19/01/2011
la route de la soie
"
Prolongée par bonheur encore une dizaine de jours, je reviens de l'expo "la route de la soie" qui a lieu à Lille au Tri Postal, l'ancien centre de tri transformé en lieu d'expositions d'art temporaires à peine à quinze minutes à pied de chez moi. Je partage avec vous à chaud mon voyage dans ce qui est considérée comme l'une des plus grandes collections au monde, première fois qu'une aussi large sélection de la Saatchi Gallery est montrée en France. Une soixantaine d'oeuvre sélectionnée parmi les oeuvres les plus évocatrices de la jeune création contemporaine. Chinois, Indiens, originaires du Moyen-Orient ( Liban, Iran, Irak), ils sont une trentaine, moyenne d'âge 30-40 ans dont on peut découvrir ainsi le travail et la démarche artistique ainsi que les messages qu'ils délivrent. Certaines oeuvres stupéfiantes, impressionnantes même, de part leur taille et leur mise en scène, d'autres bouleversantes , pour ma part en tout cas, et la plupart vraiment interpellantes.
Bouleversantes, comme ce tableau de Zhang Huan, "Young Mother":
ou ces trois toiles pleines de finesse de l'irakienne Hayv Kahraman:
Il y avait pas mal d'enfants qui déambulaient au milieu de ces oeuvres avec leur naturel et leurs réactions savoureuses, surtout devant justement, les plus spectaculaires comme cette pièce emplie de formes courbées en feuille d'aluminium, une installation impressionnante du Franco-Algérien Kader Attia, " Ghost " représentant une foule de musulmanes qui prient à genoux mais qui ne sont que des moulages de corps dont les 560 figures ne sont que coquille vide. L'artiste affirme qu'il ne s'agit pas là d'une lecture autour du voile mais " comment occuper autant de place avec du vide et du fragile, la poésie du dialogue impossible entre le vide et le plein, entre la vie et la mort." L'installation elle-même est éphémère; elle disparaîtra à la fin de l'exposition. Ce que les gamins ont résumé très bien, en courant d'un bout à l'autre de la pièce les uns après les autres: " ici, je regarde pas, c'est trop flippant!"
Stupéfiantes ces oeuvres du pakistanais Huma Bhabha, faites de détournement de matériau, d'objet et qui deviennent d'un seul coup tout une symbolique:
D'autres oeuvres parlent, elles plus spécifiquement encore de la condition des femmes.
Dans "Like Everyday Series" (2000-2001), les clichés couleur de la photographe iranienne Shadi Ghadirian montrent une figure féminine voilée dont le visage est masqué par un ustensile ménager - une râpe, un balai, un gant en caoutchouc ou une passoire.
C'est aussi de la vaisselle qui remplace la tête des "Tehran Prostitutes" (2008) de sa compatriote Shirin Fakhim. Adossées aux murs ou aux piliers du Tri postal, ces poupées de chiffon semblent attendre le client. En cuissardes, résille et latex, elles sont habillées comme des racoleuses occidentales, alors qu'en réalité, en Iran, les prostituées sont beaucoup plus couvertes et voilées. L'artiste dénonce ainsi l'hypocrisie d'un pays moralisateur où fleurit pourtant un marché du sexe, des milliers de femmes étant contraintes de vendre leurs charmes pour fuir la pauvreté ou une situation familiale intenable.
Faîtes de bric et de broc , ces sortes de poupées grandeur nature sont vraiment touchantes et parlantes, elles ont une présence dérangeantes et tendres à la fois. Et juste derrière l'enfilade de portraits "revisités" est saisissante de vérité, des photos chocs qui en disent plus qu'un long discours et qui ainsi en nombre marque l'imaginaire et frappe la raison!
Mais avec cette exposition étonnante, on est jamais au bout de nos surprises. A l'entrée déjà on est accueilli par une oeuvre monumentale de Zhang Huan encore; une tête curieusement arrêtée à la base du nez de 3 mètres de haut, confectionnée avec des cendres d'encens récupérées dans les temples boudhistes de Shangaï; la spiritualité étant l'une des sources d'inspiration de l'artiste, à tout point de vue pourrait-on dire, jusque dans l'art de dénicher du matériau artistique improbable mais au coeur même de sa démarche!
Des artistes indiens aussi au détour d'une autre salle, on le sent tout de suite, pas la même sensibilité, pas la même approche, et pourtant des ponts entre toutes ces cultures et ces artistes, une tendance à prendre le temps de réfléchir sur le monde et d'y porter un regard, et à chacun leur manière pleine de vitalité de nous faire entrer dans leur paysage culturel, dans leur univers qui peut influencer l'idée que nous nous faisons d'eux, nous ouvrir l'esprit!
Un incroyable voyage en nous-mêmes aussi... surtout avec cette installation sans doute la plus troublante et la plus dérangeante de l'exposition, de Sun Yan et Peng Yu, "Old persons home": 13 sculptures grandeur nature et 13 fauteuils roulants, 13 vieillards au chef chenu et à la barbe blanche au milieu desquels on déambule; ils ont été puissants et les voilà avec de pauvres corps les lâchant de partout, la gloire du monde qui passe. Moi, ça m'a fait un effet boeuf, pour d'autres raisons profondes, elles aussi, mais d'une autre nature!
Les enfants à nouveau, fébriles, bruyants, posant dix questions à la minute, criant et soupirant et en même temps plein de bon sens et de compréhension du monde dans des petites phrases entre eux, donnant d'un coup plein d'espoir et de vie à cette exposition déjà fort riche et fort chargée de messages en tout genre. J'avoue avoir aimé leur présence sous ses corps pendus par les pieds, comme des corps qu'on prépare pour l'abattoir, une oeuvre interpellante, chinoise elle aussi, voulant dénoncer les conditions de travail des ouvriers traités comme du bétail et sans doute aussi cette non valeur qu'a l'humain dans cette société. Nés pour la plupart à la fin du règne de Mao, les artistes chinois de la nouvelle génération ont connu tout à tout les tragédies de la révolution culturelle et l'effritement du dogme collectiviste, les espoirs et les désenchantements du Printemps de Pékin, le passage à l'économie de marché, et, plus récemment, à l'embellie et l'emballement économique et financier de la Chine, ce qui donne un contexte suffisamment paradoxal pour déclencher des sources d'inspiration à multiples résonances.
Voilà de quoi nourrir nos questionnements puissants sur notre monde contemporain, sur ses mécanismes, sur les rapports humains. Un voyage qui ne m'a pas laissée indifférente, bien au contraire et que j'essaie de partager avec vous pour ceux qui ne pourront pas voir l'ensemble de ces oeuvres. Cela fait un bail, pour ma part, qu'une exposition d'oeuvres contemporaines ne m'avait fait un tel effet, on passe par beaucoup de sentiments de toute sorte et d'émotions diverses, on en garde quelque chose en soi, on avance, je ne sais pas de quoi, ni d'où, ni même pourquoi, mais le fait d'être interpellé de la sorte ouvre des possibles...
20:03 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : art, la route de la soie, exosition, lille, monde, voyage, émotion, humain
18/01/2011
du plaisir
" Seul le battement à l'unisson du sexe et du coeur peut créer l'extase."
- Anaïs Nin -
10:18 Publié dans art de vivre, érotisme | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : sexe, plaisir, érotisme, amour, émotion, écriture, poésie, rencontre, humain
de la critique, de l'écriture, de l'art...
"Je n’ai rien à gagner à faire la critique de mes collègues écrivains. Rien.
Si je dis du bien du livre d’un auteur québécois, il sera content, évidemment, mais puisque son livre est bon, je n’aurai fait que mon devoir, c’était la moindre des choses. Si j’en dis du mal, je suis un chiant, un incompétent, un pas fin, un jaloux...
Une mauvaise critique ne s’oublie pas. Croyez-moi.
Les jurys pour les prix littéraires et pour les bourses des Conseils des arts canadiens et québécois sont constitués d’auteurs dont j’aurai peut-être un jour critiqué l’ouvrage; à choisir entre ma candidature et celle d’un autre qui ne lui a jamais démontré qu’une franche admiration de façade, eh ben...
La «prudence» critique est source de revenus.
Je connais des auteurs qui affirment ne pas lire les livres de leurs collègues; ça leur évite d’avoir des opinions sur le sujet. D’autres lisent mais n’expriment publiquement que leurs louanges, réservant leurs critiques à la sphère privée.
Il en est des écrivains comme de toutes les professions, le civisme réclame une camaraderie de surface, un enthousiasme louangeur et une sorte d’esprit de corps dont la somptueuse banalité s’exprime sans retenue lors d’événements comme le Salon du livre de Montréal, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil puisque tout le monde il lit, et tout le monde il écrit.
Rien de cela n’est vrai. Il existe des clans, des détestations, des mépris si féroces qu’ils font trousser les dents. Des jalousies, bien sûr (tenez, moi, je suis profondément jaloux d’India Desjardins et de son bonheur d’écrire). Il y a de grandes amitiés, aussi, et de sincères admirations.
L’EXIGENCE
Mais la portée de l’admiration est limitée par l’absence de discours critique. S’il n’existe que des louanges, les louanges ne veulent plus rien dire. La surenchère de l’admiration mutuelle et le copinage prudent préservent peut-être l’ego fragile de l’auteur, mais je crois que c’est la littérature qui perd au change.
Il faut un discours critique pour qu’on puisse s’améliorer. Notre littérature est jeune et exubérante. Elle prolifère, elle pousse dans tous les sens, même en période de crise économique. C’est une chose de s’extasier sur le phénomène. C’en est une autre de distribuer à droite et gauche des trois étoiles et demie pour des romans qui ne seront plus en librairie trois mois après leur parution, victimes de leur propre laisser-aller ou d’une certaine paresse conceptuelle.
Il se publie beaucoup plus de romans maintenant que jamais, au Québec. C’est un signe de santé de l’industrie.
Mais l’industrie n’est pas la littérature. Ces sont les romans qui durent, ceux qui sont encore lus deux ans, cinq ans, dix ans, vingt ans après leur parution, qui sont les signes d’une littérature en santé.
Entre les romans qui disparaissent et ceux qui durent, entre les livres prêts à jeter et les briques avec lesquelles s’édifient une culture, une grande différence: l’exigence.
L’exigence d’une pensée précise, d’une psychologie de personnage fine et capable d’évoquer la complexité des êtres. Une exigence de la langue, de la construction romanesque. Une exigence de la phrase, du rythme, de la musique. Une exigence du récit qui refuse les clichés. Une exigence envers le lecteur qu’on ne veut pas con mais complice. Une exigence de l’ambition, aussi.
C’est tellement difficile d’écrire qu’on ne parvient jamais à atteindre vraiment ses objectifs. Or, si on souhaite d’entrer de jeu faire un «p 'tit livre», il y a bien des chances qu’on accouche d’un avorton.
Il faut voir grand, et se hisser à la hauteur requise à la force des poignets.
La critique est un dialogue entre le lecteur et l’auteur. La critique nous dit quels sont les effets sur le lecteur de nos mots et de nos phrases agencés en récit. Ça vaut la peine de l’écouter, comme l’ébéniste écoute le client qui lui a acheté un meuble : «Ah ben, comme ça le deuxième tiroir de la commode coulisse mal?»
L’ébéniste ne répondra pas: «Pff, maudit jaloux, tu comprends rien à mon art!»
C’est la grâce que je nous souhaite: une critique précise, articulée, nous permettant à nous, auteurs québécois, d’améliorer nos livres, de maîtriser encore mieux nos outils narratifs. Et c’est à cette tâche que je me consacrerai ici, semaine après semaine, en me consacrant dorénavant beaucoup plus aux livres québécois.
Comme l’ébéniste, l’auteur tue des arbres. Que ça vaille la peine, dirait Idéfix."
- Jean Barbe - Parler des nôtres -
08:59 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, art, québec, critique, réflexion, ouverture, humain
16/01/2011
I am you
19:58 Publié dans art de vivre, Cinéma, danse, état d'âme, poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema, sally potter, tango, danse, amour, rencontre, poésie, beauté, sentiment, émotion, humain
à propos des corpuscules de Sandra Gordon...
Parce que c'est mon amie, parce que j'ai aimé son livre et parce que cette critique est vraiment bien sentie, voilà au moins trois bonnes raisons pour que je la partage avec vous:
Lucie vit une relation malsaine avec un érotomane narcissique. Le jour de ses 24 ans, «écoeurée de la rue Bourbonnière, de Geoffroy et de la barbarie», elle vide son appartement, saute dans sa voiture et fuit vers le nord. Direction: le plus loin possible.
Quand sa voiture tombe en panne, près d'un petit village des Laurentides, elle est bien obligée de s'arrêter. Et, tant qu'à y être, de se refaire un semblant de nid, de santé mentale et de confiance en l'humanité.
Noyé dans le déluge de la rentrée d'automne, ce premier roman d'une blogueuse affranchie a bien failli passer inaperçu. Il suffit pourtant d'en lire les premières lignes pour se convaincre d'être en présence d'un vrai talent.
L'histoire, qui fait se croiser les trajectoires de son héroïne et celles d'un écrivain alcoolique et suicidaire, d'une serveuse au grand coeur et de quelques survenants tragicomiques, rappelle parfois le Ducharme des Bons débarras, version hardcore.
Si l'on peut regretter son dénouement, légèrement surfabriqué, on n'est pas près d'oublier cette voix brisée mais puissante, cette intelligence incisive, cette force autodestructrice. Et l'on restera marqué par ces personnages magnifiquement campés, plus vrais que vrais, et des dialogues d'une rare justesse. Sandra Gordon serait musicienne, on dirait qu'elle a l'oreille absolue.
18:22 Publié dans écriture, Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : livre, les corpuscules de krause, sandra gordon, littérature, québec, amitié, écriture
Dignité et Liberté
Hommage à tous les martyrs tunisiens, à leur tête Mohamed Bouazizi, qui sont morts pour la dignité et la liberté de la Tunisie.
Félicitations pour tous les Tunisiens qui récoltent les moissons de leur libération, après de longues années de combat courageux et déterminé!
Liberté
Nulle plainte,
Nul regret,
Si c’est pour toi
Que je meurs
Liberté.
Nul regret,
Nulle plainte,
Tu es le seul chemin du bonheur.
Si l’on meurt pour toi,
La mort n’est plus un malheur
Et tant qu’on vivra par toi,
La vie ne sera plus un leurre.
Liberté
Sans toi, la mort,
Sans toi, la vie
Ne seraient plus qu'erreurs.
- Mokhtar El Amraoui -
11:10 | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : dignité, liberté, tunisie, histoire, mokhtar el amraoui, libération, humain
15/01/2011
En songeant à Jivago
" J'aime à laisser s'emplir mon âme
Du bleu des steppes,
Les paupières givrées, j'ai la paix sur les lèvres
Et mes muscles s'apaisent.
Là-bas, tu l'entends? Une balalaïka
Tout là-bas.
Sous la terre endormie, sous la nouvelle neige,
L'entends-tu qui appelle les purs?
J'aime à laisser mon âme s'emplir
Du chant bleu des steppes.
- Christian Mistral- Fontes -
00:34 Publié dans art, écriture, poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : art, écriture, poésie, christian mistral, québec, rencontre, puissance, amitié, humain
14/01/2011
flash back
J'étais au restaurant juste en face de l'endroit où je sévis six jours sur sept, il devait être à peu de minutes près treize heures. C'est rare que je me pose pour le déjeuner mais là j'en avais franchement besoin, exténuée par la masse de travail abattu la veille et le matin même. Je me suis assise lourdement devant le feu à gaz craignant même que les flammes n'emportent ma tignasse, il faut dire que c'est assez étonnant ce petit feu en hauteur qu'a installé dans son espace mon auvergnat d'en face que je connais maintenant depuis plus de vingt ans; on a ouvert ensemble nos espaces respectifs mais on est toujours restés assez distants, ce n'est pas un grand bavard ni un grand affectif, quoique depuis quelques années je trouve qu'il s'assouplit, sans doute depuis qu'il est devenu papa, je ne sais pas, mais je pense que d'être père peut permettre à un homme de laisser un peu plus son coeur prendre la relève et lui ouvrir les portes de sa sensibilité, lui permettre de l'exprimer, du moins pour certains êtres qui sont comme çà un peu tendus renfermés sur eux-mêmes...
Juste à la petite table d'à côté, justement un père était attablé avec sa petite fille, elle devait avoir environ sept ans, elle était trop mignonne avec ses petites tresses châtaignes et ses petites boots fourrées. Elle regardait son père avec des grands yeux, il était particulièrement doux et tendre avec elle, souriant, lui racontant des tas de choses, s'intéressant à ce qu'elle aimait, ce qu'elle désirait, ce qu'elle vivait, ce qu'elle voulait manger..."Des frites et du jambon, j'aime ça les frites et le jambon!", Quelle excellente idée! J'étais tellement occupée avec ma fatigue et mes soucis du jour que je n'ai pas venu venir tout de suite les remontées qui imprégnaient doucement mon cerveau, pourtant habituellement je suis plus vigilante, mais là, je n'ai pas tout de suite prêté attention à ce que produisait sur moi cette jolie et proche scénette et j'ai commandé une bière, une blanche de Brugges c'est celle que je préfère!
En buvant tranquillement perdue dans mes pensées, j'ai eu d'un seul coup comme une affluence dans la gorge, des sanglots étouffés empêchaient le liquide mousseux de s'écouler normalement jusqu'à mon oesophage et je fus prise d'une sorte d'étranglement vraiment incontrôlable! J'ai eu d'un coup d'un seul une remontée d'images; cette petite fille que j'entendais dire à son papa " J'ai pas mon cahier d'images, celui pour dessiner...", moi au même âge... Je repensais soudain à mes petits carnets, ce que j'écrivais à l'époque, ces petits journaux intimes bourrés de mots, de dessins, de photos. Tous ces petits morceaux de moi, de mon passé, de mon petit coeur de petite fille que papa et maman, plus de dix ans après, ont jeté au feu cruellement sans me demander ce que je voulais bien en faire, sans savoir une fois de plus ce qu'ils faisaient. Double blessure de l'intime, corps et esprit, ils m'avaient presque tout pris, ils avaient tout atteint!
J'ai ravalé mes sanglots muets d'enfant d'alors, j'ai fini ma bière, en ai repris une autre, je n'ai pas opté pour le jambon-frites, j'avais commandé en arrivant le plat du jour, un coq au vin qui n'était pas loin de me rappeler celui que faisait ma mère. Et je me suis redis une fois de plus que ce beau gâchis de l'époque toute cette engeance tout cette souffrance tout ce merdier faisaient décidément partis intégrante de moi et que c'était chouette de voir d'autres possibles, que ça me faisait chaud au coeur de savoir qu'une petite fille pouvait ainsi être aimée et respectée par son père, je crois d'ailleurs qu'à ce moment là je lui ai souri et qu'un flot de tendresse et de reconnaissance m'a emplie d'air la tête et de douceur l'âme. J'ai fini allègrement mon repas et suis repartie bien plus légère que je n'étais entrée tout en leur souhaitant une bien belle journée. Si je ne m'étais pas retenue, je les aurais, tous les deux, volontiers embrassés!
13:26 Publié dans art de vivre, fragments | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : art de vire, fragment, souvenir, famille, intime, blessure, humain
13/01/2011
équation
On peut-être l'un avec l'autre l'un contre l'autre l'un à côté de l'autre l'un envers l'autre l'un dans l'autre l'un pour l'autre l'un et l'autre, mais on est rien, l'un sans l'autre.
02:16 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : pensée du moment à l'instant, vie, échange, amour, amitié, filiation, rencontre, art de vivre, poésie, humain
12/01/2011
rêve
Je viens de faire un drôle de rêve, je fais souvent des rêves, souvent je m'en souviens ayant depuis pas mal d'années appris à faire en sorte de ne pas les oublier, quand ils me paraissent nourris de messages et de symboles je les note dans un petit carnet et je les relis plus tard et suis toujours surprise de voir et de finir par comprendre ce qu'ils me disent, ce que finalement je perçois de moi-même au travers des images envoyées de mon inconscient... C'est intime, pourtant j'ai envie de vous parler de celui que je viens de faire, là à chaud, au réveil, tant il est dense.
J'étais dans une sorte d'embarcation à fond plat, on descendait un fleuve ou peut-être une rivière, je dis descendre parce que c'était la sensation que j'avais, très en hauteur le paysage au début, j'avais l'impression qu'il devenait plus près et plus visible au fur et à mesure de l'avancée tranquille; et je dis "on" parce qu'il y avait là mon homme, mes fils, et quelques autres personnes que je ne peux parfaitement identifier, et puis un guide avec lequel j'avais souvent des discussions enrichissantes, des joutes oratoires et des fous rire tonitruants. Je suis à la barre, pourtant je ne suis pas vraiment experte en la matière mais tout danger semble écarté, personne ne s'en fait! On admire autour, c'est beau et de plus en plus beau au fur et à mesure que ça se dessine, tout le monde a l'air bien, détendu, jovial... D'un seul coup, sans prévoir on tombe sur un rapide, je ne peux agir, je ne peux ralentir ni faire marche arrière, alors c'est le plongeon, le vol plané, je dis " accrochez-vous, ça va torcher!", je ne pense même pas qu'on pourrait ne pas s'en sortir, je suis certaine même qu'on va s'en tirer...
Là, le rêve bascule, on se retrouve tous trempés jusqu'au os dans une espèce d'hacienda, il y a des tas de gens de tous les âges, j'ai le sentiment d'en connaître quelques uns et d'autres moins, pourtant deux personnes attirent plus particulièrement mon attention, une femme plutôt jeune au visage diaphane et un homme mûr, tous les deux me paraissent familiers et amis sans que j'ai à comprendre pourquoi. Notre guide maugrée et s'en veut de ne pas avoir pu prévoir cet incident de parcours mais soupire d'aise de nous savoir tirés d'affaire. Je ne sais pas pourquoi je tiens absolument à voir un musée, j'y tiens pour faire plaisir à mon homme et parce que j'ai ce sentiment qu'il ne faut pas être là et perdre son temps, comme une sorte d'urgence qui s'impose à moi. Je m'approche de la jeune femme que je sens proche et j'essaie de communiquer avec elle, on ne parle pas la même langue, j'explique avec des gestes et des onomatopées ce que je cherche absolument à voir, je finis par comprendre au bout d'un moment qu'il y a bien ce genre d'endroit tout près, j'arrive même à savoir que l'endroit est ouvert tous les jours de l'année sauf le mois de Décembre, parce que ce mois là tout le monde est occupé à s'occuper de la famille et des fêtes, et qu'alors ce que le musée offre n'intéresse plus personne.
Elle nous y emmène, mon homme, mes fils, mon guide, l'autre homme que j'avais remarqué au milieu de tout ce monde et qui semble particulièrement inspiré et touché d'une telle demande et moi. Mon guide est surpris qu'au milieu d'une terre inconnue, ne parlant pas la langue, je réussisse à me faire comprendre et plus encore à avoir eu gain de cause, qu'il y ait bien au milieu de ce nul part, un endroit de la sorte. On arrive devant une bâtisse blanche, immaculée, assez basse, le toit en terrasse, un style assez arabisant alors qu'autour ça ressemble plutôt à la jungle, c'est vraiment tout à fait stupéfiant, le contraste est saisissant! A ce moment, je demande à celle qui m'a amenée là quand on peut visiter l'endroit, elle me déploie un magnifique sourire et me sort de sa poche une énorme clef, c'est elle, la gardienne du musée.
Elle nous ouvre la porte, il fait un peu sombre, elle actionne une espèce de grosse manette, j'ai l'impression d'entendre " moteur!" comme au cinéma, et ô mon Dieu! ô Jésus Marie Joseph! Des centaines de tableaux plus beaux les uns que les autres, des centaines de sculptures, c'est un festin pour les yeux, pour l'esprit, pour l'âme. Je me sens attirée, aimantée vers un tableau immense, au fond de la pièce, il reçoit comme une lumière naturelle par une ouverture étrangement dessinée dans le toit, une fente parfaite, horizontale sur toute la largeur de la toile, et là je vois, je me prosterne, et je pleure d'émotion tant elle est violente. La jeune femme s'approche de moi et me pose délicatement la main sur l'épaule comme signe de réconfort mais aussi comme une sorte d'osmose avec ce que je ressens, de l'autre côté l'homme mûr fait de même et je reste ainsi entourée dans mon ressenti, épaulée face à ce qui m'étreint.
Sur cette immense toile, c'est moi. Une peinture mystique, symbolique, forte, haute en couleur, un mélange de Frida Kahlo et de Francis Bacon, toute mon histoire peinte, toute ma vie, toutes mes souffrances tous mes espoirs toutes mes fuites mes peurs mes rêves, toutes mes larmes, tous mes cris, tous mes sourires, tous mes amours mes délires mes tortures mes soupirs. Une toile vivante dans ce musée perdu au milieu d'une nature sauvage...
Et, je me suis réveillée... en pleurs certes, mais apaisée.
07:52 Publié dans état d'âme, psycho, rencontre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : rêve, art, voyage, rencontre, inconscient, message, amour, émotion, humain
10/01/2011
secret
- Photo P. Horst -
- Secret - Maroon 5 -
" On ne force pas le secret. Ou le secret vient comme de lui-même à soi, ou bien le secret vous est interdit."
- Victor-Lévy Beaulieu - L'Héritage -
22:35 Publié dans art, Musique, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature, québec, victor-lévy beaulieu, pensée du moment, photo, art, secret, avancée, rencontre, humain
09/01/2011
arrêt sur image
La libido en berne
Je me traîne
Dans les méandres de la trace
Qu'il a plantée en moi.
Tenace.
Vorace.
Papa!
10:20 Publié dans état d'âme, fragments, poésie | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : état d'âme, état des lieux, inceste, blessure, mémoire, famille, poésie, humain
07/01/2011
scrabble
22:07 Publié dans amitié, art, art de vivre | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : art, art de vivre, amitié, jazz, musique, patrick natier, échange, présence, humain
06/01/2011
requiem
21:52 Publié dans art, Cinéma, état d'âme, Musique | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : création, art, musique, souffrance, écriture, cinéma, humain
All the world's a stage
All the world's a stage,
And all the men and women merely players:
They have their exits and their entrances;
And one man in his time plays many parts,
His acts being seven ages. At first the infant,
Mewling and puking in the nurse's arms.
And then the whining school-boy, with his satchel
And shining morning face, creeping like snail
Unwillingly to school. And then the lover,
Sighing like furnace, with a woeful ballad
Made to his mistress' eyebrow. Then a soldier,
Full of strange oaths and bearded like the pard,
Jealous in honour, sudden and quick in quarrel,
Seeking the bubble reputation
Even in the cannon's mouth. And then the justice,
In fair round belly with good capon lined,
With eyes severe and beard of formal cut,
Full of wise saws and modern instances;
And so he plays his part. The sixth age shifts
Into the lean and slipper'd pantaloon,
With spectacles on nose and pouch on side,
His youthful hose, well saved, a world too wide
For his shrunk shank; and his big manly voice,
Turning again toward childish treble, pipes
And whistles in his sound. Last scene of all,
That ends this strange eventful history,
Is second childishness and mere oblivion,
Sans teeth, sans eyes, sans taste, sans everything.
- William Shakespeare - As you like it - acte II scène VII -
14:33 Publié dans art de vivre, écriture | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : shakespeare, écriture, pensée du moment, théâtre, art de vivre, destinée, humain
05/01/2011
merci pour votre appel!
Parfois, dans sa vie, c'est étrange, on fait appel, on demande de l'aide sans doute sans vouloir le faire vraiment, on veut croire au possible, à un autre possible mais qui impliquerait l'impossible, au fond!
Il y a peu, quelques heures c'est vrai... pourtant pour moi... juste quelques minutes, mon père est entré dans mon sérail, mon monde, ma vie, après dix années de silence, comme si de rien était!
Comme si de rien.
Silence.
" J'ai pour toi un cadeau de ta mère, je vieillis, c'est pas facile, pense à elle."
Et moi.
Est-ce que j'existe?
00:07 Publié dans état d'âme | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : normal en ce retour de fêtes, toujours le prix à payer
04/01/2011
pas lourd et royal!
Christian a raison, le rire est communicatif surtout quand il est bon enfant, et puis la cuisine est transfrontalière et universelle! Rien de tel que de s'en payer une bonne tranche, le matin, au réveil d'une journée d'hiver un peu grise...
09:09 Publié dans Blog, cuisine, humour | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : humour, cuisine, québec, christian mistral, rire, réveil, humain
03/01/2011
2010, celle qui vient de passer...
Quelle année mes amis! Quelle année!
La télé nous inonde de ses best-of 2010, (non pas que je le regarde beaucoup mais comme j'ai fait une petite apparition fugace au JT, j'ai été amenée à y jeter un cil! Hi,hi...), c'est l'heure des bilans, l'heure des souvenirs; le temps passe si vite que pendant un instant, s'arrêter et y réfléchir, se replonger dans les délicieux moments et un peu moins les pires... Avez-vous remarqué comme on a en soi cette capacité à ne retenir que le meilleur, disons, a priori? Les malheurs se gravent en nous, les erreurs, les sorties de route, les deuils aussi mais pourtant on leur préfère les joies, les émotions fortes, les rencontres, les découvertes, l'éblouissement, la rage, l'aventure, la vie, "oui ou non"?
Quelle année étonnante! Quelle année fascinante!
Elle a filé une fois de plus à la vitesse du son, du mal à retenir et à savourer autant que je le voudrais. C'est sans doute pour cela que j'écris, pour ancrer ces moments qui comptent et ont compté. En vrac et tout à trac, comme ça me vient, pas d'ordre, pas de préférence, que des émotions denses, des images qui dansent au fond de mes prunelles, des rencontres formidables... que des événements qui m'ont changée un peu, les changements ne peuvent être brusques ou alors ils n'en sont pas vraiment, j'ai grandi, je m'affirme davantage, je me fais un peu moins peur, des fragments d'histoires, des moments de vie, des tranches d'existence.
Quelle année que celle qui vient de passer!
Trois jours à Montréal, l'embrassade à la grande bibliothèque, les dîners au Moonshine, mon coeur contre le sien, Black Angel dans mes bras, la balade exquise et vivifiante au Mont-Royal, le déjeuner chinois, les lasagnes d'Emcée, son sourire, sa généreuse présence, le cadeau de Kevin, la soirée à l'Absynthe, la fameuse et incroyable soirée à l'Absynthe! Gomeux, Doodle, Swann, Ranger, Max, Dame Venise et son Marsi, Flash Gordon, Prométhée chapeauté, ma discussion bigrement intéressante avec le Plumitif, la terrible délicatesse d'Yvan, la joie de Sandy, la musique de Frédéric, l'heureuse complicité en le recevant il y a quelques jours ici chez moi à Lille, la poutine, la bouteille de MakesmewonderHum!, son amitié sincère et précieuse, la lumière d'Octobre de la fenêtre du Bunker, les coussins Spiderman, le gâteau partagé le jour du départ avec le voisin du dessus dans sa roulotte fleurie, l'après-midi de rires, de silences et de sons de voix avec Sandra devenue une véritable amie, mon émotion palpable à l'aller, viscérale au retour, avec la conviction profonde que ça se refera, une complicité de mots matérialisée dans une réalité de vie, comme un rêve qui se réalise, puissant.
Plusieurs échanges avec elles, Laure et Laurence, mes deux L comme je les appelle, cette belle amitié qui se tisse entre elles et moi au fil des jours, des rencontres, des émois; des projets communs, nos envies de faire, d'avancer, d'exprimer et cette aventure qui bouleverse la vie d'Hélène plus encore que je ne l'aurais imaginé, tout comme les encouragements et la présence et l'amitié de Giulio, de Jalel et de Laurent backstage... Il n'y a pas de hasard, cela devait se faire, cela se fait... Cette nuit blanche avec les drôles de dames finissant dans une péniche sous le regard ému d'un bourdon faisant tomber le masque et puis toutes mes expériences radiophoniques noctanbules avec mon cher et complice Barner!
Les" Arpèges sur les ailes de mes ans", Mokhtar et sa délicatesse, Mokhtar et son amitié, Mokhtar et son talent, sa philanthropie, son indéfectible présence depuis notre rencontre, qui me fait chaud au coeur et qui me touche profond. Anne des Ocreries et Françoise Pieds sur terre que j'espère rencontrer sous peu à Paname avec notre jovial joueur de mots à vélo, Eric Mc Comber, autour d'une bonne bière, nos coeurs tout en foufelle rien qu'à cette idée; leurs chaleureuses présences et leur ouvertures, leurs soutiens dans les creux et leurs rires dans les bosses, Manouche et sa finesse, Amélie et sa complicité, tant d'autres, fidèles...l'absence de Démonio, qui me manque. La surprise que Claudio m'a faite en déboulant dans mon antre sa toile sous le bras, les compils de musique que Didier m'envoie et qui sont un régal, ce déjeuner tout chaud et si touchant avec Mik comme dans une parenthèse et puis moi au milieu de tout ça!
Quelle année! Quelle aventure!
Au fur et à mesure, l'écriture me taraude, au fur et à mesure elle vient, m'appelle, m'aspire dans ma propre tourmente. Et, ici, grâce à vous tous, ceux qui ne font que passer, ceux qui se posent un peu et ceux qui vont plus loin, ceux qui veulent en savoir davantage, ceux qui me lisent au travers de mes mots et de mes maux, ceux que ça touche, ceux que ça énerve aussi! j'avance, je pose un mot devant l'autre et j'écoule de moi tout ce qui s'y passe et ce qui est passé... jamais je n'aurais pu imaginer avant de l'avoir vécu et avant de le vivre que cela allait à ce point compter, m'enrichir, et me donner à ce point foi dans l'humain en nous...
Quelle année mes amis!
Et quelle autre à venir?
10:51 Publié dans Blog, écriture, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : blog, écriture, rencontre, voyage, amitié, échange, art de vivre, création, humain
31/12/2010
nouvelle année
" Sublime et rugissante " (piqué à Sandy), créative et puissante, émotionnelle, époustouflante, aimante, tripante, réconfortante, éblouissante, charnelle, inspirante, étonnante et sereine année 2011... c'est ce que je vous et nous souhaite à tous et à toutes! Santé, amitié, découverte, rencontre, richesse, humanité, et que vive l'amour! Cheers and Kiss.
Blue
Une pensée toute particulière à celui dont c'est l'anniversaire aujourd'hui, happy birthday dear!
* photo Serge Lutens
10:13 Publié dans art de vivre, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : voeux, pensée du moment, amitiés, blog, nouvelle année, humain
29/12/2010
bouleversant!
23:34 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : film, le concert, musique, histoire, racine, amour, humain