo, littérature, voyage, art de vivre, écriture, partage, échange, amitié, humain
23/04/2011
Et un sourire
La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il ya toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un coeur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie à se partager.
- Paul Eluard -
10/04/2011
Parce que nous l'avons vu, revu, et tant partagé*
Et toujours avec le même plaisir et la même espérance en l'avenir et en l'humain, et le possible, et la force en nous, et j'en passe.
Et parce que je vous aime, sans concession, et avec tant de fierté!
A vous, les hommes de ma vie, chair de ma chair, mes fils.
* Au moins cent cinquante visionements pour celui-là, Ah! Excalibur! Presque notre marque de fabrique. Cent pour la Guerre des étoiles, vous étiez unanimes "maman , t'es un Jedi ", une vingtaine pour le Seigneur des anneaux, un peu moins pour les Harry Potter, et je passe les Mac Gyver à la télè et les Robocop au ciné avec les pop corn, et la cerise sur le gâteau, hein les gars, les James que j'affectionne tant! Oh, j'oubliais, ça c'est vraiment dommage nos chers Indiana Jones et puis Barry Lindon qu'on a vu et revu et puis le Soldat Ryan dont je ne pouvais même pas accepter les premières images, vous me disiez à chaque fois : "ça n'est que du cinéma!", pouah, et, Le jour le plus long, Zorro, Les trois mousquetaires, sans parler des Tex Avery et des Goldorak, et des Batman. Je crois qu'il n'y a qu'avec votre père que vous avez ri avec Benny Hill parce que tout le reste lui passait au-dessus, mais nous on en profitait un max, agglutinés comme des sardines en boîte dans le canapé, se serrant les uns contre les autres, pétris d'émotions similaires.
00:04 Publié dans art de vivre, Cinéma, état d'âme, Film | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : cinéma, film, partage, enfance, amour, humain
08/04/2011
Pina
" Quand on y regarde de près, tout provient d'un incoercible besoin d'amour ."
- Pina Bausch -
" Se lever, s'affaler,
tituber, s'effondrer,
se dérober, bondir, pirouetter,
s'affaisser sur soi-même,
rouler, chercher protection,
s'endurcir, se tendre,
s'entrelacer, prendre par l'épaule,
se toucher et s'éloigner l'un de l'autre,
se laisser soulever, porter, tomber,
baisser la tête, pleurer, rire, exulter, glousser,
éclater de joie, pouffer, sangloter,
glisser, trébucher, faire la galipette, foncer...
aller, marcher, courir, cavaler, s'arrêter,
rester immobile..."
- Wim Wenders - Discours pour Pina -
J'ai pas aimé la 3D, c'est pas le poids des lunettes qui donnent un air venu d'ailleurs, c'est que ça donne à l'image un côté tellement réel et saisissant que ça en devient complètement irréel et que ça amenuise l'émotion, ça la détourne, ça l'empêche d'éclore, en tout cas pour moi. Evidemment c'est sans aucun doute une prouesse technique, et c'est absolument bien filmé, mais, mais, mais, ça oblige à rester finalement, dans l'image, alors qu'on aimerait pouvoir s'en éloigner pour laisser son coeur respirer, parce que Ah! Pina! par exemple! je ne connaissais rien de son univers, de son travail, de sa présence à cette grande dame de corps, je l'ai découverte par bribes grâce à Laure mais je n'en soupçonnais pas la consistance, l'ardeur, la lucidité, et ce fut pour moi une révélation.
Elle aime révéler les corps sous tous les angles pour en extraire la quintessence, la force tragique non sans humour d'ailleurs, il y a même parfois l'intervention d'un burlesque à la Buster Keaton, elle arrive à merveille à exprimer le drame d'être né et le désespoir d'aimer. Le monde de Pina est un monde où l'on danse et parle, où on joue l'amour, la vie, la mort, un monde qui interpelle, qui pose des questions, qui transcende. Sa danse est démesure. Elle ne se mesure pas, elle arrache à l'individu l'essentiel de lui-même, sans autre intermédiaire que son corps et sa voix. Les choix musicaux accompagnent magnifiquement son message, ce faire-voir qui fait voir.
En deçà de cette fascinante découverte, et au-delà de la 3D, j'ai été particulièrement touchée par cette passion commune de tout ce corps de ballet qui ne fait qu'un avec son mentor, l'insufflatrice Pina, le regard au travers de de Pina, on sent l'amour partagé, on sent l'émulation et la capacité à saisr sa chance pour donner plus et ainsi recevoir. On sent l'aventure humaine. Chacun de ces témoignages est une bouffée de profondeur, d'humanité. Tous disent d'une même voix ce que ce chemin avec cette grande dame leur a apporté, ce dépassement de soi dans la douleur, le doute et la joie, cette découverte de l'impossible, de l'indicible qui devient gestes, mouvements, grâce. Ils se dégagent de ces visages une sérénité, une congruence de toute beauté. Et c'est sans doute le plus beau message de cette artiste exceptionnelle, perdurer d'âme en âme en permettant à l'autre d'exister.
* Merci Laure. Laurence en parle aussi, ainsi qu'Alex, ici.
11:11 Publié dans art, Cinéma, danse | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : art, cinéma, danse, pina bausch, wimwenders, émotion, rencontre, découverte, blog, amitié, amour, laure k, partage, humain
05/04/2011
L'éblouissement de vivre
L’éblouissement de vivre, c’est du temps, des tonnes de temps…
C’est, réveillée tôt par des pensées nébuleuses s’entendre parler avec un être aimé depuis si longtemps, se rapprocher de lui dans des gestes compris par l’un et l’autre et tendrement faire l’amour et en soupirer d’aise, c’est se lever pour pisser quelques quarts d’heures après et boire en même temps une eau minérale à température ambiante parce que la soif vous dévore et se dire alors comme c'est bon d'être là. Se réécouter le trio Joubran tout en laissant son esprit baguenauder, c’est en retournant dans le grand lit remplaçant le lit d’enfant de son fils aîné relire une fois de plus sous la couette fraîche rayée ce texte de Mistral pointé d’un marque–page au milieu de son livre Carton-Pâte à l'odeur forte de tabac froid et c’est regarder par la fenêtre le bleu du ciel poindre promettant une journée lumineuse et avenante. C’est penser aux cœurs amis aimants dormant encore, entendre son cadet prendre sa douche et son petit dernier descendre à la volée l’escalier pour ne pas une fois de plus être en retard à son cours d’histoire, et c’est ressentir cette envie soudaine irrépressible de partager tout ça avec tout à chacun.
08:33 Publié dans état d'âme | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : état d'âme, écriture, christian mistral, échange, partage, vie, humain
22/03/2011
Je ne suis pas un ange.
Je ne suis pas un ange, loin de là, même si le bleu appelle au large et à la largesse, je tente juste d’être humaine. Je peux être intransigeante quand je me sens vulnérable, et je suis toujours curieuse et parfois insupportable dans ma volonté de comprendre, de sonder, d’entrevoir. J’aime agir, je suis insatiable dans le mouvement, pourtant tout aussi paradoxal que ça paraisse, réfléchir me poser me triturer les méninges me sont tout aussi nécessaires. J’aime plaire jusqu’à un certain prix, celui de pouvoir être et rester moi-même, je suis consciente des artifices mais n’aime pas m’en servir, je veux juste qu’ils me servent, sans en avoir l’air !
Je suis loin d’être un ange, j’utilise, j’organise, je me sers de tout pour me sortir de ces contorsions de mon âme d’enfant faites à mon insu mais si réelles en moi, ce fameux Hyde, cette Hydesse qui me permet de rebondir, de manipuler et de séduire. Je suis un pur produit de ce qu’ils ont fait de moi, ce côté putassier, ce côté sur le marché, ce côté accessible, je n’avais que çà sous la main pour me maintenir en vie !
Maintenant j’ai grandi, oui, j’ai pris du poids aussi, et j’ai ouvert les écoutilles et les mirettes. Je ne suis pas un ange, pourquoi faire, ils sont asexués. Je suis ce que je suis, pas forcément facile à vivre, pas forcément facile à suivre, pas forcément, non plus, si facile à aimer. J’ai appris l’amour tard, étonnamment je m’en méfie encore alors que j’ai toujours tendu à le donner, à l’extraire. Et je sais que j’ai pu être injuste, et que je le suis encore. Je sais que j’ai pu être capricieuse, et ça m’arrive encore... un peu. Mais mon plus gros défaut c’est d’être en demande, de ne pas être autonome, d’en vouloir toujours plus, toujours mieux, toujours davantage. J’ai le sentiment de me prendre les pieds dans le tapis. De courir après un lièvre inaccessible, ou d’un renard flatteur, ou d’un lion pris dans les mailles de mon filet !
Je ne suis pas un ange, et toute bleue que je suis, je me sens faillible et tendre violente en devenir et sensible… Un ange, lui, virevolte, butine, profite, voit la vie presque de manière enfantine, goûte, danse et rit, en toute innocence ! Je ne suis pas innocente, je n’ai jamais pu l’être, pas eu le temps, pas eu l’occasion, pas eu le contexte. Suis toujours en quête de ce moi perdu, là, au fond du bleu qui m’anime, me modèle et m’étreint, celui auquel, j'aspire, tant...
21:19 Publié dans état d'âme | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : état d'âme, lucidité, regard, partage, avancée, humain
10/03/2011
exponentiel
" Quand j'aime, mon sentiment est une inondation qui s'épanche tout à l'entour."
- Gustave Flaubert -
22:10 Publié dans pensée du moment, photographie | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : sentiment, amour, partage, écriture, poésie, art, photographie, humain
06/03/2011
Vengo
" Vengo c'est d'abord cela: un cri, un hymne à la vie, à l'amour, au deuil, au pacte du sang..."
- Tony Gatlif -
23:58 Publié dans état d'âme, Film, Musique | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ensemble, monde, humain, musique, partage, équation, vivant
18/02/2011
Le discours d'un roi
D’après l’histoire vraie et méconnue du père de l’actuelle Reine Elisabeth, qui va devenir, contraint et forcé, le Roi George VI (Colin Firth), suite à l’abdication de son frère Edouard VIII (Guy Pearce). D’apparence fragile, incapable de s’exprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI tentera de surmonter son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme (Helena Bonham Carter) et d’affronter ses peurs avec l’aide d’un thérapeute du langage (Geoffrey Rush) aux méthodes peu conventionnelles. Il devra vaincre son bégaiement pour assumer pleinement son rôle, et faire de son empire le premier rempart contre l’Allemagne nazie.
D'abord mon fils cadet l'a vu et a beaucoup aimé, puis mon aîné a été très touché par ce film, enfin le petit dernier, plus si petit, a lui été enthousiasmé et par le film en soi, et par la petite histoire dans la grande, tout passionné qu'il est de celle-ci. Nous l'avons vu mardi soir avec un vieux couple d'amis après avoir dîner rapidement au Grand Hôtel pour la première fois, une bien belle soirée!
Ce film est admirable, les acteurs y sont justes et attachants, l'émotion passe, on est pris dans l'histoire et dans le destin peu commun de cet homme qui devient roi. Rarement un film a à tel point fait l'unanimité au sein de ma petite famille! Pour ma part j'ai aimé l'aspect psychologique et j'ai beaucoup apprécié le personnage de Lionel, le thérapeute, incroyablement interprété par Geoffrey Rush qui a une présence et un physique tout à fait stupéfiants!
Mis à part l'aspect purement cinématographique et humain de ce film qui l'est particulièrement, c'est une belle leçon de chose quant à l'importance du langage et de la manière de communiquer, à quel point la voix a un rôle émotionnel et persuasif puissant, à quel point non seulement le choix des mots est d'importance, mais aussi dans des situations de leadership, à quel point la manière de les offrir au monde prend toute sa valeur!
A voir!
12:46 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : film, partage, émotion, impression, le discours d'un roi, thérapie, humain