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31/01/2011

VILLONELLE

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Dis-moi quelle fut la chanson
Que chantaient les belles sirènes
Pour faire pencher des trirèmes
Les Grecs qui lâchaient l'aviron
Achille qui prit Troie, dit-on,
Dans un cheval bourré de son
Achille fut grand capitaine
Or, il fut pris par des chansons
Que chantaient des vierges hellènes
Dis-moi, Vénus, je t'en supplie
Ce qu'était cette mélodie.
Un prisonnier dans sa prison
En fit une en Tripolitaine
Et si belle que sans rançon
On le rendit à sa marraine
Qui pleurait contre la cloison.
Nausicaa' à la fontaine
Pénélope en tissant la laine
Zeuxis peignant sur les maisons
Ont chanté la faridondaine !...
Et les chansons des échansons?
Échos d'échos des longues plaines
Et les chansons des émigrants !
Où sont les refrains d'autres temps
Que l'on a chantés tant et tant?
Où sont les filles aux belles dents
Qui l'amour par les chants retiennent?
Et mes chansons? qu'il m'en souvienne !

- Max Jacob - Laboratoire central -

 

30/01/2011

17h30

 

to be or not to be

- Photo Laurence G. -

 

 

Eructer, crier, exprimer, offrir sa souffrance ne résout pas l'équation, probable même qu'elle la complique, l'exacerbe...

La solution est en nous, peut-on s'offrir et s'ouvrir à l'amour qu'on n'a pas reçu enfant? Peut-on faire de notre manque de surface une matière tangible? Peut-on être, sans avoir été?

Qu'est-ce qu'être?

 

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Tellement plus simple de penser que tout se panse, tellement plus confortable, pourtant il est des blessures qui perdurent... La résilience n'est pas un acquis, elle est une démarche, elle est " la vie", oui! 

 

 

16:36 Publié dans état d'âme | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : step by step!

ce matin

 

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- Liz Mc Comb par Marine Karbowski -

 


podcast
- Motherless child - Liz Mc Comb -

 

Il me prend souvent sans crier garde et souvent aussi parce que je baisse la garde et je me décourage; il m'oblige à m'introspecter, il me torture, je n'arrive pas à lutter. Quand il m'étreint c'est toute entière. Tout alors devient noir, tout devient difficile, plus rien n'a de goût, de saveur; plus rien n'a de sens, n'a d'intérêt, j'en perds jusqu'au sommeil et jusqu'à l'appétit. Il me replonge tout au fond du chaudron, disgrâce, et je me raille, me raye, m'écorche, me trouve mille défauts, m'en veux de tout, m'auto-flagelle, me love dans la culpabilisation extrême, m'embourbe dans la honte, me nourrit du poison de la souffrance intime, de cette lèpre existentielle. Il agit sur moi comme une drogue dure douce amère, et, je me délecte de cette substance imprévisible qu'ainsi je m'inflige seringues dans la tête, parce que toujours tapi dans un coin de la boîte, il me ressert ma dose, me replonge dans le gouffre de mes angoisses profondes et de mes peurs d'enfant; parce que je n'ai pas encore complètement éradiqué la source probablement pas possible à tarir il me faut me servir de cette matière prégnante qui fabrique du doute, du mal et qui m'enrage. J'essaie d'avoir le recul nécessaire et j'essaie de l'écrire pour décoller la glu qui s'abat sur mon coeur et qui m'immobilise dans une inhibition à toute épreuve alors que je sens bien que ça hurle profond à l'intérieur. Il n'est pas toujours aussi intense, parfois juste il passe comme un effluve au détour d'un mot ou d'une situation, d'un échange, d'une vision, fugace; là il me scotche déjà secrètement depuis deux ou trois jours, je suis prise dans la nasse de ses noirceurs vivaces, je fabrique comme Soulages des outre-noirs dévorants et lumineux de ténèbres.

Jusqu'où ira à nouveau ce passage à vide si plein de fantômes, ce non-néant anéantissant, cette baisse de régime puissante si ce n'est sur un fond sur lequel rebondir et remonter la pente. Me faut-il encore à ce point douter et souffrir pour rester en alerte et arriver à être celle que je suis?

 

 

27/01/2011

histoire de réchauffer :-)

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-28°

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Ici, dès qu'il fait zéro, on se les pèlent menus, on râle, on ne bouge plus, alors, difficile d'imaginer nos neurones à moins vingt et des poussières, pourtant d'autres y arrivent très bien! Mets-en en sacrament! Moi, c'est leur chaleur à l'intérieur que j'aime tant chez ces gens du grand Nord, leur franc-parler aussi et leur langue vivante réchauffante haute en couleur! Je vous aime les amis et plutôt plus que moins!

 

 

23/01/2011

l'art de créer des décors et de vêtir des corps...

L'expression savoureuse est de Christian, elle symbolise parfaitement une partie de ce à quoi j'oeuvre et qui me passionne aussi. Cinq jours d'immersion dans le monde de la déco et de la mode, cinq journées parisiennes bien remplies et puis je vous retrouve. Bon Dimanche à vous. Enjoy!

 

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- Dior - 2010 - photo piquée à James Bort -

 

 

 

" La beauté échappe aux modes passagères."

- Robert Doisneau -

 

 

 

 

22/01/2011

l'herbe tendre

 

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- photo Laurence G. -

 

podcast

- Adrienne Pauly - L'herbe tendre -

 

D'avoir vécu le cul
Dans l'herbe tendre
Et d'avoir su m'étendre
Quand j'étais amoureux
J'aurais vécu obscur
Et sans esclandre
En gardant le cœur tendre
Le long des jours heureux
Pour faire des vieux os
Faut y aller mollo
Pas abuser de rien pour aller loin
Pas se casser le cul
Savoir se fendre
De quelques baisers tendres
Sous un coin de ciel bleu
Pas se casser le cul
Savoir se fendre
De quelques baisers tendres
Sous un coin de ciel bleu.
.
.
- Serge Gainsbourg -
.
.

 

 

21/01/2011

du désir

Le désir est une denrée fragile et encore difficile d'accès pour une femme qui, blessée dans son intime, tente petit à petit de le retrouver. Le désir de sexe, le désir charnel, l'appel au large, l'annonciateur déclencheur provocateur du grand voyage, celui qui vous assaille, insoupçonnable, qui vous prend aux tripes, irréversible, celui qui vous percute de plein fouet, qui vous pousse dans vos contrées inexplorées, irrépressible; cette liberté d'être tout à soi, celui-là qui est identité et liberté, vivance.

Le plaisir m'a aussi longtemps été proscrit, trop associé sans doute à la honte; encore un des méfaits pernicieux et sordide d'une utilisation d'un corps de petite fille et de son affectif à des fins non avouables, pourtant il me fut récupérable en me défaisant doucement et par petits bouts de ces vieilles peaux coupables et culpabilisantes que j'avais endossées au fil des années; il reste pourtant fragile, lui aussi, agissant souvent comme le baromètre d'une vérité cruelle et assassine enfouie loin dans un trou de ma tête. Les retrouvailles profondes et intenses de mon plaisir entier qui fait fondre mon âme et emmène tout mon être dans les bras de l'extase a été la première récompense d'un parcours insondable d'une improbable guérison. D'ailleurs, au plus j'avance, au plus j'écris, au plus mon sexe s'ouvre et je m'ouvre à lui; l'écriture agissant comme décapeur chimique d'un poison trop longtemps pris en intraveineuse intra-familiale incontournable.

Le désir lui, est plus ardu à reprendre à réinvestir à ressentir, il ne peut être que spontané, il ne peut se fabriquer mentalement par des chemins de traverse et ne peut se nourrir de culpabilité; dans une construction mentale d'une carte du monde si on t'impose trop petite des choses éloignées ce que tu es en âge de comprendre et de gérer voire de digérer, on t'enlève cette liberté essentielle de laisser venir à toi et en toi tes sensations. C'est, à peine née qu'on te jette en prison. Un esclavage spirituel et corporel grave qui te blesse et t'arrache à toi-même longtemps voire, à vie. Pourtant, depuis peu, parfois, il me capte, m'étreint et me trouble au détour d'un mot, d'un regard, d'une rencontre, là encore l'écriture joue son rôle bienfaiteur d'ouverture, et après avoir été, pendant plus de vingt ans dans l'énorme besoin et l'étourdissante envie d'être désirée, je me retrouve enfin, mais à dose ténue, désirante, actrice de mon désir et dévorée par lui, quelle jouissance!

Comment pourrais-je alors cesser de coucher des mots gris sur le papier vierge, comment pourrais-je me refuser cette voie qui m'est donnée du bout des doigts, comment ne pas s'ouvrir entièrement à elle qui m'offre ainsi une existence réelle et engage tout mon être dans cette rédemption? Encore des vieux débris de culpabilité et des vieux fonds de honte qui traînent dans les limbes de mon cerveau et dont j'ai bien du mal encore à me défaire! "Ce qu'on essaye souvent et qu'on ne cesse de vouloir, on finit par réussir à l'obtenir"... est-ce que Sigmund  cette fois aurait dit vrai? C'est là mon désir le plus grand que celui d'être un être de désir doublé du plaisir de l'être, d'en prendre et d'en donner...

 

 

19/01/2011

la route de la soie

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Prolongée par bonheur encore une dizaine de jours, je reviens de l'expo "la route de la soie" qui a lieu à Lille au Tri Postal, l'ancien centre de tri transformé en lieu d'expositions d'art temporaires à peine à quinze minutes à pied de chez moi. Je partage avec vous à chaud mon voyage dans ce qui est considérée comme l'une des plus grandes collections au monde, première fois qu'une aussi large sélection de la Saatchi Gallery est montrée en France. Une soixantaine d'oeuvre sélectionnée parmi les oeuvres les plus évocatrices de la jeune création contemporaine. Chinois, Indiens, originaires du Moyen-Orient ( Liban, Iran, Irak), ils sont une trentaine, moyenne d'âge 30-40 ans dont on peut découvrir ainsi le travail et la démarche artistique ainsi que les messages qu'ils délivrent. Certaines oeuvres stupéfiantes, impressionnantes même, de part leur taille et leur mise en scène, d'autres bouleversantes , pour ma part en tout cas, et la plupart vraiment interpellantes.

Bouleversantes, comme ce tableau de Zhang Huan, "Young Mother":

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ou ces trois toiles pleines de finesse de l'irakienne Hayv Kahraman:

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Il y avait pas mal d'enfants qui déambulaient au milieu de ces oeuvres avec leur naturel et leurs réactions savoureuses, surtout devant justement, les plus spectaculaires comme cette pièce emplie de formes courbées en feuille d'aluminium, une installation impressionnante du Franco-Algérien Kader Attia, " Ghost " représentant une foule de musulmanes qui prient à genoux mais qui ne sont que des moulages de corps dont les 560 figures ne sont que coquille vide. L'artiste affirme qu'il ne s'agit pas là d'une lecture autour du voile mais " comment occuper autant de place avec du vide et du fragile, la poésie du dialogue impossible entre le vide et le plein, entre la vie et la mort." L'installation elle-même est éphémère; elle disparaîtra à la fin de l'exposition. Ce que les gamins ont résumé très bien, en courant d'un bout à l'autre de la pièce les uns après les autres: " ici, je regarde pas, c'est trop flippant!"

 

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Stupéfiantes ces oeuvres du pakistanais Huma Bhabha, faites de détournement de matériau, d'objet et qui deviennent d'un seul coup tout une symbolique:

 

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D'autres oeuvres parlent, elles plus spécifiquement encore de la condition des femmes.

Dans "Like Everyday Series" (2000-2001), les clichés couleur de la photographe iranienne Shadi Ghadirian montrent une figure féminine voilée dont le visage est masqué par un ustensile ménager - une râpe, un balai, un gant en caoutchouc ou une passoire.

C'est aussi de la vaisselle qui remplace la tête des "Tehran Prostitutes" (2008) de sa compatriote Shirin Fakhim. Adossées aux murs ou aux piliers du Tri postal, ces poupées de chiffon semblent attendre le client. En cuissardes, résille et latex, elles sont habillées comme des racoleuses occidentales, alors qu'en réalité, en Iran, les prostituées sont beaucoup plus couvertes et voilées. L'artiste dénonce ainsi l'hypocrisie d'un pays moralisateur où fleurit pourtant un marché du sexe, des milliers de femmes étant contraintes de vendre leurs charmes pour fuir la pauvreté ou une situation familiale intenable.

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Faîtes de bric et de broc , ces sortes de poupées grandeur nature sont vraiment touchantes et parlantes, elles ont une présence dérangeantes et tendres à la fois. Et juste derrière l'enfilade de portraits "revisités" est saisissante de vérité, des photos chocs qui en disent plus qu'un long discours et qui ainsi en nombre marque l'imaginaire et frappe la raison!

 

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Mais avec cette exposition étonnante, on est jamais au bout de nos surprises. A l'entrée déjà on est accueilli par une oeuvre monumentale de Zhang Huan encore; une tête curieusement arrêtée à la base du nez de 3 mètres de haut, confectionnée avec des cendres d'encens récupérées dans les temples boudhistes de Shangaï; la spiritualité étant l'une des sources d'inspiration de l'artiste, à tout point de vue pourrait-on dire, jusque dans l'art de dénicher du matériau artistique improbable mais au coeur même de sa démarche!

 

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Des artistes indiens aussi au détour d'une autre salle, on le sent tout de suite, pas la même sensibilité, pas la même approche, et pourtant des ponts entre toutes ces cultures et ces artistes, une tendance à prendre le temps de réfléchir sur le monde et d'y porter un regard, et à chacun leur manière pleine de vitalité de nous faire entrer dans leur paysage culturel, dans leur univers qui peut influencer l'idée que nous nous faisons d'eux, nous ouvrir l'esprit!

 

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Un incroyable voyage en nous-mêmes aussi... surtout avec cette installation sans doute la plus troublante et la plus dérangeante de l'exposition, de Sun Yan et Peng Yu, "Old persons home": 13 sculptures grandeur nature et 13 fauteuils roulants, 13 vieillards au chef chenu et à la barbe blanche au milieu desquels on déambule; ils ont été puissants et les voilà avec de pauvres corps les lâchant de partout, la gloire du monde qui passe. Moi, ça m'a fait un effet boeuf, pour d'autres raisons profondes, elles aussi, mais d'une autre nature!

 

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Les enfants à nouveau, fébriles, bruyants, posant dix questions à la minute, criant et soupirant et en même temps plein de bon sens et de compréhension du monde dans des petites phrases entre eux, donnant d'un coup plein d'espoir et de vie à cette exposition déjà fort riche et fort chargée de messages en tout genre. J'avoue avoir aimé leur présence sous ses corps pendus par les pieds, comme des corps qu'on prépare pour l'abattoir, une oeuvre interpellante, chinoise elle aussi, voulant dénoncer les conditions de travail des ouvriers traités comme du bétail et sans doute aussi cette non valeur qu'a l'humain dans cette société. Nés pour la plupart à la fin du règne de Mao, les artistes chinois de la nouvelle génération ont connu tout à tout les tragédies de la révolution culturelle et l'effritement du dogme collectiviste, les espoirs et les désenchantements du Printemps de Pékin, le passage à l'économie de marché, et, plus récemment, à l'embellie et l'emballement économique et financier de la Chine, ce qui donne un contexte suffisamment paradoxal pour déclencher des sources d'inspiration à multiples résonances.

 

 

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Voilà de quoi nourrir nos questionnements puissants sur notre monde contemporain, sur ses mécanismes, sur les rapports humains. Un voyage qui ne m'a pas laissée indifférente, bien au contraire et que j'essaie de partager avec vous pour ceux qui ne pourront pas voir l'ensemble de ces oeuvres. Cela fait un bail, pour ma part, qu'une exposition d'oeuvres contemporaines ne m'avait fait un tel effet, on passe par beaucoup de sentiments de toute sorte et d'émotions diverses, on en garde quelque chose en soi, on avance, je ne sais pas de quoi, ni d'où, ni même pourquoi, mais le fait d'être interpellé de la sorte ouvre des possibles...

 

18/01/2011

du plaisir

 

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" Seul le battement à l'unisson du sexe et du coeur peut créer l'extase."

- Anaïs Nin -

 

de la critique, de l'écriture, de l'art...

"Je n’ai rien à gagner à faire la critique de mes collègues écrivains. Rien.

Si je dis du bien du livre d’un auteur québécois, il sera content, évidemment, mais puisque son livre est bon, je n’aurai fait que mon devoir, c’était la moindre des choses. Si j’en dis du mal, je suis un chiant, un incompétent, un pas fin, un jaloux...

Une mauvaise critique ne s’oublie pas. Croyez-moi.

Les jurys pour les prix littéraires et pour les bourses des Conseils des arts canadiens et québécois sont constitués d’auteurs dont j’aurai peut-être un jour critiqué l’ouvrage; à choisir entre ma candidature et celle d’un autre qui ne lui a jamais démontré qu’une franche admiration de façade, eh ben...

La «prudence» critique est source de revenus.

Je connais des auteurs qui affirment ne pas lire les livres de leurs collègues; ça leur évite d’avoir des opinions sur le sujet. D’autres lisent mais n’expriment publiquement que leurs louanges, réservant leurs critiques à la sphère privée.

Il en est des écrivains comme de toutes les professions, le civisme réclame une camaraderie de surface, un enthousiasme louangeur et une sorte d’esprit de corps dont la somptueuse banalité s’exprime sans retenue lors d’événements comme le Salon du livre de Montréal, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil puisque tout le monde il lit, et tout le monde il écrit.

Rien de cela n’est vrai. Il existe des clans, des détestations, des mépris si féroces qu’ils font trousser les dents. Des jalousies, bien sûr (tenez, moi, je suis profondément jaloux d’India Desjardins et de son bonheur d’écrire). Il y a de grandes amitiés, aussi, et de sincères admirations.

 

L’EXIGENCE

 

Mais la portée de l’admiration est limitée par l’absence de discours critique. S’il n’existe que des louanges, les louanges ne veulent plus rien dire. La surenchère de l’admiration mutuelle et le copinage prudent préservent peut-être l’ego fragile de l’auteur, mais je crois que c’est la littérature qui perd au change.

Il faut un discours critique pour qu’on puisse s’améliorer. Notre littérature est jeune et exubérante. Elle prolifère, elle pousse dans tous les sens, même en période de crise économique. C’est une chose de s’extasier sur le phénomène. C’en est une autre de distribuer à droite et gauche des trois étoiles et demie pour des romans qui ne seront plus en librairie trois mois après leur parution, victimes de leur propre laisser-aller ou d’une certaine paresse conceptuelle.

Il se publie beaucoup plus de romans maintenant que jamais, au Québec. C’est un signe de santé de l’industrie.

Mais l’industrie n’est pas la littérature. Ces sont les romans qui durent, ceux qui sont encore lus deux ans, cinq ans, dix ans, vingt ans après leur parution, qui sont les signes d’une littérature en santé.

Entre les romans qui disparaissent et ceux qui durent, entre les livres prêts à jeter et les briques avec lesquelles s’édifient une culture, une grande différence: l’exigence.

L’exigence d’une pensée précise, d’une psychologie de personnage fine et capable d’évoquer la complexité des êtres. Une exigence de la langue, de la construction romanesque. Une exigence de la phrase, du rythme, de la musique. Une exigence du récit qui refuse les clichés. Une exigence envers le lecteur qu’on ne veut pas con mais complice. Une exigence de l’ambition, aussi.

C’est tellement difficile d’écrire qu’on ne parvient jamais à atteindre vraiment ses objectifs. Or, si on souhaite d’entrer de jeu faire un «p 'tit livre», il y a bien des chances qu’on accouche d’un avorton.

Il faut voir grand, et se hisser à la hauteur requise à la force des poignets.

La critique est un dialogue entre le lecteur et l’auteur. La critique nous dit quels sont les effets sur le lecteur de nos mots et de nos phrases agencés en récit. Ça vaut la peine de l’écouter, comme l’ébéniste écoute le client qui lui a acheté un meuble : «Ah ben, comme ça le deuxième tiroir de la commode coulisse mal?»

L’ébéniste ne répondra pas: «Pff, maudit jaloux, tu comprends rien à mon art!»

C’est la grâce que je nous souhaite: une critique précise, articulée, nous permettant à nous, auteurs québécois, d’améliorer nos livres, de maîtriser encore mieux nos outils narratifs. Et c’est à cette tâche que je me consacrerai ici, semaine après semaine, en me consacrant dorénavant beaucoup plus aux livres québécois.

Comme l’ébéniste, l’auteur tue des arbres. Que ça vaille la peine, dirait Idéfix."

 

- Jean Barbe - Parler des nôtres -

 

 

 

16/01/2011

I am you

 

 

à propos des corpuscules de Sandra Gordon...

Parce que c'est mon amie, parce que j'ai aimé son livre et parce que cette critique est vraiment bien sentie, voilà au moins trois bonnes raisons pour que je la partage avec vous:

 

 

Lucie vit une relation malsaine avec un érotomane narcissique. Le jour de ses 24 ans, «écoeurée de la rue Bourbonnière, de Geoffroy et de la barbarie», elle vide son appartement, saute dans sa voiture et fuit vers le nord. Direction: le plus loin possible.

Quand sa voiture tombe en panne, près d'un petit village des Laurentides, elle est bien obligée de s'arrêter. Et, tant qu'à y être, de se refaire un semblant de nid, de santé mentale et de confiance en l'humanité.

Noyé dans le déluge de la rentrée d'automne, ce premier roman d'une blogueuse affranchie a bien failli passer inaperçu. Il suffit pourtant d'en lire les premières lignes pour se convaincre d'être en présence d'un vrai talent.

L'histoire, qui fait se croiser les trajectoires de son héroïne et celles d'un écrivain alcoolique et suicidaire, d'une serveuse au grand coeur et de quelques survenants tragicomiques, rappelle parfois le Ducharme des Bons débarras, version hardcore.

Si l'on peut regretter son dénouement, légèrement surfabriqué, on n'est pas près d'oublier cette voix brisée mais puissante, cette intelligence incisive, cette force autodestructrice. Et l'on restera marqué par ces personnages magnifiquement campés, plus vrais que vrais, et des dialogues d'une rare justesse. Sandra Gordon serait musicienne, on dirait qu'elle a l'oreille absolue.

- Marie-Claude Fortin -

 

 

 

Dignité et Liberté

 

Hommage à tous les martyrs tunisiens, à leur tête Mohamed Bouazizi, qui sont morts pour la dignité et la liberté de la Tunisie.
Félicitations pour tous les Tunisiens qui récoltent les moissons de leur libération, après de longues années de  combat courageux et déterminé!


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Liberté

 

 

Nulle plainte,

Nul regret,

Si c’est pour toi

Que je meurs

Liberté.

Nul regret,

Nulle plainte,

Tu es le seul chemin du bonheur.

Si l’on meurt pour toi,

La mort n’est plus un malheur

Et tant qu’on vivra par toi,

La vie ne sera plus un leurre.

Liberté

Sans toi, la mort,

Sans toi, la vie

Ne seraient plus qu'erreurs.

 

- Mokhtar El Amraoui -

 


 

15/01/2011

En songeant à Jivago

 

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" J'aime à laisser s'emplir mon âme

Du bleu des steppes,

Les paupières givrées, j'ai la paix sur les lèvres

Et mes muscles s'apaisent.

Là-bas, tu l'entends? Une balalaïka

Tout là-bas.

Sous la terre endormie, sous la nouvelle neige,

L'entends-tu qui appelle les purs?

J'aime à laisser mon âme s'emplir

Du chant bleu des steppes.

 

- Christian Mistral- Fontes -

 

 

14/01/2011

flash back

J'étais au restaurant juste en face de l'endroit où je sévis six jours sur sept, il devait être à peu de minutes près treize heures. C'est rare que je me pose pour le déjeuner mais là j'en avais franchement besoin, exténuée par la masse de travail abattu la veille et le matin même. Je me suis assise lourdement devant le feu à gaz craignant même que les flammes n'emportent ma tignasse, il faut dire que c'est assez étonnant ce petit feu en hauteur qu'a installé dans son espace mon auvergnat d'en face que je connais maintenant depuis plus de vingt ans; on a ouvert ensemble nos espaces respectifs mais on est toujours restés assez distants, ce n'est pas un grand bavard ni un grand affectif, quoique depuis quelques années je trouve qu'il s'assouplit, sans doute depuis qu'il est devenu papa, je ne sais pas, mais je pense que d'être père peut permettre à un homme de laisser un peu plus son coeur prendre la relève et lui ouvrir les portes de sa sensibilité, lui permettre de l'exprimer, du moins pour certains êtres qui sont comme çà un peu tendus renfermés sur eux-mêmes...

Juste à la petite table d'à côté, justement un père était attablé avec sa petite fille, elle devait avoir environ sept ans, elle était trop mignonne avec ses petites tresses châtaignes et ses petites boots fourrées. Elle regardait son père avec des grands yeux, il était particulièrement doux et tendre avec elle, souriant, lui racontant des tas de choses, s'intéressant à ce qu'elle aimait, ce qu'elle désirait, ce qu'elle vivait, ce qu'elle voulait manger..."Des frites et du jambon, j'aime ça les frites et le jambon!", Quelle excellente idée! J'étais tellement occupée avec ma fatigue et mes soucis du jour que je n'ai pas venu venir tout de suite les remontées qui imprégnaient doucement mon cerveau, pourtant habituellement je suis plus vigilante, mais là, je n'ai pas tout de suite prêté attention à ce que produisait sur moi cette jolie et proche scénette et j'ai commandé une bière, une blanche de Brugges c'est celle que je préfère! 

En buvant tranquillement perdue dans mes pensées, j'ai eu d'un seul coup comme une affluence dans la gorge, des sanglots étouffés empêchaient le liquide mousseux de s'écouler normalement jusqu'à mon oesophage et je fus prise d'une sorte d'étranglement vraiment incontrôlable! J'ai eu d'un coup d'un seul une remontée d'images; cette petite fille que j'entendais dire à son papa " J'ai pas mon cahier d'images, celui pour dessiner...", moi au même âge... Je repensais soudain à mes petits carnets, ce que j'écrivais à l'époque, ces petits journaux intimes bourrés de mots, de dessins, de photos. Tous ces petits morceaux de moi, de mon passé, de mon petit coeur de petite fille que papa et maman, plus de dix ans après, ont jeté au feu cruellement sans me demander ce que je voulais bien en faire, sans savoir une fois de plus ce qu'ils faisaient. Double blessure de l'intime, corps et esprit, ils m'avaient presque tout pris, ils avaient tout atteint!

J'ai ravalé mes sanglots muets d'enfant d'alors, j'ai fini ma bière, en ai repris une autre, je n'ai pas opté pour le jambon-frites, j'avais commandé en arrivant le plat du jour, un coq au vin qui n'était pas loin de me rappeler celui que faisait ma mère. Et je me suis redis une fois de plus que ce beau gâchis de l'époque toute cette engeance tout cette souffrance tout ce merdier faisaient décidément partis intégrante de moi et que c'était chouette de voir d'autres possibles, que ça me faisait chaud au coeur de savoir qu'une petite fille pouvait ainsi être aimée et respectée par son père, je crois d'ailleurs qu'à ce moment là je lui ai souri et qu'un flot de tendresse et de reconnaissance m'a emplie d'air la tête et de douceur l'âme. J'ai fini allègrement mon repas et suis repartie bien plus légère que je n'étais entrée tout en leur souhaitant une bien belle journée. Si je ne m'étais pas retenue, je les aurais, tous les deux, volontiers embrassés!

 

 

 

13/01/2011

équation

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On peut-être l'un avec l'autre l'un contre l'autre l'un à côté de l'autre l'un envers l'autre l'un dans l'autre l'un pour l'autre l'un et l'autre, mais on est rien, l'un sans l'autre.

 

 

12/01/2011

rêve

Je viens de faire un drôle de rêve, je fais souvent des rêves, souvent je m'en souviens ayant depuis pas mal d'années appris à faire en sorte de ne pas les oublier, quand ils me paraissent nourris  de messages et de symboles je les note dans un petit carnet et je les relis plus tard et suis toujours surprise de voir et de finir par comprendre ce qu'ils me disent, ce que finalement je perçois de moi-même au travers des images envoyées de mon inconscient... C'est intime, pourtant j'ai envie de vous parler de celui que je viens de faire, là à chaud, au réveil, tant il est dense.

 

J'étais dans une sorte d'embarcation à fond plat, on descendait un fleuve ou peut-être une rivière, je dis descendre parce que c'était la sensation que j'avais, très en hauteur le paysage au début, j'avais l'impression qu'il devenait plus près et plus visible au fur et à mesure de l'avancée tranquille; et je dis "on" parce qu'il y avait là mon homme, mes fils, et quelques autres personnes que je ne peux parfaitement identifier, et puis un guide avec lequel j'avais souvent des discussions enrichissantes, des joutes oratoires et des fous rire tonitruants. Je suis à la barre, pourtant je ne suis pas vraiment experte en la matière mais tout danger semble écarté, personne ne s'en fait! On admire autour, c'est beau et de plus en plus beau au fur et à mesure que ça se dessine, tout le monde a l'air bien, détendu, jovial... D'un seul coup, sans prévoir on tombe sur un rapide, je ne peux agir, je ne peux ralentir ni faire marche arrière, alors c'est le plongeon, le vol plané, je dis " accrochez-vous, ça va torcher!", je ne pense même pas qu'on pourrait ne pas s'en sortir, je suis certaine même qu'on va s'en tirer...

Là, le rêve bascule, on se retrouve tous trempés jusqu'au os dans une espèce d'hacienda, il y a des tas de gens de tous les âges, j'ai le sentiment d'en connaître quelques uns et d'autres moins, pourtant deux personnes attirent plus particulièrement mon attention, une femme plutôt jeune au visage diaphane et un homme mûr, tous les deux me paraissent familiers et amis sans que j'ai à comprendre pourquoi. Notre guide maugrée et s'en veut de ne pas avoir pu prévoir cet incident de parcours mais soupire d'aise de nous savoir tirés d'affaire. Je ne sais pas pourquoi je tiens absolument à voir un musée, j'y tiens pour faire plaisir à mon homme et parce que j'ai ce sentiment qu'il ne faut pas être là et perdre son temps, comme une sorte d'urgence qui s'impose à moi. Je m'approche de la jeune femme que je sens proche et j'essaie de communiquer avec elle, on ne parle pas la même langue, j'explique avec des gestes et des onomatopées ce que je cherche absolument à voir, je finis par comprendre au bout d'un moment qu'il y a bien ce genre d'endroit tout près, j'arrive même à savoir que l'endroit est ouvert tous les jours de l'année sauf le mois de Décembre, parce que ce mois là tout le monde est occupé à s'occuper de la famille et des fêtes, et qu'alors ce que le musée offre n'intéresse plus personne.

Elle nous y emmène, mon homme, mes fils, mon guide, l'autre homme que j'avais remarqué au milieu de tout ce monde et qui semble particulièrement inspiré et touché d'une telle demande et moi. Mon guide est surpris qu'au milieu d'une terre inconnue, ne parlant pas la langue, je réussisse à me faire comprendre et plus encore à avoir eu gain de cause, qu'il y ait bien au milieu de ce nul part, un endroit de la sorte. On arrive devant une bâtisse blanche, immaculée, assez basse, le toit en terrasse, un style assez arabisant alors qu'autour ça ressemble plutôt à la jungle, c'est vraiment tout à fait stupéfiant, le contraste est saisissant! A ce moment, je demande à celle qui m'a amenée là quand on peut visiter l'endroit, elle me déploie un magnifique sourire et me sort de sa poche une énorme clef, c'est elle, la gardienne du musée.

Elle nous ouvre la porte, il fait un peu sombre, elle actionne une espèce de grosse manette, j'ai l'impression d'entendre " moteur!" comme au cinéma, et ô mon Dieu! ô Jésus Marie Joseph! Des centaines de tableaux plus beaux les uns que les autres, des centaines de sculptures, c'est un festin pour les yeux, pour l'esprit, pour l'âme. Je me sens attirée, aimantée vers un tableau immense, au fond de la pièce, il reçoit comme une lumière naturelle par une ouverture étrangement dessinée dans le toit, une fente parfaite, horizontale sur toute la largeur de la toile, et là je vois, je me prosterne, et je pleure d'émotion tant elle est violente. La jeune femme s'approche de moi et me pose délicatement la main sur l'épaule comme signe de réconfort mais aussi comme une sorte d'osmose avec ce que je ressens, de l'autre côté l'homme mûr fait de même et je reste ainsi entourée dans mon ressenti, épaulée face à ce qui m'étreint.

Sur cette immense toile, c'est moi. Une peinture mystique, symbolique, forte, haute en couleur, un mélange de Frida Kahlo et de Francis Bacon, toute mon histoire peinte, toute ma vie, toutes mes souffrances tous mes espoirs toutes mes fuites mes peurs mes rêves, toutes mes larmes, tous mes cris, tous mes sourires, tous mes amours mes délires mes tortures mes soupirs. Une toile vivante dans ce musée perdu au milieu d'une nature sauvage...

Et, je me suis réveillée... en pleurs certes, mais apaisée.

 

 

10/01/2011

secret

 

Horst P. Horst, Dali Costume, 1939.jpg

- Photo P. Horst -

 


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- Secret - Maroon 5 -

 

 

" On ne force pas le secret. Ou le secret vient comme de lui-même à soi, ou bien le secret vous est interdit."

- Victor-Lévy Beaulieu - L'Héritage -