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25/09/2012

explore ton corps

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- Photo Dmitry Kuklin -


Il y a comme ça des images que je croise et qui opercuts, me percutent. Explore ton corps. Suite à une discussion hier avec Laure, je me suis posée et j'ai tenté de penser mon corps. Longtemps je me suis sentie chose, rien, voire moins que rien, en tout cas rien d'humain. Longtemps mon corps n'a été qu'un étranger pour moi, insondable, impossible, trop lointain, comme si je devais le garder à distance. Et puis, à dix-neuf ans, j'ai accouché. J'ai souffert, j'ai crié, pourtant pas tout à fait là, dissociée de moi-même, comme anesthésiée. Je me suis demandée si l'enfant que je venais de mettre au monde était bien de mon fait, si j'avais pu faire ça. Quelque chose s'est brisé, une digue a craqué et j'ai découvert en donnant vie à un petit être que j'avais une vie moi aussi, une vie et un corps. La prise de conscience de ce corps meurtri fut brutale, j'étais comme rouillée. Trop longtemps absente je ne savais pas quoi faire de ce grand corps qui d'un coup s'imposait à moi, demandait à faire corps avec ce que j'étais. J'ai mis du temps à l'apprivoiser, à le connaître, à le sonder. Encore aujourd'hui, il me déroute, il me surprend. Mais j'ai découvert en l'explorant qu'il avait beaucoup à dire, qu'il était ma mémoire et mon ami. Parfois je lui parle, je lui demande de l'aide, je le mets à contribution pour parcourir, pour avancer, pour comprendre encore et toujours ce qui m'est arrivé, ce qui m'arrive, ce qui se passe en moi.


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- Photo Jaime Ibarra -


Je danse. Je bouge. Je me positionne et j'apprends à le regarder. Je ne pouvais pas me voir dans les miroirs plus jeune, rien, il n'y avait aucun reflet. Je passais un temps fou devant la glace, mes yeux ne me percevaient pas, ne voulaient pas me voir. C'est fou quand j'y pense, fou d'avoir pu vivre ainsi pendant plus de vingt ans, c'est cruel de s'en rendre compte, de mesurer qu'on a ainsi vécu un quart de sa vie sans avoir pu être au monde. Maintenant, c'est fini. Et s'il reste encore quelques zones d'ombre, j'ai pu me reprendre en mains, me rassembler, m'accepter et jouir de ce corps qui m'a été donné. Le serpent de Guem. Cette musique me donne des ailes. Mon corps alors me semble léger aérien, telle une plume offerte aux alizées. Etonnament plus je m'exprime avec mon corps, plus j'arrive à formuler, à écrire, à réfléchir. Cette fameuse relation du coprs et de l'esprit n'est pas une duperie, c'est si bon de sentir tout son être vibrer, respirer, accueillir, offrir, aimer. C'est bon d'arriver à cet état de grâce, à cet abouti. J'ai lutté, je me suis battu avec mes névroses, je lutte encore pour éviter qu'elles ne reviennent polluer cette relation entre mon corps et moi. J'explore encore. Je me crée. J'écris.



22/09/2012

un départ

Mon fils aîné part tout à l'heure à l'autre bout de la planète, à l'aventure, pour un an. Il part avec sa douce voir le monde et découvrir comment vivre autrement et l'un avec l'autre sans la contrainte d'un quotidien pesant. Ils en parlent depuis si longtemps. Hier, c'était son anniversaire, mon corps a réagi, j'étais anéantie: bouffées de chaleurs, vertiges, malaises, je n'étais que l'ombre de moi-même. Ce matin, c'est une grande tristesse qui m'envahit. Pourtant je suis heureuse pour lui, pour elle, pour eux et je trouve merveilleux de pouvoir faire cette expérience et de goûter ainsi à l'existence. La Polynésie, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, c'est si beau, c'est si loin aussi... J'ai beau me raisonner, me dire qu'on ne fait pas les enfants pour soi, que c'est un homme maintenant, qu'il faut couper un jour ou l'autre le cordon, toutes ces choses qui se disent et que tous veulent penser, mon enfant reste mon enfant. S'il lui arrive une tuile, je ne pourrais être là, s'il est triste, je ne pourrais pas le consoler, s'il souffre, je ne pourrrais pas le soulager et s'il est heureux, je ne pourrais le partager. "T'inquiète, on va skyper!". Oui, je sais qu'on va pouvoir se parler au travers l'océan avec ces petites machines. Je sais que je vais pouvoir vous suivre sur facebook, que vous allez communiquer, qu'on va s'écrire des mails et qu'on va souvent penser les uns aux autres, mais c'est pas que je sois inquiète, non, je suis émue. Je suis une maman qui voit partir son enfant, j'ai la gorge serrée, l'estomac noué, le coeur qui pleure et sourit en même temps. Mon tout petit devenu si grand!

 

12/09/2012

blog et vie -1-

La dernière fois que j'ai vu ce monsieur c'était au mois de Juillet, en plein milieu des soldes. Il voulait, en plus de faire plaisir à sa fille en lui offrant une tenue parfaite, me remercier du petit texte que j'avais écrit ici sur sa femme Françoise, décédée en début d'année, et qu'il relit souvent. Dans la longue lettre manuscrite que je lui avais adressée à ce moment là, j'avais joint une copie de ce texte et le lien sur mon blog. Il est passé me voir aujourd'hui à la boutique, pour me saluer: "Je vous ai vue, je me suis arrêté et me suis garé comme dans le temps, devant chez vous. Vous faites presque partie de la famille, vous savez, Blue... Je vous lis sur votre blog, et ça me fait de l'effet. Vous aimez ça écrire, c'est fou! ". Après nous être entretenus de choses et d'autres: des vacances sans elle pour la première fois, de la conjoncture économique, des besoins de ses petits enfants et du vide difficile à vivre, il me dit: "Comment va votre bébé, parce que votre blog, c'est ça n'est-ce-pas? Il faut vous en occuper!" J'étais toute retournée: " Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas le lâcher!" Il est reparti souriant et soulagé, sa main battant l'air pour me dire au revoir, rassuré de savoir qu'il allait me retrouver, entre mes mots, tôt ou tard...

 

09/09/2012

La Casa Musica de La Habana

Le spectacle devait commencer à neuf heures du soir et nous étions un peu à l'avance parce que Marlen avait tenu à nous accompagner, elle n’aime pas sortir le soir seule dans son quartier et voulait être sûre que nous ne courions aucun danger. Vu le nombre de gardiens et d’hommes de sécurité, il n’y avait pas à s’en faire. Nous nous sommes assis à une petite table au milieu de la grande salle sombre en sirotant notre récurent mojito et nous avons assisté à l’installation de la scène au milieu des ingénieurs du son. La salle s’est remplie progressivement. Des couples d’amoureux, des groupes d’amis, une bande de vénézuéliennes complètement en transe, sans doute ravies d’être là et quelques hommes seuls disséminés de ci-de là. Les gros caissons noirs de chaque côté de l’estrade envoyait un son épouvantable, à un point tel qu’il n’était pas possible d’apprécier la musique diffusée. J'espèrais que cela allait changer une fois le groupe en piste. De plus en plus l’ambiance chauffait, certains se mettaient à danser près de leur table, d’autres trinquaient et se réjouissaient d’être là. Mais le spectacle le plus édifiant qui au début m’avait mise mal à l’aise était le défilé de plus en plus consistant de jeunes femmes toutes tirées à quatre épingles, maquillées, perchées sur des talons invraisemblables, moulées dans des petites robes trois trous à la Jackie Kennedy, les mains impeccablement manucurées tenant une pochette oblongue scintillante. Elles passaient et repassaient, se déhanchant et lançant des œillades à la volée. Elles m'évoquaient une présentation de Paule Ka avec leurs coupes de cheveux toutes identiques, lissés et remontés en chignons savamment décoiffés. Si jeunes. Tellement jeunes. Des lolitas, jeunes femmes jouant à être femme pour aiguiser les appétits masculins. Aucun homme célibataire ne le restait longtemps. Elles l’approchaient à deux ou trois, souvent une blonde, une brune, une entre-deux, comme pour proposer un choix à leur proie et même parfois l’une d’elle se levait pour aller en chercher une quatrième sentant que celle-ci qui avait tapé dans l’œil du coquin. Juste avant que le concert ne soit lancé, des bandes de copains firent leur entrée. Manifestement, ces hommes avaient leurs habitudes, et venaient sans état d’âme cueillir une fleur pour agrémenter leur soirée. A la table à ma droite étaient assis trois couples de cubains et cubaines venus pour apprécier la musique, ou tenter de le faire. Mon voisin le plus proche me regardait d’un air dépité chaque fois qu’un gars repartait avec une de ces jeunes filles sous le bras. Je pensais : « ça pourrait être sa fille ! » Et lui semblait se dire : « Elle doit penser que ça pourrait être ma fille ! ». La musique d’un coup est venue s’abattre sur nous coupant court à nos émotions. Et j’aime trop la musique pour pouvoir l’entendre dans de telles conditions, je me suis demandée d’ailleurs de quoi les tympans des cubains étaient faits pour pouvoir le supporter. Et puis, surtout, je commençais à avoir trop mal au cœur de voir tout ce gâchis, toute cette jeunesse qui n’a comme seule issue que l’usage de son corps. Je suis repartie de la casa musica de la Habana, ivre et triste. Une image de Cuba loin des couleurs, des lumières et de la poésie que je m'étais écrite jusque là.

 

08/09/2012

La Finca Vigia -1-

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- Portrait d'Ernest Hemingway -


Après une journée chargée et torride à la Havane, nous avions décidé de prendre un peu l'air et de nous faire dorer la couenne sur les plages de l'Est à quelques encablures de la ville. La Finca Vigia était un petit détour mais me semblait un passage obligé de notre séjour cubain. Il y a une sorte de jubilation à pouvoir voir la maison de quelqu'un, sentir dans quel environnement il a vécu et oeuvré et ce qui composait son quotidien. L'intérieur de notre maison nous ressemble et en dit long sur nous. Celle où Hemingway a vécu pendant prés de vingt ans avec sa quatrième femme est un véritable enchantement: une belle villa colonniale noyée dans une végétation luxuriante avec une vue magnifique sur la Havane au loin, des terrasses accueillantes, une piscine au bout d'une allée de palmiers, une décoration apaisante, une belle luminosité et puis des livres partout: dans le salon, dans les différents bureaux, dans la chambre à coucher et même dans la salle de bains. Un endroit où je me suis tout de suite sentie bien malgré la présence inquiétante de nombreux trophées de chasse. La tour adjacente où Hemingway entretenait sa demi centaine de chats et au sommet de laquelle il entreposait sa "bibliothèque de guerre" est un endroit rêvé pour écrire et réfléchir, je m'y voyais déjà. Tout, d'ailleurs, à la Finca est objet de plaisir. L'air qu'on y respire, la lumière au travers des feuillages denses, l'ombre, le calme et l'échelle humaine du lieu. On sent tout de suite qu'on ne peut que si sentir bien. D'ailleurs nous sommes restés un long moment à nous détendre, à rêvasser et à causer. A part quelques ouvriers qui continuent la restauration entreprise par le centre national du patrimoine culturel et du bureau de l'historien de la Havane, depuis qu'après sa mort, par sa volonté, elle fut offerte au gouvernement cubain; quelques gardiennes de musée tentant de nous soutirer quelques cuc de plus en nous prenant en photo ou en nous proposant des petits souvenirs fait maison nous étions seuls au monde, Pat et moi, et nous avons pu sans trop d'effort faire comme à la casa!

 

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06/09/2012

Chacun voit midi à sa fenêtre...

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podcast

- Le Nombril - Jeanne Moreau -



02/09/2012

La Habana -1-

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- La Habana -

 

J’ai commencé mon voyage là, trop fatiguée et décalquée par le décalage horaire, je n’ai pas pu apprécier ma première journée dans la capitale cubaine et j’étais bien heureuse de quitter tout ce brouhaha et ces odeurs de gas-oil pour Trinidad, la sereine. Mais j’ai quand même voulu en savoir davantage sur cette ville mythique qui a fait tant couler d’encre et avant de repartir pour le petit Nord de la France, je suis restée trois jours à La Havane. Marlen, qui nous a gentiment accueillie n’habite pas le cœur de la ville mais de l’autre côté du Malecon dans un quartier résidentiel normalement calme quand on s’y enfonce mais bruyant à souhait de son balcon. Son appartement au deuxième étage d’un petit immeuble art déco donne sur une grosse artère, le spectacle y est saisissant. Au ralenti le Dimanche, en transe le Lundi. Des vieux bus scolaires américains avec l’arrière en porte-à-faux, des camions de toutes sortes ressemblant plus à des jouets d’enfant, des grosses voitures « fifties » hallucinantes dans des couleurs pétardes, des petites ladas grises à foison, des vélos, des vieilles motos comme dans les films d’après-guerre, et des gens à pied, plein de gens à pied, qui soit attendent des cars vétustes et bondés, soit hèlent des taxis ou même des automobilistes au hasard, chacun tentant sa chance pour éviter de faire toute la route à pied jusqu’au centre. L’immeuble voisin du sien est un vieux cinéma 1930 pur jus, l’Arenal, à l’abandon. Marlen nous a raconté que dans les années cinquante toute La Havane y venait, elle même y avait vu La Callas chanter. Depuis presque dix ans il est fermé, dommage, elle semblait en être désolée.

 

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- Du balcon de chez Marlen, le Dimanche -

 

Nous avons voulu la première journée faire un tour global dans la cité pour prendre la température du lieu. Jésus, un ami de Marlen a fait pour nous le guide dans sa voiture rafistolée repeinte en bleu vif à l’extérieur et noir à l'intérieur. Il nous a baladé de long en large et en travers dans pas mal de quartiers de la ville pour qu’on la comprenne. On est allé chercher les points hauts pour pouvoir avoir une vue d’ensemble et nous avons aussi visité le cimetière presque aussi beau que celui de Gênes. Après avoir passé des heures à déambuler dans la vieille ville- toute une partie du centre est restaurée - au milieu des touristes, nous avons bu tous les trois un verre à l’El Nacional, le fameux hôtel d’Al Capone. On se serait cru dans le Parrain dans les gros fauteuils en osier doré et skaï rouge sous le préau à colonnes joliment éclairé de grosses lanternes marocaines entrain de siroter le daïquiri mis au point par Hemingway lui-même qui est à la Havane une des vedettes, après Le Ché. Je ne vous dis pas le monde au Foridita et à la Bodeguita del Medio, les deux bars qu’affectionnait « Papa ». C’était sympa malgré une chaleur accablante. J’ai adoré le restaurant dans lequel nous a emmené Jésus, nous voulions tout sauf un lieu touristique. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé un Dimanche midi dans une immense salle au quatrième étage d’un immeuble au plein cœur de la ville sans même qu’on puisse le savoir de l’extérieur dans un restaurant où les cubains viennent en famille manger dans un décor rustico-hispanique du porc grillé ou du poisson arrosé d’une sangria maison. Vraiment un chouette moment. Jesus nous expliquait du mieux possible, ne parlant qu’espagnol, que c’était une sorte de coopérative et que c’est pour cela qu’on pouvait manger aussi bon à des prix aussi bas. C’était bondé. Les grands ventilateurs brassaient un air chaud et lourd et la jovialité emplissait l’atmosphère. Un lieu autrement plus sympa que d’autres que nous avions pu faire avec notre guide touristique sous le bras. Le charme de La Havane commençait à opérer et nous étions finalement ravis d’être là. Nous nous sommes cassés le nez devant la porte du musée d’art contemporain, les horaires avaient changés et nous avons du coup décidé de faire celui du Havanna club, pas tout à fait le même délire mais instructif quoique expéditif. On ne peut pas le faire sans un guide, passage obligé à la caisse, et le guide mène ça de main de maître à une cadence plus que rapide pour vite nous amener à ce qui le motive : le magasin de souvenirs.

Enfin, nous avons voulu finir la journée en beauté. La fille de Marlen travaille dans la mode, elle est ancienne mannequin, mariée à un photographe français et fait maintenant de la production d’images. Elle m’avait envoyé via mon amie un mail avant de partir nous indiquant un lieu insolite pour dîner en tête à tête. Nous avons demandé à Jesus de nous y déposer, Pat et moi, ce qu’il a aimablement fait et de venir nous rechercher après le repas, car l’endroit en question était vraiment dans un coin improbable de La Havane, en dehors du circuit touristique niché au troisième étage d’un ancien palais, rampe d’escalier et sols en marbre, hauteur de plafond surprenante, immenses pièces bourrées de colonnes, il paraît que La Havane est une des villes la plus riche en colonnes du monde, sombre et pas très rasssurant. Au rez-de chaussée, l’espace est complètement squatté, recoupé en petits appartements. Un tel y gare son américaine, plusieurs autres ont des citernes d’eau suspendues aux moulures et aux stucs, un autre encore a fait pendre son linge entre une ferronnerie sophistiquée et un bout de fresque, des fils électriques traversent l’air de partout, une vraie forêt vierge et sur les murs desquamés on peut lire un poème de Fidel et voir une peinture du Ché. Au deuxième, c’est entassé. Chacun a fabriqué son petit chez soi de bric et de broc avec des planches, des tôles usagées, des morceaux de tout et de rien, on a l’impression que c’est provisoire, que c’est en chantier mais on comprend vite en jetant un œil discret que c'est ainsi que les gens vivent, alors quand on arrive au troisième après avoir passé une sorte de gigantesque salle de bal entièrement vide, on est comme dans un rêve ou dans un film. La porte en bois sculpté s’ouvre sur un espace raffiné, meublé avec goût de mobilier pourtant disparate, des tables dressées avec une élégance rare, nappées de blanc, des assiettes en porcelaine fleurie du début du siècle, des verres en cristal, de l’argenterie. Par chance nous avons pu être sur l’unique table pour deux installée sur un large balcon en pierre digne de celui qu’on imagine dans Roméo et Juliette, et nous avons dîné là, à la lumière des chandelles avec une vue plongeante sur une ville déchirée, blessée, et malgré tout vivante, insensée. Nous nous sommes régalés, avons passé une délicieuse soirée à se dire et en sortant Pat a voulu prendre des clichés en me faisant poser. Je me suis prêtée au jeu, j’aime quand il me regarde. Le résultat est un peu noir mais rend à merveille l’ambiance du lieu, à vous de juger, à votre tour de voir et de vous inspirer!

 

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- Photos Patrick Natier -



01/09/2012

Braderie de Lille, édition 2012

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Comme chaque année et ce depuis fort fort longtemps, la braderie de Lille a lieu. C'est une tradition dans le Nord, tous les ch'tis qui se respectent ne peuvent la louper, une occasion unique de voir la cité, d'ordinaire assez calme, envahie et étrangement transformée. Je devais être de bonne humeur cette année, elle m'a moins affligée que d'ordinaire, j'ai même trouvé l'ambiance bon-enfant. Pourtant, c'est vraiment tellement époustouflant, tous ces looks qui défilent, toutes ces sortes de comportements, ces mecs en bande qui boivent de la bière en chantant, ces nanas déguisées en filles de joie qui crient en se tenant les coudes, ces familles entières qui errent et tous ces mangas en ballons aux mains des plus petits. Certains endossent le sourire au lèvres leurs idées sans complexes en noir sur blanc sur leurs T-shirts, tout, pendant la braderie est possible, c'est une fête populaire par excellence et certains même, comme mon voisin toujours tiré à quatre épingle vienne s'y encanailler. Je l'ai vu au cours de la journée s'empourprer à la pinte de blonde mousseuse et le petit étal qu'il avait construit avec sa femme d'ordinaire si BCBG, avec épars sur le bitume quelques fringues délavées et des bouquins moisis, car chacun peut ici vendre tout et n'importe quoi, se déliter presque aussi vite que lui. Quand je suis rentrée chez moi à sept heures, il était fait, un immense sombrero lui mangeait la moitié le visage et il embrassait les passants et les passantes en déclamant de sa voix d'avocat du barreau, sa joie d'être des nôtres, nous les ch'tis! Comme cet homme jovial, appuyé de tout son long sur ma vitrine avec son slogan sur la poitrine pas des plus raffinés. Hé,hé. Faut le voir pour le croire, je vous le dis.

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Puisque par la force des choses, je suis tenue d'en être comme tout bon commerçant qui se respecte, autant jouer la carte jusqu'au bout. J'ai avec mon grand petit dernier et mon homme succombé à la traditionnelle moules-frites maison! Et le breuvage qui va avec. Diantre! j'ai été stupéfaite de voir venir à ma table à défaut d'une blanche, une bière d'Esquelbecq s'appelant "Les Québécoises"! Parfois le hasard est plein de raretés qu'on n'oserait même pas mettre dans un roman tant elles paraîtrait cousue de fil blanc. Je me suis régalée, il faisait beau et finalement j'ai trouvé la journée plus cool qu'à l'accoutumée. Prendre les choses du bon pied facilite grandement la manière de les vivre. Je suis restée un moment à regarder passer devant mes boutiques tous ces passants, tous ces gens, tous si dissemblables les uns que les autres. Au bout d'un moment je me suis demandée d'ailleurs si c'était la bière ou la masse d'images engrangées qui m'avait le plus enivrée...

 

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Au boulot toute la journée, sur le qui-vive, à faire moi aussi ma braderie de luxe, je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de me promener, car pour cela il faut du temps, beaucoup de temps, beaucoup beaucoup de temps. Les gens sont tellement collés les uns aux autres qu'on avance au rythme de la foule, c'est véritablement stupéfiant de voir sa ville devenir le temps d'une journée autre. En même temps, c'est la première fois que je me fais la remarque, sans doute parce que j'étais plus open que les autres années, il y avait plein de poésie et d'étonnances dans ce que j'ai pu croisé aujourd'hui, le peu des quelques mètres que j'ai franchi pour prendre ma bouffée de braderie. Car entre les babioles que les enfants vendent, les vide-greniers des uns des autres, les fripes, les brocantailles et les fonds de tiroirs, parfois on arrive encore à voir des choses fascinantes. Et c'est plus finalement comment les choses se font qui prêtent à s'extasier. Même les concours de moules, faisant étrangement penser aux terrils, deviennent par l'ardeur avec laquelle les monts se construisent une oeuvre touchante quoique un peut trop odorante!

 

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Pour finir, parce que ça m'a fait vraiment rire, à croire que c'est le thème de la saison, je n'ai pas pu ne pas prendre un cliché de ce que le bar en face de mon antre avait mis en place. A part la musique plus digne d'un David Guetta à Ibiza qu'une casa musica à La Havane, le ton y était. Hé,hé. J'étais rattrapée, et avant de rentrer chez moi à pied parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de part l'affluence et la fermeture de la ville à tous véhicules, ce qui m'a mis les jambes en miettes après ma journée de boulot torride et ubuesque, j'ai siroté un mojito et avant que le rhum ne me fasse trop d'effet, j'ai pensé à ce contraste entre le dernier que j'avais bu à Cuba et celui que je buvais là, à Lille au milieu d'une foule en délire. Folie!

 

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31/08/2012

Omar m'a tuer...

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- La Femme-Hibou -

 

Pat a étrangement insisté pour que je vois ce film sur cette affaire, en entier. J'avais esquivé au premier visionnement à peu près à la moitié, j'ai exprimé que je sentais que ça allait être au-dessus de mes forces et je craignais la soirée abîmée. J'ai alors quitté la pièce, Pat a fini de voir le film et puis me suis couchée presque sereine d'avoir pu éviter le pire. Hé,hé. Pourtant, ce soir, là, présentement, voilà qu'il récidive, qu'il me demande de voir la fin d'un film que je sais poison dans ma carte du monde. Je plie, acquiesce et accepte ce déroulement. Jesus, Christ!! J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, j'ai hocqueté avant de m'effondrer. Non, plus que non, viscéralement non. Je ne suis vraiment pas taillée pour l'injustice et pas prête de l'être. Faudra qu'on me tue pour me faire être autrement que ce que je suis devenue à tort et à travers. Je pensais à Cyrulnik, avant de voir ce film, et je disais à Patrick tout comme lui, que la résilience est loin d'être un acquis. Une blessure narcissique aussi infime soit-elle est à jamais ancrée dans notre vie. On cherche à colmater la douleur, à lui donner un sens, à l'oublier, l'organiser, l'enjoliver, la sublimer, lui donner des lettres de noblessse, n'empêche que quoi qu'on fasse, la blessure est là, et plus elle est profonde et profonde, tatouée dans nos chairs, dans notre vision du monde, plus, quoi qu'on fasse elle se ravive à nous et peut nous plonger dans des détresses effarantes et si terriblement humaines. J'ai foi en l'empathie, je sais qu'elle est source de plaisir dans la relation à autrui mais je n'ai pas encore la capacité de me l'offrir. J'en ai manqué terriblement dans ma vie, je l'ai cherchée désespérement et maintenant j'en suis au stade de l'expectative, j'ouvre mon esprit et mon coeur à mes fins. Mon regard change, mon horizon aussi, il s'éclaire et mes souffrances narcissiques s'estompent pour laisser place à l'improbable: moi. Comme quoi, faut toujours faire confiance à l'étoile qui brille en nous, celle qui matérialise dans notre imaginaire notre existence. Faut savoir et apprendre à s'aimer et à s'étonner, sans cesse, et jamais laisser qui que ce soit, vous tirer d'affaire en vous tuant  ... Faut vivre, bonnant malant, mais pas seulement, faut frisonner, faut se donner, faut y aller, ne pas craindre l'adversité, se permettre, oser, penser, se cultiver, apprendre et plus que tout aimer. Omar m'a toucher. Choukrane. 

 

29/08/2012

Dans mon vers je suis libre

 

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- Photo Patrick Natier -


 

Dans mon vers je suis libre : il est ma mer.

Ma mer vaste et dénuée d'horizons...

Dans mes vers je marche sur la mer,
je chemine sur les vagues dédoublées
d'autres vagues, et d'autres vagues. Je marche
sur mon vers; je respire, je vis, je croîs
en mon vers et en lui mes pieds ont
un chemin et mon chemin une direction et mes
mains ont de quoi tenir et mon espoir

de quoi espérer et ma vie a son sens.

Je suis libre en mon vers et il est libre
comme moi. Nous nous aimons. Nous nous avons.

En dehors de lui je suis petite et m'agenouille
devant l'oeuvre de mes mains, la
tendre argile pétrie entre mes doigts...
A l'intérieur de lui, je m'élève et je suis moi même.

 

 - Dulce Maria LoynazTraduit de l'espagnol par E. Dupas. -

 

 

28/08/2012

Trinidad -3-

voyage, écriture, sensation, émotion, cuba, trinidad, partage, humain

- Trinidad - Aout 2012 -

 

Je suis restée plus longtemps à Trinidad, plus que prévu au départ. Me devais de me partager équitablement entre chacune de mes hôtesses, mais bon, c'était mes vacances aussi et j'avais un certain besoin de farniente et de poésie. Après avoir atterris à la Havane, Marco est venu nous chercher dans sa Lada pourrie pour nous amener chez Marlen, la mère de l'amie de notre amie. Wouah, je vous dis pas le bruit qui m'a assaillie. Dingue. Des diesels fumants à tout va, des vieux bus scolaires et engins que je n'avais jamais de ma vie vus avant de venir ici. Des antiquités ambulantes crachant de leurs pots des nuages noirs provoquant des brouillards dignes du cinéma hitchcockien. Quand Marlen m'a soumis l'opportunité de dégager au plus vite de chez elle parce qu'elle avait besoin du lit de la grande chambre sur rue, je n'ai pas hésité et me suis retrouvée dans cet havre de paix qu'est Trinidad. Luisant, coloré, musical. Tous les soirs nous allions entendre la salsa à la casa musica, vaste bar en plein air où viennent tous les cubains danser et boire un verre. Après deux mojitos, on est vite pris par l'ambiance et par le rythme même si parfois je me sentais un peu vieille au milieu de tous ces jeunes plus beaux les uns que les autres se déhanchant au son de la guitare. Impossible pour nous de nous fondre dans la masse! Avec notre physique, Pat et moi, on nous prenait souvent pour des allemands ou bien des hollandais, personne n'arrivait à croire qu'il pouvait y avoir des français aussi grands! Nous avons dit par nos gestes, en parlant ni l'un, ni l'autre la langue espagonle. C'est là qu'on comprend tout l'intérêt de parler la langue du pays, quoique par chance l'espagnol à des racines communes avec le français et que le langage analogique lui est universel!  Et même là-bas, à l'autre bout du monde j'ai été rattrapée par mon métier... Juani a voulu me faire visiter sa garde-robe pour avoir mon avis et a étrenné pour nous une robe fleurie bleue qu'elle s'était offerte trois mois auparavant et n'avait jamais osé mettre. Quand elle est apparue dans sa robe avec ses deux coktails de fruits frais dans les mains pour nous faire plaisir, je me suis extasiée: " Wouahou! Que vous êtes belle!". Le lendemain j'avais deux roses du jardin d'un rose évanescent dans un vase sur ma table de nuit. La mode est partout un moyen de communiquer impressionnant. Les cubaines d'ailleurs aiment la couleur et les vêtement moulants et aussi ce qui brille, ça m'a frappé le nombre de T-shirts que j'ai pu voir à Trinidad comme à La Havane avec des motifs scintillants...

 

25/08/2012

A la Havane, chez notre hôtesse

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24/08/2012

A mon cher Mc Comber

Cher et tendre,

Ah! On m'a baladée. malheureusent, mon précieux ami, je dois t'avouer que non. Personne ne m'a parlé, personne n'a même osé une critique. Tout ce que j'ai dit et écrit, vient de mon ressenti. Je t'ai fait de la peine, Eric, j'en suis navrée. Tu me connaîs, je déteste l'idée et pire encore de faire du mal à quelqu'un que j'aime et apprécie. Tu pleures de mes écrits et je pleure de te savoir à ce point meurtri par ma faute. Mais, mais, pardonne mes mais. Je n'ai pas comme toi eu l'occasion ni même l'envie d'aller plus d'une dizaine de fois à Cuba. Pourtant, tu connais mon amour pour la musique. Orishas est un groupe dissident, pas cubain, je ne sais même pas s'ils l'écoutent là-bas, un de ses menbres est français, un autre espagnol. Et, peu m'importe. Je ne cherche pas à descendre un idéalisme possible, une religion pour certains, je ne veux qu'exprimer ce qui m'a étreint. Nous sommes différent toi et moi. Tu n'as pas eu à vivre l'obscurantisme, le culte de la personne, l'idée d'un seul homme. Quand même Eric, je ne vais pas te mettre en lien reporters sans frontières: Cuba tu l'aimes ou tu le quittes, n'est ce pas le lot de tous ceux qui pensent autrement? Et toi tu vis ça comment? Pas vu une parabole sur les toits des maisons, pas vu non plus la presse internationale où que ce soit même à l'aéroport de la Havane, pas vu non plus d'endroit "officiel" pour nourrir l'appétit de savoir ce qui se passe dans le monde. Une expo d'haikus, oui, mais c'est si peu et pourtant! Et j'ose à peine te parler d'internet qui est proscrit là-bas! Comment tu ferais toi? Pas de chocolat, pas de thé, pas de moutarde, pas de savons, mais surtout pas d'internet! Ah. Je l'ai capté une seule fois par hasard, à la Havane, entre la poire et le fromage, façon de parler, c'était entre, hé,hé. Nan! C'est stupéfiant Et c'est normal que les cubains fassent semblants, je ferais de même à leur place... Mais j'oeuvrerais en douce, je contournerais l'obstacle, l'idéologie, la religion d'état à tout prix... N'est-ce pas ce que certains font au fond au prix d'énormes efforts et de peur, juste parce qu'ils aiment leur pays et veulent y vivre? Penser que l'individualité n'a pas d'existence et que la propriété n'a pas de sens, c'est, pardonne-moi, pour moi, ne pas comprendre ce que l'individu cherche à faire quand on lui en donne les moyens. C'est quoi être écrivain, poète ou artiste (et pire homosexuel au milieu de tout ça) là-bas si tu ne penses pas Fidel ou Ché, son aura? Lire José Marti, alors que où que tu sois dans cette île il y a son buste, son effigie, oui je vais le lire mais je me méfie. Pour l'instant je suis dans Castro, l'infidèle de Serge Raffy, passionnant! Je suis vraiment tellement réfractaire à la pensée unique que je me suis sentie enfermée dans ce pays, dans ce qu'on en a fait, cette idéologie qui oublie l'ndividu au profit de la communauté qui comme on le sait finalement ne profite qu'à ceux qui tiennent les rennes. C'est quoi vivre au 21ème siécle?

Alors je vais devoir te faire de la peine encore (comme avec le cinéma), encore tu vas verser des larmes. La presse, in situ, est soumise à l'état. Passe par lui. Et ne peut pas être subsersive. Kafka au pays de la canne à sucre! Le Cuba que j'ai vu qui n'est pas une vue de l'esprit. Quoi? Tu crois que moi et Pat, on est des bénis oui-oui?

Les cubains ne peuvent investir dans leur pays. Je n'ai pas encore cherché l'information concernant les droits d'auteurs qui furent un temps suppprimés et puis rétablis et puis de nouveau supprimés comme beaucoup de décisions d'ailleurs. Par malheur on a enlevé leur terres aux paysans. Grave errreur!

Croire que les choses peuvent être autrement. Je trouve ça normal et souhaitable. Mais vouloir penser qu'elle devrait être de cette nature. Non. Pour moi, c'est au-dessus de mes forces.

Je ne crois pas à la pensée unique, je ne pense pas qu'on puisse tous être pareils, je ne pense pas qu'il faille faire en sorte que. C'est ce que j'ai appris à Cuba. Faut défendre son bout de gras, sa manière de voir, sa manière d'être. Et faut pas penser qu'elle est possible pour tous. Parce que chacun a à être ce qu'il a à être et personne, personne ne sait mieux que lui.

Désolée de t'avoir peiné, Je ne peux malheureusement pas m'enthousiasmer de cet arrêt sur image. Génial, ces bagnoles des fifties: un pays figé dans le temps comme une mouche dans l'ambre...* Magnifique et effrayant. Stupéfiant de grâce. Envoûtant mais désarmant.

 

* De Christian Mistral

21/08/2012

passage à Blue...

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- Trinidad, Août 2012 - Photos Blue -

 

20/08/2012

il n'est jamais trop tard pour bien faire...

On se fait des idées, on a besoin de penser top souvent que tout peut changer, aller mieux, je sais pas, en tout cas aller dans le bon sens des choses tel qu'on le conçoit et on tombe sur un os. Une personne réfractaire, qui a besoin de penser autrement, pour qui c'est nécessaire. Aïe. là, ça fait mal. Quand cette personne est votre soeur, qu'elle a deux petits êtres à sa charge et qu'elle l'est confronte à l'ogre en toute impunité voulant penser qu'il est bon et loyal, au pire qu'il est trop vieux! C'est au dessus de mes forces. C'est trop me demander. Je ne peux l'accepter. En mon for intérierur. Je ne suis pas la mère de ses enfants mais j'ai essuyé les plâtres et les miens avec moi, et j'en reste sans voix. Chacun voit midi à sa fenêtre comme il se doit, mais comment faire pour amener quelqu'un à voir ce qu'on voit, ce qu'on a vu et ce qu'il ne faudrait pas avoir à voir une nouvelle fois?

 

19/08/2012

La playa d'Ancon

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- Photo Patrick Natier -

 

Yoani Sànchez

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" A eux seuls  les blogs ne changeront pas le système mais ils peuvent y participer."

- Yoani Sànchez -

 

Avec Laure et Laurence, nous discutons souvent de l'importance, de l'intérêt et du pourquoi d'un blog. Chacune, nous avons notre manière de l'appréhender et de le concevoir, chacune nous y mettons un bout de nous et un bout de ce que l'on veut faire savoir de nous, sans doute est-ce là la démarche de beaucoup de blogueurs et de blogueuses. Une démarche artistique, créative, communicative et à mon sens, humaine, à plein de point de vue: d'abord dans le fait de s'ouvrir à l'autre, de partager son opinion, de l'interactiver avec d'autres partout sur la planète, de s'enrichir de ce qu'on suscite et d'élargir ainsi l'horizon de sa pensée. Un outil précieux pour le développement personnel et pour la créativité qui sommeille en chacun de nous. Vivant dans une société qui permet les échanges et qui encourage de penser par soi-même, je n'avais pas encore mesuré à ce point l'autre intérêt que pouvait avoir ce genre de média. Je savais que le printemps arabe s'était servi d'internet comme arme mais n'avais pas encore fouillé de ce côté là. En revenant de Cuba, j'ai voulu savoir s'il y avait quand même là-bas d'une manière ou d'une autre quelqu'un ou quelqu'une qui avait pris le risque de s'exposer et d'écrire, de dire et d'exprimer ce qui semble impossible sur place. Je n'avais encore jamais vu un pays sans paraboles, sans presse, sans communication à part des grands panneaux de propagande partout dans la campagne entre La Havane et Trinidad. Je n'avais jamais encore perçu dans mes nombreux voyages à ce point une telle complication pour des gestes qui nous nous paraissent si simples et naturels. j'ai voulu en savoir davantage et je suis tombée sur le blog Génération Y de Yoani Sànchez. L'interview de TV5 Monde de cette jeune femme montre à quel point c'est compliqué de faire bouger les choses sous le joug d'une dictature. Bien sûr on le sait, on imagine ce que ça doit être mais je pense intimement que ce qu'on peut en penser reste en-deça de la réalité et de la souffrance engendrée.

 

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" Ne me frappez pas, je ne suis qu'un blogueur "- Dessin de Yoani Sànchez -

 

 

 

18/08/2012

A su!

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- Double portrait au verre de vin - Marc Chagall -

 

Les trente quatre degrés qu'on a aujourd'hui dans le Nord, le ciel bleu azur, la musique cubaine que j'écoute en boucle, tout ce qui me permet de continuer à être un peu ailleurs, l'ivresse de l'amitié et du plaisir de vous retrouver, allez savoir de quoi on est fait! En tout cas, vous m'avez manqué! Hé,hé...

 

 

Trinidad -2-

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A Trinidad, toujours sur les directives de notre amie qui nous a envoyés là, nous avons logé chez l'amie d'une de ses amies. A Cuba, il s'est développé activement depuis que l'état l'a permis les "casa particular". Pas moins de 700 endroits de cette sorte rien que pour Trinidad. Ceux qui le désirent et qui le peuvent doivent s'inscire dans une sorte de registre, ils n'ont droit de proposer qu'une seule chambre chez eux et reversent une grande partie de ce qu'ils gagnent à la mère patrie. Une ouverture sensible pour les cubains qui le font et qui leur permet de mieux vivre. Ce n'est pas avec les salaires qu'ils touchent qu'ils peuvent penser subvenir à leurs besoins. Difficile d'imaginer qu'ils puissent s'en sortir avec l'équivalent de vingt à trente euros par mois! Cette nouvelle possibilité mise en place depuis 2010 pour permettre le développement du tourisme qui est la première manne du pays est une chance pour eux et une chance aussi pour les touristes comme nous qui préfèrent vivre plus près des gens et dans des ambiances non formatées. Beaucoup de cubains et de cubaines ont ainsi une double activité, leur métier d'un côté et de l'autre un système pour arrondir les fins de mois, c'est ainsi que nous avons rencontré un journaliste travaillant à la radio faisant de temps à autre le chauffeur entre La Havane et Trinidad, c'est aussi ainsi que ce sont développés les paladars, des minis-restau chez l'habitant souvent charmants.

Juani nous a reçu royalement dans sa maison de famille qu'elle n'a jamais quitté et dans laquelle elle habite avec son homme, sa belle-fille et son petit fils depuis plus de soixante ans, c'était la maison de ses parents. Son fils, dentiste travaille au Vénézuela, il a accepté, pour offrir à sa famille de vivre mieux, de partir là-bas pour un contrat de deux ans qui l'oblige à ne pas revenir au pays et qui lui permettra au bout de ces vingt quatre mois de prendre l'argent de son labeur bloqué tout le temps du contrat. Nous avions pour nous au bout de leur maison toute en longueur rose tendre, une petite chambre. Du toit terrasse on pouvait voir tous les voisins et l'état de délabrement du tribunal populaire juste à côté qui comme beaucoup de bâtiments officiels est atteint de façadite aigüe, la devanture fraîchement repeinte et pimpante avec un intérieur en plus que piteux état.

Nous avions à notre disposition, un petit coin privatif à l'ombre sous un énorme manguier qui perdait ses fruits à chaque orage violent et une sympathique vue sur un bout de jardin entouré de grands murs grisonnants dans lequel s'épanouissait un citronnier, des griffes de sorcières et quelques fleurs dont un rosier. Il y avait bien entendu également un gros bosquet de menthe pour le mojito que le maître de maison nous préparait à l'heure de l'apéro. Il aimait à dire d'ailleurs que ses mojitons étaitent le meilleurs du patelin. Pour en avoir bu un peu dans tous les coins à n'importe qu'elle heure, je peux lui donner raison!

Juani a été une hôtesse formidable de gentillesse et de drôlerie. Professeur d'anglais et d'espagnol à la retraite, elle nous donnait notre petite cours matinal quotidien, nous avions fort à faire Pat et moi, ne parlant ni l'un ni l'autre un mot d'espagnol. En échange nous lui parlions le français, une langue qu'elle adore et qu'elle tentait d'apprendre à l'aide d'un manuel de conversation et d'une vieille cassette audio. Nous avons usé et abusé de la douche extérieure dans un coin du jardin. Dans ses pays de soleil, l'eau et l'air sont plus que bienvenus. Juani s'est beaucoup amusé, surprise de nous voir tous les deux préférer mille fois nous ébattre avec l'eau l'un et l'autre dehors plutot que dans la salle de bains prévue à cet effet attenante à la chambre à coucher. Elle nous a trouvés très "cubano" dans notre maière de faire, jamais une seule personne avant nous n'avait ainsi profiter de l'installation en plein air ce que régulièrement elle et sa famille prennent plaisir à faire! Elle a encore plus ri et de bon coeur quand un jour d'orage redoutable nous nous sommes mis sous les gargoulettes crachant de l'eau à toute puissance pour prendre ainsi une dose d'eau de pluie tiède. Décidemment nous étions vraiment différents!

Féru de cuisine le mari de Juani nous a fait goûter sa soupe aux haricots noirs, délicieuse et parfumée; son porc grillé à la créole avec des bananes plantains rissolées et le typique mélange cubain de riz blanc et de black beans, véritable symbole du métissage ambiant. Nous nous sommes régalés de multitudes de fruits juteux très présents dans la cuisine cubaine, comme les mangues, les goyaves, le fruta-bomba, les bananes et les ananas. Des fruits avec un vrai goût qui sont servis à chaque repas en accompagnement des plats. Un peu déroutant au début, mais on s'habitue vite à prendre les fruits pour des légumes, comme on s'habitue aussi encore plus rapidement à boire des mojitons ou des cubatas à tout va...

 

 

17/08/2012

Trinidad -1-

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Ce qui frappe en premier à Trinidad, ce sont les couleurs. Elles sont partout, du bleu, du rose, du jaune, de vert, de l'ocre, du grenat, sur les murs, les toits, les boiseries, les parapluies qui servent d'ombrelles et bien sûr les voitures, ces grosses américaines des fifties. Les rues étaient très calmes en plein milieu de l'après-midi, faut dire que le soleil cogne fort, il est à la verticale et tous s'abritent dans les maisons basses, sombres avec parfois des petits patios de verdures au fond. Il y a deux Trinidad. Celui qu'on voit là, sur les photos d'n haut, le Trinidad en cours de rénovation, repeint, refait, réhabilité pour les touristes. L'endroit où on peut déjeuner ou dîner, boire un verre, entendre de la musique et flâner dans des ruelles de gros galets à s'en tordre les pieds. Et puis il y a l'autre, plus dans son jus, avec ses façades décrépites, et ses maisons plus simples bourrées de charme plus encore, les images parlent d'elles-mêmes. Là on y croise des carrioles à cheval, des vélos taxis et des vendeurs à la sauvette qui ont sur leurs étals leurs petites productions de légumes ou de fruits. Certains vendent des gâteaux multicolores, d'autres fabriquent des jus de fruits frais ou des sortes de pizzas qu'ils servent dans un bout de papier gras. Tous les gens qu'on croisent vous saluent d'un "Ola!". Veulent tous savoir d'où on vient et si on a dans nos bagages du savon qui manque cruellement pour eux depuis qu'il a été retiré des cartes de rationnement. Les cubains font la queue pour tout, pour acheter un bout de pain, un poisson ou pour se faire couper les cheveux sur l'unique siège d'un coiffeur qui officie sur le bout de terrasse devant sa maison. Trinidad, une grosse bourgade coincé entre la forêt tropicale et la mer des Caraïbes. Verdoyant, aéré, tranquille. Un lieu pour peindre, pour écrire. Un lieu propice à la farniente. Les cubains là-bas sont pas stressés et pas bruyants, il y a peu de trafic et seulement quelques bus pour emmener les touristes à la plage, des bus chinois climatisés et d'autres plus vétustes voire délabrés pour transporter dans d'autres conditions les familles cubaines presque toujours entassées. J'ai vu aussi des camions de l'armée russe transformés qui emmènent ceux qui le souhaitent moyennant finance du centre ville à la mer à cinq kilomètres de là...

 

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