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08/09/2010

La sphinxogenèse bleue

 

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Le groom céleste, qui la conduisit

Jusqu'au fil tranchant du funambule,

La tenait, encore graine, dans la paume de sa main.

Lui seul avait chronométré ce jour des hautes conjonctions,

Quand les autres étaient tapis,

Derrière leurs verrous, tout grelottants!

Il criait, en voyant la canne du danseur aveugle

Déchirer l'abîme de l'éclipse:

"Solalune! Solalune! Solalune!"

Quartiers ouverts aux orbes des germinations!

Et la canne d'enfanter ses courbes,

Dans la posture de tant  d'éveils.

Princesse bleue, dansez-moi votre inchoative venue!

Ô quenouilles des rencontres!

Tramez de désir,

Chantez à loisir

Cette sphinxogenèse si féline!

C'est d'elle la grande fêlure,

Passage bleu-gris

De constellations habitant leurs maisons,

Aux lancers de nos tarots.

Vole cri, vole,

Jusqu'aux cimes,

Pour la dire,

Cette semence

Ivre de rosée

Qui se souvient de son âme phréatique!

Elle glissera sur les arbres,

Comme un duvet d'épi solaire.

"Elle naît, elle naît!" dirent les bardes.

Clameurs d'élans libres.

Ils l'annoncèrent,

S'offrant dans le parfum

Qui, à jamais, la dessine

Avec cette canne accordéon ouverte en horizons.

Sa  danse ailée

Lui rappelait le galop des glaçons

Dans son verre ivre 

Du  martèlement des gouttes de pluie

Sur le clavier des arbres souriant

En tourbillons feuillus.

Ils l'accueillaient, ELLE,

Se continuant en élytres

De feux d'être,

En élytres de larmes

Eclairant l'eucalyptus de la gare,

Jusqu'au point où la valise du départ

Se posa en bris qui séparent,

En sanglots  de mouchoirs

Là où, torride, le vent  la reçoit encore,

Sous les toits abandonnés, depuis bien des saxifrages.

Ah! sabliers de mes douleurs,

Tailles de mes silex érigés

En sarments calligraphes!

Récitez-lui vos serments

Pour qu'elle surgisse et revienne de ses mots morts,

Fille bleue grisée  d'éclipses!

 

- Mokhtar El Amraoui -


  

 

07/09/2010

7 Septembre 2010

 

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- Sandra Gordon par Martine Doyon -

 

 

Même de loin, je partage son angoisse, sa joie aussi sans doute et sa fierté! Aujourd'hui ça n'est pas un jour comme les autres, c'est la rentrée, la rentrée littéraire de la maison d'édition qui lui ouvre la voie, la voie qu'elle trace depuis toute petite ayant dès son plus jeune âge inventé et écrit des tas de petites histoires, des pièces de théâtre, des paroles de chanson et plus tard des nouvelles. Alors là, au milieu d'une flopée d'écrivains installés et reconnus, je ne les connais pas tous, il y a du beau monde, elle est dans la liste à sa place alphabétique et ça m'a fait chaud au coeur quand je l'ai trouvé là, avant Nancy Huston...

 

"... Les livres sont la source la plus vive d'émois, de compréhension des êtres, de consolation lorsqu'ils vous trompent, d'espérance lorsque vous les aimez, de rigueur lorsque vous devez oublier. "

- Jean Ethier-Blais, Dictionnaire de moi-même -

La maison Lémeac a le plaisir de vous inviter au cocktail de sa rentrée littéraire 2010, le mardi 7 septembre à 17 heures, Montréal

 

 

 

Evidemment, je ne peux pas y être de chair, pour des raisons économiques et logistiques essentiellement et je le déplore, je le déplore vraiment, car il y a des événements dans une vie qu'on se doit de vivre, je trouve, et celui-là en est un.

Sandra Gordon, en plus d'avoir bigrement du talent, une belle sensibilité, un humour décapant et une présence intense dans son écriture truculente à souhait vivante et émouvante, est devenue au fil du temps qui passe une véritable amie en plus d'être comme dirait Christian Mistral, chef de notre tribu, notre Sandy génie! Sa cour à Scrap vaut vraiment le détour, il s'en est passé là-bas au cours des mois passés, et je ne fais aucun souci quant à l'imaginaire qu'elle a dû déployé avec son style bien à elle dans ce premier roman.

 

 

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Alors, pour elle, pour mes amis la-bas qui y seront sans doute, et pour toute la tribu, j'aurais bien volontiers pris le premier avion pour partager ensemble ce moment historique. Bon, ce n'est, que partie remise, je suppose et l'espère, elle ne s'arrêtera pas en si bon chemin et elle me donnera, c'est certain, une nouvelle occasion de la prendre dans mes bras et de la congratuler. En attendant d'avoir en mains les fameux corpuscules, je vous invite à lire la quatrième de couverture et puis un court extrait là, histoire de vous mettre en bouche:

 

" Pneus usagés, véhicule d'occasion, antirouille et transmission, crémaillères et pompe à eau, débosselage-peinture, installation et balancement, Jacquot-to, le roi des pièces usagées, achat de voiture pour la feraille, alignement électronique, changement d'huile express, mise au point, entretien et réusinage. Sans rendez-vous. Pour mieux vous servir.

Lucie venait de trouver son salut au sortir de la route 117, dans un garage flanqué aux abords de la ville de Saint-Jovite. Une fumée dense s'échappait du capot depuis une dizaine de minutes. Elle éteignit le moteur et se dirigea vers son sauveteur qui, la chienne aux hanches, se frottait les mains enduites d'une substance verte et gélatineuse.

- Ce sera pas avant demain, pauvre fille. "

- Sandra Gordon -


Quatrième de couverture:

Lucie, malmenée par son ami Geoffroy, plaque tout, quitte la ville et roule jusqu'à ce que sa voiture tombe en panne. Elle échoue dans un petit village des Laurentides et y rencontre une faune locale avec ses habitudes qu'elle mettra un certain temps à apprivoiser. Grande lectrice de l'écrivain Korsakoff, elle le rencontrera par hasard alors que le romancier, alcoolique fini, fait le tour des bibliothèques municipales de la région pour y dérober les exemplaires de ses livres et les brûler en plein air, dans une sorte de fournaise expiatoire. Mais l'écrivain cache un secret que Lucie finira par découvrir tandis que son passé la rattrape. 

Les corpuscules de Krause est l'enfant naturel qui serait né des semences de Réjean Ducharme et Charles Bukowski pendant le tournage d'une comédie de situation. Lecteurs politiquement corrects, abstenez-vous. 

Sandra Gordon est née en 1979 et vit à Montréal. Elle tient sur Internet, depuis quelques années, un blogue intitulé La cour à scrapLes corpuscules de Krause est son premier roman. 

- Jean Barbe, éditeur © Leméac Éditeur

 

 

*

Moi, ça m'arrache s'tie, Sandy, je te l'dis tout de go, de ne pouvoir en être, surtout que je sais que là, sans rire tu vas avoir ton voyage, câlice, bon, t'inquiètes! C'est bien d'aller jusqu'au boutte du chemin, jusqu'au boutte de sa nuit, de ses espérances, de ses rêves, de ses réjouissances! Enjoy, my dear, enjoy mon amie, mon coeur est avec tisote, tout entier, tout à toi!  

Blue

PS: Dans un dernier sursaut, disons, de folie douce, tsé bien que j'en ai en masse, j'ai zieuter les horaires, bon! (tousse,tousse) Si je prends l'avion au départ de Paris à 16h10, ça veut dire TGV de 13h de Lille, c'est bon malgré la grève aujourd'hui à la SNCF il est maintenu, j'peux être alors à Montréal  YUL à 17h30, là je saute dans un taxi direct le p'tit Moulinsart, je te vois rayonnante au milieu de tes pairs, superbe! Je suis toute en foufelle de croiser enfin quelques amis québécois, je verse une larme, et bois à ta santé, cheers! J'en profite pour remercier Johnny B; de son invitation, d'embrasser Black Angel et sa douce soie Emcée, peut-être de jaser avec Kevin et poser mes foufounes un instant avec vous tous, magique!! et puis une fois de plus je te fais un bec et je me sauve telle un elfe, 22h45 YUL de nouveau, arrivée demain CDG 11h30 heure locale, juste à temps pour mon rendez-vous chez Vivienne Westwood à 12h15, ça peut encore le faire! Bon Dieu qu'est ce que j'vais me mettre, j'peux quand même pas arriver attifée comme la chienne à Jacques!! Hé,hé,hé...


 

05/09/2010

notre besoin de consolation...

 

 

Une pensée pour Terrible, un merci à Louis-Paul...

03/09/2010

petit topo local

 

 

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 Ce week-end, dans ma bonne ville de Lille, c'est la fameuse Braderie, vieille de six siècles, ça ne date pas d'aujourd'hui sauf que ça a pris de l'importance doucement mais sûrement, au fil du temps. Que je vous explique un peu le topo: des milliers de bradeux qui se frottent au commerce, sur des dizaines de kilomètres de trottoirs et ce, pendant deux jours durant. On peut tout vendre même son âme et tout acheter, bon peut-être pas une âme, et les badauds affluent du monde entier par milliers eux aussi, pour dénicher la perle rare, l'objet de ses rêves, le bouquin introuvable, de quoi rhabiller la marmaille, la croûte qui trônera sur le manteau de la cheminée du salon, la paire de fauteuils de soir d'été ou de veillées d'hiver, que sais-je encore! Les gosses vendent leurs jouets-de-quand-ils-étaient-petits pour s'offrir ceux-de-quand-ils-seront-grands, les jeunes fashionistas flairent la fringue de luxe ou le sac vintage à faire pâlir les copines, pendant que ces dames papotent entre elles, se marrent, et font de petites affaires et que la majorité des messieurs, sauf, bien sûr, s'ils sont de la partie, se mettent aux terrasses bondées à boire des bières. Les rues changent de couleurs, d'ambiances, d'odeurs aussi: graillon, friture, merguez, hot-dog, blé d'inde grillé, paninis, tartes faites maison, fricadelle, barbe à papa pomme d'amour morritos, Blanche de Brugges, Blonde de Cassel, fragrances d'humains en chaleur et en nombre, sueurs, pieds, haleines, parfums de supermarché ou des plus raffinés donnent un cocktail des plus ahurissants pour les narines sensibles et puis, par-dessus tout, cerise sur le gâteau, pour donner ce piquant d'atypique, il y a l'odeur subtile et indicible des fameuses moules-frites, car il faut que je vous dise la tradition locale en ces jours bénis donne lieu à un spectacle des plus odorifères et des plus surréalistes, le fameux concours du tas de coquilles vides entre les restaurants, boui-boui, bars et étals de toute sorte, même ceux à la sauvette, des montagnes de moules s'accumulent dans la ville, à chaque coin de rue, devant chaque façade qui reçoit à qui mieux-mieux. M'enfin, ça vaut le détour, si vous aimez la foule, le touche-touche, le contact corps à corps, avancer pas à pas centimètres par centimètres et si vous aimez les ambiances festives jusqu'au bout de la nuit, les hauts- parleurs hurlant de partout des musiques insensées, des réclames agressives, des chansons d'par ichi, parce qu'en plus, ça danse la ritournelle, ça s'empoigne coude à coude  dans des grandes farandoles! Les ch'tis, c'est bien connu, ça aime faire la fête! Et celle-là, ils en sont vraiment fiers, leur Braderie, c'étot d'la tadition, pas question de louper ça, le mot se passe de générations en générations, les emplacements aussi. Il y en a qui campent depuis plus d'une semaine pour être sûrs d'avoir le bon endroit, le stratégique. Moi, pour ma part, j'y participe bon gré mal gré, bonne fille des Flandres et au coeur de la ville, mais j'avoue qu'avec le temps, j'me lasse un peu et j'échangerais bien ma place et volontiers, pendant un jour ou deux, avec un Marseillais, un Nantais ou bien un Londonien, voire même encore plus loin...
  

 

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01/09/2010

matière première

Le défifoto du jour était texture, voilà ma mouture... LP lui a donné un autre nom "Nostalgie bleue", j'aime aussi...

 

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" Ce qui est créé par l'esprit est plus vivant que la matière. "

- Charles Baudelaire -

 

 

 

30/08/2010

difficile

Difficile de dire certaines choses, difficile d'avoir à les penser à les vivre à les ressentir, difficile de les appréhender. Difficile aussi le regard de l'autre, difficile d'imaginer ce que ça va lui faire, difficile de prendre le risque de choquer, de remuer, d'interférer. Difficile encore de se confonter à ses propres démons ses propres paradoxes, difficile d'apprivoiser sa part d'ombre et difficile de la faire sienne. Difficile enfin d'écrire le difficile à dire, car l'écrit ancre bien plus que la parole qui passe, l'écrit imprime, l'écrit laisse une trace...

 

 

29/08/2010

esprit et corps

 

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- Sculptures de Phidias -

- Photos de Lee Sandstead -

 

 

 

" Lorsque l'esprit est libre, le corps est délicat."

- William Shakespeare -

 

 

28/08/2010

birthday

 

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Y'a des anniversaires plus difficiles que d'autres, les siens souvent, parfois aussi ceux de quelques autres. Moi, celui de maman est toujours un problème, encore maintenant! Pas de "je t'aime" en vue, pas de prise dans les bras, de fierté, d'audace et de compréhension. Non. Juste, quand même, quelques mots sur une carte, pour l'intention, et je me dis "quand bien même!" Je me dis "Pourquoi pas?" Je me dis, je me dis tant de choses, et je trouve qu'il y a un tel gâchis à ne pas vouloir voir les choses et leur réalité, telle que la vit autrui, telle que je la perçois.

Là, j'ai mal, oui, j'ai mal à ma mère, presque même je dirais que j'ai peine pour elle. Pourtant sans déconner, sans faire dans la dentelle, elle ne m'a jamais épargnée, ni, non plus, oubliée, toute l'ambivalence d'un sentiment diffus: attraction-répulsion!

"On aime sa mère presque sans le savoir, et on ne prend conscience de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière"

- Guy de Maupassant -

 

J'aimerais tant pouvoir t'aimer, vraiment, maman.

Happy birthday, mum. Take care.

Quand bien même je suis là, et malgré les orages, malgré les tremblements, malgré toute cette rage qui afflue à l'instant en bousculade dans le sang que toi seule m'a donné, je considère la chose, tu sais moi aussi je suis mère et moi aussi j'aspire à être vraiment aimée.

 

 

26/08/2010

plaisir féminin

- Hey ! Viens-là Germaine, regarde un peu vir de quoi il parle dans c’canard !


- Ben, quoi Gaston, t’as l’air bien en foufelle !!


- Y parle du « plaisir féminin » ! Tsé, c’est pas tous les jours que nous on va savoir tout c’que tu m’dis pas…


- Ben, demande grand niais, qu’est-ce que tu veux savoir que tu ne saches déjà ?


- Attins un ch'tio peu, r’gardes-y, non mais j’rêvasse, y dise que « 20% des femmes simulent l’orgasme » !


- Et alors, j’vois pas où est le problème, c’étot pas un scoop ça m’in garchon !


- Scuze, moi ça m’fait tout drôle ! Quand tu crie après t’mère c’étot qu’du cinéma ?


- Gaston, min Gaston, min’unique, tu t’fos du mal là, tsé ces carabistouilles elles étos bonnes que pour les autres greluches, ta Germaine elle, c’étot pas une actrice, quand elle crie et demande après m’sieur l’curé c’est qu’elle voit les portes du paradis !


- Ah ! j’ferais mieux d’arrêter de lire toutes ces conneries et aller tuter un coup avec les potes.


- C’est ça, t’inquiètes, te fais donc pas d’mouron, quand je crie, je crie, c’est pas d’la bagatelle ! Pis c’est quoi au juste, « le plaisir féminin » ?

 


25/08/2010

voir et vouloir voir

 

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" Si nous voulons protéger la vie sur notre planète, nous devons remettre en cause notre dangereuse cécité, partout où elle se manifeste, mais avant tout en nous-mêmes."

- Alice Miller -

 

 

 

22/08/2010

nouvelle écolière

C’était un petit bonhomme de huit ans, gracieux agile coquin particulièrement vivant, son maître d’école de l’époque l’avait en amitié, il le lui rendait bien, un enfant quand il aime celui qui lui enseigne quand il se sent respecté et encouragé donne souvent alors le meilleur de lui-même, là l’équation fonctionnait à merveille et après un CE2 plutôt houleux, le CM1 s’annonçait plutôt bien. Son maître un bon bougre assez rond de nature garni d’une belle moustache proéminente et grisonnante avait plutôt la voix douce comparée à sa corpulence, souvent il oubliait les pinces qui retenaient le bas de son pantalon il venait chaque jour en vélo, je le croisais souvent quand j’accompagnais encore à l’époque mon petit dernier à ces chères études.

Un jour pourtant je reçus un coup de fil, mi-figue mi-raisin, en tout cas sincèrement gêné :

- Allo, bonjour madame, ici c’est le professeur de Maxime, votre fils.

- Bonjour Monsieur le professeur…

- Il faudrait qu’on se voie, euh … Il y a urgence, quelquechose s’est produit de… disons…plutôt fâcheux.

- Quoi ! Il est arrivé quel que chose à mon enfant ?

- Non, pas d’inquiétude, pas ce que vous croyez, c’est… autre chose. Pouvez-vous être là ce soir après la sortie des classes ?

- Vous ne pouvez rien me dire, là, au téléphone ?

- C’est trop délicat, trop compliqué, je vous assure, est-ce qu’on peut se voir, c’est vraiment important.

- D’accord, j’y serai, vous pouvez compter sur moi.

Evidemment l’attente pour moi fut longue, toute une journée à me faire toutes sortes de films dans la tête, construire des scénarios, inventer des histoires, dans ces situations l’imagination va bon train. Rien de tel pour une mère que de construire des romans quand cela touche de près ou de loin à la chair de sa chair. Diable, mais qu’avait-il donc bien pu faire, qu’est-ce-qui avait bien plus lui arriver, quel était donc ce mystère si épais, cette chose pas dicible ?

Le soir arriva enfin, je me pointai à sept heures, je ne pouvais me libérer avant. Il m’attendait à la porte l’air contrit sans ses pinces et me pria d’entrer dans l’immense classe vide bourrée de dessins et de livres en tout genre, une salle chaleureuse à l’image de l’individu qui se tenait devant moi.

- Bon, voilà, c’est vraiment délicat…

- Dîtes-moi, je vous prie, je peux tout entendre !

( très gêné) , la mère de la petite Nathalie, vous savez la fille de l’épicière est venue me trouver hier…

- Oui, je vois, celle pour qui Maxime a le béguin !

- Exact, c’est vrai, ils s’aiment bien ces petits… Elle est venue me trouver avec deux ou trois petits mots que votre fils a écrits à sa fille. Des mots d’une nature, disons, hum, euh…

- Hum, Euh ! Quoi !!

- Tenez, elle me les a laissés, jugez donc par vous-même !

Me voilà donc à lire dans un silence quasi religieux des petits mots d’amour adressés à une autre, je n’aime pas vraiment ça mais vu les circonstances, je devais pour une fois accepter l’ingérence. Et là je découvre écrit à la hâte sur des bouts de papier à moitié déchirés des " je te suce la chatte ", " je te kiffe ", " viens que je te baise que je t’encule ", pas vraiment les mots doux attendus d'un petit gars de cet âge, pourtant je n’ai pu qu’esquisser un sourire connaissant mon p’tit loup.

- Voyez, il n’y a pas franchement de quoi  rire, j’ai dû en référer aux autorités.

- Quelles autorités dîtes-moi mais de quoi vous parlez ?

- Au directeur pardi, elle a fait un tel scandale et après m’avoir remis ces billets et être allée déposer sa requête plus haut !

- Oups ! Votre directeur, si j’ai bonne mémoire n’est pas ce qu’on appelle un homme d’une grande ouverture, il est très à cheval sur l’éducation et la pédagogie, du moins sur sa vision de ce genre de notion.

- Oui, c’est vrai, c’est là tout le problème, il a fait ouvrir une enquête et vous allez être convoquée devant un groupe d’individus pouvant gérer l’affaire, sans compter que ces bouts de papier  vont rester dans le dossier scolaire de Maxime à compter d’aujourd’hui.

- Eh bien, qu’il me convoque au plus vite, ces messieurs ne vont pas être déçus, c’est moi qui vous le dit ! En attendant, est-ce que Maxime lui-même a été inquiété ?

- Reçu ce matin pendant une heure dans le bureau du directeur, il en est revenu blanc comme un linge ! Il voulait le punir, je l’ai empêché au mieux.

- Bon, je veux que tout cela se règle au plus vite, cet enfant est on ne peut plus normal et ce qu’il a à vivre est déjà suffisamment difficile, dîtes au directeur que je veux tous les voir demain…

Le lendemain arriva, j’étais vraiment sur des charbons ardents dans un état de colère insensée, comment pouvait-on faire un tel procès pour de simples petits mots recopiés à la hâte, sûrement entendus par les frères ou les copains, et puis quel manque de délicatesse de commencer par rabrouer l’enfant et de le rendre coupable d’un tel acte ! Bon en même temps, je me disais, "calme-toi  dans le fond ils ne font que leur boulot, tu verras bien, ils comprendront...".

J’arrive dans la même pièce mais les tables arrangées de telle manière que je me trouvais un peu comme dans un conseil de discipline, je savais comment cela se passait car quoique très bonne élève j’y avais eu droit une fois au pensionnat. Là devant moi, Monsieur le directeur Monsieur moustache, Monsieur de l’académie et Monsieur le psychologue scolaire. Que ne ferait-on pour défendre la réputation de son école !

- Madame, est-ce que Maxime a des comportements différents à la maison ces temps-ci ?

Non, il regarde toujours autant de films de cul, n’emploie que des mots vulgaires, se masturbe à table et bien entendu se jette sur tout ce qui bouge.

Bien sûr je vous rassure je n’ai pas dit ça du tout, je leur ai dit les choses telles qu’elles étaient, je leur ai parlé de moi, la mère de cet enfant, tout ce que cette mère avait vécu dans un langage qui les a rendu livides, dans le fond eux c’étaient tous des adultes pourquoi aurais-je retenu mes mots qui avaient bien plus de force et d’indécence et de cruauté que les petites lettres griffonnées à la hâte d’un enfant remué par le destin de sa mère, je leur ai rajouté que nous étions mes enfants et moi tous en thérapie familiale sur ma demande  pour que puisse leur être expliqué avec des mots d’enfants l’inexplicable, l’inexprimable, l’insoutenable, et je crois même si mes souvenirs sont bons qu’une partie d’entre eux a fini dans les larmes, je n'étais d'ailleurs pas en reste non plus. Allez messieurs, cet enfant ne subit rien il n’est pas maltraité ni abusé et n’est pas en contact de façon inconsidérée avec le sexe, n’ayons pas peur des mots, mais il est malgré tout confronté à une histoire peu commune qu'il lui faut bien digérer et comprendre et sublimer à sa manière, rien de bien méchant dans ce je te suce la chatte ou je t’encule dit si gentiment, je trouve pour ma part et au contraire que c’est sain qu’il puisse en jouer, ça peut servir à ça aussi le vocabulaire, les mots, les phrases, les vers et toute la langue française dans son inégalable variété et sa grande richesse. Si vous voulez je peux parler à la mère de la petite, qu’elle ne s’en fasse pas, qu’elle voie ça d’un autre œil, si je lui dis tout ce que je viens de vous dire, il n’y a pas de raison qu’elle ne comprenne pas.

Sur ce le directeur s’est levé comme un seul homme :

- Mais vous n’y pensez pas, vous n’allez tout de même pas raconter une histoire comme celle-là à tout le monde, ça ne doit pas et sous aucun prétexte sortir d’ici, c’est beaucoup trop, trop, c’est trop, pardonnez-moi madame. J’avoue que je ne m’attendais pas à avoir un jour dans ma vie à entendre de pareilles paroles. Reprenez les mots de votre fils, classons l’affaire et n’en parlons plus.

N’en parlons plus, tu as raison bougre d’âne, du moins là, je suis d’accord pour protéger mon enfant contre la bêtise et le manque d’empathie, mais t’inquiète, un jour quand il sera en âge de se défendre, toute cette histoire que tu as eu le privilège d’entendre de quelqu’un qui, il y a encore deux heures à peine n’était pour toi qu’une mère comme les autres sera dite d’une manière ou d’une autre.

L’école a repris normalement pour Maxime, quand on a reparlé il y a peu de cet incident, il m’a dit, "je ne sais pas ce que tu leur as dit alors, maman pour prendre ma défense, car jamais plus on ne m’a reparlé de tout ça et puis tu sais j’ai continué à écrire des petits mots à Nathalie pendant encore des mois mais elle les montrait plus à sa mère comme ça on était tranquille tous les deux… "

Je lui ai redonné ses petis bouts de papiers, je les avais si précieusement gardés, et tous les deux on a souri joliment, "comme je t'aime mon chéri", "comme je t'aime maman".

 

 


 

 

 

21/08/2010

Fidélité

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 - toile d'Egon Schiele -

 

 

Dans leur chambre de toute une vie, ils éteignirent.

Au lit, ils s'étreignirent.

En souriant, ils s'éteignirent!

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

 

20/08/2010

fin de matinée...

" Il nous faut peu de mots pour exprimer l'essentiel. "

- Paul Eluard -



18/08/2010

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Si j'étais un parfum*...

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Je serais un grand jus, altier, pur, acide et lumineux, profondément triste et émotionnellement ambivalent, paradoxal, déstabilisant, mystérieux, ensorcellant... Un mélange vert cotonneux ravageur, inattendu, fougueux, intemporel, vif, sophistiqué, un peu direct et férocement intelligent. La note verte et terreuse du Galbanum serait adoucie et comme enveloppée d'essence d'iris d'une spectaculaire douceur presque une fragilité et d'un effet poudré très suave et sensuel, inoubliable; une échappée de fleurs dans les notes du coeur: rose, jasmin, ylang ylang, muguet et dans le fond un accord boisé, sous-boisé, profond, vétiver, masculin, cèdre et mousse de chêne prolongeant ainsi la chaleur femelle et charnelle de l'iris. " Un parfum de pousses " de montée de sève, persistant, proche du N° qui me déshabille le jour et habille mes nuits.

 

 

 

 * En écho à la sortie du Bleu de Chanel pour homme demain le 19 Août, date anniversaire de la grande Mademoiselle Gabrielle.


17/08/2010

réflexions, émotions...

 

L'amour, dans un sens absolu n'existe pas. C'est toujours un jeu entre un "toi" et un "moi", entre deux êtres que la passion révèle dans leur unicité. Aimer, dans ce sens précis, c'est pouvoir se déployer selon les lois de l'existence qui nous est la plus propre. De là vient que l'amour - ni le cri de la souffrance extrême, ni le pressentiment de la joie parfaite, mais une révélation qu'on dirait fiévreuse - est bien l'expérience spirituelle la plus puissante, la modalité de connaissace la plus profonde, le dégagement, dans l'expérience, d'une transparence de l'être qu'il s'agit de garder devant soi comme le bout du chemin, aussi labyrinthique et brisé d'orages soit-il. Aimer, dès lors, qu'est-ce sinon s'ouvrir à une plénitude que le désir contient et renouvelle avec le monde; et, à travers cette ouverture, permettre à l'infini rêvé de s'incarner dans le fini d'un être qu'on élit?

"Je veux que tu sois"- cette parole est celle de l'amour, telle que Robert Schumann, Clara Schumann et Johannes Brahms l'ont prononcée, dans leurs oeuvres, chacun l'un pour l'autre. Robert voulait que son épouse fût elle-même musique, comme Clara voulut que Johannes fût musique aussi, et que ce dernier permis à ses deux amis d'être tels qu'ils nous demeurent à travers leurs notes, dans leur intensité - preuve d'une histoire d'amour qui aura été singulière, comme toutes les histoires qui veulent conquérir un absolu, et l'atteignent. A leur façon, ces musiciens dont l'espace intérieur fut celui d'un risque vertigineux, nous font entendre que l'amour est un don infaillible, la liberté la plus intime de l'un vis-à vis de l'autre. Une loi dont Rilke a livré le secret dans son Requiem:

...

Car telle est la faute, s'il y a faute de quoi que ce soit:

ne pas augmenter la liberté de l'aimé

De toute la liberté qu'on trouve en soi.

Nous n'avons, quand nous aimons, à nous tenir qu'à cela seul:

nous laisser être l'un à l'autre...

 

- Hélène Grimaud -

 

 

16/08/2010

Rap des hommes rapaillés


" Y a pas d'poésie en prison

Les mots sont des bêtes farouches

J'peux pas sauter le mur du son

J'ai des barbelés dans la bouche."

 

- Christian Mistral -

 

 

 

J'ai des barbelés dans la bouche...

J'ai des barbelés plein la bouche!

Tant de couleuvres à avaler.

Encore...

 

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Le monde est noir puis le monde est blanc

le monde est blanc puis le monde est noir

entre deux chaises deux portes

.          .            .     ou chien et loup

un mal de roc diffus rôdant dans la carcasse

le monde est froid puis le monde est chaud

le monde est chaud puis le monde est froid

mémoire sans tain

des années tout seul dans sa tête

homme flou, coeur chavirant, raison mouvante

 

Comment faire qu'à côté de soi un homme

porte en son regard le bonheur physique de sa terre

et dans sa mémoire le firmament de ses signes

 

Beaucoup n'ont pas su, sont morts de vacuité

mais ceux-là qui ont vu je vois par leurs yeux

 

- Gaston Miron -

 


James Coignard

" Ce que j'appelle " Le Grand Art ", c'est simplement l'art qui exige que toutes les facultés d'un homme s'y emploient, et dont les oeuvres sont telles que toutes les facultés d'un autre soient invoquées et se doivent intéresser à les comprendre."

- Paul Valéry -

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2030704508.gifJames Coignard, peintre, céramiste, sculpteur et graveur, est né en 1925 à Tours. Après une brève carrière dans l’administration, il découvre à l’age de 23 ans les paysages de la Côte d’Azur. C’est alors qu’il décide de suivre les cours de l’école des Arts décoratifs de Nice. Il abandonnera 4 ans plus tard l’administration pour se consacrer exclusivement à sa carrière artistique. C’est sa rencontre avec Paul Hervieu en 1950 qui sera décisive. Sa collaboration avec la galerie Hervieu lui fera acquérir une visibilité dans le milieu artistique et à l’international, notamment dans les pays scandinaves. James Coignard au début de sa carrière sera désigné par les critiques comme appartenant à l’Ecole de Paris. Très vite sa peinture et sa céramique s’en démarquent et il fera cavalier seul. Au début des années 60 il commence à travailler le verre mais un tournant décisif dans sa technique est pris en 1968 quand son ami Henri Goetz découvre un nouveau procédé de gravure avec du carborundum. La gravure devient alors centrale dans son Œuvre. Sa carrière prend au même moment une dimension internationale. Il voyage beaucoup, notamment en Suède et aux Etats – Unis ou il vivra quelques années. En 1978 James Coignard va entamer une longue collaboration avec l’atelier de gravure Pasnic qu’il contribuera à créer. Dans les années 80, vivant entre Paris et la Côte d’Azur, il s’intéresse aux livres d’artistes et aux problématiques de l’édition. Il expose désormais dans le monde entier et est reconnu comme l’un des plus grands peintres-graveurs de son temps. Jusqu’à sa disparition en 2008 James Coignard continuera de travailler tant en peinture qu’en sculpture et gravure, produisant beaucoup et laissant derrière lui une œuvre immense.

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" Et si cette avancée de plaisir, de mémoire et de technique crée un message quelconque, c'est parce qu'elle naît de la concentration de tous les événements vécus par un individu. En cela, la peinture est parfois le témoin de toutes les histoires du monde."

- James Coignard -

 

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" Ainsi est pour moi l'oeuvre de Coignard. Il représente. Il alerte. Il interpelle. Comme la passante de Munch, comme la femme à l'enfant du Guernica de Picasso, comme les "otages" de Fautrier. C'est toujours le même cri de l'homme à ses semblables. La peinture n'est jamais aussi grande que quand elle nous conduit au-delà de nous-mêmes."

- Georges Tabaraud -

 

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" Dans l’œuvre de James Coignard, j’ai vu des fenêtres de maison condamnée dans les abîmes de l’oubli, des lignes en questionnement d’un point vers l’autre, Deux bleus, Des rouges en situation, un horizon cherchant en vain à rejoindre d’autres points, Des positionnements, Des propulsions… La dynamique verticale nous ramène au point , Les Corrosions au sillage du temps, de la verticale, du trait d’union, du fil à plomb, des ponts de signes gravés, inventés, réécrits jusqu’au lit de la rivière, sous Tension horizontale…

Cet équilibre latent des figurines, mannequins, prêts à vivre, à s’animer mais comme retenus dans les fibres du papier, de l’écorce, de la peau parcheminée de la cicatrice de ce peintre…

Des papiers mordus de cette originelle incision, d’une saignée puissante d’intérieurs vers d’autres extérieurs, d’un double se cherchant en s’effaçant en une image sans miroir, faite parfois de contours tracés, écrits, crayonnés mais non de l’enfance, semblant venir de rêves ininterrompus et répétitifs...

James Coignard a tracé un parcours sans interruption, sans rendez-vous, du fini du collé du repris du jeté, du corps, des morceaux de mer, de nuages, des flèches lancées pour qu’elles se perdent…"

- Daphné Bitchatch -

 

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" Je balafre la toile comme je pose un doigt frémissant sur un visage aimé.

Le geste est la cicatrice du peintre."

- James Coignard -

 

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"Qui est le double approché en cette immense solitude ? que James Coignard n’a cessé d’inscrire silencieusement, de peindre en remaniements modifiés de verticales en directions suspendues, James Coignard n’a eu de cesse de peindre la pesanteur, l’équilibre des formes semblant se balancer sans effort, cherchant à déterminer de mystérieuses présences, des points d’alignements, d’intermédiaires, entre les formes, de suspensions entre les couleurs.

James Coignard croisé entre le haut, entre le bas, ne s’est interrompu de mettre en réserve entre les lettres, une numérotation et des ponctuations graffitées, un là-bas, au-delà, à relire, à comprendre, un langage d’un autre temps, celui d’une mémoire ancienne…

Une peinture pour renaître, pour revivre, pour revenir…"

- Daphné Bitchatch -

 

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En peinture il  y a un moment où l'on se promène dans ses propres paysages, c'est ce que je ressens face aux toiles de James Coignard...

 

 

toujours et encore cette pluie...

 

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Poursuite de la pluie

 

Il y a des jours moroses

Où je rencontre la pluie

Les épaules recourbées

Ruisselantes sous les trombes

Je demeure dans l'attente

D'un soleil à venir

D'une étoile à cueillir

D'un espoir à chérir

 

- Andrée Chedid -

 

 

 

15/08/2010

ça existe, ça porte un nom, c'est le titre d'un film!

Piqué à Laurence, savoureux...

 

 

de la poésie...

Un aparté juste sur la poésie, après avoir lu chez Venise les dires de Dany Laferrière à ce sujet et puis sans avoir osé réagir au propos de Prométhèe V. chez Christian comme quoi le terme poète..., j'ai eu une soudaine envie de parler poésie et de ceux qui la font, de ceux qui la transpirent, de ceux qui la mettent au monde. Tout à chacun dirait notre cher Giulio, oui sans doute, il est poésie dans beaucoup de nos gestes, dans nos paroles aussi et dans celle qu'on ne dit pas. Je m'en nourris j'avoue depuis toujours, avec délectation non feinte voire même jouissance, j'en aime l'inédit j'en aime la réjouissance j'en aime aussi parfois l'amertume et l'effroi comme peut-être la vie, c'est ainsi que d'ailleurs elle est, vivante vibrante appelante et si délicate si violente à la fois si parlante à ce moi enfourné emberlificoté enchâssé dans des orties austères, elle a toujours été et le sera toujours mon air mon oiseau rare mon univers.

Alors un grand merci aux poètes, troubadours et faiseurs de rêves, je ne peux me passer d'un vers d'Eluard, d'un tourment de Baudelaire, d'un zeste de René Char, et comme j'aime les vers de ce cher Mokhtar, de mon ami Jalel et de Gaston Miron et de mon Ange Noir! comment vivre sans Apollinaire sans Prévert, sans Rimbaud sans Nelligan sans poésie sans elle, tous les jours j'y goûte, je m'y abreuve, grand bien m'en fasse!

Je ne saurais vivre sans.