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11/02/2011

Christian Mistral, le géant aux doigts fins...

Si vous ne connaissez pas Christian Mistral, vous êtes ou bien perdus, ou bien pas originaires du Québec... Cet homme est un conteur, remuant le triste arbre de la vie pour en faire tomber des fruits poétiques. Mistral raconte sa vie, c'est presque uniquement ce qu'il fait. Ses romans sont des « romans-réalité » pour ainsi dire. Notre bonhomme est une sorte de bohème, un rebelle, un barbare au coeur fébrile et à l'intelligence affûtée. Il croit être un génie. C'en est un : mais seulement lorsqu'il décide de faire le bien.

Christian Mistral est le premier romancier que j'ai lu à l'adolescence. Je ne lisais pas à cette époque, et pourtant, à l'âge de quatorze ou quinze ans, je me suis rué tête première dans Vamp, le roman mythique, où abonde un vocabulaire riche. Je me suis alors cogné la tête ! Mon vocabulaire souffreteux ne me permettait pas de bien sonder le texte. J'avais alors décidé, je m'en souviens, de chercher chacun des mots dans le dictionnaire, et de tous les noter. Quel infernal exercice c'était, si l'on considère la richesse du vocabulaire de Mistral. Depuis, j'ai dû relire Vamp quatre ou cinq fois. Sans compter ses autres romans. À chaque fois, je suis étonné par la qualité de ses textes.

Lorsqu'on ouvre un livre de Christian Mistral, les mots ont un tranchant relief. Ils se soulèvent, s'amplifient, se rapprochent de vous, se gorgent de passion ; ils ont une odeur, une vie ; on est instantanément ailleurs, fascinés d'être pourtant ; si l'on retrouve des virtuoses de la musique, qui semblent faire de chaque envolée de notes un serment unique, alors chaque mot des livres de Mistral est sacré, et vous captive ; les phrases qu'ils forment se déroulent de façon ardente, gironde, avec une implacable, inlassable beauté, ainsi qu'une matière en fusion, dangereuse, qui progresse, étonne dans un vrai mystère, fait rêver... Quand je le lis, dégustant la succession suave et surprenante des expressions qu'il sait former, je pense : « Nul choix de mots ne serait plus parfait ; ah oui, ce mot également complète la suite parfaitement ; celui-ci aussi ! » ; telle est la réaction simpliste de celui qui s'enhardit face au génie de l'autre, génie dont le fruit semble si intellectuellement accessible, mais dont la gestation a été, à vrai dire, un tourbillon démené, où tout a dû être crument ressenti, réfléchi, repensé, soupesé, flairé par l'âme ! Voulu depuis les entrailles !

Le ton des textes de l'auteur québécois ont, par moments intercalés au joual, quelques reflets pour ainsi dire royaux, sans pourtant porter une essence guindée. Ses mots les plus riches ont la hauteur des étoiles, et ses descriptions aux paroles rares ont souvent la texture du rêve des grands peintres. Mais essentiellement, son ton est vrai, véritablement vrai, on l'entend penser ; c'est un grand conteur... Christian Mistral est violemment doué, et je le remercie d'être ce qu'il est.

- Guillaume Lajeunesse -

 

Je ne pouvais passer au travers d'un tel texte, juste, savoureux et si joliment et lucidement écrit. Ce Guillaume nouvellement arrivé sur la toile avec sa salve d'étoiles touche à l'une de mes plus chères d'entre elles. Comment pouvais-je passer mon chemin et ne pas l'encourager dans le sien?

J'aime le "violemment doué", j'aime le "voulu depuis les entrailles", j'aime le "crument ressenti "et le "tranchant relief", toutes sensations éprouvées par moi-même à la même lecture, sans toutefois être québécoise de naissance mais devenue depuis québécoise de coeur. Je ne serais pas aussi directe que ce nouvel ami: "si vous n'avez pas lu Mistral, soit vous êtes perdus, soit vous n'êtes pas originaires du Québec"... On peut ne pas l'avoir lu parce qu'on ne savait pas ça possible...une telle écriture, et qu'on a pas eu l'occasion et l'heureuse surprise de la/le rencontrer sur sa route, moi si, aussi, comme Lajeunesse, la jeunesse que je n'ai plus, ou plus ou moins car toujours pourtant si présente dans mon âme et ma soif de vivre.

Une nouvelle occasion pour moi de rebondir sur cette rencontre qui m'a tant apportée jusqu'à l'audace d'écrire grâce à sa fulgurance et à son amitié. Une belle et heureuse occasion pour moi de remercier cet homme d'une rare sensibilité, d'une rare présence, d'une rare étonnante présence, oui, dans ses livres comme dans la vie...

 

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                                       - Black Angel & me - Mont-Royal -

 

 

10/02/2011

le serpent qui danse

 

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- Pierre Bonnard -



podcast
- Serge Gainsbourg -

 

 

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon coeur!

 

- Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal -

 

 

 

09/02/2011

un tramway nommé désir

 

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- Anne Kessler et Eric Ruf - Photo Cosimo Mirco Magliocca

 

Un tramway nommé désir!

 

 Double, triple, quadruple émotion même, devrais-je dire... D'abord de passer quelques heures avec cette délicieuse et attentionnée amie pleine de grâces et de ressources, ensuite d'avoir pour la première fois et cela à son initiative franchi le seuil de la Comédie Française, lieu mythique et dont les murs transpirent de patrimoine et de culture, ensuite d'assister à une première au théâtre dans des conditions insoupçonnées, enfin cette magnifique et remuante pièce de Tennessee Williams si brillamment jouée et superbement mise en scène par Lee Breuer... une belle soirée que je ne suis pas prête d'oublier!

 

 

 Temps superbe, presque printanier Lundi à Paris et malgré un emploi du temps assez chargé dans l'après-midi, j'avais la légéreté d'être et puis l'idée de passer un moment avec Laurence me donnait du coeur à l'ouvrage; nous allions encore deviser, échanger, boire un thé, projeter et cela adoucissait fortement mon labeur, presque, lui donnait un sens. En toute fin de journée je suis arrivée chez elle, toujours aussi bien accueillie, c'est délicieux l'amitié partagée, et après nos échanges habituels, comme si on n'avait jamais stoppé la conversation d'il y a quelques semaines, elle me dit tout de go avoir eu l'idée de m'emmener à la Comédie Française voir la première d'un tramway nommé désir, le titre ayant fait mouche dans son inconscient suite à ma note "du désir" d'il y a quelque temps, je ne sais si certains d'entre vous s'en souviennent? Nous sommes arrivés au théâtre sur le coup de sept heures, car c'était une représentation pas ordinaire, plutôt réservée à la presse et aux artistes et donc sans moyen de pouvoir prendre une place d'avance, il fallait faire la queue et attendre en espèrant pouvoir avoir un siège. Après une heure et demie d'attente la chance nous a souri et nous nous sommes retrouvées en corbeille face à cette magnifique scène et dans ce lieu mythique, je ne saurais vous expliquer l'indicible joie que cela m'a procurée!

Et quelle pièce! Dense, profonde, remuante, esthétique, une mise en scène époustouflante, des jeux d'acteur admirables, touchants, renversants d'authenticité et de vitalité, un régal pour les yeux, l'esprit et l'âme. J'ai été pour ma part très profondément émue par ce texte et par cette manière de l'appréhender et de l'offrir ainsi: la présence de la musique, le mouvement des paravents intensifiant les émotions et rythmant les expressions déchirantes des êtres, ce mélange de brutalité et d'élégance... Bouleversant! A priori pas du goût de tous, à l'entracte pas mal de sièges de notre côté se sont vidés ce qui nous a permis de nous approcher davantage et être encore plus au coeur de cette tragédie, j'en ai rêvé la nuit et j'y pense encore. Pas facile de rendre la folie aussi palpable et la souffrance aussi belle, l'Anne qui joue Blanche est stupéfiante et l'Eric incarnant Stanley remuant au possible, franchement j'ai vraiment beaucoup aimé et encourage tous ceux qui peuvent le faire d'aller se régaler de cet intense poétique spectacle.

Merci belle amie.

 

 

07/02/2011

Karen Lamonte, réflexions féminines

 

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"À travers ses robes, Karen LaMonte questionne subtilement les thèmes de l’identité humaine et féminine. Empreintes d’un corps absent, les drapés voluptueux en verre expriment néanmoins un mouvement, une vie, un sublime mélange entre absence et présence. A l’instar de ses robes qui emprisonnent le corps, l’artiste capture les reflets fugaces de femmes, enfants ou vieillards à l’intérieur de miroirs. Sortes d’ombres spectrales, ces visages se figent dans une ambiance fantasmagorique à la limite de l’irréel et disparaissent bientôt lorsque la lumière varie."

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regard

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Combien de temps m'a-t-il fallu pour regarder un sexe d'homme droit dans les yeux, d'égal à égal?

Et pourquoi est-ce encore si difficile pour moi... parfois?

 

 

06/02/2011

La plus drôle des créatures

  •  
    • Comme le scorpion, mon frère,
    • Tu es comme le scorpion
    • Dans une nuit d’épouvante.
  •  
    • Comme le moineau, mon frère,
    • Tu es comme le moineau
    • Dans ses menues inquiétudes.
  •  
    • Comme la moule, mon frère,
    • Tu es comme la moule
    • Enfermée et tranquille.
  •  
    • Tu es terrible, mon frère,
    • Comme la bouche d’un volcan éteint.
  •  
    • Et tu n’es pas un, hélas,
    • Tu n’es pas cinq,
    • Tu es des millions.
  •  
    • Tu es comme le mouton, mon frère,
    • Quand le bourreau habillé de ta peau
    • Quand le bourreau lève son bâton
    • Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
    • Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
  •  
    • Tu es la plus drôle des créatures, en somme,
    • Plus drôle que le poisson
    • Qui vit dans la mer sans savoir la mer.
  •  
    • Et s’il y a tant de misère sur terre
    • C’est grâce à toi, mon frère,
    • Si nous sommes affamés, épuisés,
    • Si nous somme écorchés jusqu’au sang,
    • Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
    • Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non
    • Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.
  •  
    • Nazim HIKMET, 1948.


05/02/2011

l'arbre qui cache la forêt...

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- Photo Lucien Clergue -

 

 

J'ai hésité, franchement, j'aurai pu ne rien dire, surtout quand l'image parle d'elle-même! Freud l'appelle le continent noir, alors qu'il est si plein de lumière. On a tout à donner et tant à recevoir, rien de bien obscur dans ce que nous sommes, "femmes", au contraire: clarté, clairière, rien à cacher si ce n'est la forêt à découvrir, loin d'être peuplé de loups, de sorciers, de pièges, de tortures... au contraire, au contraire... La femme est une île et l'homme est une aile, l'un pour l'autre, toujours il nous faudra débroussailler, et tailler notre route au travers des fourrés!

 

 

03/02/2011

le plus beau ...

 

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- Toile de Patrick Natier -

 

 

 «Le plus beau des océans

Est celui que l’on n’a pas encore traversé.

Le plus beau des enfants

N’a pas encore grandi.

Les plus beaux de nos jours

Sont ceux que nous n’avons pas encore vécus».

 

- Nazim Hikmet -

 


02/02/2011

Grand Hôtel de Roubaix Story

 En Février 2010 je vous parlais d'un projet qui nous tenait à coeur mon homme et moi, ce genre de projet qui vous anime de l'intérieur quand vous êtes décorateurs, rendre son âme et sa vivance à un lieu, pas plus éloigné de ce que je fais quotidiennement pour les femmes qui viennent me voir en les habillant. Un projet ambitieux, louable et particulièrement intéressant parce qu'humain! Il avait suscité cette note particulière faisant appel à l'écriture et aux fantasmes de chacun, et puis ce petit court donnant corps à ma nouvelle hôtelière inspirée du projet et de l'humeur et la sensibilité du moment.

Je me suis vite prise d'amitié pour la maîtresse de ces lieux, courageuse, lucide, efficace, intelligente, sensible et l'enfant est né après moult déboires, surprises, déceptions, tuiles et contraintes aussi car les normes dans la matière sont loin d'être contournables, un lieu qui doit recevoir tant de gens demande beaucoup de vigilance et de connaissance en terme de sécurité, on ne s'imagine même pas à quel point!

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- Claire, directrice du Grand Hôtel, and me -

 

J'aimerais faire comprendre ce qu'est l'élaboration d'un projet, l'énergie et les compétences de chacun que cela demande, il faut voir un chantier de cet acabit pour comprendre que toute personne y participant pose sa petite pierre et que chaque geste demande une coordination, une confiance, un savoir-faire.

J'ai toujours eu beaucoup de respect pour ces gens qui savent faire de leurs mains, pour ceux qui savent faire faire en conceptualisant et pour ceux qui permettent que les choses se fassent en entreprenant. Finalement l'aboutissement d'un tel projet qui a demandé plus d'une année à voir le jour, beaucoup d'encre, de pixels, de mails, de sueurs, de bennes, de câbles, de matières, d'energie, de gueulantes, de déceptions, d'apprentissages, de réflexions, de courage, d'argent, de foi, d'amour aussi je crois, de conscience, montre qu'on peut y arriver... qu'on peut le faire et que chacun peut donner le meilleur de soi, engagé dans un même projet, rendre à un lieu sa beauté et son efficacité.

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L'avant, plus aux normes, le pendant qui dépasse l'entendement et puis le projet qui s'élabore tenant compte de l'environnement. On n'intervient pas dans un lieu aussi dense et beau en soi sans délicatesse, le but n'est pas de dénaturer, d'intervenir coûte que coûte, mais juste rendre à l'endroit de sa superbe et de son histoire et Dieu sait comme elle est déjà riche d'intrigues et de célébrités et d'artistes qui y ont séjournés. La rénovation de bâtiment ancien demande plus de doigté et d'amour de l'art aussi, de respect de ce qui est déjà fait, de connaissance, c'est comme en littérature, ou en musique, s'approprier ce qui est déjà là, ce qui existe et finalement le sublimer en le dépoussiérant, en faisant le lien, on est juste des passeurs en plus d'être acteurs de ce passage, c'est vraiment ce que j'aime dans ce métier-là, ce qui me touche, retouver l'âme d'un lieu et lui permettre de re-devenir!

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Et puis, sans avoir à lire dans la boule de cristal au bout de la rampe d'escalier, arrive enfin le jour où l'on ouvre au public tout son ouvrage et toutes ses espérances, comme dans toute construction d'un projet, on a le trac, même si on n'en est que des humbles artisans, et de tout son coeur on tient à ce que la sauce prenne, que chaque personne qui va passer va sentir tout le coeur qu'on y a mis et la mobilisation de ses neurones, et il faut dire que seul le fait que chacun s'y sente bien est la réponse et la récompense au travail fourni. Comme dans n'importe quel art, que ce soit celui de peindre, d'écrire, d'aimer, de recevoir, d'être, ce n'est que si la personne qui l'aborde, l'affleure, le partage, est touchée qu'on sait qu'on a transformé l'essai!

L'inauguration, en présence du maire de la ville himself, le moment qui valide l'ouverture du lieu au monde, le lever de rideau! Belle soirée indeed!

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Il y avait une ambiance à la "Dolce Vita!"

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Alors quand vous passerez dans mon petit Nord, grand de coeur, venez donc boire un verre ou vous abreuver plus amplement, le chef cuisine aussi bien qu'il danse!

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Merci Claire de ta confiance.

Grand Hôtel - Roubaix - 22 Avenue JB Lebas - 03 28 52 13 98

 

* Photos et dessins de Patrick Natier

 

 

01/02/2011

coucou me revoilou

 

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Je reviens à la vie, à son ivresse essentielle, à VOUS!

 


auto-destruction... envisageable... possible?


podcast

Ce blog va-t-il s'éteindre et se consummer en quelques secondes d'éternité?

 

31/01/2011

VILLONELLE

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Dis-moi quelle fut la chanson
Que chantaient les belles sirènes
Pour faire pencher des trirèmes
Les Grecs qui lâchaient l'aviron
Achille qui prit Troie, dit-on,
Dans un cheval bourré de son
Achille fut grand capitaine
Or, il fut pris par des chansons
Que chantaient des vierges hellènes
Dis-moi, Vénus, je t'en supplie
Ce qu'était cette mélodie.
Un prisonnier dans sa prison
En fit une en Tripolitaine
Et si belle que sans rançon
On le rendit à sa marraine
Qui pleurait contre la cloison.
Nausicaa' à la fontaine
Pénélope en tissant la laine
Zeuxis peignant sur les maisons
Ont chanté la faridondaine !...
Et les chansons des échansons?
Échos d'échos des longues plaines
Et les chansons des émigrants !
Où sont les refrains d'autres temps
Que l'on a chantés tant et tant?
Où sont les filles aux belles dents
Qui l'amour par les chants retiennent?
Et mes chansons? qu'il m'en souvienne !

- Max Jacob - Laboratoire central -

 

30/01/2011

17h30

 

to be or not to be

- Photo Laurence G. -

 

 

Eructer, crier, exprimer, offrir sa souffrance ne résout pas l'équation, probable même qu'elle la complique, l'exacerbe...

La solution est en nous, peut-on s'offrir et s'ouvrir à l'amour qu'on n'a pas reçu enfant? Peut-on faire de notre manque de surface une matière tangible? Peut-on être, sans avoir été?

Qu'est-ce qu'être?

 

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Tellement plus simple de penser que tout se panse, tellement plus confortable, pourtant il est des blessures qui perdurent... La résilience n'est pas un acquis, elle est une démarche, elle est " la vie", oui! 

 

 

16:36 Publié dans état d'âme | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : step by step!

ce matin

 

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- Liz Mc Comb par Marine Karbowski -

 


podcast
- Motherless child - Liz Mc Comb -

 

Il me prend souvent sans crier garde et souvent aussi parce que je baisse la garde et je me décourage; il m'oblige à m'introspecter, il me torture, je n'arrive pas à lutter. Quand il m'étreint c'est toute entière. Tout alors devient noir, tout devient difficile, plus rien n'a de goût, de saveur; plus rien n'a de sens, n'a d'intérêt, j'en perds jusqu'au sommeil et jusqu'à l'appétit. Il me replonge tout au fond du chaudron, disgrâce, et je me raille, me raye, m'écorche, me trouve mille défauts, m'en veux de tout, m'auto-flagelle, me love dans la culpabilisation extrême, m'embourbe dans la honte, me nourrit du poison de la souffrance intime, de cette lèpre existentielle. Il agit sur moi comme une drogue dure douce amère, et, je me délecte de cette substance imprévisible qu'ainsi je m'inflige seringues dans la tête, parce que toujours tapi dans un coin de la boîte, il me ressert ma dose, me replonge dans le gouffre de mes angoisses profondes et de mes peurs d'enfant; parce que je n'ai pas encore complètement éradiqué la source probablement pas possible à tarir il me faut me servir de cette matière prégnante qui fabrique du doute, du mal et qui m'enrage. J'essaie d'avoir le recul nécessaire et j'essaie de l'écrire pour décoller la glu qui s'abat sur mon coeur et qui m'immobilise dans une inhibition à toute épreuve alors que je sens bien que ça hurle profond à l'intérieur. Il n'est pas toujours aussi intense, parfois juste il passe comme un effluve au détour d'un mot ou d'une situation, d'un échange, d'une vision, fugace; là il me scotche déjà secrètement depuis deux ou trois jours, je suis prise dans la nasse de ses noirceurs vivaces, je fabrique comme Soulages des outre-noirs dévorants et lumineux de ténèbres.

Jusqu'où ira à nouveau ce passage à vide si plein de fantômes, ce non-néant anéantissant, cette baisse de régime puissante si ce n'est sur un fond sur lequel rebondir et remonter la pente. Me faut-il encore à ce point douter et souffrir pour rester en alerte et arriver à être celle que je suis?

 

 

27/01/2011

histoire de réchauffer :-)

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-28°

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Ici, dès qu'il fait zéro, on se les pèlent menus, on râle, on ne bouge plus, alors, difficile d'imaginer nos neurones à moins vingt et des poussières, pourtant d'autres y arrivent très bien! Mets-en en sacrament! Moi, c'est leur chaleur à l'intérieur que j'aime tant chez ces gens du grand Nord, leur franc-parler aussi et leur langue vivante réchauffante haute en couleur! Je vous aime les amis et plutôt plus que moins!

 

 

23/01/2011

l'art de créer des décors et de vêtir des corps...

L'expression savoureuse est de Christian, elle symbolise parfaitement une partie de ce à quoi j'oeuvre et qui me passionne aussi. Cinq jours d'immersion dans le monde de la déco et de la mode, cinq journées parisiennes bien remplies et puis je vous retrouve. Bon Dimanche à vous. Enjoy!

 

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- Dior - 2010 - photo piquée à James Bort -

 

 

 

" La beauté échappe aux modes passagères."

- Robert Doisneau -

 

 

 

 

22/01/2011

l'herbe tendre

 

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- photo Laurence G. -

 

podcast

- Adrienne Pauly - L'herbe tendre -

 

D'avoir vécu le cul
Dans l'herbe tendre
Et d'avoir su m'étendre
Quand j'étais amoureux
J'aurais vécu obscur
Et sans esclandre
En gardant le cœur tendre
Le long des jours heureux
Pour faire des vieux os
Faut y aller mollo
Pas abuser de rien pour aller loin
Pas se casser le cul
Savoir se fendre
De quelques baisers tendres
Sous un coin de ciel bleu
Pas se casser le cul
Savoir se fendre
De quelques baisers tendres
Sous un coin de ciel bleu.
.
.
- Serge Gainsbourg -
.
.

 

 

21/01/2011

du désir

Le désir est une denrée fragile et encore difficile d'accès pour une femme qui, blessée dans son intime, tente petit à petit de le retrouver. Le désir de sexe, le désir charnel, l'appel au large, l'annonciateur déclencheur provocateur du grand voyage, celui qui vous assaille, insoupçonnable, qui vous prend aux tripes, irréversible, celui qui vous percute de plein fouet, qui vous pousse dans vos contrées inexplorées, irrépressible; cette liberté d'être tout à soi, celui-là qui est identité et liberté, vivance.

Le plaisir m'a aussi longtemps été proscrit, trop associé sans doute à la honte; encore un des méfaits pernicieux et sordide d'une utilisation d'un corps de petite fille et de son affectif à des fins non avouables, pourtant il me fut récupérable en me défaisant doucement et par petits bouts de ces vieilles peaux coupables et culpabilisantes que j'avais endossées au fil des années; il reste pourtant fragile, lui aussi, agissant souvent comme le baromètre d'une vérité cruelle et assassine enfouie loin dans un trou de ma tête. Les retrouvailles profondes et intenses de mon plaisir entier qui fait fondre mon âme et emmène tout mon être dans les bras de l'extase a été la première récompense d'un parcours insondable d'une improbable guérison. D'ailleurs, au plus j'avance, au plus j'écris, au plus mon sexe s'ouvre et je m'ouvre à lui; l'écriture agissant comme décapeur chimique d'un poison trop longtemps pris en intraveineuse intra-familiale incontournable.

Le désir lui, est plus ardu à reprendre à réinvestir à ressentir, il ne peut être que spontané, il ne peut se fabriquer mentalement par des chemins de traverse et ne peut se nourrir de culpabilité; dans une construction mentale d'une carte du monde si on t'impose trop petite des choses éloignées ce que tu es en âge de comprendre et de gérer voire de digérer, on t'enlève cette liberté essentielle de laisser venir à toi et en toi tes sensations. C'est, à peine née qu'on te jette en prison. Un esclavage spirituel et corporel grave qui te blesse et t'arrache à toi-même longtemps voire, à vie. Pourtant, depuis peu, parfois, il me capte, m'étreint et me trouble au détour d'un mot, d'un regard, d'une rencontre, là encore l'écriture joue son rôle bienfaiteur d'ouverture, et après avoir été, pendant plus de vingt ans dans l'énorme besoin et l'étourdissante envie d'être désirée, je me retrouve enfin, mais à dose ténue, désirante, actrice de mon désir et dévorée par lui, quelle jouissance!

Comment pourrais-je alors cesser de coucher des mots gris sur le papier vierge, comment pourrais-je me refuser cette voie qui m'est donnée du bout des doigts, comment ne pas s'ouvrir entièrement à elle qui m'offre ainsi une existence réelle et engage tout mon être dans cette rédemption? Encore des vieux débris de culpabilité et des vieux fonds de honte qui traînent dans les limbes de mon cerveau et dont j'ai bien du mal encore à me défaire! "Ce qu'on essaye souvent et qu'on ne cesse de vouloir, on finit par réussir à l'obtenir"... est-ce que Sigmund  cette fois aurait dit vrai? C'est là mon désir le plus grand que celui d'être un être de désir doublé du plaisir de l'être, d'en prendre et d'en donner...