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14/08/2010

art brut japonais


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J'ai vu lors de mon court passage à Paris cette expo étonnante. Etonnante quand on connaît l'art japonais, étonnante aussi quand on apprend que les oeuvres exposées sont crées par des artistes pour la plupart pensionnaires ou fréquentant des institutions pour handicapés mentaux, atteints de diverses maladies telles que l'autisme ou la trisomie, tous souffrant d'incapacités ou de dysfonctionnements intellectuels et de difficultés marquées d'adaptation aux exigences culturelles de la société dans laquelle ils évoluent.

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" Ces oeuvres nous interrogent sur la frontière mouvante et incertaine où elles se tiennent, entre le jaillissement de nos désirs et leur domestication par la culture. Elles entretiennent des résonnances avec ce qui est en nous à la fois inquiétant et familier, ce qui aurait dû rester dans l'ombre et qui en est sorti, cet entremonde où se élèbrent les noces de l'art et la foli, de la vie et de la mort, où se jouent les multiples passages de l'originaire à la culture, de l'intime à l'universel."

- Martine Lusardy -

 

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" A cette façon de nous jeter sans bouée de sauvetage à l'autre pôle de l'intelligence, nous reconnaissons dans ces oeuvres venues du japon le grand vent de l'art brut. Une dé-raison fondatrice domine ici et cette exposition est pour nous la chance d'en expérimenter quelques unes des infinies ressources.

Qu'il se présente sous un jour obsessionnel ou dans une note apparemment plus indisciplinée, ce vagabondage itératif de la main et de la pensée est, pus qu'un ordre, propice à nous faciliter l'accès à cet inexprimable qui fait le coeur obscur de nos vies."

- Jean-Louis Lanoux -

 

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Ce qui m'a étonnée aussi c'est la diversité et l'ingéniosité des diverses solutions plastiques trouvées par les auteurs, les voies qu'ils ont explorées pour collaborer avec leur propre fond inconscient et ainsi l'exprimer, c'est tout à fait poignant, d'autant quand on sait à quel point la société nipponne est codifiée. Ce qui m'a frappé également c'est les parentés possibles avec l'art africain ou certaines oeuvres de nos contemporains à croire qu'il y a comme un tronc commun au-delà des cultures et des géographies et des états d'être entre tous les humains. A voir, à découvrir, ça en vaut le détour, à la Halle Saint-Pierre, paris 18ème jusqu'au 2 Janvier 2011.

 

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13/08/2010

demande d'amis

Maman m’a fait sa demande d'amis sur ma page facebook, non pas que j’y aille vraiment assidûment mais c’est comme ici un espace d’un peu de moi, en première réaction j’ai déconnecté mon compte, une réaction reflexe face à ce que j’ai d’abord vécu comme un effet boomerang, me revenait alors des images que j’ai mis longtemps à comprendre et à digérer d’elle lisant mes courriers et mes journaux intimes, ce qu’elle faisait en toute impunité. Et puis j’ai réfléchi, j’ai refusé sa demande, j’ai écrit ceci qu’elle lira un jour peut-être si cela doit se faire, et j’ai reconnecté mon compte et retrouvé mes amis.

 

Le plus terrible dans l’inceste c’est l’absence de frontières, ton corps d’enfant ne t’appartient pas et n’est pas identifié comme tel, pas validé; ton âme toute neuve et friande d’apprendre et d’éprouver n’est qu’un jouet dont se servent à loisir les personnes de référence sachant bien qu’il te faut l’affect pour être en vie; tu ne sais où tu es tu ne sais qui tu es tu n’as aucune conscience de ta géographie, au fond bien malgré toi tu n’existes pas toi-même et longtemps tu traînes cette marque aux fers ancrée au plus profond du profond de ta chair.

Tu n’as pas d’intime tu n’as pas de chez toi tu es à tous et à toutes et du coup à personne, mais plus tard tu grandis tu cherches tu construis un radeau qui t’emporte plus loin vers d’autres rives vers cette voie enfin qui te donne naissance et tu t’offres à toi-même ce qu’on a toujours refusé, du respect de l’amour de la reconnaissance et plus que tout tu fuis d’un réflexe viscéral toute forme d’ingérence de violence d’injustice quel que soit l’habit dont elles se parent souvent.

Il reste bien sûr toujours latentes les cicatrices que les protagonistes peuvent réveiller facile même si tu te protèges depuis ton édifice il reste que tu le veuilles ou non au fond de tes entrailles cette filiation ce lien cette demande affective.

Quand elle a voulu franchir la ligne de cette frontière construite avec le temps de bouts de mes neurones et de chaque particule de ma peau de mon sang de mes tripes de femme mûre de mère et d’amante, elle a bien failli une fois de plus m’atteindre et j’ai dans un sursaut refermé la coquille pour mieux me retrouver et une fois de plus faire face. Elle a toujours été la pieuvre dominante, la mère maquerelle offrant ses enfants en pâture, elle n’en sait même rien elle–même mais continue, pourquoi  diable ferait-elle autrement ce qu’elle a toujours fait, inlassablement elle ignore la vérité de ceux qu’elle a engendrés de ceux qu’elle a mis au monde et cruellement continue de payer sur l’autel de l’immonde son tribut à la grande névrose familiale dont elle est le pion maître.

Je n’ai plus à me battre  maintenant je suis mienne mais j’ai encore au fond de ces peurs ancestrales qui m’inhibent et me freinent, me tétanisent même bien plus que je ne veux l’admettre et le croire. Alors j’écris, j’écris et j’écrirai encore jusqu’au bout de mes nuits jusqu’au bout de ma vie pour ne pas perdre tout ce que j’ai repris ne pas oublier tout ce que j’ai appris ne pas revenir ne pas retremper ne pas re goûter à l’amer et surtout ne pas attendre un quelconque geste vers celle que je suis. Leur monde sans frontière est un monde sans cadre un monde sans amour un monde sans espoir un monde où l’individu na pas de place car il est à tous et jamais à lui-même.

Non, maman, je ne peux t’accepter dans ma liste d’amis, elle n’est pas très longue mais elle est toute ma vie et tu ne peux avoir une place au milieu de celle-ci tu ne peux avoir une place au milieu de ceux que j’aime de ceux que je respecte de ceux que je découvre de ceux avec qui je peux être moi-même, toi, tu es ailleurs dans ma carte du monde, dans un endroit clos où parfois je passe quand j’en ai la force ou le désir brûlant d’avoir des réponses et de donner un sens et d’espérer encore malgré toutes ces années un peu de ta tendresse même si au fond je sais qu’elle est empoisonnée.

Il est long le chemin pour se désintoxiquer pour se défaire d’une drogue à laquelle on s’est nourri pendant de longues années, long le chemin pour se permettre d’être et de dire ce qui doit être dit et de dire sa propre vérité. Je m’y emploie chaque jour en espérant que ce soit le dernier tout en sachant que je ne peux baisser la garde, chaque jour à séparer le bon grain de l’ivraie, chaque jour pour devenir un petit peu plus humaine, un petit peu plus vraie.

Tu as fait du mieux que tu as pu, je n’en ai aucun doute, mais arrête-toi là et laisse-moi donc vivre tranquille entourée des miens et de ceux avec qui je partage l’essentiel l’affectif le réel. Je te refuse, maman dans ma liste d’amis, je refuse à nouveau de rentrer dans ton monde dans cette vision que tu as de l’Amour, et dans cette vision que tu as du Pardon dans cette vision mortifère et mortificatoire que tu as de la Vie.

Que viens-tu donc chercher dans les pages de la mienne, restons-en là veux-tu chacun à sa frontière avec ces quelques moments d’échange à la longue cuillère, c’est tout ce que je peux t’offrir pour le moment, c’est le mieux dans l’instant que je puisse faire pour celle que je suis devenue, pour cette petite fille qui vibre au fond de moi et qui compte sur mon aide, pour celle qui est loin de celle que tu voudrais que je sois ou que tu penses encore à force de cécité que je semblais être.

Le plus terrible dans l‘inceste c’est l’absence des repères, ceux qui doivent te protéger t’agressent, ceux qui doivent t’apprendre te détruisent ceux qui doivent t’aimer t’utilisent ceux qui doivent te respecter t’abîment ceux qui doivent te donner vie et confiance te tuent.

Le plus terrible du plus terrible c’est qu’ils n’en savent rien, qu’ils ne s’en rendent pas compte n’étant pas eux-mêmes maîtres d’eux-mêmes manipulés par leur propre destin. C’est une histoire sans fin si on n’en coupe pas la chaîne, c’est une histoire sans fin sans frontières sans repères sans cadre sans plan, un roman de misère où les victimes les morts les bourreaux les parents sont finalement tous des enfants en souffrance, mais c’est toujours celui qui arrive le dernier qui prend en charge tout ce que les autres n’ont pas pu voir pas pu entendre pas pu ressentir pas pu exprimer.

Voilà, maman ce que j’avais à te dire et pourquoi je te garde à une certaine distance, nous ne pouvons faire ce chemin ensemble que si enfin tu comprends que cette frontière m’est nécessaire, car comme tu ne le sais pas elle me protège de ta folie que tu as faite mienne, elle me protège de la mort de celle que je suis.

 


brainstorming

 

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- Photo prise à Paris 5ème, quartier Mouffetard -

 


 

12/08/2010

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" Nous suivons notre pente, nous ne sommes que de l'eau..."

- Paul-Jean Toulet -


10/08/2010

lu hier

" L'accomplissement est l'achèvement d'un cercle... Une personnalité, c'est quelqu'un qui a déroulé le ruban, déplié les pétales, exposé tous les niveaux. Peu importe par où l'on commence: l'instinct ou la sagesse, la nature ou l'esprit. L'accomplissement signifie l'expérience de toutes les parties du moi, de tous les éléments, tous les plans. Cela signifie que chaque cellule du corps accède à la vie, s'éveille. C'est un processus de la nature, et non de l'idéal. On meurt lorsque les cellules sont épuisées, on atteint la plénitude lorsqu'elles fonctionnent toutes, le rêve, le désir, l'instinct, l'appétit. L'un éveille l'autre. C'est une contagion. L'ordre est sans importance. Toutes les erreurs sont nécessaires, les balbutiements, les impairs, les aveuglements... Croissance, éclosion, plénitude du moi potentiel. ne vivre qu'un seul aspect, qu'un seul côté de la personnalité, c'est comme n'utiliser qu'un seul sens, alors, les autres s'atrophient. Il n'y a de grandeur que dans l'accomplissement, dans la plénitude de l'éveil... La vie est un cercle complet qui s'agrandit jusqu'à rejoindre les mouvements en cercle de l'infini."

- Anaïs Nin -

 

 

07/08/2010

mots entrebus

Suite à une discussion fort intéressante chez mon ami Didier suite à sa note dont je pique le titre, je me pose cette question:

Faut-il donc être parfait et irréprochable et bien sous tout rapport pour être de bons parents?

 

 

06/08/2010

trop sensible

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- photo Laurence G. -

 

 

Toute ma vie depuis mon plus jeune âge j’ai entendu ce « tu es trop sensible ! », c’est vrai qu’il fallait peu pour me mettre en larmes, en extase, et en lambeaux aussi. Malgré ce gros travail sur moi-même, et cette volonté de comprendre de quelle matière j’étais faite, je garde ce trait marqué de caractère, parfois un rien me déstabilise grave comme à l’inverse un aussi petit rien me donne un plaisir fou. Je m’interroge alors sur ce que je vais faire de cet encombrante voix à l’intérieur de moi qui parfois me détruit en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, c’est éprouvant, c’est encombrant d’être à ce point touchée par les choses du temps, par les choses qui passent, par tous les événements qui  traversent une vie. J’envie parfois ces personnes stoïques qui encaissent placidement aussi bien la détresse que les grands pics de joie, j’aimerais avoir cette dextérité, je pensais l’acquérir, vraiment  je la pensais possible et à portée, être sage et sereine, ne plus être tourmentée. Il faut croire que je suis restée telle que j’étais, la beaucoup trop sensible, et que je n’ai pas encore trouvé le bon remède, la solution ou la manière d’éviter ainsi les soubresauts de tout ordre à cette âme qui vibre tant à l’intérieur de moi. Il faut faire de ses faiblesses une force, j’avais lu ça il y a longtemps je ne sais même plus où, il faudrait en effet, il me faudrait plus croire, plus croire en moi et ne plus être ainsi fortement rappelée sans cesse et violemment à l’ordre par mon sentiment puissant d’infériorité et tout aussi violent de vulnérabilité. Comment diable font-ils tous ces carapacés, d’où leur vient cette cuirasse joliment agencée, d’où leur vient cette confiance cette assurance cette insouciance que je devine si aisément dans leurs faits, dans leurs gestes, dans leurs manières de vivre ?

Toute ma vie on m’a dit depuis que je suis née, tu es vraiment et c’est folie, beaucoup et trop sensible, je crains avec l’âge de grandement le rester...

 

 

 

01/08/2010

entre parenthèses...

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31/07/2010

petite blue

Partager la vie et l’intimité, les pleurs les désirs les rires les délires aussi d’une petite fille provoque toujours un petit quelque chose en moi. Auparavant je fondais en larmes, c’était irrépressible surtout au bord de l’eau à la plage, ou quand je rencontrais un papa câlinant sa petite ou une maman la tenant par la main, un effet miroir sans doute, les sanglots remontaient et puis s’épuisaient sur mes joues d’adulte malmenée.
Maintenant c’est différent, ça m’entraine de l’autre côté, ça m’emmène vers celle que j’aurais pu être, celle que j’aurais dû être, celle que je n’ai pas été, ça me permet de la comprendre et de mieux l’appréhender de mieux l’aimer aussi sans doute. Quand elle m’a posé cette question "ça t’émeut, on dirait, ça n’est peut-être pas facile, ça te rappelle ça te ramène, non?" parce que j’avais l’air perdue des yeux à regarder sa gamine petite brindille aux cheveux de blé comme je l’avais été, j’ai répondu d’emblée "oui, toujours ça me trouble, me donne un peu de vague à l’âme et puis plus peut-être, ça me bouleverse, comme si je mesurais ce que j’avais perdu dans les gestes et les demandes et les élans et les envies que peut avoir une enfant choyée et respectée et libre…"


Alors quand  j’ai reçu cette photo, j’ai été très émue et j’ai eu envie de lui parler à cette enfant, celle qui vit à l’intérieur de moi, celle dont je m’occupe, celle que je suis, j’ai eu envie de lui dire des mots simples tendres directs et confiants, j’ai eu envie de la prendre dans mes bras et l’entourer de ma présence.

« Petite fille, ma toute petite, je suis là, je suis là pour toi. Tu n’as plus à te cacher à avoir honte et à te terrer et te taire davantage. Jamais plus je ne laisserais quiconque te manquer de respect te bafouer t’utiliser te maltraiter te mentir t’écarteler, je suis là pour toi maintenant, tu peux compter sur moi je veille, va tranquille cueillir les fleurs de la vie, fais-en des tresses des couronnes des guirlandes et des colliers légers, respire, crée, ris danse joue aussi libère grand ton cœur petit être, petite blue, je suis là pour toi, pour toujours. »

 

 

30/07/2010

Correspondances,"lettre à Christian Mistral"...

Voici mon humble contribution au concours des correspondances d'Eastman, je la souhaitais à l'époque double mais "lettre à ma mère" n'est pas sortie à temps, je n'ai pu donc produire que celle qui suit dans les délais. L'exercice est particulièrement étonnant et mérite qu'on y pense je trouve, la correspondance étant à mon sens par essence destinée à l'intime et donc être lue d'âme à âme, de l'ouvrir au départ à être lue par tous oblige à un recul, à une retenue particulière, ce qui m'a d'ailleurs attirée dans ce cadre du concours, cette ambiguïté oblige à une écriture spécifique et lucide aussi. Cette "lettre à Christian Mistral" s'adresse à l'écrivain en particulier et d'une manière plus générale aux écrivains et hommes de l'art au sens large, et invite à réfléchir à ce qu'ils peuvent provoquer chez le lecteur qui les découvre, on pourrait d'aillers agrandir la réflexion à l'art dans son ensemble, ce qu'il a de vivant de bienfaisant d'indispensable et de redoutablement engageant. Ecrite dans ce sens, le choix de l'intéressé n'est par contre pas du tout un hasard tant l'écriture spécifique de cet homme là ainsi que son amitié ont été pour moi une véritable révélation et c'était une manière personnelle et inspirée de le remercier, ce qui dans le cadre précis et du lieu et du théme me paraissait idéal et à propos...

 

Cher Christian,
 
Cher Christian Mistral,
 
 
 
Ce n'est pas un exercice facile que celui d'écrire à un écrivain que j'admire et qui a compté et compte encore dans ma vie. Pourtant si je prends la plume aujourd'hui pour vous dire que vous avez plus que bouleversé la mienne c'est que je reste attachée viscéralement à dire ce que parfois, voire trop souvent, on a tendance à taire par pudeur timidité bienséance ou éducation. Pourquoi lors ne pas se permettre d'évoquer à un homme de lettres par des mots simples et sincères l'importance qu'il a pris dans mon esprit, pourquoi ne pas lui transcrire les battements de mon coeur à la lecture de ses mots pourquoi ne pas lui rapporter les larmes, rires frais, grincements de dents, suées, à la rencontre de sa poésie et  pourquoi ne pas lui faire sentir avec les miens toutes les prises de conscience fulgurantes et jouissives à leurs contacts et toutes les vibrations poétiques de sa grammaire...
A dire vrai, c'est une des toutes premières fois que je peux que je me permets et ressens le besoin de l'exprimer ainsi à un artiste de son vivant et malgré mon bon vouloir et la forte pression passionnelle qui m'anime c'est sur le comment que j'achoppe, comment rendre un tremblement d'âme, une joie incommensurable, un trouble presque sismique, un plaisir profond et un embrasement des méninges quand j'ai entre les mains un de vos livres et comment exprimer de la plus juste façon l'inspiration et la respiration que vous m'offrez à la lecture d'un de vos poèmes, d'un de vos romans, cette sorte d'incandescence....
Et puisque je m'en donne l'occasion aujourd'hui, et ce dans ce contexte si particulier et si pertinent des Correspondances, sachez que je vous aime pour la forme et pour le fond car au fond n'est-ce-pas ce qui compte le plus pour un homme de l'art tel que vous ou vos congénères de remuer en profondeur un individu, de le toucher, de l'interpeller, de l'émouvoir l'éveiller à lui-même et lui donner à réfléchir sans pour autant l'ensevelir sous des théories fumantes ou des gentillesses doucereuses bien loin de votre carte du monde, j'en conviens, a fortiori de la mienne mais juste de lui ouvrir les portes de sa sensibilité et de ses limbes intérieurs, lui permettre l'accès à sa boîte de Pandore en prenant le risque comme vous le faites d'entrouvrir béante la vôtre.
C'est sans doute ce mélange si personnel, ce choix pointu du mot retenu, cette richesse,cette trivialité cette dimension sensorielle qui donne à votre mouture sa couleur prégnante si particulièrement humaine et déchirante telle que je la reçois.
 
Vous êtes pour moi une nourriture.
 
Et ce n'est pas peu dire... Vous m'avez donné le goût d'écrire à mon tour et vous m'avez affranchie par ce ton qui est le vôtre et par ce traitement percutant et sans ménagement de l'âme humaine empreint à la fois de tendresse et de souffrance dans cette sorte de poésie vibratoire, karchérisante...
Je m'interroge dès lors sur ce qu'un écrivain  comme vous envisage de provoquer quand il écrit et s'il y pense vraiment, chacun des lecteurs s'appropriant vos mots à sa manière, chacun avec ses attentes implicites. Pour moi, ils ont été de concert d'une évidence étonnante et d'une déflagration inouïe comme si vous étiez venu me chercher au fond de mon chaudron.
 

L'art comme tentative de sortir de soi l'essence même de l'être que l'on est.
 
J'aimerais vous rencontrer de chair pour pouvoir deviser avec vous et puis vous imprimer de vive voix l'importance que vous avez prise dans ma vie, pas comme une "fan" ou une sorte d'individu dépossédé de lui-même et en quête de repère, je ne suis pas comme pourrait l'induire ce courrier entrée en religion mistralienne et n'ai pas perdu mon libre-pensant, non,vous rencontrer par congruence et sentir la vôtre car nul doute que doit émaner de votre personne l'image des démons intérieurs et sauvages qui vous habitent comme chacun d'entre nous mais peut-être de façon plus honnête plus criante plus directe comme cela transpire dans vos livres, cette sorte de désespoir assorti d'un tel goût de la vie et de l'amour, cette soif d'affects et ce profond respect de l'amitié portée aux nues et qui me percute tant! Si vous le vouliez bien, j'en serais très émue.
 
Et puis au-delà de tout, c'est vous lire davantage qui me comblerait le plus, il me faut attendre alors le prochain ouvrage qui va agir en vous, ayant déjà dévoré tous les possibles vous concernant... J'ai toujours beaucoup lu et ce depuis mon plus jeune âge, j'en ai besoin. La littérature et la poésie m'ont révélé à moi-même, certains langages plus que d'autres certaines histoires aussi et puis certaines constructions certains canaux certaines musicalités. Pour moi et sans doute plus universellement c'est une nécessité pour exister pour se construire pour ouvrir sa perception du monde.
 
La littérature m'a rendu à moi-même et par la même plus humaine.
 
Et vous?
 
Je n'ai pas envie de vous mettre dans l'embarras avec mes questions qui pourtant tant me brûlent les lèvres, elles ne sont que miennes et sont celles que vous avez semées en moi et qu'il ne me reste plus qu'à faire germer et fructifier. J'ai grandi à vous lire, j'ai pris la mesure aussi sans doute parce que j'y suis prête de ce que j'avais envie moi-même à mon tour de transmettre et de quelle façon. J'ai compris l'importance plus encore des mots, de leur force de frappe et j'ai mesuré l'impact de la truculence, de l'authentique, du vécu à chaud, du témoignage et de l'audace d'être ce que l'on est et de le dire.
 
Je me sens plus libre depuis que j'ai croisé votre route et celle de votre plume et je vous en remercie de la plus vibrante façon du fond de mon âme.
 
 
 
Bien à vous,

Helenablue

 

 

des mots à l'être, de la parole aux actes...

 

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" La parole ne suffit pas à faire d'un homme ce qu'il n'est pas..."

- proverbe touareg -

 

 

29/07/2010

La symphonie errante

 

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Je cherche mes rallonges telluriques,

Mes incommensurables sphères

Dans les dilatations de l’exil,

L’ombre ivre de ma soif

Dans la sècheresse de l ’arôme somnambule.

Je cherche mes imprécations

Creusant les sillons du retour

Contre les serres des vautours,

Ton ombre aux aguets

De cet éveil cinglant,

Erection du soleil

A la symphonie errante du dromadaire !

Je cherche le râle éclaté

De mes vertèbres-lyres en délire,

S’étouffant de leurs notes déportées,

Mes soupirs tonnant de bleus fuyants

Dans l’inatteignable voyage

De ce papillon qui s’éreinte

En poursuites trébuchantes,

Au-delà de ses rêves brisés !

Je rêve de comètes,

D’astres flamboyants,

De méduses-lunes

Ouvertures transparentes

Des inextinguibles profondeurs !

Je rêve, muet,

Dans la soif de tes pas,

Sur les sables du voyage

Auquel je t’invite vers les prairies rouges

Et leurs feux bleus !

Ô muse de mon départ !

Astre scintillant

Sur les lèvres ouvertes des vagues !

Il n'y a plus de toits !

Pluie d’encens rouge

Sur tes seins embaumés

Dans le linceul de l’extase des rencontres crépusculaires !

Viens de mes reviens fatigués !

Je te prêterai les ailes immaculées

De mes Icare exilés.

Je te montrerai

L’axe de l’impact pluriel,

L’agonie du cogito carnivore,

Manteau d’erreurs spectrales !

Viens !

Accroche-toi aux tiges sans amarres

De cette forêt éclatée !

Reviens de mes viens

Qui valsent dans l’aube

Des intraduisibles fermentations !

Nous écrirons la grandeur du menu moineau,

Echeveau des sens triangulés !

Cet azur qui nous appelle

Nous retrace dans nos fibres de nouveau-nés !

Reviens,

Au commun des immortelles mésanges assoiffées !

Je te composerai,

Sur le clavier des escaliers,

Une symphonie qui te mènera

Jusqu’à mon perchoir d’exilé!

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 


28/07/2010

Desert Blues

 

 

27/07/2010

toutes ces petites choses

J'aimerais parfois pouvoir écrire des petites choses pleines de délicatesse de douceur contenue de tendresse diffuse mais rien à faire c'est toujours sans que je n'y prenne garde la rage qui l'emporte cette sorte de cri à l'intérieur de moi qui conditionne mes doigts sur les touches ou ma main sur le papier. Pourtant je les sais possibles et je les connais ces petites choses, je les vis au quotidien, je les traque, je les nomme. Rien qu'hier au hasard plusieurs se sont offertes à mon regard et à mon oreille attentive et émue, le "je t'aime maman" de mon grand fils au téléphone, le poème déposé au bol du petit déjeuner par mon homme, le mail caressant d'une âme qui m'est chère, un texte, une photo, l'invitation toute en finesse à son mariage d'une de mes connaissances que pourtant je ne connais guère mais avec qui j'avais passé un plus que délicieux moment la dernière fois que nous nous sommes croisées, quelques notes de Schubert qui ont ponctué ma journée, mon corps dans le miroir au sortir du bain qui m'est apparu ami, le plaisir insensé que j'ai eu à écrire et à avancer dans un projet auquel j'aspire, le partage d'une gourmande omelette aux champignons préparée avec amour avec deux des mâles de ma tribu et le parfum léger d'une lavande qui m'a été offerte dans le but d'embaumer gracieusement la fenêtre de mon bureau. Et puis peut-être plus diffus encore, le rire d'un enfant, le baiser de ces deux jeunes amants à la bouche de métro, la belle lumière du jour, la promesse de la nuit, l'espoir de jours meilleurs, le sourire d'une amie, l'énergie débordante et toujours attendue de mon facteur, cet indicible bonheur d'être là à la vie... J'aimerais les dire et les transcrire avec toute la beauté qu'elles contiennent ces choses, ces bulles, ces caresses de l'âme, ces petits bonheurs...

 

26/07/2010

intériorité introspective...

 

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- "L'homme Bleu" de Patrick Natier -

 

Il y a tout ce qu'on ne peut pas voir, tout ce qu'on ne veut pas voir, tout ce qu'on ne veut pas regarder et tout ce qu'on a malgré soi imprimé. Un jour ça te pète à la gueule et tout se déroule devant tes yeux à l'intérieur comme une succession d'images de flashs divers nauséabonds, tout prend la couleur de l'enfer avant c'était la nuit, tout prend les formes du pire avant ce n'était rien, et tout prend sa place aussi, tout devient clair, tout s'explique. Etonnant et douloureux voyage de l'introspection dans le monde pourri d'une enfance écorchée, rédemption et connaissance renaissance à soi récupération des sens réveil à l'ouverture et au regard enfin qu'on peut porter en toute sérénité sur et en soi-même et qui balaie le monde avec appétit et tendresse. Hurlante lucidité retour à la mémoire perte de l'amnésie, tout ce qui fait tomber le masque de la peur de l'effroi tout ce qui redonne courage et foi permet de retrouver le visage de son humanité abîmée.

 

 

25/07/2010

La passante

 

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Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée :
Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.

Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son coeur était plein.

Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante :
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit;

Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit ;
Mais nul ne l'aimera, nul ne l'aura comprise.

 

- Emile Nelligan -

 


en passant...

Je vis, je respire, je souffre, je danse aussi et je jouis. Je suis, tant bien que mal, tantôt j'apparais forte et maîtresse, tantôt faible et soumise. Tantôt je m'aime, d'autres fois nombreuses et trop souvent je me déteste et je m'inflige les pires mots alors que je ne devrais que porter un regard d'une indulgence extrême sur ce que je suis devenue, celle-ci, cet être en devenir que je devine au travers de ses différents prismes, ce moi-même auquel il m'est si difficile d'appartenir!

Dieu!! Que c'est inhumain d'avoir été rendue folle, d'avoir été éloignée de soi, d'avoir à s'en rendre compte...

Dieu!! Que c'est une chance de vivre et que c'est heureux d'espérer d'aimer et de goûter...

Et la musique, et la poésie et l'amour et et et... et que dire de plus?

 

 

23/07/2010

Pôse!

 

dans le miroir de l'armoire...

 

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- Anne des Ocreries - Autoportrait -

 

"C'est dans le grenier de ma grange toute déglinguée que je les planque, dans ma grange-cathédrale au toit cassé nimbée de lumière parfois qui abrite tant bien que mal tous mes rêves et mes délires.

C'est dans l'énorme armoire à glace vieille comme le monde que je les range mes précieux mes trésors tous mes accumulés depuis des années qui sont ma raison de vivre et ma raison de croire en des possibles.

Tous mes plus beaux mes majestueux mes aventureux mes poètes mes ressources, tous mes livres chinés reçus trouvés et ainsi collés les uns aux autres à l'abri des intempéries derrière le miroir au tain griffé et grisé par le temps qui passe.

C'est là que je vais quand je cherche à m'inspirer, c'est là que je vais quand je cherche à m'évader à m'enfuir à me retrouver aussi et c'est dans ce miroir là que je me sens la plus belle, là que je me sens exister que je me sens vivante, devant ce miroir qui abrite tous les mots de la terre."

 


A Anne, de Blue.

Avec toute mon amitié.

 

 

Bah!! plus fort que moi... :-)