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17/07/2010

Tattoo

" J'ai la sève qui me monte à la tête "

- Tattoo -

 

Je fais rarement de nouvelles découvertes sur la blogosphère, essentiellement parce que je n'en prends pas le temps sans doute, j'ai déjà tant à faire à visiter et lire les fidèles que je suis depuis mon arrivée ici et que déjà parfois je zappe total pour ne me consacrer qu'à mes petites affaires mes propres tourments désillusions et paradoxes, et qui accaparent pas mal déjà quand on se veut un peu honnête, un peu sincère... Mais là je viens d'en faire une, je ne sais même pas par quel bout je suis arrivée jusque là, c'était hier, je baguenaudais, et suis tombée sur ce genre d'écriture qui vienne me chercher profond, directe nourrie chargée foutrement poétique vraie, ce genre d'écriture qui me remue et m'interpelle, ciselée aboutie vivante excitante pour l'esprit, sensible. Et je vous invite à lire celui qui écrit pour ne pas mourir avec un cri coincé dans la gorge...

 


16/07/2010

laisser venir...

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toile d'Alain Bonnefoit -

  

15/07/2010

lettre à ma mère

Maman,

 

Les années passent et je ne peux toujours pas t'appeler chère maman, je crains d'ailleurs que cela me reste impossible à mon grand regret.

Je t'ai haï, maman, j'ai haï te haïr, j'ai même eu très peur d'éprouver cette émotion avec autant d'intensité, de violence, d'évidence aussi. J'ai eu très peur de devenir monstrueuse et meurtrière tant la puissance de feu de ce sentiment nouveau pour moi à l'époque, il y a de ça plus de dix ans maintenant, m'a terrassée et m'a crucifiée de douleur.

Nous avions pas mal de différents et ça depuis un moment, ça faisait pas mal de temps qu'on ne pouvait plus se parler ni s'entendre ni même s'approcher tant la blessure était grande. Tu n'as jamais supporté cette vérité qui est la mienne, tu ne le peux davantage aujourd'hui mais cela n'a plus la même importance dorénavant, j'ai fait ce que j'avais à faire pour sauver ma peau et celle de mes fils, devenir ma propre mère; néanmoins je ne peux m'empêcher de penser souvent à ce moment précis de ma vie, ce moment où j'ai finalement tué ma mère, tué ma maman idéalisée, tué celle que j'aurais voulu et eu besoin que tu sois, ce jour où j'ai fait sauter pour de bon ce verrou "amnésiant" et aliénant qui aurait pu me rendre vraiment folle pour de bon, ce moment précis de ma vie où j'ai hurlé et craché du fond de mes entrailles: " maman je te hais". J'ai vraiment eu peur des mots, moi qui ne les craignais guère, peur de leur intensité peur de leur influence peur de la vérité de l'horreur dans laquelle tu m'avais plongé depuis ma naissance.

Maintenant je l'ai bu jusqu'à la lie cette haine, j'ai même compris qu'elle pouvait revêtir les mêmes atours que l'amour, s'infiltrer dans les mêmes voies les mêmes canaux, "l'ahour" devrais-je dire, car après l'avoir ressenti si profondément dans toutes les fibres et méandres de mon être, elle s'en est allée pour faire place au véritable amour, pas pour toi maman, cela me sera toujours probablement difficile j'éprouve à ton égard plutôt une sorte de compassion, non, je te parle de l'amour tout court, l'amour de la vie, l'amour de l'amour, l'amour de l'art, l'amour de l'autre, de mon corps, de mon sexe, de la femme que je suis devenue, l'amour de l'homme, du masculin, de l'alter ego et l'amour de mes enfants, l'amour de mes enfants de la maternité de la famille. Car vois-tu, ce qu'il y a de plus douloureux pour moi et qui le reste encore, ce n'est pas tant que tu n'aies jamais pu m'aimer que celui que tu ne m'aies pas permis de le faire.

J'ai bien essayé d'y tendre, oh oui, de toute la force dont j'étais capable, je me suis écartelée jusqu'au presque point de rupture pour éprouver exprimer partager cet amour auquel je n'avais pas accès, et ça n'est qu'en le découvrant, qu'en débloquant la source en déverrouillant le passage que j'ai mesuré à quel point j'étais loin de la réalité.

Vivre l'amour est bien plus intense bien plus stupéfiant de beauté et de simplicité, bien plus nourissant que ce que je n'imaginais.

Tard, mais pas trop tard je l'espère, quoique certains jours j'en doute et que cela me désespère, tard mais pas trop tard j'ai pu l'offrir en cascade à mes fils déjà grands et qui me l'ont rendu au centuple eux-mêmes soulagés de cette libération tant attendue.

Si tu savais, maman, à quel point tout cela endommage, à quel point tout cela t'a toi-même endommagée et à quel point on renoue avec soi-même en explorant ce chemin de la vérité et de l'épreuve, ce chemin que tu as toujours redouté et comme je peux le comprendre, tu t'autoriserais à ton tour cette haine en amont, qui, une fois sortie de soi ouvre la porte à la vie même dans toute sa quintessence.

Take care, maman.

Ta fille

 

14/07/2010

murmures derrière les murs...

 

- Toile de Bernard Pouchin - technique mixte -

 

L’emmurée

Derrière ce mur tout blanc,
Je devine la nuit de tes lèvres,
Le voyage de ton désir ligoté
Dans ta langue enflammée
Qui éclate dans le fracas
De ton appel que tu ravales,
Au creux des cris de tes supplices !
Murs ! Murs ! Murs ! Murs !
Naissance de soleils arrêtée !
Derrière ce mur tout blanc,
Dans ta nuit ambulante,
Tu deviens, impuissante,
Paquets de marbres,
Silences, peurs et soumissions !
Derrière ce mur, bien loin des arbres,
D’autres murs, sous terre,
T’enserrent, t’enterrent
Dans les  spirales, tout en vaines prières,
De tes silences de momie !
Bouquets de braises endormies
Que seul le souffle de l’amour, ma belle,
Pourra rallumer en une infinité d’ailes !

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

au-delà...

 

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podcast

 

" Si le soir j'admire le ciel et la multitude de corps lumineux qui oscillent éternellement dans ses limites et que nous appelons soleils et terres, mon esprit s'élève au-delà de ces constellations éloignées de tant de millions de miles, vers la source originale dont jaillit toute existence et dont jailliront toujours de nouvelles créations."

- Ludwig Van Beethoven -

 

 

13/07/2010

"maman!"

- Dis-moi Charles, si tu m'appelais Hélène au lieu de "maman" dorénavant, ce serait plus cool, non... Et puis ça pourrait nous permettre d'être plus proche, genre ami-ami...

- Ben! Maman, t'as fumé la moquette?

- Non, écoute j'me suis laissée dire que c'était peut-être un peu trop directif, voire dépassé ce besoin que j'ai que tu m'appelles maman, que c'était à toi de choisir, que tu ne m'appartiens pas, que ça pourrait te permettre d'être plus libre dans la relation et que peut-être on pourrait vraiment devenir amis...

- Maman, si tu n'as pas fumé là, c'est que tu as certainement bu un peu trop de jaja, imagine, genre, je te dis cette même phrase avec ton prénom, écoute bien, Hélène t'as fumé ou t'a bu un coup de trop là?

- Non, oui, enfin c'est pas ce que je veux dire, c'est par exemple si toi tu avais un truc important à me dire, tu sais, par exemple, au hasard: "maman ou Hélène, j'ai foutu l'feu à autrui tout en m'injectant des drogues par intraveineuse par simple plaisir!"...

- Oups! Je me demande bien là, franchement maman qui c'est qui s'est injecté quoi, mais je vais te dire ce que j'en pense sérieusement de ce qu'implicitement tu me demandes là, comme tu dis parfois " je te connais comme si je t'avais fait ", et j'entends que c'est ce que tu veux savoir est ce que je pense au fond de t'appeler "maman", de ce que ça représente pour moi, de l'importance du mot, de l'importance de ce qu'il recouvre de ce qu'il dit, de l'impact dans ma chair et dans mon coeur d'enfant à l'intérieur de mon corps d'homme... Alors écoute moi bien Hélène maman que j'aime: s'il devait m'arriver d'avoir à te dire ce que tu me proposes je ne suis pas sûr que j'aurais quand bien même l'envie de t'appeler autrement que maman, sans doute j'emploierais un ton moins tendre que celui que j'ai là dans cette conversation avec toi, j'y mettrais de l'ironie ou de la haine mais j'aurais bien le coeur quand même à le faire savoir à ma mère.Tu es unique pour moi, dans le bonheur comme dans le malheur, que tu sois bonne ou mauvaise, que tu ai fait ce qu'il fallait ou que tu sois passée à côté, je n'aurais jamais qu'une maman, tu ne peux pas être mon amie, tu n'as pas à l'être tu es ma maman et c'est bien autre chose, bien plus compliqué, bien plus ancré en moi, que je le veuille ou non, que tu le veuilles ou non. Je ne t'apprends rien là, je sais que tu sais pour l'avoir éprouvé toi-même qu'on ne remplace pas une mère, pas plus qu'un père d'ailleurs, et que même si les enfants n'appartiennent pas aux parents et comme tu me l'a dit toute ma vie n'appartiennent qu'à eux-mêmes, le lien qui nous unit ma petite maman chérie est unique, je vois pas d'autre mot, comme je n'en vois pas d'autre pour t'appeler autrement que maman, ni un autre pour appeler papa autrement que papa.

- Oh! Mon coeur...

- Je crois que c'est important d'ailleurs que ce soit ainsi, regarde mon copain Jean, il va pas bien, ses parents, sa mère surtout a toujours plutôt voulu être sa copine que sa maman, sous prétexte qu'à l'adolescence on en a plus rien à foutre de tout ça et que c'est beaucoup plus facile de se faire appeler Colette, ben regarde lui, ça lui porte pas vraiment chance de ne plus avoir ce cadre sécurisant et cet sorte d'amour inconditionnel qui peut se permettre d'être, à l'intérieur du cadre, ça me fait toujours un malaise quand je le vois parler à sa mère comme si c'était une bonne copine, il manque une dimension je trouve dans la relation, peut-être du respect, non, je crois pas que ça soit ça, plutôt oui cette dimension d'unicité, ce fait que quoi qu'il arrive quoiqu'il se passe quoi que la vie nous réserve maman est maman, papa est papa.

- Je pense tout comme toi, et je vais de ce pas répondre au Terrible chez Mistral à ce propos...

- Hé,hé, je me doutais bien que c'était encore un de tes brainstormings bloguesques, c'était quoi l'histoire?

- "Fabrice"! Tiens lis donc là...

 


12/07/2010

surtout ne pas perdre pied...

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- Aquarelle de Nathalie Cortese -

 

11/07/2010

le bain

 

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C'est mon endroit de prédilection pour méditer, l'endroit de mes décisions les plus importantes, l'endroit source de mes inspirations, de mes fantasmes... J'aime le contact de l'eau sur mon corps, ces particules parfumées qui m'enrobent la chair, j'aime l'apesanteur dans laquelle cela me plonge, j'aime la douceur du geste mon grand corps offert au délicieux récipient lisse de faïence blanche, et même si je le préfère franchement chaud voire brûlant, ce matin c'est de tiédeur voire de fraîcheur dont j'avais besoin, la moiteur caniculaire de ces derniers jours n'encourageant pas vraiment à en remettre une louche...

Et puis il y a celui du soir et celui du matin et ils ne sont pas semblables, néanmoins quelques gestes communs dans le rituel. Le choix de l'essence parfumée d'abord, toujours la même, toujours le même N°, le choix de la musique qui accompagne le moment, ce matin j'étais avec Munir Bachir, l'autre jour avec Aznavour, parfois c'est Brahms ou Schumann qui m'enchantent, d'autres ça n'est que le silence... Le soir je m'entoure de bougies, ça renforce l'ambiance poétique et apaisante, le matin la pièce est inondée de lumière surtout un jour comme celui-ci, j'ai alors plutôt tendance à baisser les paupières pour mieux me recueillir. Quoiqu'il en soit, ce temps de pause récurent et régulier est un moment de grâce que même une douche tonique et sensuelle ne peut détrôner, signe de paresse, retour aux sources foetales, allégement du poids du corps plongé dans un liquide, je ne saurais vraiment dire mais qu'est ce que j'adore ça... mon bain quotidien.

 

 

 

09/07/2010

regrets et remords

Les regrets usent, les remords rongent, l'un dans l'autre ni les uns ni les autres ne sont bons, mais ils sont parfois salutaires et source et vain de les retenir. J'ai beaucoup oeuvré dans ma vie parfois à tort et à travers plutôt du genre kamikaze, plutôt du genre irréfléchie, et puis j'ai grandi bon an mal an, mea culpa je suis bien loin d'être un ange. J'ai fait souffrir j'ai fait mourir de chagrin j'ai truandé exaspéré influencé perverti et aussi inspiré dans le bon sens du terme, ouf, l'honneur est sauf ! mais j'ai détruit aussi, bousillé démonté réagi, trop sincèrement sans doute, tendu voulu voir aménagé.

Mes regrets sont plutôt légers au fond face à mes remords, il me semble que les prises de conscience sont des plus douloureuses quoique salvatrices, quoique non plus il ne suffise pas d'en prendre acte mais d'en prendre corps. Je regrette et profondément de n'avoir pas pu vivre ma vie d'une manière plus limpide et plus en adéquation avec mon moi profond, je regrette d'avoir mis tant de temps à aimer tant de temps à jouir tant de temps à comprendre tant de temps à m'ouvrir...

Mes remords sont costauds face à ces regrets, ils sont ma conscience neuve, ils sont douloureux. Je ne supporte pas l'idée d'avoir pu faire souffrir d'avoir pu manquer de discernement d'humanité de sagesse de congruence. Mes remords me taraudent me nuisent et m'aident en même temps, m'aident à devenir plus humaine plus compréhensive plus à l'écoute plus présente mais, grave, le prix à payer est de taille!

Ni les regrets ni les remords sont positivement dans l'élan de ce que devrait être la vie, au sens où je l'aspire, pourtant ils lestent ils balisent ils permettent de grandir, et puisqu'ils sont incontournables, le genre " mal nécessaire", je les vis à regret et sans remord.

La conscience est précieuse, la prise de conscience parfois douloureuse et l'inconscient salvateur, et c'est toute cette chimie qu'il nous faut gérer régler appréhender accepter, c'est notre être quoiqu'il en soit et parfois à des années lumière de ce qu'on s'imaginait, du moins pour moi.

Pour tout dire, même que j'irais jusqu'à dire que je n'osais même lui donner forme. Regrets et remords font partis de ma vie, mais n'en sont plus les maîtres... J'ose le ravissement et la conquête, l'autre et le possible, l'idéal et la réalité, le doute l'envie, l'appétit l'amour le pourquoi pas le "Dieu est-ce ça" le chaud devant l'aventure les lendemains qui chantent la déception la trahison même la confiance l'amitié l'échange les coeurs en pagaille le sexe l'ouverture la défaite l'erreur et la réalisation...

Je crois en l'humain en chacun de nous.

 

 

 

Agapi mou

 

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- Atelier Eliette Graf -

 

 

" Mon coeur, oiseau du désert a trouvé son ciel dans tes yeux.

Ils sont le berceau du matin, ils sont le royaume des étoiles.

Leur abîme engloutit mes chants.

Dans le ciel immense et solitaire laisse moi planer.

Laisse moi fendre ses nuages et déployer mes ailes dans son soleil."

 

- Rabindranàth Tagore -

 

 

08/07/2010

de l'écrivain

" Il me semble que si l'écrivain a une fonction, c'est bien de trouver des mots qui pouront s'adresser à autrui, le rejoindre et lui permettre de dialoguer avec lui-même. Bien souvent, les êtres sont coupés de leurs sources profondes. Or- j'éprouve en tant que lecteur- un bon texte permet de descendre en soi, se parcourir, découvrir des zones enfouies."

- Charles Juliet -

 

07/07/2010

jour de grâce...

Il est de ces jours rares et précieux où je me sens étonnament femme, féminine, femelle, de ces jours où j'aime mon corps et où je lui rends grâce, de ces jours qui me réconcilient avec ce plus profond de moi, une communion extrême avec mon intime qui me rend intense et légère à la fois. Aujourd'hui est un jour comme celui-ci, alléluia, une sorte de jubilation dense puissante et sereine, comme une évidence... L'évidence d'être tout à fait là.

 

06/07/2010

Tournée

Mathieu Amalric donne une définition étrange de « Tournée » : « C'est le film d'un garçon qui a juste vu un reportage sur des filles et qui va en faire quelque chose, mais il ne sait pas encore quoi. » C'est en lisant un article d'Elisabeth Lebovici dans « Libération » qu'Amalric entend parler pour la première fois du « new burlesque », ce music-hall d'un genre inconnu en France, emmené par des actrices aussi accortes qu'excentriques. Cet article fut le déclic, la bonne idée qui lui permettra de réaliser un vieux rêve : écrire un scénario à partir des notes de tournée de Colette. La romancière les écrivait au jour le jour pour un quotidien qui les publiait en feuilleton comme autant de croquis de sa vie d'actrice un peu scandaleuse égarée en province. Ces textes ont été ensuite réunis sous le titre « L'Envers du music-hall ». Extrait : « Nous courons vers l'hôtel, vers la loge étouffante et la rampe qui aveugle. Nous courons pressés bavards, avec des cris de volaille, vers l'illusion de vivre très vite, d'avoir chaud, de travailler, de ne penser guère, de n'emporter avec nous ni regret, ni remords, ni souvenir. »

Le film d'Amalric rend un bel et touchant hommage aux artistes en tournée tels que les croquait Colette. Les filles du « new burlesque » lui apportent un supplément d'âme, une étrangeté, un exotisme qui emballeront définitivement l'affaire avec leur physique fellinien, leurs tatouages, leurs paillettes, leurs maquillages outranciers et leur usage de la langue anglaise pimentée de quelques expressions françaises prononcées avec un accent délicieux. Pour retrouver l'ambiance des tournées, Mathieu Amalric a organisé des représentations en province avec un vrai public, qui découvrait, stupéfait et ravi, les numéros insensés des filles : Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Kitten on the Keys, Evie Lovelle, Julie Atlas Muz et le seul garçon de la troupe, Roky Roulette.

 « Tournée » est, aussi, un hommage à ces producteurs qui, tel Bernard Palissy, sont capables de brûler leurs meubles pour financer leurs rêves. C'est Claude Berry qui hypothèque sa maison pour payer les dernières scènes de « Tess » de Roman Polanski. C'est Paolo Branco, le fantasque producteur de Manoel de Oliveira, de Werner Schroeter, de Raul Ruiz, qui gagne au casino les sommes nécessaires pour achever le tournage d'un film de Wim Wenders. C'est Jean-Pierre Rassam, c'est Humbert Balsan, suicidés au champ d'honneur. « Ce sont des artistes et des aventuriers, dit Mathieu Amalric. Comment font-ils pour continuer ? A la mort d'Humbert Balsan, j'ai eu peur pour Paolo. » Paolo Branco devait tenir le rôle de l'imprésario de « Tournée ». Il a décliné au dernier moment. Mais il a produit le dernier film de Manoel de Oliveira, présenté, en même temps que celui d'Amalric, au Festival de Cannes. Respect

- Thierry Gandillot - Les Echos -

Je l'ai vu hier soir... j'y allais confiante, que des bonnes critiques que des bons échos que de bonnes vibrations à propos de ce film, je n'ai pas été déçue... juste un peu peut-être, ne pas avoir vu le show de ces femmes débordantes d'énergie, de générosité et d'amour en entier et n'en avoir que des bribes... C'est un film tout à fait humain, fait de désirs de se sentir vivant et de le partager, fait de plaisirs de se sentir femme et de l'exprimer, fait de couleurs et de gris comme la vie même et parlent de nos voyages de nos errances de nos erreurs et des moyens que l'on trouvent en nous ou autour de nous pour y faire face... C'est un film sur la vie d'artiste, sur le spectacle, ses contraintes et ses bienfaits... Intelligent et sensible, vraiment attachant.

 

05/07/2010

ça me plait ça, tiens...

" Je veux qu’on me lise pour se sentir vivant, pas pour se sentir intelligent. "

- Stéphane Ranger -

 

Léon Spilliaert

 

 

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" De mon enfance, je garde un souvenir ébloui, jusqu'au jour où l'on me mit à l'école. Depuis lors, on m'a volé mon âme et plus jamais je ne l'ai retrouvée. Cette douloureuse recherche est toute l'histoire de ma peinture."

- Léon Spilliaert -

 

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Né en 1881 à Ostende, Léon Spilliaert est une représentant majeur du symbolisme belge autour de 1900. Autodidacte, il a entretenu des affinités électives avec les artistes et écrivains belges de sa génération. Il a été influencé par Edvard Munch, mais aussi bien par Nietzsche et Lautréamont.
Si le peintre est peu connu en France, il jouit dans son pays natal d’une renommée importante, comme en témoigne la rétrospective récemment organisée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles.

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" Ma vie s'est passée seul et triste, avec un immense froid autour de moi. J'ai toujours eu peur."

- Léon Spilliaert -

 

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"Spilliaert. Le nom claque, au début, comme un fouet sur la croupe d’un cheval de trait, puis il reluit, brise-lame humide, glissant, algueux, pour se résoudre en une sonorité plus minérale, celle du sable qui, en lignes de fuite infinies, bordait encore uniformément la côte belge, au début du XXe siècle. Avant l’envahissement. Avant la saturation.

À l’époque où James Ensor croquait les sarabandes de masques au Bal du Rat Mort et la vulgarité satisfaite de baigneurs pétomanes ; à l’époque où Permeke dressait sur d’énormes toiles les corps terreux de paysans flamands aux mains et aux sabots démesurés, Léon Spilliaert se fit le peintre du vent, du silence et des instants suspendus. Une feuille de calendrier marquant un 2 novembre éternel. Une salle de restaurant vouée à rester déserte. La géométrie énigmatique des reflets d’une véranda. Une rue obscure qui file vers la digue et n’attend que vous. Le sillon et la fumée d’un bateau, déjà loin, là-bas.

Ses silhouettes flottent, figées dans l’attente du retour d’un pêcheur, hérissées par une bourrasque, abattues par un deuil secret sur la banquette d’un train, recluses dans un grenier, courbées sous un châle blanc, marchant à petits pas vers la lune. Quand ce n’est pas la sienne même qui s’incarne, au détour d’un miroir, l’œil rond, le trait creusé, une crampe tombante pour tout cri. Lui, Léon Spilliaert, trentenaire moribond sanglé dans sa stricte redingote noire, happé par on ne sait quelle prémonition.

Entrez dans cet univers les mains libres, désencombré, sans audio-guide surtout. N’entrez dans cet univers qu’avec vos pupilles. Ici, vous le constaterez assez tôt, les nonnes ne se déplacent que par sept et une fermière de 150 kilos peut dissimuler, sous ses oripeaux de misère, une idéaliste. Ici, c’est l’ivrogne qui soutient la colonne. Ici, c’est Ève qui charme le Serpent."

- Frédéric Saenen -

 

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Peintre du silence, Léon Spilliaert m'émeut, il y a une telle pudeur une telle élégance faite de retenue et de finesse dans son oeuvre que je la trouve fondamentalement poétique. Introspective, elle est la représentation d'un espace intérieur dont l'ennui et le besoin de créer trouvent écho dans le vide nocturne des espaces désertés, d'un cheminement bleu de nuit, calme et nécessairement solitaire. Sa peinture symbolise à elle seule, l'attente, le vertige, l'aliénation du moi solitaire et éveillé dans un environnement endormi et agit en moi comme une des Gymnopédies d'Erik Satie. A respirer des yeux...

 

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04/07/2010

pour Max et puis pour nous tous...

" Il est bon aussi d'aimer; car l'amour est difficile. L'amour d'un être humain pour un autre, c'est peut-être l'épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c'est le plus haut témoignage de nous-même; l'oeuvre suprême dont toutes les autres ne sont que des préparations. C'est pour cela que les êtres jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer; ils doivent apprendre. De toutes les forces de leur être, concentrés dans le coeur qui bat anxieux et solitaire, ils apprennent à aimer. Tout apprentissage est un temps de clôture. Ainsi pour celui qui aime, l'amour n'est longtemps, et jusqu'au large de la vie, que solitude, solitude toujours plus intense et plus profonde. L'amour ce n'est pas dès l'abord se donner, s'unir à un autre. (Que serait l'union de deux être encore imprécis, inachevés, dépendants?) L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'être aimé. C'est une haute exigence, une ambition sans limite, qui fait de celui qui aime un élu qu'appelle le large."

-  Rainer Maria Rilke - Lettres à un jeune poète -

 

ode à l'oued, l'invitation au voyage...

 

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Chagrin d’oued



Ne pleure pas Joumine, *
Oued de mes dix ans !
Mon ombre se dessine,
En haillons lumineux, sur tes étoiles.
Ne pleure pas !
Cette poupée, fée de lyre,
Danse sur les  lames de l’horizon,
Tranches de nuit
Que tu bois dans tes ivresses,
Oraison des séparations.
Ton supplice qui atteint mes lèvres
S’agrippe à mon cou et le serre
Comme un chant solitaire
De vin bu à tes naissances.
Il me baigne de lauriers jusqu’à l’absence.
Danse,  mais danse donc, mon oued !
Chasse au loin cette affreuse mine morose !
Reprends ton cours heureux !
Regarde, sur tes doigts roses,
S’est posée  une colombe bleue !
Ecoute ses caresses !
Ce train pour lequel clapote
Le mouchoir de ton onde
Ne reviendra plus !
Ô ne pleure pas !
Mais ne pleure plus !
Chasse donc tes détresses !
Patience, car un jour tout cesse,
Dans ces roulis de la vie !
Rendors-toi dans ton lit,
Mon oued, et oublie !

- Mokhtar El Amraoui -

*Oued(rivière) qui traverse ma ville natale Mateur(à trente kilomètres de Bizerte)

 

 

03/07/2010

De l'amour

 

Maxime m'a tagguée, " Qu'est-ce qui pour vous est signe d'amour? Comment savez-vous que vous aimez?. Il a également taggué ma chère Venise qui a babillardé généreusement sur le sujet. Moi il m'est venue cette petite histoire que je vous livre en souhaitant que cela réponde à la question!

 

 

 

 

De l’amour.

 

 

- Dis-moi, Florent, comment tu sens que tu aimes ?

( Florent, neuf ans)  - Ben, ça me fait plein  de guilis dans le cœur ?

-  Ah oui, le cœur qui chavire…

Et toi ? Mélanie ?

( Mélanie, sept ans ) – Moi ça me fait tout chaud tout partout, aussi je suis toute en lumière et je suis contente. J’aime bien quand j’aime…

- C’est doux c’est vrai, c’est doux et agréable d’éprouver de l’amour, un sentiment qui nous grandit et nous réconforte à la fois, l’amour nous nourrit autant celui qu’on donne que celui que l’on reçoit, il est vital à notre développement à notre vie, il construit nos rêves et bâtit nos mémoires.

Que ne ferait-on par amour ?

 

- Moi , j’aime bien dessiner et rire avec ma chouchoute, j’aime bien jouer au foot avec mon copain Henri et puis faire des gâteaux avec maman.

 

- Hi,hi, moi c’est raconter des petits secrets et faire des bisous dans son cou, j’aime aussi faire de la corde à sauter et jouer à la marelle avec Julie, avec Melissa aussi, j’aime trop faire des câlins à mon papa chéri et puis chanter des chansons douces à mon doudou.

 

- L’amour passe par le partage alors, par faire ensemble avoir du plaisir ensemble pouvoir se parler se confier rire et s’étonner l’un l’autre, l’amour se construit dans le temps, une relation un échange une vision commune un parcours un cheminement…

 

- Mais des fois ça fait mal !

 

- Ah ! raconte nous donc ça Mélanie, quelles fois ?

 

- L’autre jour à la récré Julie est arrivée et elle m’a dit : «  j’suis pus ta copine ! ». Moi j’étais comme toute cassée de l’intérieur et j’ai pleuré, pleuré… Et puis elle m’a plus parlé pendant deux jours même que j’ai cru que je mourirais et elle est revenue tout sourire en disant : «  j’ai changé d’avis, je suis re ta copine ! ». J’étais toute contente mais j’ai vu que j’avais eu mal aussi…  Pour toi aussi Blue, ça te l’a déjà fait ça, être toute brisée ?

 

- Oui, ça m’est arrivée, parfois quand on aime on a une telle attente de l’autre, on a tellement soif de l’autre qu’on le veut pour soi toute seule, et puis ça fait mal d’avoir le sentiment d’être trahi dans toute la confiance et les espoirs qu’on met dans l’autre…

 

- Moi c’est à maman que j’ai dit l’autre jour que je ne l’aimais plus, elle voulait pas m’acheter un petit chat et je le voulais tellement, tu l’aurais vu Blue, toi, t’aurais craqué, il était trop mignon, je l’aurais appelé Mistigri, il était tout gris, et Henri lui il en a un , Noiraud qu’il s’appelle, maman elle me disait que c’était pas une bonne idée que c’était pour mon bien qu’elle ne l’achetait pas, moi je comprenais pas  comment elle peut dire qu’elle m’aime si elle ne comprend pas ce qui est important pour moi ? Moi à ce moment j’avais l’impression qu’elle ne m’aimait plus, alors ben moi non plus.

 

- Hum, l’amour implique certaines frustrations aussi, je crois qui oblige à sublimer, sans doute une des raisons pour laquelle il inspire tant les poètes… mais tu n’as pas à t’inquiéter c’est normal aussi de pouvoir exprimer sa colère ou son désarroi dans les échanges entre gens qui s’aiment ! l’amour est un sentiment durable qui même est exponentiel, plus on aime plus on est capable d’aimer, plus aussi on se prend à s’aimer soi-même dans l’amour que l’on donne et que l’on reçoit, il y a une sorte de notion d’apprentissage de l’autre en même temps qu'un chemin vers soi. Il me semble que tu l’as eu ton Mistigri, non ?

 

- Ouiiiiiiiiiiii !!!

 

- Ta maman t’aime donc, tu vois bien ?

 

- Oui, d’ailleurs j’étais triste de lui avoir dit que je l’aimais plus parce que c’était pas vrai, maman je l’aimerais toujours, Mélanie aussi !

 

- Chut ! c’est un secret !

 

- Oh, vous êtes donc amoureux tous les deux…

 

- (en chœur) Oui ! Et c’est pour la vie…

 

- Dis Blue toi tu aimes pour la vie ?

 

- Je crois que quand on aime on aime pour toujours, quoiqu’il  arrive, même au-delà de la mort. Parfois on ne peut pas mettre en place le sentiment que l’on porte à quelqu’un exactement comme on le voudrait ou comme on pourrait s’y attendre mais l’amour lui existe bien. Il y a à l’intérieur de l’amour tant de possibles et tant de manières d’aimer, moi j’aime mes fils, vous les connaissez, au-delà de tout, et puis Mon Homme plus encore...

 

- Ah, le grand là sur la photo ?

 

- Oui, celui-là…Il est bel homme, hein? (sourire) et puis j’aime aussi mes amis et amies…

 

- Et celui-là, là aussi au dos du livre ?

 

-  Ben dis donc t’as l’œil partout fripouillette! Lui, oui très fort, et puis tous ceux là, là dans mon pêle-mêle de douceurs, tu vois, les petits mots que je reçois les bouts de tissus les images les photos les poèmes les pétales, j’ai une boîte aussi pleine de mots d’amour de correspondances de dessins de parfums… Je suis toute chose là tiens à vous parler de ça, mes petits bouts de zans… On va aller s’aérer un peu la tête, hein qu’est ce que vous en dîtes ? Le mieux pour comprendre ce qu’est l’amour et pour pouvoir définir ce que c’est que d’aimer c’est encore de l’expérimenter…

 

- Dis, toi tu nous aimes Mélanie et moi ?

 

- Venez là que je vous embrasse et que je vous serre tout contre mon cœur, et tu verras comment je vous aime.

 

La discussion s’est close dans un gros câlin tendre et joyeux, l’émotion était à son comble et mon cœur faisait des bonds, tant de fraicheur et de spontanéité et de confiance dans ses deux petits êtres, je me suis sentie réconciliée avec moi-même, encore une des puissance et une des magie de l’amour humain.

 

 

 

 

touchée

 

 Mille mercis de vos douceurs, de votre écoute de votre regard  de votre énergie de vos attentions de vos mots de votre amitié... ça me fait chaud au coeur...

 

01/07/2010

coup de mou

Récurrent chez moi, toujours des hauts et puis aussi des bas, question d'endurance d'ambiance de tolérance. Je ne suis pas complètement cyclothymique du moins je ne le pense pas mais je surfe sur la vague, partagée entre le bleu et le blues! Je souffre un peu mais n'ose me plaindre en même temps je sais qu'au fond cette dualité me nourrit et puis surtout est mienne depuis si longtemps. Je fais des rêves toujours les mêmes, cependant je reste ancrée dans ma réalité quotidienne parfois si ardue et parfois aussi si tendre. J'imagine aisément que cela doit bien vous assommer d'arriver ici et de vous prendre de plein fouet mes états d'âme, il y a presque un côté indécent et pourtant, être découragée être en état de non-être être ainsi ramollie du bulbe et étripée du coeur n'est pas une sorte d'aberration mais pour tout à chacun une sorte de quotidien, il faut avouer que ce n'est pas si facile d'être âme sensible et sensitive dans ce monde de brutes et de pragmatiques, d'efficaces et d'assoiffés de pouvoir, de lucre d'argent de business d'image... J'avoue je fatigue, là, la lutte est si inégale et si montagneuse... Il paraît qu'un train en cache un autre, probable qu'un coup de mou en chasse un autre! j'ai fait confiance et je fais encore confiance en l'humain et en la vie même, pourtant force est de constater que j'ai vécu plus de déceptions que de joies, plus de trahisons que d'authentiques amitiés, plus de troubles que de paix, plus de mensonges aussi que de véritables attitudes, mais je tiens bon parce que je suis de constitution positive et que je retiens que ce qui a pu être bénéfique, la partie du verre à moitié pleine et même si mon moral encaisse une fois de plus une tempête et mon corps une lourde fatigue, étonnamment et pourvu que ça dure, mon coeur garde du coeur à l'ouvrage, juste là, un molissement des ventricules qui entraînent une mauvaise irrigation des méninges! Diantre, être humain c'est vraiment pas une sinécure...