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12/06/2011

L'éloquence des regards, Moché Kohen

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- Moché Kohen -

 

Hier soir, tard, très tard, je préparais ma note sur Kendell Geers, artiste percutant qui m'a scotchée direct tout en pensant à celle qui me travaille depuis un moment, j'ai une maturation lente même si je parais toujours dans l'immédiateté, sur Moché Kohen qui m'a saisie à la foire de l'art de Lille dont je vous ai déjà parlé. J'aime laisser pousser en moi, approfondir, cuver. Je n'ai pas pu l'oublier tant les quelques toiles que j'ai pu voir m'ont bouleversée. Je suis très sensible à l'Existensialisme, il y a de ça chez Moché Kohen et c'est sans doute ce qui me touche profondément et me remue autant le coeur que les neurones, en écho à ma démarche d'être.

L'art à la hussarde d'un côté qui interpelle, qui dérange, qui décoiffe, qui engendre aussi et de l'autre l'art à fleur, pénétrant, sensible, tactile. Finalement ne pouvant pas choisir, je vous livre l'un et l'autre, souhaitant que ça vous émeuve autant que moi et vous procure toutes sortes de sensations diverses et variées, humaines.

 

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"Une rencontre picturale qui scelle un destin.

Moché Kohen reconnaît avoir été foudroyé par les portraits expressionnistes de Egon Schiele, autant par la mise à nu de la psyché tourmentée des modèles, leurs poses insolites voire théâtrales, que par la facture nerveuse de l’artiste viennois.

Premier roulement de tambour intérieur, Bam Bam Bam le cœur qui bat, les tempes qui bourdonnent, un chant intérieur qui s’accompagne de voix, elles avancent pieds nus dans la poussière, bien décidées à s’en extirper pour devenir matière.

Bam Bam Bam

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Pour Moché Kohen la nuit est propice. Elle s’ouvre sur tous les possibles, dissipe la conscience. Avec sa complicité surgit l’envie de se dépouiller des oripeaux, l’envie de s’abandonner au gouffre de l’espace circonscrit de la toile, une toile devenue réceptacle des cris muets, des chuchotements complices, des petites voix intérieures, mélodieuses d’effroi ou dissonantes de volupté.

Emane de lui une force impérieuse, que rien ne détourne de son vouloir. Plus qu’une vocation, c’est l’exaltation du peintre contraint de libérer sa famille de fantômes, de frères, de sœurs, de clones-clowns claniques.

Moché Kohen revendique le A - non privatif - de autodidacte. Autodidacte sans l’automatisme incontrôlé dicté par la pensée, parce que faire naître une Chose, exige de la rigueur, parce qu’une Chose, c’est rassurant, ça ne meurt pas.

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Le A de autodérision signe un autre trait de son caractère. Toutefois c’est avec sérieux qu’il se compare à un buvard, une perméabilité aux tourments du monde, une hypersensibilité à fleur de peau, exorcisées dans l’acte de peindre. Moché Kohen déclare avoir découvert le courage de la fuite par la peinture.

« Suis le conservateur des équilibres que je me suis inventé »

 

 

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Une invention d’auteur de théâtre, une pantomime humaine où les acteurs se sentiraient en exil, en exil d’eux-mêmes peut être…

Des corps qui font corps avec le mur, les « fusillés du regard » cherchent à se dissoudre dans la pierre, leurs épidermes se confondent, moins pour échapper à leur destin, que pour devenir massifs, permanents, autrement dit demeurer vivants. Des corps presque subtilisés au présent, privés de leur réalité pour devenir une image double, muette, soumise à la disparition, à l’absorption du néant ou qui redeviendrait une ombre, un mur, un fond.

Ce sentiment d’étrangeté n’est-il pas de même nature que celui qu’éprouve l’homme devant sa propre apparence dans le miroir ? Une image détachée de lui, insaisissable, qui se dérobe pour réapparaître sous d’autres artifices, tout aussi impermanents. Tenter d’appréhender l’éphémère…

Sur une scène, un corps dénudé se dévoile, s’exhibe, en tant qu’être sexuel. Dans une contorsion physique, il s’offre au regard du spectateur. Derrière lui, des petits personnages saisis dans leur stupéfaction, détournent leur regard.

L’éloquence des regards chez Moché Kohen, ce n’est pas une vue de l’esprit…

 

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Les yeux écarquillés pour marquer un étonnement prévisible, une interrogation sans attente de réponse. Les yeux plissés autant par la malice que la connivence. Parfois les yeux chavirés vers l’intérieur, ou dévorés par la matière, comme pour témoigner de l’affleurement du passé sur les rives du présent.

Un chant très ample, mais à peine murmuré, à la fois serein et inquiet, s’élève de cette famille de personnages. Identifiables grâce au turban assujetti sur leurs têtes rasées, ils se présentent dans la simplicité de leur frontalité, de leur hiératisme. Frémissement des corps, de la chair, abandon de soi, la main du peintre sismographe calligraphie certains contours, ici des mains, là d’un visage.

 

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Tel un Gilgamesh, détenteur babylonien des indicibles secrets de l’âme, Moché Kohen « syncrétise » toutes les cultures, toutes les religions, toutes les époques. Il impose à ses personnages une architecture de cariatide, des yeux de mystique d’où se déversent des questions incantatoires, qui peuvent être aussi incandescentes que les rouges de certains attributs vestimentaires.

Chez ces gens là, Monsieur, on ne vit pas, on Existe !"

 



- Béatrice Duhamel Houplain -                                                                                       

 

 

L'art du coup de poing, Kendell Geers

 

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- Kendell Geers -

 

Archétype d’une génération d’artistes engagés dans les années 1990, Kendell Geers est passé, depuis le début de la décennie, d’un art résolument ancré dans les problématiques activistes à un travail de manipulation iconique des situations de crise sociale, idéologique ou politique, poussant toujours le spectateur à un trouble et à un questionnement. Avec un art conscient des choses du monde, Kendell Geers n’entend pas imposer ses vues personnelles mais placer le spectateur devant ses propres choix.

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Depuis près de 15 ans, Kendell Geers développe une œuvre polymorphe mêlant objets, installations, œuvres vidéo, photographies et performances. Par son travail, l’artiste perturbe les codes et les principes moraux généralement admis.

Il explore avec force l’effondrement des systèmes de croyance et des idéologies en utilisant tous les matériaux possibles : des images pornographiques, mais aussi des figures emblématiques de l’Histoire de l’art (telle que la Victoire de Samothrace) ou de l’Histoire des religions repeintes avec le motif Fuck, en passant par des installations faites de fils de fer barbelés ou de matraques. Il explore ainsi en permanence les limites sociales, pour les interpréter sous une forme artistique très personnelle. Kendell Geers interroge les pulsions destructrices de l’homme dans un monde où les notions de bien et de mal sont, selon lui, dépassées. Il affirme que l’art peut avoir des conséquences sur la société.

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Kendell Geers se définit comme un «terroriste» dans le champ de l’art et revendique la nécessité de prendre position. Il explore et critique notre monde de manière frontale en mettant en garde contre l’aliénation que peuvent engendrer les objets, les images et les situations de notre quotidien. Ce positionnement critique ne repose pas sur une vision manichéenne mais sur une mise en doute répétée des principes de bien et de mal et sur l’affirmation de leur possible réversibilité. Centré sur des problématiques morales ou politiques, Kendell Geers s’interroge sur le contexte de l’art, ses modes et ses effets, sur l’institution et ses acteurs.

- Source: Les Artistes Contemporains -   

 

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 C'est l'actualité qui prime chez Kendell Geers. Une rétrospective de son oeuvre intitulée ironiquement "Irrespektiv" est basée sur "l'insolence et la  provocation" selon les uns, "le sexe et la peur" pour les autres et a réuni 60 oeuvres réalisées ces 15 dernières années. Autoportrait plutôt sous-jacent qui relit méticuleusement les années comme un dessin des banalités post-modernes, en notre temps de fin des idéologies et de perte de repères. Découverte de la fragilité et de la vulnérabilité. Une oeuvre qui se veut subversive et interpellante.

 

 

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 Son œuvre explore les dimensions les plus intimes du psychisme humain, les notions de désir et de pulsion, affirmant une réversibilité entre horreur et extase, entre violence et érotisme. 

 

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08/06/2011

Il y a des jours comme ça

Tout semble simple et fluide. L'angoisse disparaît. La peur n'est pas là. Le corps est au repos comme en veille, en confiance. On dirait que rien ne se passe et pourtant ça mature à l'intérieur, comme les plantes qu'on ne voit pas pousser et qui racinent avant de bourgeonner. Je me sens dans cet état. Ces jours là, d'habitude, je ne fais pas attention, je les traverse comme une flèche et le soir je me dis: " Tiens, la journée est déjà finie?". Mais comme j'écris un peu plus tous les jours, je deviens plus attentive et plus à l'affût, même dans ces moments où j'ai le sentiment que rien n'arrive, je sais bien qu'il ne peut pas rien se produire. Notre pensée ne s'arrête pas, on ne dépose pas son cerveau devant sa porte en disant: "Aujourd'ui, je ne vais pas me servir de toi!", pas plus qu'on y dépose son coeur... Même si on se sent vide ou au repos on est toujours plein et en activité sans s'en douter. C'est étonnant, d'en prendre conscience est stimulant. Etre ainsi plus à soi-même on mesure tous les enrichissements et les apprentissages qu'on fait même sans en avoir l'air, comment finalement on s'affine, on s'aiguise, on s'améliore! Il y a des jours comme ça où plus encore, la conscience apparaît plus présente, pas encombrée par la réflexion ou le tourment, juste donnant accès à sa matière humaine dans toute sa complexité et ses possibles. C'est particulièrement réjouissant.

 

 

D'elle à vous et de vous à moi

 

 

 

Le regard de Lorka, la parole de Blue. La parole de Lorka, le regard de Blue.

 D'un blog à l'autre...

 

 

 

Pierre Molinier, autoportrait

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- Photo Pierre Molinier -

 

 

" L'imaginaire, c'est ce qui tend à devenir réel."

- André Breton -

 

 

 

07/06/2011

Extase

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- Photo Man Ray -

 

Je suis devant ce paysage féminin
Comme un enfant devant le feu
Souriant vaguement et les larmes aux yeux
Devant ce paysage où tout remue en moi
Où des miroirs s'embuent où des miroirs s'éclairent
Reflétant deux corps nus saisons contre saisons

J'ai tant de raison de me perdre
Sur cette terre sans chemins et sous ce ciel sans horizon
Belle raison que j'ignorais hier
Et que je n'oublierai jamais
Belles clés des regards clés filles d'elles-mêmes
Devant ce paysage où la nature est mienne
Devant le feu le premier feu
Bonne raison maîtresse
Etoile identifiée
Et sur la terre et sous le ciel hors de mon coeur et dans mon coeur
Second bourgeon première feuille verte
Que la mer couvre de ses ailes
Et le soleil au bout de tout venant de nous

Je suis devant ce paysage féminin
Comme une branche dans le feu.

 

- Paul Eluard -

 


 

06/06/2011

Black Angel

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- Black and Blue - Photo Patrick Natier -

 

 

J'aime beaucoup cette photo, c'est Pat qui l'a prise lors de notre bref séjour à Montréal chez le pote de Christian un étage ou deux peut-être au-dessus du Bunker. La lumière matinale et automnale était particulièrement douce et la journée s'annonçait intense, je devais passer du temps avec Sandy et son homme et je savais déjà à ce moment là que nous repartions le soir-même, sigh, c'est fou ce qu'une image peut en un rien de temps vous replonger en arrière!

Au-delà du contexte, c'est ce qu'elle m'évoque qui me touche. Cette complicité, cette tendresse, ce respect que nous avons l'un pour l'autre, la densité de cet amour qui nous unit, cette amitié indéfectible qui s'est construite par-delà les océans avec la puissance des mots de deux coeurs sincères s'apprivoisant et s'éprenant l'un de l'autre. Tout ce que mon regard dit et ce que ma main exprime et tout ce qu'en retour je sens recueillir de lui. 

J'ai tant reçu de Christian Mistral, il a tellement partagé avec moi ses pensées qu'elles sont devenues miennes sans que j'y prenne garde. Il m'a tellement bousculée et poussée dans mes retranchements que mon écriture se libère. C'est lui qui m'a donné cette confiance, cette autonomie, cette liberté et c'est lui aussi qui m'a tout appris de la blogosphère. Pionnier en la matière, il la connaît mieux que quiconque, m'a évité les pièges et m'a encouragée à monter le niveau. Patiemment, intelligemment et sans défaillir, il m'a soutenue back stage, m'a enguirlandée plus d'une fois comme il sait si bien le faire avec son mordant légendaire et m'a inspiré plus d'une note et plus d'un commentaire, tout cela avec une générosité sans limite et une présence quasi quotidienne. Grâce à lui, j'ai beaucoup progressé.

Il m'a fait prendre conscience de la puissance de ce média particulièrement, de ses limites aussi et le projet que nous menons de concert avec Laure m'y ramène. A mon âge pourtant et avec ma bouteille, je devrais bien savoir comment me viennent mes idées, qu'elles en sont leur source ce qui m'a mis sur la piste ou comment ma réflexion s'est construite. Nietzsche m'a influencée et a permis cette prise de distance avec mon éducation religieuse, Agatha Christie à sa manière m'a elle aussi avec son Hercule Poirot permis de développer mon esprit d'analyse ainsi que les neuro-biologistes que j'ai pu lire. Monsieur Laborit, tout comme Sun Tzu restent pour moi des références incontournables, évidemment j'en passe, car au bout d'un certain nombre d'années on ne sait plus à qui on doit telle ou telle découverte, l'important restant à mes yeux d'en faire quelque chose et de progresser. Pourtant dans ce domaine plus spécifique de l'écriture, c'est Mistral qui m'a décomplexée et révélée et c'est grâce à lui si j'en suis là où je suis, à moi maintenant de grandir et d'aller encore plus haut, encore plus loin, d'en donner davantage, message que je perçois en filigrane au travers du cadeau qu'il m'a fait hier soir.

Ce qui est percutant dans sa façon de faire, c'est qu'il t'invite à réfléchir et toujours te laisse ton libre-arbitre; jamais il n'impose, c'est un excellent professeur quand il ne gueule pas trop fort! Quoique là aussi au fond, il t'encourage. C'est son exigence envers lui-même et la qualité de sa plume qui m'ont amenée à faire de même, j'en ai déjà parlé dans cette fameuse lettre envoyée dans le cadre des correspondances d'Eastman qui me revient soudainement en mémoire et qui pour moi est toujours réactualisée. 

Depuis il y a eu cette photo, il y a eu la rencontre qui a accentué notre intimité et mon aisance à converser avec lui, ma maturité aussi, notre connivence. Si un tant soit peu je devais ne retenir qu'une merveilleuse chose que le web engendre et que les blogs permettent c'est bien ce genre de rencontre qui marque à tout jamais une existence, comme celle que j'ai pu faire avec celui que j'appelle avec une affection profonde, mon Black Angel!

 

 

 

05/06/2011

Un peu plus haut

Cadeau de Christian, il y a une heure, avec ces mots:

" Céline s'en mêle, chuinte et chante du nez en hurlant, pour enterrer Ginette, mais à l'origine c'était un duo entre Ferland et Reno. Quand même un moment d'anthologie..."

Merci Black Angel!

 

 

 

 

 

Un Peu Plus Haut, un peu plus loin
Je veux aller un peu plus loin
Je veux voir comment c'est, là-haut
Garde mon bras et tiens ma main

Un Peu Plus Haut, un peu plus loin
Je veux aller encore plus loin
Laisse mon bras, mais tiens ma main
Je n'irai pas plus loin qu'il faut

Encore un pas, encore un saut
Une tempête et un ruisseau
Prends garde! Prends garde: j'ai laissé ta main
Attends-moi là-bas:je reviens

Encore un pas, un petit pas
Encore un saut et je suis là,
Là-haut, si je ne tombe pas...
Non! J'y suis! Je ne tombe pas!

C'est beau! C'est beau!
Si tu voyais le monde au fond, là-bas
C'est beau! C'est beau!
La mer plus petite que soi
Mais tu ne me vois pas

Un peu plus loin, un peu plus seul
Je n'veux pas être loin tout seul
Viens voir ici comme on est bien
Quand on est haut, oh! comme on est bien

Un Peu Plus Haut, un peu plus loin
Je n'peux plus te tenir la main
Dis-moi comment j'ai pu monter,
Comment r'descendre sans tomber

Un peu plus loin, un peu plus fort
Encore un saut! Essaye encore!
Je voudrais te tendre les bras;
Je suis trop haut, tu es trop bas

Encore un pas, un petit pas
Tu es trop loin! Je t'aime!
Adieu! Adieu! Je reviendrai
Si je redescends sans tomber

C'est beau! C'est beau!
Si tu voyais le monde au fond, là-bas
C'est beau! C'est beau!
La mer plus petite que soi
Mais tu ne la vois pas

Un Peu Plus Haut, un peu plus loin
Je veux aller encore plus loin
Peut-être bien qu'Un Peu Plus Haut,
Je trouverai d'autres chemins

- Jean-Pierre Ferland -  

 

03/06/2011

conversation entre amies blogueuses

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- Photo montage Laure K. -

 

 

 

Hier, Jeudi, jour de l'Ascension propice aux élévations d'âmes, Laure K est arrivée chargée comme un âne de matériels divers pour fabriquer les matières premières d'un projet qui lui tient depuis un bail à coeur. L'idée a germé d'abord dans sa tête sous la forme de portraits de blogueurs qu'elle trouve inspirants et qui l'aident dans son propre cheminement. Doucement mais sûrement l'initiative d'être plus que passeur mais acteur dans l'histoire a fait son bout de chemin. Elle m'a soumis son projet. J'ai dit OK! trouvant l'aventure plaisante et excitante me mouillant moi aussi en lui permettant de me filmer à dire des choses et non plus seulement à les évoquer au travers d'images suggestives, ce qu'elle a fait superbement jusqu'ici!

On s'est installée, face à face, dans deux moelleux fauteuils de cuir brun au fond de ma boutique inondé de la lumière nécessaire et au calme puisque pour l'occasion, j'étais venue spécialement un jour férié le matin là, où, d'habitude je sévis. L'installation du matériel prit une bonne heure, deux caméras croisées, un micro, réglages des spots, des cadrages, des plans, du maquillage enfin tout ce qui tourne autour d'un tournage, je découvre, c'est passionnant. Et puis on s'est un peu chauffé. Laure avait imaginé un chemin de fer des sujets qu'elle voulait qu'on aborde et on s'est naturellement mise à parler. Pour nous deux, en soi, ça n'est pas compliqué, entre nous on se parle régulièrement de choses et d'autres, mais de le faire dans cette ambiance précisément, c'était une autre paire de manches. Ni elle ni moi ne sommes actrices ou rompues à ce genre d'exercice, on s'est jeté mutuellement à l'eau et je ne sais même pas à ce jour ce que contiennent les boîtes noires de chacune des caméras, seule la réalisatrice le sait et elle seule va se servir de tout ça pour exprimer ce qu'elle tient à livrer.

Je ne crois pas dévoiler un secret en disant que ce qui la passionne c'est l'intérêt de ce nouveau média qu'est le blog, ce qu'il entraîne, ce qu'il provoque, ce qu'il crée, comme ce genre de rencontre par exemple, ce qu'il ouvre comme perspective et aussi ce qui anime ceux qui en usent et en abusent comme je le fais moi-même avec un plaisir certain et une énergie à toute épreuve. Le sujet du pourquoi et du comment d'un blog ainsi que du pourquoi et du comment celui-là plutôt qu'un autre a été au cours de notre entretien d'une bonne heure généreusement évoqué, mais pas seulement, on a parlé également d'écriture, d'éducation, de la langue française qui nous relie les uns les autres, des amitiés qui se créent, de la pérennité, de l'abolition des distances, de la confiance en soi que donne cet outil étonnant et, bien entendu, de la mode, un grand pan de mon environnement et de mon quotidien!

Après avoir épuisé les batteries de machines et le temps de parole possible sur chacune des bobines, j'avais une faim de loup, ça creuse de réfléchir et de mettre de l'ordre dans ses idées, ça consomme pas mal d'énergie! Alors on s'est enfilé un petit chinois vite fait juste en face de chez moi et puis j'ai repris mon activité première et je lui ai dégoté une superbe tenue pour les prochaines occasions où elle doit faire la belle. C'est vrai que j'aime ça, mettre en valeur une personne au travers des vêtements qu'elle porte. C'est enthousiasmant de voir quelqu'un s'exprimer davantage par ce biais que nous offre l'art de se vêtir et c'est passionnant d'en être l'instigatrice ou l'accompagnatrice en fonction de la personnalité de la femme que j'ai devant moi! Certaines se connaissent vraiment bien et juste on les aide en leur fournissant de la matière, pour d'autres c'est plus complexe, elles ne savent pas ou plus ou n'ont pas le goût à ce genre d'affaires, ou plus compliqué encore et beaucoup plus fréquents n'aiment pas leurs corps, ce qui n'est pas le cas de Laure!

Alors voilà maintenant, petit à petit va vous être dévoilé des morceaux de cette entreprise, ce qui va nous permettre de tous interagir et de tous réfléchir à ce qu'apporte, au delà du plaisir de découvrir et de partager, le monde des blogs. Il me semble que l'une de mes dernières phrases au cours de cette conversation en sorte de conclusion fut:

"Un blog, c'est interactif et ça nous élève, on a envie de donner le meilleur de soi-même et de recevoir aussi ce meilleur de l'autre. Et puis ça nous incite à réfléchir, à structurer sa pensée, à créer. C'est chouette, c'est quand même super chouette, c'est à ça que ça sert la littérature, la culture, l'art, à grandir, non?"

 

 

 

 

02/06/2011

Every Day I have the Blues

 

 

 

01/06/2011

Petits bonheurs

Le défifoto de Juin est sur le thème des petits bonheurs, ils sont tellement multiples et variés que choisir une seule image pour l'évoquer est un peu frustrant mais paradoxalement assez jouissif! J'en ai choisi un et j'aurais pu en suggérer mille et un autres comme celui que j'ai revécu en doublé ce Dimanche et hier soir!

J'ai versé une première larme Dimanche quand j'ai vu les trois petits bouts de mon amie lui offrir tout sourire leurs cadeaux faits de leurs mains menues à l'école. Je me suis retrouvée comme pour rire des années en arrière avec les mêmes colliers de nouilles, les mêmes coeurs en papiers, les mêmes cadres photos, cendriers, mains moulées, petits mots doux et autres poèmes. J'ai souri complice quand sa fille de sept ans lui a déclamé son compliment:

- Maman, je t'aime, tu es la plus jolie, la plus merveilleuse, la plus maman de toutes les mamans!

 Je n'ai pas pu ne pas replonger moi-même dans tous ceux que j'ai pu dire aussi à ma propre mère. Je me suis retrouvée en une fraction de seconde dans ce regard là et puis une fraction d'aprés dans celui de la maman qui reçoit son présent. Alors quelle ne fut pas ma surprise hier soir quand, rentrant d'une journée bien épuisante, ils étaient tous là. Mes trois grands, le sourire aux lèvres et les yeux plein de malice, me faisant la surprise avec la complicité de leur père d'une gentille fête pour mon "mother's day" shuinté par la force des choses par d'autres priorités. Les mots doux étaient les mêmes, les cadeaux bien sentis et touchants et leurs gestes attentionnés et tendres. Quand j'ai déballé le dernier petit paquet et que j'en ai sorti "Un lieu incertain" de Fred Vargas, j'étais déjà toute retournée qu'ils aient deviné mon envie de le lire mais quand je l'ai ouvert, mon coeur a chaviré.

- A ma maman que j'aime de tout mon coeur, beaucoup de bonheur avec l'espoir que tu récoltes ce que tu sèmes: beaucoup d'amour!

- Tendre et gros baiser à la meilleure des mamans. je t'aime! Joyeuse fête.

- Bonne fête maman chérie. De tout coeur avec et derrière toi! Je t'aime...

Trois écritures dîfférentes, le même amour, la même fierté. Mes yeux se sont emplis d'eau et ma gorge s'est nouée. J'ai alors porté un toast à eux, à nous, à l'amitié et à ce bonheur intense d'être la maman d'enfants si solides, aimants et aimés!

 

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- Mére et Enfant- Pablo Picasso -

 

 

 Ô mère !

 

Lait toujours ascendant,

Voyageur chantant

Dans mes étoiles nécessaires

Conjuguées aux distances blessées de mon cri !

Ciel de mes yeux, yeux de mon ciel

Recousu de ses blessures larmoyantes

Pour reporter, de ta lymphe triomphante,

Ma folle errance et mes agonies !

Tu es les arbres candélabres

Qui m’éclairent tous ces chemins inextricables 

De mes lourdes litanies d’incompris

Trébuchant par tant de chaînes, sans répit!

Ombre prévenant mon possible aveuglement,

Seins aux aguets, pour me rassurer,

Pour m’arracher au plus profond

De mes sauts anéantis

Et me faire renaître, entier,

Dans ton feu  jamais brûlant,

M’offrant la juste chaleur

De ses mains des ans 

Qui me caressent de leurs attentes,

De ce sang toujours prêt à me reprendre

De mes  jours soliloques d’exilé

Sans échos !

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

31/05/2011

Entre nous

Depuis un bail, je ne vais plus à la messe. Contrainte plus ou moins d'en être durant toute mon enfance jusqu'à la totalité de mon adolescence trop impliquée pour pouvoir dire non et sans aucun doute trop bien élevée, j'ai même trempé profond dans les enivrants mystères de l'Eucharistie! Organiste régulière du Dimanche et plus occasionellement des mariages et baptêmes, je connais toutes les prières et les chansons par coeur; du Notre-père au Je crois en Dieu en passant par les nombreuses variantes possibles des Alléluias, Prend pitié de nous, Je vous salue Marie, Avé et Mea Culpa. Je me suis mariée à l'église dans une robe blanche. J'ai dit oui au milieu de toute une cérémonie en latin trouvant cela plus esthétique qu'on y comprenne rien, ce qui fit au demeurant la joie des anciens du village. Pourtant j'ai du batailler sec alors, pour que le prêtre accepte que j'épouse enceinte l'homme de ma vie sans vouloir confesser ma faute et avouer mon péché de chair! J'ai plus tard fait baptiser mes trois fils plus pour faire plaisir à mes beaux-parents et à mes parents dans la foulée que par conviction profonde et j'ai doucement commencé à douter, à désapprendre et à m'éloigner d'une éducation à fort caractère religieux qui a trop longtemps orienté ma pensée. J'ai remis les pieds à l'église pour l'enterrement d'un grand-père qui ne méritait pas à mon sens un pardon aussi simple et unanime et puis deci delà pour le mariage des uns ou le baptême des autres. Mais, que Dieu me pardonne, jamais je n'ai ressenti une telle violence en moi à la messe de communion de mon filleul chéri à laquelle je viens d'assister. Un curé castrateur nous sommant de nous taire d'un regard ravageur, une chorale bigote, un bedeau intrusif et grandiloquent et toute une armada de vieilles filles culpabilisantes et particulièrement peu tolérantes. Ouf! Mes grands, là aussi pour l'occasion, en sont encore consternés. C'était plus qu'une caricature, agressif, comme si on allait d'un coup en t'enjoignant violemment à le faire, encenser Dieu, adorer le Christ et aimer son prochain comme soi-même! Ahurissant, dévastateur, aberrant. Je suis sortie de cette cérémonie dans une colère noire ne sachant trop qu'en faire et à qui en vouloir si ce n'est à moi-même, d'autant qu'étant la marraine je me devais de faire plutôt bonne figure. Il m'a fallu puiser bien loin dans mes réserves d'usage pour ne pas péter un câble et ne pas m'insurger. J'ai de bons restes, dommage! Là, in situ, j'aurais bien aimé ça: "fesser dans le tas"!

 

30/05/2011

Boucle d'or

amitié,art de vivre,maquillage,partage,histoire,famille,humain

 - Blue make-upée, bouclée et photographiée par Stella -

 

Dernières longueurs pour Boucle d'heures!

 


 

27/05/2011

furtive escampative

 

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podcast

- Axelle Red - Changer ma vie -

 


26/05/2011

Écrire

Anormalement guillerette au volant de ma voiture pour venir travailler je pense à cette envie irrépréssible que j'ai de plus en plus d'écrire. Entonnant Aznavour à tue-tête, sans craindre les regards en coin des automobilistes devant et derrière, je me dis, le sourire aux lèvres que c'est bon de ne pas être une pointure dans un domaine et d'avoir tant à apprendre et à découvrir même si parfois c'est ingrat, difficile et décourageant et qu'on se sent nulle et stérile comme un bout de bois sec au bord d'un chemin de forêt vierge! Le droit à l'erreur, le droit à la faille, à la recherche d'un style qui corresponde à sa personnalité, à ce qu'on veut dire et amener à faire comprendre sans en avoir l'air demande un travail insensé, acharné, source de souffrances mais aussi de grands moments de jouissance quand on tombe sur le bon mot ou la tournure de phrase qui convient, fluide, intense, économisée, pas alourdie d'adverbes en trop ou de répétitions évidentes qu'on ne découvre qu'à la énième lecture. Le processus d'écriture aboutie m'était jusqu'alors étranger et je ne m'étais jamais relue avec l'oeil de mon pire ennemi, je n'avais jusqu'ici jamais percuté l'immense et absolu labeur que demande ce métier, car c'en est un, à part entière. Je ne sais si j'en suis capable, je l'explore petit à petit, humblement, la passion chevillée au ventre. Tout procédé de création implique une folie accouplée à une discipline étonnante, une exigence doublée d'une liberté insensée et celui-là plus que tous ceux que j'ai pu éprouver jusqu'alors, une ténacité à toute épreuve et un complet don de soi! Respect.

 

Bleue

 

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25/05/2011

Renversant!

 

 

 

 

Andrée Putman

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La seule et unique fois que j'ai rencontré cette grande dame du design dont j'ai toujours beaucoup apprécié le travail, c'est lors d'un défilé de mode, un spectaculaire défilé de Yohji Yamamoto dont elle est, paraît-il, très friande. Elle m'a impressionnée par sa force tranquille, sa détermination, son aplomb et son allure. J'imaginais en la croisant quel aurait pu être ma réaction si j'avais eu l'occasion de serrer la main de mademoiselle Chanel, car tout comme elle, elle a créé un style: le sien, sans jamais s'en détourner. Je suis particulièrement sensible à toutes ces personnes qui font bouger les choses en gardant leur cap, fidèle à leur vision l'appliquant à elles-même et à l'intelligence et la rigueur que ça implique.

 

" La mode se démode, le style jamais."

- Coco Chanel -

 

To Sandy

Yes! Yvan. Terrible!

 

 

 

24/05/2011

Plissés

 

mode,art de vivre,issey miyaké,réflexion,prêt à porter,décoration,humain

 "J'ai toujours été davantage attiré par les gens dans la rue. J'ai sans cesse essayé de comprendre comment ils vivent et s'habillent."

- Issey Miyaké -

 

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C'est sans doute le mélange d'un "cocotte" affectueux et d'une réponse plus pointue qu'un origami sur la visite de l'exposition de madame Grès que je me suis mise à penser à Issey Miyaké, ce créateur japonais fasciné par les plissés et maître en la matière. Les vêtements d'Issey sont étonnants, ils n'ont pas d'âge, se lavent en machine à 30°, ne se repassent pas, ne se froissent pas, s'adaptent à toutes les morphologies, dans mon jargon on dit qu'ils ont une grande vestibilité, ils sont atypiques, inclassables, artistiques, indémodables mais justement pas forcément du goût de tout le monde. J'en ai pas mal dans mon armoire et j'ai toujours un malin plaisir à en ressortir un de temps en temps, j'aime bien mélanger une pièce de cet acabit avec un jean, le côté précieux, théâtral et sculptural avec le vêtement le plus basique qui soit, j'apprécie assez cette sorte de contraste, tout comme le mélange des genres en matière de déco. Il y a un pont indéniable et un écho entre la mode et la décoration, l'art de se meubler et l'art de se vêtir ne sont que deux des nombreuses facettes de l'art de vivre. Ceux qui arrivent à franchir le rubicond de l'établi et du ce qu'il faut avoir chez soi ou sur soi, peuvent ainsi s'exprimer et développer leur style. Certains y arrivent, d'autres, pas. Parfois on est surpris, et c'est sans doute la toute la différence entre l'intérieur et l'extérieur, ce qu'on montre à tout le monde et ceux à qui on ouvre sa porte. J'ai souvent découvert des antinomies remarquables entre la manière dont une personne s'habille, très "branché", très "in", très "fashion" tel que c'est codifié et son intérieur, à l'inverse bigrement classique ou complètement désuet. Ce contraste n'existe plus quand la personne se libère des diktats de la mode et se permet de s'habiller comme elle le sent, comme elle a envie d'être vue ou perçue ou plutôt comme elle se voit et se perçoit, comme elle se sent bien, en congruence avec ce quelle porte. La relation avec sa maison est de même nature, l'intérieur respire comme l'extérieur, pas de surprise. Je me demande bien comment vit Issey d'ailleurs et à quoi ressemble son espace personnel entre les plis...